Nos lectures nous ressemblent-elles ou ressemblons-nous petit à petit à nos lect

Le livre est pour moi aussi un voyage, parfois en classe affaires, parfois dans la soute, qu'importe. J'y découvre de nouveaux paysages, des personnages que je ne croise pas dans la vraie vie et je les aime, ou pas. Quant à savoir si mes lectures me ressemblent, vu que je ne ressemble à rien, cela me parait difficile. Après, il y a des histoires qui me touchent plus que d'autres pour des raisons intimes ou parce que j'y trouve une philosophie de vie à laquelle je peux adhérer. Exceptionnellement, il m'est arrivé de lire des phrases qui exprimaient un sentiment que j'avais au fond de moi mais sur lequel j'étais incapable de mettre des mots (avec certains Kundera, par exemple). Quoi qu'il en soit, je me sens toujours dans la peau d'un apprenti lecteur, perpétuellement en construction (attention, travaux). Et prêt à repartir pour de nouveaux voyages littéraires. Avec la curiosité et l'enthousiasme pour seuls bagages.

traversay a écrit:

Quant à savoir si mes lectures me ressemblent, vu que je ne ressemble à rien, cela me parait difficile.

J'ai failli écrire la même chose tout à l'heure...

A moins qu'il y ait des lecteurs poussant l'élégance jusqu'à assortir leur tenue à la couverture de leur livre ?

coline a écrit:

Je sais très rarement quelle sera ma prochaine lecture...Les événements, un livre, une envie, une préoccupation, une humeur me conduisent au livre suivant...

Livre suivant qu'on n'aurait peut-être pas lu une semaine avant.

J'ouvre parfois un roman, commence quelques lignes, le referme, non, je n'aime pas. Je le reprends après quelques jours, quelques semaines, et là, j'accroche tout de suite.

Traversay, c'est très joliment dit !

Nezumi... Je suis sûre que ça existe ! (mais ces personnes ne lisent pas le livre, elles se contentent de le trimballer, histoire de...)

traversay a écrit:

Exceptionnellement, il m'est arrivé de lire des phrases qui exprimaient un sentiment que j'avais au fond de moi mais sur lequel j'étais incapable de mettre des mots (avec certains Kundera, par exemple).

Comme tu dis, ces moments de lectures sont exceptionnels, très rares. Parfois, c'est une phrase, mais plus rarement encore, c'est le livre entier qui nous laisse cette impression. C'est ce que j'aime le plus dans la lecture, ce sont vraiment des "moments de grâce", que je n'ai connu qu'avec deux-trois auteurs, mais je crois que si on lisait juste pour ces moments là, on aimerait un livre sur mille ! C'est pour ça que, de manière générale, quand je choisis un livre, je pars dans l'optique de découvrir non pas quelque chose qui me ressemble, mais quelque chose de différent, de nouveau, qui m'ouvre de nouveaux horizons et me donne de nouvelles idées. Je ne recherche pas forcément quelque chose qui me ressemble, et je suis tombée amoureuse de certains livres ne me ressemblant pas, mais lorsqu'il m'est arrivé de tomber par hasard sur un livre dont j'avais l'impression qu'il me parlait de ce qui est en moi et que l'auteur met ses mots dessus beaucoup mieux que je n'aurai sur le faire, j'ai vraiment ressenti un sentiment unique. J'espère que je suis claire

Je rajouterai simplment que de tous les objets indispensables, les livres sont les plus indispensables.
Ils m' ont accompagné toute ma vie. Ils me sécurisent, c' est un peu comme s' ils veillaient sur moi.
Et plus je vieillis, plus c' est vrai.
Après des années sans avoir acheté des livres, j' en achète de nouveau. Pas de nouveautés, ou
rarement. Mais surtout des livres qui figuraient sur des listes depuis longtemps, parfois vingt ans
ou plus.
Et auquels je pensais souvent...
Des livres introuvables en librairie que je trouve à présent sur les librairies en ligne, parfois en occasion,parfois en poche.
Et là, c' est comme si je trouvais des amis que j' espérais, mais que je n' attendais plus vraiment. Ils sont tous dans ma chambre maintenant et je ne me lasse pas de les voir.
Ce n'est pas une obssession, encore moins une collection, plutot quelque chose de magique et
de secret comme ce que j' espérais de la vie quand j' étais enfant.
Un reve enfin réalisé et qui le reste tant que je ne les ai pas lus.
Tourt livre non lu récele des trésors cachés et insoupçonnables et malgré l' impulsion que j' ai constamment de les ouvrir et de les lire, j' attends !
Préférant lire ceux que j' ai depuis longtemps ou alors ceux des bibliothèques...

Les lecteurs sont de droles de gens et les livres de droles d' objets du désir !

Bix un fin gourmet, tu laisses vieillir les livres comme le vin !

Traversay j'aime beaucoup ce que tu dis (en travaux )

comme le dit traversay, certaines lectures nous touchent plus que d'autres, parfois c'est un éblouissement, on est saisi, comme si on retrouvait une âme soeur, tellement les mots expriment quelque chose qu'on ressent au fond de soi, c'est même inexprimable souvent, une émotion, et là en le lisant on a comme une révélation...
d'autres fois, les sentiments, les situations, sont tellement étrangères à tout ce que je connais, que je dois interrompre ma lecture pour y réfléchir, ça m'interpelle...
j'aime beaucoup la littérature policière, et pourtant je ne suis pas du genre violent, c'est le mécanisme de l'enquête qui me plaît... mais peut-être que j'ai une violence cachée ?
et surtout, ce que j'aime par dessus tout, c'est l'humour ; j'ai encore beaucoup de découvertes à faire...

krys a écrit:

comme le dit traversay, certaines lectures nous touchent plus que d'autres, parfois c'est un éblouissement, on est saisi, comme si on retrouvait une âme soeur, tellement les mots expriment quelque chose qu'on ressent au fond de soi, c'est même inexprimable souvent, une émotion, et là en le lisant on a comme une révélation...

Oui, c'est magnifique quand ça arrive. N'est-ce pas ce que tout écrivain recherche ?
Justement j'ai eu sur mon blog un commentaire d'un type (qui n'a pas capté que le dit-blog était défunt depuis un bail, enfin bon) me reprochant de me retrouver dans les propos de Michaux sur le rêve.

"Cher Monsieur (sic) ... si vous lisez pour vous retrouver vous-mêmes ou vous "identifier"
comme dit, c'est une bien triste conception de la littérature - vaut
mieux vous regarder dans un miroir (vous vous retrouverez... quoique...)"

No comment.

Très claire, Camille !

Bix, tout à fait d'accord, les livres sont indispensables.

krys, j'adore aussi les romans bourrés d'humour. Et ce que j'aime le plus, c'est rire à un passage pas forcément considéré amusant par l'auteur ou par un autre lecteur.
J'ai des souvenirs de fous rires à deux heures du matin, lorsque toute la maison est endormie, je devais me planquer sous la couette pour éviter de réveiller ma famille; parfois ma mère m'entendait et descendait voir la cause de mon hilarité. Ces moments sont très précieux. Hélas, ces fous rires se font de plus en plus rares, pourtant, je suis assez bon plublic et j'adore rigoler. Peut-être ai-je perdu cette part d'innoncence, peut-être le cynisme a-t-il remplacé la joie de vivre. Est-ce ça, grandir ?

C' est vrai Krys, il y a des livres qui nous sont très proches. Et puis ceux qui nous apprennent
des détails qui nous sont étrangers.
Et puis ceux qui nous révèlent à nous memes. Ceux qu' on aurait pu ou voulu écrire soi-meme.
Ceux qui nous amusent, nous émeuvent, nous font frissonner, attendre et espèrer.
Ceux qui nous plongent dans le déarroi, l' angoisse...
Ceux qui demandent une approche difficile, assidue, concentrée et qu' on aime après coup
en rasemblant nos impressions, nos lambeaux de souvenirs. Et qui se rappellent à nous
insidieusement...

Des livres mode d' emploi, initiatiques sans etre pesants. Des livres de chevet qu' on lit
doucement. Pour moi des poèmes, ou un livre comme Une vie bouleversée que je lis peu à peu
mais intensément.
Ceux enfin que je relis...

Ceux qui sont des rendes vous manqués : on le sais, on le sent, mais on n' y peut rien.
On est mal luné, fatigué, distrait. Rien à faire et c' est frustrant !

Oh et puis, il y a ceux qui nous ennuient profondément, irrémédiablment et qui nous indisposent, nous révoltent...
De moins en moins dans mon cas... Ne pas se laisser indisposer !

Nezumi, en voilà un qui a tout compris.

Nezumi a écrit:

Justement j'ai eu sur mon blog un commentaire d'un type (qui n'a pas capté que le dit-blog était défunt depuis un bail, enfin bon) me reprochant de me retrouver dans les propos de Michaux sur le rêve.

"Cher Monsieur (sic) ... si vous lisez pour vous retrouver vous-mêmes ou vous "identifier"
comme dit, c'est une bien triste conception de la littérature - vaut
mieux vous regarder dans un miroir (vous vous retrouverez... quoique...)"

No comment.

C'est le genre de commentaires qui m'exaspère au plus haut point. Ca me rappelle mes années de prépa, en tout début d'année, on avait lu un texte de Nabokov dans lequel il établissait la différence entre un bon lecteur et un mauvais lecteur, et en gros, d'après ce dont je me souviens, le bon lecteur se focalisait uniquement sur le style, alors que le mauvais lecteur s'identifait aux personnages et vivait par procuration. Depuis je suis un peu fâchée avec Nabokov car pour moi, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise manière de lire un livre, chacun fait ce qui lui plaît. Et ce genre de personnes qui croient avoir la science infuse, parcourent les blogs et les forums pour étaler cette soit disant science en recrachant des théories qu'ils ont lu ailleurs en pensant être les seuls à les avoir lu, en gros qui se croient supérieurs alors qu'ils ne réfléchissent pas une seule fois aux vraies questions qui se posent, je ne peux plus supporter. Et Parfums est le seul forum que j'ai rencontré qui ait brillé par l'absence d'individus de ce genre merci à vous

Bref, désolée pour cette petite digression pas très constructive pour le débat, mais c'était le coup de gueule du jour. Et pour en revenir à nos moutons, il y a de toute manière une grosse différence entre l'identification (qui se fait plutôt à propos d'un personnage) et le fait de retrouver dans un texte des choses de soi-même. Mais je crois que c'est Livvy qui a défini ça un peu plus haut sur le fil et j'étais tout à fait d'accord. Bref tout ça pour dire que cette sensation que vous avez décrite, Traversay et Krys, est vraiment quelque chose de spécial, que seule la littérature a réussi (parfois) à me procurer. Je n'ai jamais retrouvé la même chose avec un autre type d'art, par exemple. Et ceux qui ne comprennent pas ça et préfèrent s'en tenir à leurs faux semblants de théories littéraires, eh bien je les plains !

Paradoxalement, toute cette discussion me fait penser à un bouquin que j'ai toujours gardé précieusement.
"Pourquoi écrivez-vous ?" 400 écrivains répondent, dans Libération en 1985, sous la direction de Jean-François Fogel et Daniel Rondeau, ( Le Livre de Poche, 1988).

Souvent, les écrivains évoquent leurs lecteurs, tels qu'ils les imaginent, et comment ou pourquoi ils sont lus. Passionnant.

L'un ne va pas sans l'autre.

Je note, traversay, cela m'intéresse !