Jim Jarmusch

Chymère a écrit:

J'en sors et je plussoies Queenie des 2 mains...



Ces vampires-là ont une âme et un cœur à n'en pas douter. Ils sont intelligents, cultivés, pacifiques... et finalement bien plus fréquentables que la plupart des êtres humains. On aurait envie de passer du temps avec eux, d'apprendre tout ce qu'ils ont eu le temps d'apprendre.
Le film est truffé de références littéraires, musicales, scientifiques comme au mythe des vampires vraiment bien trouvées. Et qui ne manquent pas d'humour non plus...

Tilda Swinton, on ne la présente plus, du coup la vraie révélation du film est Tom Hiddleston. Le héros romantique et ténébreux par excellence.

C'est intelligent, c'est fin, c'est beau, c'est touchant, c'est onirique... la BO est magnifique. Vraiment à ne pas louper.

Mme I. en revient et est du même avis!

Hier ?



Et de l'humour aussi ? j'ai beaucoup apprécié l'intro en forme d'ivresse douce... mais je n'ai pas complètement accroché à la tonalité globale de l'image et j'aurais préféré que des moments, des plans durent plus longtemps. Enfin, à part ça on suit son petit chemin devant le film, en allant de petite surprise en petite surprise, entre Eve et Adam, avant qu'ils ne se rejoignent.

Deux vampires qui vivent leur longue mélancolie amoureuse... une longue rêverie en fait, un peu lasse, mais avec le sourire. Surtout Eve. Forcément tout ce temps laisse le temps de se cultiver et de parfaire de nombreux talents... et ça n'empêche pas de ne pas pouvoir partir en voyage sans deux valises de bouquins !

Une mélancolie, une rêverie sur le temps qui passe aussi pour deux êtres éternels, avalanche de références musicales et autres compensée par l'omniprésent second degré, une ambiance éthérée qui mise plus sur l'infinie tendresse que sur la passion sulfureuse, quelques constats sur les "zombis", les gens comme vous et moi...

Enfin de compte une histoire de mode de vie, et une romance longue durée, un amour des choses entre accumulation et création, et jouissance.

La douceur l'emporte, un amortissement du temps par le sourire, par la vue de ce couple cabotin et attachant, par la musique électro-planante parfois plus joueuse. Et la texture des lieux, nuits de Detroit ou de Tanger, en glissant dans un sublime coupé Jaguar (fait partie du rêve automobile cet engin) ou en déambulant dans les ruelles et escaliers... vers, vers, vers... ce qui reste du temps qui passe, le moment choisi parfois mais surtout goûté, attentif.

Et toute la distance, pas de jugement, pas d'obligation, un passage... et un passage avec le sourire aux réjouissantes connotations.

Super smooth, malgré mes petites réserves, ça reste un très bon moment qui fait beaucoup de bien, classe, pas trop sérieux mais pas idiot, a-gré-a-ble.

J'ai bien l'intention de revisiter le cinéma de Jarmusch un moment donné. C'est à consommer de façon modérée. Ça vaut mieux pour notre santé mentale. Mais ça fait du bien de voir du cinéma de la sorte de nos jours. Tarantino a sans doute été influencé par Jarmusch j'imagine...? Quoi qu'il en soit j'appuie sans réserve Stranger than paradise, Broken flowers, Down by law, Dead man et Coffee and cigarettes. Je vois qu'il y en a quelques uns que j'ai manqués et pas encore vus... je vais spotter... :)

Animal a écrit:

quelques constats sur les "zombis", les gens comme vous et moi...

A la réflexion... j'ai un peu le sentiment que Jarmusch a "renversé" le mythe originel du vampire (mythe qui a beaucoup évolué avec le temps, passant d'une sorte de zombie monstrueux et cruel aux origines, au comte Dracula de Stocker, pour arriver à Twillight et consorts aujourd'hui...), pour l'élever à une sorte "d'humain mais en mieux". A croire que lorsqu'on a l'éternité... on a surtout l'éternité d'apprendre à devenir moins stupide, cupide, violent etc...    (et d'ailleurs, je partage assez les constats d'Adam....)

(Tellement cotonneux que je suis partie quelques minutes, réveillée au moment des ammonites.)
(Mais c'était un expérience agréable)

oui, il a choisi l'option "si mes vampires étaient mes spectateurs avec une plus grande longévité" (ce qui a donc un côté marrant).

j'ai pensé à Tarantino, encore et aussi, mais je trouve que Jarmusch réussi beaucoup mieux à dépasser le jeu de la référence, qui est plus une parcelle de contexte qu'un ressort visuel et temporel omniprésent.

Maryvonne a écrit:

(Tellement cotonneux que je suis partie quelques minutes, réveillée au moment des ammonites.)

Merde quoi, il faut me reprendre (et corriger mes fautes).
Je mélange de plus en plus des choses, et si on me le dit pas, j'ai l'impression que c'est une double humiliation.
Je voulais dire Amanite (les bébés nautiles me montent à la tête).

Comment dire ? Ce ne sera pas mon film de l'année, même s'il n'est pas désagréable, surtout les petites touches humour. J'ai eu du mal avec la bande son en revanche, très sonore. On est quand même un peu dans un clin d'oeil, pas quelque chose de vraiment essentiel, mais avec beaucoup de classe. L'éternité c'est long, forcément on finit pas s'ennuyer un peu, et par ne plus trouver le même intérêt aux choses.

Très sonore... mais c'est tellement bon.

Sinon, si Adam semble en effet s'ennuyer... je n'ai pas eu l'impression qu’Ève s'ennuyait. Comme elle le dit, elle est une "survivante", elle sait profiter de son éternité (ah et puis, donner le nom des animaux et des plantes en version latine, ça a juste une classe folle...   ). Elle est extrêmement vivante et lumineuse pour une non-morte (oui, les vampires ne sont pas des morts vivants, c'est Van Helsing qui le dit...). D'ailleurs, si vous avez remarqué, elle est toujours vêtue de tons clairs (beige, blanc...), alors qu'Adam est toujours habillé de sombre...

Heyoka a écrit:

Arabella a écrit:

Demain !   

Après-demain !   

Un jour !   

Maryvonne a écrit:

Maryvonne a écrit:

(Tellement cotonneux que je suis partie quelques minutes, réveillée au moment des ammonites.)

Merde quoi, il faut me reprendre (et corriger mes fautes).
Je mélange de plus en plus des choses, et si on me le dit pas, j'ai l'impression que c'est une double humiliation.
Je voulais dire Amanite (les bébés nautiles me montent à la tête).

J'imaginais déjà ça...

Spoiler:

C'est certain que si on n'accroche pas à la musique, on aura du mal avec le film. Alors je te comprends Arabella. (Mais moi, je vais me procurer le disque, je pense ! Et peut-être bien les voir en concert la prochaine fois qu'ils passent à Paris. Ces couillons sont venus juste avant la sortie du film... N'imp')


Vous avez bien fait de noter l'humour ! C'est vrai que les petites touches légères et cocasses sont bien amenées et font du bien.


Chymère, tu as évidemment raison pour le côté Noir et Blanc des deux personnages. Cela dit, même si Eve se dit "survivante", on a du mal à voir ce qu'elle fait de plus, de différents d'Adam. J'ai l'impression, si elle ne s'ennuie pas comme Adam, elle porte exactement la même mélancolie que lui. Et ne lutte pas contre.
Ava est différente (et très convenue comme apparition et rôle, mais ça fonctionne quand même), et son personnage aurait mérité d'être développé, car je pense que sa vivacité et son jem'enfoutisme est une forme de lutte contre l'ennui.

Queenie a écrit:

Cela dit, même si Eve se dit "survivante", on a du mal à voir ce qu'elle fait de plus, de différents d'Adam. J'ai l'impression, si elle ne s'ennuie pas comme Adam, elle porte exactement la même mélancolie que lui. Et ne lutte pas contre.

Elle porte la même mélancolie, et ne fait rien de plus je suis d'accord... ce qui change comme tu le dis c'est son attitude, sa façon de s'adapter à leur situation de vampires.
D'une certaine manière, j'ai envie de dire que c'est un peu comme toujours dans la vie : face à une même situation, nous avons tous des manières différentes de réagir. Et peut-être qu'aussi, finalement, ce qui peut rendre l'existence supportable, voire agréable, dépend moins des éléments extérieurs que de nous-mêmes, de notre regard sur celle-ci...

L'oppostion noir et blanc sautait aux yeux, en effet. Une autre opposition qui m'a plus travaillée, c'est que les deux hommes sont des créateurs, des grands artistes, alors que les deux femmes non. Des hypothèses pour expliquer cette différence ?

c'est vrai qu'en le disant ça fait une différence sensible. possible besoin de bien différencier les deux caractères pour dynamiser le propos et donner de la distance à l'omniprésente création ? ça veut dire aussi qu'elle n'a pas ni le besoin de postérité ni celui d'accumulation (malgré une bibliothèque très garnie ?), pas de remords pour la collection de guitares... une forme d'esprit pas moins fin mais plus libéré ? plus sage ?

et du coup on pourrait ramener le personnage de la sœur qui semble elle aussi dans l'instant mais de façon (consciemment) irréfléchie et destructrice...  et beaucoup de pouvoir dans ce personnage finalement presque anecdotique.

Ce qui est aussi amusant, c'est de voir qu'ils sont à des âges différents, du vieil homme jusqu'à la presque gamine...