Paul Auster

Paul Auster est incontournable quand on parle de litterature nord americaine contemporaine. Il est a la tete d'une oeuvre considerable et les 22 pages d'echanges de Parfum de Livres qui lui sont consacrees en temoignent. Paul Auster a un style et une vision depouillee, "immaterialiste" fort efficace. Cela lui vient sans doute de son affection Lacanienne, precieux pour depeindre des personnages troubles. Il est le grand maitre moderne de la mise en abime, l'empilement d'histoires dans l'histoire. Il aime a la fois brouiller les pistes et montrer le cote derisoire du mystere.
Tout cela fait de lui un auteur certes a la mode mais aussi singulier. Un esprit a part qui condamna sans vergogne la deuxieme election tronquee de Bush, la verite, dit il, est que Al Gore fut elu.
Un esprit qui plait, qui produit des best sellers, mais un esprit qui refuse de vendre les droits de ses oeuvres aux hollywoodiens; hors de question ,dit il, qu'ils en fassent de mauvais films.

Bravo.

En revanche, Paul Auster a été le scénariste de deux films.

Si je n' ai pas vu Brooklyn boogie, j' ai beaucoup aimé Smoke de Wayne Wang.
Evidemment, la présence de Harvey Keitel, un de mes acteurs préférés y était pour quelque chose !

kenavo a écrit:

Man in the dark
Je ne vais pas m’étendre trop longtemps sur ce livre parce que beaucoup d’entre vous ne vont pas pouvoir le lire avant qu’il sera traduit en français.. mais je peux vous dire… c’est incroyable !!!
Et bien – après des années de bons moments de lectures, après des ‘déceptions’ ou j’ai suivi cet auteur parce que c’était lui que je voulais suivre, après une première vue sur le résumé de ce livre et mon intention de lui donner une toute dernière chance – je n’en reviens pas !
C’est LE livre de Paul Auster… c’est un moment trop bon pour passer à côté..
Je vous souhaite que Actes Sud à déjà engagé quelqu’un pour vous traduire cette merveille.

uel
Comme toi Kenavo, j'ai adoré...Quel bon moment j'ai passé à lire ce livre!
Je retiens en particulier une extraordinaire description que l'homme fait à sa petite fille de la rencontre avec la femme de sa vie.
Il y a de très bonnes idées : une Amérique sans télé, le héros qui ne se sent pas vraiment "habiter" sa vie, la conviction fondamentale que les gens ont le pouvoir de changer et toujours l'imbrication de mondes parallèles dans la réalité.

Je suis d'accord quand il dit:

Citation :

Books force you to give somethings back to them, to exercice your intelligence and imagination...(p:15)

et c'est le cas ici. Vraiment un très bon livre !

bix229 a écrit:

En revanche, Paul Auster a été le scénariste de deux films.

Si je n' ai pas vu Brooklyn boogie, j' ai beaucoup aimé Smoke de Wayne Wang.
Evidemment, la présence de Harvey Keitel, un de mes acteurs préférés y était pour quelque chose !

Et même de quatre, avec Lulu on the bridge et de The inner life of Martin Frost, qu'il a aussi réalisés. Je n'ai pas vu ces deux films. J'ai appris l'existence du dernier dans le documentaire TV qui lui était consacré.
Quant à Lulu on the bridge, il a eu des critiques tellement mauvaises à sa sortie que ça ne m'a pas donné envie de le voir, et l'histoire ne m'inspirait pas trop, en plus.

Smoke est un de mes films préférés pourtant...

son fil chez les réalisateurs : ici

je reste (encore) copieusement déçu et sceptique du Man in the dark mais j'ai franchement bien aimé ce Lulu on the bridge

J'ai un avis assez contrasté sur Seul dans la nuit. Les passages concernants les personnages inventés pas August Brill sont un peu pesants.
En revanche, j'ai adoré les pages où le grand-père parle de cinéma avec sa petite-fille. Le début a des accents proustiens: "Seul dans le noir, je tourne et retourne le monde dans ma tête...".
Cela reste un beau livre d'un grand auteur.

La nuit de l'oracle-

Paul Auster est un filou! Comme la plupart je suppose, je me suis laissée embarquer avec délice dans ces histoires en forme de poupée russes. Pas évident à priori de s'en sortir mais comme toujours, Auster a un style qui coule tout seul, si maîtrisé qu'il réussit toujours à éviter les lourdeurs d'une trop grande complexité.

Ici il y a matière à une belle réflexion sur la création littéraire, ses sources, ses inspirations et ses incidences sur la vie réelle, mais l'auteur s'amuse juste à nous ouvrir des pistes sans nous donner vraiment de réponses. Bien sûr on reste vaguement déçu lorsque la chute tombe, on s'attendait à autre chose, que les fictions parrallèles se recoupent et s'éclairent les unes des autres, mais non. Sa fin est en forme de pirouette et on ressort bluffé avec un petit sentiment de frustration.
Alors ce n'est peut-être pas son meilleur mais la balade valait bien le détour, j'ai trouvé!

Comme dit Sentinelle

Citation :

je pense simplement que les livres de Paul Auster ont la particularité d'être difficilement "racontables".[...] on se laisse embarqué par les flots, on effleure, on vagabonde..
L'important n'est pas tellement là où on va mais comment on y arrive

C'est exactement ça. Un sacré conteur ce cher Paul Auster tout de même

Comme je n' ai pas la franchise contrariante et que par ailleurs, il fait
vraiment trop chaud...
Je dirai simplment Que Brooklyn follies est un livre facile. Facile à lire et
facile à oublier.
Bref, facile.
Ou alors c' est moi qui suis trop difficile, fatigué... grognon ronchon...

Ce que j' ai préféré dans le livre, c' est une histoire sur Kafka que raconte un des personnages.
Vraie ou pas, elle est jolie :

Chaque jour, Kafka va se promener dans le parc. le plus souvent Dora l' accompagne.
Un jour ils rencontrent une petite fille qui pleure toutes les larmes de
son coeur....
Elle explique qu' elle a perdu sa poupée.
Immédiatement, il invente une histoire de voyage pour expliquer ce qui s' est passé.
Ta poupée est partie en voyage, dit kafka.
Comment vous le savez ? demande la fillette.
Parce qu' elle m' a écrit une lettre, répond Kafka.
Vous l' avez sur vous demande t-elle.
Non, je regrette, je ne l' ai pas sur moi, mais je l' apporterai demain.
Il est si convaincant que la gamine ne sait plus que penser.
Serait il possible que cet homme mystérieux dise la vérité ?
Kafka rentre chez lui pour écrire la lettre... et Dora, qui le regarde,
remarque le meme sérieux, la meme tension que lorsqu' il compose ses memes oeuvres.
Il n' a pas l' intention de la flouer la petite fille.
Ce qu' il fait là est un véritable travail littéraire et il est dé cidé à le faire au mieux...
Le lendemain, Kafka retourne au parc avec la lettre.
La petite fille l' attend et, et comme elle n' a pas encore appris à lire, il lui donne lecture de la lettre...
La poupée décide d' écrire à la fillette tous les jours pour la tenir au courant de ses acitivités.
C' est là que l' histoire commence à me briser le coeur... Il s' engage à écrire une nouvelle lettre chaque jour...
Quel genre d' homme ferait une chose pareille ?
Il a continué pendant trois semaines. Trois semaines.
L' un des plus brillants écrivains qui aient jamais existé sacrifie son
temps à composer les lettres imaginaires d' une poupée perdue...

Citation :

Ou alors c' est moi qui suis trop difficile, fatigué... grognon ronchon...

non non pas cette fois

Seul dans la nuit

Je suis passée par plusieurs phases dans ce roman. Happée dès les premières lignes par l'histoire de ce type qui se retrouve un beau matin projeté dans un monde parallèle (où le 11 septembre n'a pas eu lieu mais où l'enfer est à deux pas) je me suis laissée embarquée avec jubilation dans ce dédale! Et puis brusquement notre héros disparait et on retrouve le narrateur en pleine insomnie, face à ses pensées moroses qu'il tente d'évacuer en discutant avec sa petite fille Katya.

Changement de ton, on passe du mode fictionnel totalement jouissif à une confession intime bien réelle elle, et ça m'a laissée un peu "entre deux".
Il y a de belles choses dans cette relation plutôt lumineuse de Katya et de August et dans l'évocation de leur souvenirs, en celà Auster sait toujours nous toucher. Mais on se demande un peu s'il n'a pas oublié quelque chose en route d'où cette petite impression de s'être fait berner!

Ce n'est pas la première fois que je la ressens, mais tout en en étant consciente, passée la petite déception, je me dis que la balade était tout de même agréable et que cet auteur est toujours un maître dans l'art de conter.
Un bon roman au final, mais qui m'a laissée légèrement sur ma faim!

je reviens de la librairie


Invisible

Citation :

Sinuously constructed in four interlocking parts, "Invisible" opens in New York City in the spring of 1967 when twenty-year-old Adam Walker, an aspiring poet and student at Columbia University meets the enigmatic Frenchman Rudolf Born, and his silent and seductive girlfriend Margot. Before long, Walker finds himself caught in a perverse triangle that leads to a sudden, shocking act of violence that will alter the course of his life. Three different narrators tell the story, as it travels in time from 1967 to 2007 and moves from New York to Paris and to a remote Caribbean island in a story of unbridled sexual hunger and a relentless quest for justice. With uncompromising insight, Auster takes us to the shadowy borderland between truth and memory, authorship and identity to produce a work of unforgettable power that confirms his reputation as one of America's most spectacularly inventive writers.

si je vais m'égarer pendant la lecture en commun de Richard Russo et commenter non plus sur Venise mais New York de 1967, vous savez qui je suis en train de lire

arf, je pense que je le lirai avec un peu d'espoir, on ne sait jamais... j'ajouterai volontiers un "déjà ?" à la découverte de cette nouvelle.

animal a écrit:

arf, je pense que je le lirai avec un peu d'espoir, on ne sait jamais...

j'espère qu'il va me plaire.. même si cela va dire que tu ne vas pas aimer

animal a écrit:

j'ajouterai volontiers un "déjà ?" à la découverte de cette nouvelle.

en fait.. c'était aussi ma réaction.. mais bon.. peut être je vais avoir une bonne surprise

remarque, je comprendrais qu'il lui soit resté des forces après Seul dans le noir

je suis au moins de curieux de voir dans quel sens il va...

animal a écrit:

remarque, je comprendrais qu'il lui soit resté des forces après Seul dans le noir

rhoo.. tu es méchant

animal a écrit:

je suis au moins de curieux de voir dans quel sens il va...

et ben.. moi aussi..