Joyce Carol Oates

Aeriale a écrit:

colimasson a écrit:

Mais je suis de l'avis d'Aériale (aaaah !) et même si les ficelles de l'écriture de JCO sont voyantes, on ne peut pas dénier que c'est terriblement accrocheur !

Tu vois tout arrive Coli, parfois on se retrouve

Bien sûr !
Il faut qu'on vienne plus souvent discuter autour de JCO !

colimasson a écrit:

Il faut qu'on vienne plus souvent discuter autour de JCO !

Chiche? Sur celui ci je crois qu'on est aussi d'accord sauf sur le début que j'ai adoré


-La fille du fossoyeur-

Impressionnant début de roman: on est dans les pas de Rebecca, une jeune fille dont on ne sait rien, elle rentre de l'usine, un inconnu semble la suivre. L'auteure nous plonge dans ses pensées à chaud, et on devient tous cette fille, transis d'angoisse. Qui est ce type et que veut-il? Des bribes de son passé surgissent parfois, nous donnant des indications qui nous éclairent autant qu'elles nous perdent. Des mots reviennent, de violence, de fuite, un drame a eu lieu? Et pourquoi cette peur viscérale du père, des hommes en général. "Méfie toi d'eux " lui disait sa mère. Le lecteur tâtonne, s'intérroge. Délicieux voile d'obscurité que l'on sait sous contrôle, puisque JCO est aux manettes.

Rupture de ton, retour au passé et vrai début de l'histoire. Une famille de juifs exilés (on le suppose, mais rien n'est dit avec exactitude) obligée de quitter l'Allemagne nazie et une vie d'intellectuels confortable, pour une sombre routine de fossoyeur dans une ville perdue américaine. Les regards autour sont hostiles, et lorsqu'ils se veulent plus liants, ce sont eux qui les repoussent. La déchéance, les frustrations, ce sentiment de rejet puis de dégoût qui peu à peu ronge le père, le conduisent à se muter en tyran démoniaque et sauvage. Tout est en place pour qu'éclate le drame sordide qui en résulte.

JCO est magistrale dans sa manière de porter à terme le basculement dans la folie, rien n'est laissé au hasard, chaque pensée, chaque comportement est minutieusement dépeint, les rouages complexes du démantelement de l'équilibre mental, familial, et psychique sont superbement analysés et retranscrits. Je connais peu d'auteurs capables de maintenir cette tension si longtemps, on se retrouve impliqué jusqu'à l'épuisement dans un suspense hâletant dont on ressort groggy.

Rebecca, seule rescapée, est obligée de fuir et se reconstruire une première fois, elle retombera dans un shéma de destruction dont elle et son fils seront les victimes avant de s'enfuir à nouveau lors d'une scène terrifiante que JCO mène là encore à son extrême limite. Nouveau départ, changement d'identité, volonté de faire table rase, Rebecca/ Hazel doit sacrifier son moi profond pour se donner une seconde chance et protéger Zack. Partie plus apaisée, que j'ai trouvée pour ma part un peu moins prenante (un chouïa longuet?) mais qui amène subtilement la chute: ce besoin de retrouver ses racines dans ces lettres qu' Hazel envoie à sa cousine à la fin de sa vie, sorte de boucle laissant une vague impression de regret.

Encore une fois un grand roman qu' il me sera difficile d'oublier. Des thèmes lourds sont abordés, suggérés parfois, Oates laissant souvent en suspens des phrases jetées au hasard du récit ( par exemple sur les rapports peut-être incestieux avec son frère ainé ) Elle nous laisse libre d'imaginer, de même que cette fin légèrement tronquée (on n'en saura pas plus sur son mari ou son fils) Mais il y a toujours cette nécessité de se battre, ce destin qui s'acharne et la force vitale qui anime ses héroines. Diablement marquant

Aeriale a écrit:

-La fille du fossoyeur-

Encore une fois un grand roman qu' il me sera difficile d'oublier. Des thèmes lourds sont abordés, suggérés parfois, Oates laissant souvent en suspens des phrases jetées au hasard du récit ( par exemple sur les rapports peut-être incestieux avec son frère ainé ) Elle nous laisse libre d'imaginer, de même que cette fin légèrement tronquée (on n'en saura pas plus sur son mari ou son fils) Mais il y a toujours cette nécessité de se battre, ce destin qui s'acharne et la force vitale qui anime ses héroines. Diablement marquant

Chouette commentaire Aériale!...
Ce roman, comme Harelde, est aussi dans mon Joyce Carol Oates's Top 3 ou 4!

coline a écrit:

Aeriale a écrit:

-La fille du fossoyeur-

Encore une fois un grand roman qu' il me sera difficile d'oublier. Des thèmes lourds sont abordés, suggérés parfois, Oates laissant souvent en suspens des phrases jetées au hasard du récit ( par exemple sur les rapports peut-être incestieux avec son frère ainé ) Elle nous laisse libre d'imaginer, de même que cette fin légèrement tronquée (on n'en saura pas plus sur son mari ou son fils) Mais il y a toujours cette nécessité de se battre, ce destin qui s'acharne et la force vitale qui anime ses héroines. Diablement marquant

Chouette commentaire Aériale!...
Ce roman, comme Harelde, est aussi dans mon Joyce Carol Oates's Top 3 ou 4!

En 5e position chez moi, sur (pour le moment) 17 titres

Merci Coline, moi je le mettrais en seconde position (sur cinq lus) Juste derrière Nous étions les Mulvaney qui reste toujours mon préféré (il m'a vraiment marquée)

Mon prochain (mais je me laisse un répit!) sera sans doute Petite soeur mon amour...

Super commentaire Aériale, ça me donne envie de me remettre à JCO, ça fait bien longtemps que je n'ai rien lu d'elle.

coline a écrit:

Mais finalement tu sais , nous sommes déjà pas à avoir lu du Joyce Carol Oates...
Personnellement j'ai beaucoup aimé Les chutes et beaucoup moins Délicieuses pourritures...
Mais je reviendrai, c'est sûr à cette auteure...

J'ai découvert récemment JCO avec "les chutes" : grand moment de plaisir dans cette lecture facile mais riche en analyse psychologique , sociologique avec un humour caustique qui avait su me séduire pour tout cela et plus encore : admirative aussi du souffle de ces écrivains qui savent tenir leurs lecteurs en haleine après 500 pages !
Hélas je dois avouer que cette deuxième approche du monde de JCO me laisse perplexe , et dans un certain malaise ...........Malaise d'avoir lu ce livre avec avidité ...... alors que le monde qu'elle décrit est si malsain ......dérangeant ......
Et dérangée je suis ......... de m'être laissée emporter dans cette histoire de "Délicieuses pourritures" , toute cette perversité qui fait partie de la nature humaine .......
Ouf j'ai fini !!!! Je vais chercher dans ma PAL" une nourriture intellectuelle" dépurative tant j'ai besoin de me laver de tout cela !!!
Bon je fais un petit "break" avec JCO mais tout comme toi Coline j'y reviendrai ...
Pour le moment je digère ces délicieuses pourritures .....

églantine a écrit:

coline a écrit:

Personnellement j'ai beaucoup aimé Les chutes et beaucoup moins Délicieuses pourritures...

J'ai découvert récemment JCO avec "les chutes" : grand moment de plaisir dans cette lecture facile mais riche en analyse psychologique , sociologique avec un humour caustique qui avait su me séduire pour tout cela et plus encore : admirative aussi du souffle de ces écrivains qui savent tenir leurs lecteurs en haleine après 500 pages !
Hélas je dois avouer que cette deuxième approche du monde de JCO me laisse perplexe , et dans un certain malaise ...........Malaise d'avoir lu ce livre avec avidité ...... alors que le monde qu'elle décrit est si malsain ......dérangeant ......
Et dérangée je suis ......... de m'être laissée emporter dans cette histoire de "Délicieuses pourritures" , toute cette perversité qui fait partie de la nature humaine .......
Ouf j'ai fini !!!! Je vais chercher dans ma PAL" une nourriture intellectuelle" dépurative tant j'ai besoin de me laver de tout cela !!!
Bon je fais un petit "break" avec JCO mais tout comme toi Coline j'y reviendrai ...
Pour le moment je digère ces délicieuses pourritures .....

Entièrement d'accord avec toi Eglantine...Ce roman est glauque...Je crois qu'il y en a quelques uns qu'on peut s'éviter chez JCO...

Et je comprends aussi Aériale qui, bien que séduite, a besoin de faire une pause, de s'accorder un peu de "répit" .

PS: Eglantine, la Parfumée qui utilise encore plus de points de suspension que moi!

Quel beau commentaire Aériale !

En y réfléchissant à nouveau, je pense que je n'ai pas su apprécier le début de ce livre parce que j'étais impatience, là où JCO semblait prendre un malin plaisir à faire durer le suspens...

Vos commentaires sont efficaces, ils me donnent envie de découvrir cet auteur.

Et maintenant, reste le plus difficile : choisir ton premier livre...

colimasson a écrit:

Et maintenant, reste le plus difficile : choisir ton premier livre...

Suite à mon dernier message, je suis allée voir sa biblio en page 1 et j'ai pris peur

Trop de choix, impossible de choisir, j'ai abandonné l'idée. J'ai cru - très naïvement - que j'allais pouvoir m'en sortir comme ça, que ça allait passer inaperçu... Je sais pas, l'espace d'un instant, j'ai oublié que vous étiez des psychopathes sur ce forum

Bon, puisque je suis grillée, vous conseillez lequel de ses nombreux livres pour un premier pas dans son univers ?

Kannskia a écrit:

j'ai oublié que vous étiez des psychopathes sur ce forum

Kannskia a écrit:

Bon, puisque je suis grillée, vous conseillez lequel de ses nombreux livres pour un premier pas dans son univers ?

je te conseille de jeter un oeil sur le fil de la lecture en commun de JCO, lors des premières pages il y a beaucoup de discussion autour du choix du bon livre et les parfumés qui ont déjà lu quelques uns donnent leurs idées concernant ceux à lire

Kannskia a écrit:

Trop de choix, impossible de choisir, j'ai abandonné l'idée. J'ai cru - très naïvement - que j'allais pouvoir m'en sortir comme ça, que ça allait passer inaperçu... Je sais pas, l'espace d'un instant, j'ai oublié que vous étiez des psychopathes sur ce forum

C'est vrai que lorsqu'on regarde la première page, c'est impressionnant.
Bon courage pour le choix

Ha ha, pauvre Kanninska, tu vas vite apprendre ce que choisir veut dire sur Parfum

Je ne suis pas spécialiste mais je trouve vraiment que Nous étions les Mulvaney sort du lot. Enfin bon, je crois qu'à part certains, plus sujets à discussion (Délicieuses pourritures, Le triomphe du singe araignée etc..) tu pourrais presque t'aventurer à l'aveuglette, il y a de quoi faire!

(Et contente si mon dernier post vous incite à la relire, Epi et Coli. Je crains toujours de ne pas arriver à transmettre mon ressenti exact, sur de tels sujets si lourds..)