Chaîne de lecture - Commentaires

Marko, tu peux faire un copier/coller de ton commentaire ici stp ?

merci !

Quatre -de Chantal Del Sol -

Je n'en suis qu'à la page 50 à peu près, mais je voulais juste dire merci à Shay pour son choix, je me régale pour l'instant

Prise par l'intrigue dès les premières pages, je suis pas à pas l'histoire de cette famille (russe d'origine?) qui quitte la campagne pour Paris afin de se consacrer à l'avenir du grand, programmé pour être architecte, à l'image du père.

Sa jumelle (Julia) plus douée et plus curieuse, s'immisce dans ses études (auxquelles elle n'a pas droit en tant que fille vouée à servir le thé) dans l'ombre, et acquiert ainsi le savoir pendant que son frère reçoit des honneurs qui le laissent de marbre.

Roman prenant. J'en suis presque à laisser celui en cours...Et très belle écriture!

Citation :

Organisée au début comme une farce, la mystification devint coutume et métier. Des années passèrent pendant lesquelles Julia faisait les études d'un autre, avec autant de sérieux que s'il s'était agi des siennes. Et même plus. Car elle accomplissait là une éclatante revanche, qui se passait de publicité. Elle apprit que l'on peut ruminer ses progrès et ses victoires en soi-même sans réclamer la reconnaissance. Patrice était fêté en famille pour ses réussites scolaires, parce qu'une société juge d'abord un enfant sur ces choses secondes, et le mesure à ses succés en grammaire latine.
Les jumeaux n'avait qu'une existence pour deux, armée par le silence et l'imposture.

Bédoulène a écrit:

Marko, tu peux faire un copier/coller de ton commentaire ici stp ?merci !

Voilà...

Quartier Nègre


Joseph Dupuche, ingénieur français, et sa femme Germaine sont en transit à Cristobal, canal de Panama, en attendant de rejoindre la compagnie qui l' a embauché à Guayaquil. Malheureusement celle-ci a fait faillite entre temps et ils se retrouvent coincés et sans argent dans cette ville où se cotoient colons américains, noirs du "quartier nègre", et toute une population en provenance de tous les pays du monde et en attente de correspondances pour Tahiti, Boston...

Ce roman fait partie de la collection Folio/policier mais il n'y aucune intrigue policière à proprement parler. Il s'agit davantage du portrait d'un homme qui en se retrouvant dans une situation de précarité et dans un milieu complètement exotique où la sensualité des jeunes prostituées noires le trouble fortement, se détache progressivement de tout ce qui faisait sa vie antérieure.

Son épouse est engagée à la caisse d'un grand hôtel qui l'héberge et Joseph doit se débrouiller pour trouver un toit et un petit boulot. Il est progressivement convaincu que sa femme se détache de lui et entretient des liens de plus en plus étroits avec la famille qui tient l'hôtel. Le climat devient effectivement progressivement oppressant et Joseph s'enlise dans un vécu paranoïaque où tout le monde semble s'évertuer à l'évincer et le faire disparaître. Qu'en est-il réellement? La fin nous éclaire relativement clairement et nous montre la destinée que Joseph s'est finalement choisie.

Il est assez étrange de découvrir ce roman après avoir vu et lu récemment la pièce de théâtre adaptée de Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry. On y retrouve en effet un certain nombre de correspondances probablement involontaires ("Quartier nègre" date de 1936 et "Au-dessous du volcan" de 1959). Les 2 personnages principaux semblent envoûtés par le climat à la fois sensuel et délétère de cet environnement exotique. Ils s'adonnent tous les deux à la boisson locale (la chicha à Cristobal et le mescal à Quauhnahuac au Mexique). Ils sont hantés par l'image de leur épouse qui s'évapore progressivement. Ils s'autodétruisent comme pour s'effacer d'un monde qui les effraie et dont ils se sentent exclus. Lowry met davantage en avant une dimension spirituelle et Simenon l'aspect documentaire, le clivage et l'hostilité latente entre les populations en présence, le milieu de la prostitution ...

La comparaison s'arrête là parce que Lowry a un souffle littéraire immense et puissant alors que Simenon se contente plus modestement d'écrire un très bon roman populaire au style simple et divertissant. Il n'en reste pas moins de superbes évocations extrêmement vivantes de cette ville foisonnante et un portrait troublant de ce personnage qui se retire du monde et se rend compte peu à peu des artifices sur lesquels sa vie précédente reposait.

Extrait:

Car les Américains, eux, s'ils possédaient le canal, ignoraient Panama, les nègres, les présidents de la République, la forêt vierge et les montagnes inhumaines. Ils vivaient dans leur "zone", un pays à eux, en somme, tout le long du canal, cerné de fils de fer barbelés et de sentinelles... Un pays doux et propre, coquet, reposant, semé de cottages à rideaux clairs, sillonné de routes lisses, planté de golfs, de tennis, de clubs, de salons où les dames prenaient le thé et de nurseries modèles. Un pays, enfin! un pays où certains mots avaient une valeur, des mots comme: éducation, comme diplômes, comme honnêteté, comme... Mais Dupuche n'avait rien à faire dans ce pays-là! il était au-delà des barbelés, dans la foule sans race, parmi les métis, les Indiens et les nègres et il n'avait, pour s'y raccrocher, qu'un Eugène monti qui vendait de la limonade sur le champ de course!


Merci à Rivela de me l'avoir conseillé pour la chaîne de lecture...

traversay a écrit:

Marko a écrit:

rivela a écrit:

Très bien ton commentaire Marko, je dirais en plus que c'est très intéressant de se plonger dans les années 30 à Panama pour voir et comprendre ce qu'il se passait là-bas, on voit que Simenon était au départ journaliste parce que il a l'oeil pour les moindres détails et comportement humains (malsains), je pense aux bâteaux de touristes qui débarquent à Panama avec ces voyageurs pervers qui vont s'amuser avec les gamins (autres temps autre moeurs). Et bien sur ce regard de Simenon sur ces expatriés européens, américains dans ce pays colonisé.
fiche technique quartier nègre

Il y a effectivement un climat un peu déliquescent. Il y est beaucoup question de prostitution de ces jeunes adolescentes noires. Mais il montre aussi que le rapport à la sensualité est beaucoup plus ouvert et source de liberté. Il n'y a pas qu'un regard "moral". Joseph s'épanouit sexuellement avec Véronique qui devient sa compagne. Rien de scabreux. Même si celle-ci continue à coucher avec des hommes de passage. En même temps on a le sentiment que Joseph se suicide socialement à petit feu. Surtout à cause de l'alcool. L'atmosphère est vraiment bien rendue.

Panama Simenon, Marko m'a tuer ! Où est le libraire le plus proche ?

Citation :

merci à Shay pour son choix, je me régale pour l'instant

j'en suis ravie !
et Kenavo va l'être aussi je présume.
Vivement que tu l'aies terminé !!

Shay a écrit:

j'en suis ravie !
et Kenavo va l'être aussi je présume.
Vivement que tu l'aies terminé !!

Ce n'est pas évident de conseiller, j'avoue que je ne savais pas du tout sur quoi je tombais... Mais ce livre est si bien écrit qu'il est difficile de ne pas aimer!

Je poursuis (ça y est, on comprend pourquoi Julia est partie à L'Est) et déguste, crois moi Shay

Shay a écrit:

et Kenavo va l'être aussi je présume.

surtout que je vais voir un fil remonter qui est depuis longtemps parmi les parfumés

bonne lecture à tous

merci Marko

Les lumières de Bullet Park, John Cheever

Le malaise et les vilains secrets qui se planquent derrière les façades proprettes de la Suburbia (la banlieue américaine aisée) nous sont devenus familiers grâce au cinéma et aux séries TV. Mais j'ai finalement lu très peu de ces romans où les scénaristes d'Hollywood ont puisé toutes leurs idées. Je remercie donc Bédoulène de m'en avoir fait découvrir un, et pas des moindres!

Dès le début, la description de la gare désertée, j'ai été séduite et en particulier par ce passage évoquant une toile d'Edward Hopper:

Citation :

Sur une voie de garage, au-delà du quai, on aperçoit un wagon-restaurant éclairé où un serveur, assis seul à une table, fait ses comptes. Plus loin se trouve un château d'eau et plus loin encore une rue vide et bien éclairée.

Ce sont deux familles de Bullet Park, dans la banlieue de New-York, que ce roman va suivre. Dans une première partie nous rencontrons les Nailles, l'archétype de la famille américaine parfaite et heureuse des années 60. Avec Nellie, la mère, ménagère hors-pair et femme élégante; Eliot, mari et père de famille responsable et aimant; Tony, le fils, lycéen brillant et sportif. Et pourtant leur vie tombe rapidement en morceaux (comme mon livre de poche qui, bizarrement, a commencé à se désagréger au fil de la lecture). Confrontés aux profonds changement sociaux des années 60, qui remettent en question leur mode de vie et leurs valeurs morales, Nellie et Eliot sont complètement déboussolés, à la fois révulsés et fascinés par cette révolution des mentalités. Quant à Tony, il sombre subitement dans la dépression et refuse de quitter son lit.
La deuxième partie est consacrée à Paul Hammer, un nouveau-venu à Bullet Park. De l'extérieur il ressemble aux autres hommes de la ville, c'est à dire respectable. Et pourtant Paul est là avec un projet secret, crucifier the American way of life qu'il exècre et son représentant le plus parfait, Eliot Nailles. Même si leurs noms sont symboliques (Hammer le marteau et Nailles les clous), cette crucifixion n'aura rien d'une métaphore...

J'ai beaucoup aimé ce roman, qui oscille toujours entre réalisme et outrance, humour et cruauté, ironie et gravité. John Cheever n'épargne rien à ses personnages pour les ridiculiser, tout en faisant ressortir le pathétique de leur situation. Comme je le dis plus haut, je me suis rendue compte à quel point les scénaristes de séries comme Mad Men ou Desperate Housewives y avaient trouvé leur inspiration et surtout ce ton tragi-comique, ces moments de pure comédie alternant avec le plus profond désespoir.
Merci encore à Bédoulène pour cette découverte! Je lirai sûrement d'autres oeuvres de cet auteur...

Il y a plus de mille ans vivait en Bretagne un Enchanteur qui se nommait Merlin…

Et voici donc revisité à la mode malicieuse de René Barjavel, les aventures du Roi Arthur, de la mythique quête du Graal et des Chevaliers de la Table Ronde. On va retrouver tous les personnages qui ont parcouru les siècles et alimenté bien des écrits, partitions et films! Et au milieu, notre Merlin, sous la forme d’un arbre, d’un oiseau, d’un cerf, ou autre, qui va de l’un à l’autre dès que la situation se gâte!

Il a deux -gros- problèmes,notre Merlin, sa bataille continuelle contre le Diable ,son père , et son amour pour Viviane.. Sa vie n’a rien d’une partie de plaisir, mais il répond toujours présent.
De temps en temps, il se livre à quelques facéties, comme inventer les boîtes de conserve dont le stock se renouvelle sans arrêt ,pour ceux qui se plaignent de la faim!

J’ai mis un petit bout de temps à lire ce roman qu’Ezechielle avait choisi pour moi dans cette chaîne car on y retrouve un grand nombre de personnages connus de la légende arthurienne, dont les noms m’emmenaient à d’autres, et j'allais à chaque fois vérifier la "vraie" histoire, mes connaissances sur le sujet étant on ne peut plus limitées..

Donc , un roman joyeux, souvent drôle, et qui m'a appris beaucoup de choses, que demander de plus?

Merci Ezechielle!

Content que ça te plaise

J'avais un peu peur parce ce que ces derniers temps, à chaque fois que je parle de ce livre, on me dit que c'est "cul-cul" ou vieilli... (moi j'ai a-do-ré ce livre!)

Sinon, je retiens Quartier Nègre de Simenon qui a l'air pas mal du tout!

Merci Marko. Nous en sommes donc à 8 commentaires

Rivela, Bédoulène, Ezechielle, Steven, Arabella, Marko, Shay, Nezumi

Marie et Aériale achèvent leurs lectures, tout le monde a joué le jeu et les réactions semblent vraiment positives.
Personnellement cela m'a permis de lire et apprécier un auteur que j'avais envie de découvrir sans arriver à le mettre dans mes priorités et qui sans ça aurait encore pu attendre longtemps, et j'en suis ravie.

Si les autres participants voulaient aussi dire ce qu'ils pensent de l'expérience et s'ils sont prêts à la recommancer. Et si vous avez des améliorations à apporter. Personnellement je verrais un calendrier des différentes étapes plus clairement affiché dès le départ et un peu plus contraignant peut être mais qui nous permettrait de faire nos lectures de façon plus rapprochée, de manière que les échanges soient plus dans le même tempo pour tout le monde.

9 car il y a Marie.

Tu as raison Nezumi, il y a le commentaire de Marie. Donc 9 commentaires et une lecture en cours.

C'est moi, la mauvaise élève, toujours...
Je l'ai terminé hier soir et vous ferai le commentaire dans la journée surement, car il faut que je reprenne un peu les étapes de cette génération de femmes (Quatre au total d'où le titre je suppose) mais cela a été une lecture passionnante que je n'aurais jamais eu l'idée d'entreprendre par moi-même!

Il y a un risque forcément et cette confiance que l'on doit pouvoir accorder à celui ou celle qui nous guide, accentue doublement le plaisir que l'on éprouve face à ces réelles découvertes! Cela a été le cas pour chacun de nous j'ai l'impression, donc totale réussite

Arabella a écrit:

Personnellement je verrais un calendrier des différentes étapes plus clairement affiché dès le départ et un peu plus contraignant peut être mais qui nous permettrait de faire nos lectures de façon plus rapprochée, de manière que les échanges soient plus dans le même tempo pour tout le monde.

Par contre désolée pour le retard, j'ai vraiment eu un calendrier chargé niveau lectures (je ne lis pas autant que vous: Un livre par semaine quelquefois deux mais guère plus) et d'autres engagements à tenir ...
C'est un peu ce qui m'empêche de récidiver

Quatre -
Chantal del Sol - sept 2000 -

Citation :

Les enfants sont des bouteilles à la mer. Ils s'échappent et portent des messages

C'est une des phrases qui jalonnent ce merveilleux roman, et elle pourrait illustrer ce qui relie cette histoire générationnelle où le courage, la volonté et la foi sont les seules armes que ces femmes se sont transmises afin de tracer leur sillon.
Julia, Olivia, Eleonore ou Flore sont des figures fortes dont les capacités à s'instruire, s'engager dans des causes parfois perdues, ou élever leurs enfants seules, malgré les drames ou les destins à contourner, sont aussi autant de ponts vers une liberté exclusive.

Julia l'indomptable, qui vit une double imposture en endossant le savoir de son frère Patrice et en aimant un autre, mais acquiert une réalité dans l'anonymat de ses toiles.

Citation :

On lui offrait un bonheur parfait qui ne lui appartenait pas

Olivia la farouche, qui veut suivre les traces de sa grand-mère et se forger sa propre voie

Citation :

Elle était sûre d'une chose: il suffisait de ne pas laisser s'éteindre la ferveur

Flore enfin, partie vivre l'expérience ailleurs en Union Soviétique et qui boucle la chaîne.
Seule Eléonore "qui ne reçut que des silences" et dont le mépris de la vie est "comme un insolent déni de soi" gâchera sa courte vie.

Citation :

Elle était venue ramasser cette balle qui ne privait personne. Juste payer la part d'un destin, ou pour réparer quelque erreur inconnue, il ne savait pas

Il y a aussi des personnages d' hommes, mais bien pâlots à côté:
Franz l'oncle désabusé, Henry embourgeoisé et obsédé par la réussite de son fils, Lucien dépassé par l'indifférence de sa femme. Ou encore Benjamin, bien transparent, ou Constantin, l'amoureux de l'ombre...
Aucun ne ressort si ce n'est le professeur juif d'Eleonore, Epstein, mais peu mis en valeur, ou ce médecin croisé dans les tranchées et qu'Olivia retrouvera sans le savoir.

Un récit vraiment foisonnant qu'il m'est impossible de résumer tant il y aurait à dire sur chaque caractère et dans lequel la grande Histoire sert de toile de fond sur près d'un siècle, en croisant même les chemins de Diaghiliev, Lifar ou Cocteau.
Une réelle découverte qui m'a emballée dès les premières pages et me laissera surement de très beaux portraits en tête, celui de Julia principalement! Et surtout une très très belle écriture


Encore un grand merci à Shay