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Messages : 29 Inscription le : 23/01/2010 Age : 65 Localisation : Bretagne
Sujet: Re: Les poètes bretons Ven 21 Mai 2010 - 15:52
Constance a écrit:
Dalchmad, pourrais-tu me donner une traduction, même approximative, du poème d'Anjela Duval ...
Je vais regarder celà ce WE, mais je ne suis ni poète ni traducteur, ce sera donc approximatif
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: Les poètes bretons Ven 21 Mai 2010 - 16:15
dalchmad a écrit:
Constance a écrit:
Dalchmad, pourrais-tu me donner une traduction, même approximative, du poème d'Anjela Duval ...
Je vais regarder celà ce WE, mais je ne suis ni poète ni traducteur, ce sera donc approximatif
Merci à l'avance ...
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: Les poètes bretons Dim 30 Mai 2010 - 0:23
Benjamin Péret(1899-1959)
Citation :
Benjamin Péret est né à Rezé (Loire-Atlantique un 4 juillet, ce "primitif", qui consacra sa vie à la cause surréaliste et révolutionnaire, eut très tôt la conviction que les forces de l’imagination et celles de l’action révolutionnaire, loin d’être incompatibles, devaient se soutenir et se dépasser mutuellement. C’est de Nantes que Péret déboula en 1920 dans le cercle des dadaïstes parisiens. Il fit plusieurs séjours dans des hôpitaux parisiens et en rapporta une aversion définitive pour l’armée. Sa rencontre avec les jeunes poètes de la revue Littérature fut saluée par Breton comme un de ces hasards objectifs qui scellent un destin. Lors du "procès Barrès", Péret, revêtu d’une capote de soldat français, mais parlant allemand, incarne le "soldat inconnu" venant témoigner contre l’illustre propagandiste. Cette provocation exprimait théâtralement ce qui allait être le caractère constant, et le plus controversé, de la personnalité de Péret : un engagement absolu à la cause révolutionnaire, une hostilité inflexible à tout ce qui s’y oppose : l’armée, l’Église et, bientôt les staliniens. Il collabore à tous les numéros de La Révolution surréaliste, signe la plupart des déclarations du groupe, mais n’en poursuit pas moins la recherche d’une poésie originale. L’écriture automatique est à l’œuvre, mais son principe moteur, plus que l’association d’idées et la métaphore, chères à Breton et à Eluard, est le saugrenu syntaxique de la phrase, indéfiniment prolongée dans ses parallélismes, ses bifurcations et ses saccades. En 1927, Péret apporte son concours à la réorientation politique du surréalisme : il adhère lui aussi au parti communiste et collabore à L’Humanité, le temps de comprendre que l’espoir révolutionnaire a déserté un parti en cours de bureaucratisation. Il suit alors son épouse, la cantatrice Elsie Houston, au Brésil, d’où il sera expulsé en 1931 pour ses activités politiques. À Paris, il retrouve le groupe surréaliste en proie aux dissensions qu’accentue encore la "trahison" d’Aragon. Signe de cette radicalisation, les poèmes de Je ne mange pas de ce pain-là (1936) sont une bordée d’invectives contre ses cibles préférées, prêtres, militaires, bourgeois. Les années 1934-1936 sont aussi celles de la collaboration avec Picasso pour De derrière les fagots (1934), Ernst pour Je sublime (1936), Tanguy pour Trois cerises et une sardine. Mais la littérature ne lui suffit plus, lors de l’insurrection militaire en Espagne, il gagne la Catalogne comme délégué du parti ouvrier internationaliste, travaille à la radio du POUM à Barcelone, puis s’engage dans la division Durruti et gagne le front d’Aragon. Il revient à Paris et est mobilisé en 1939 à Nantes et incarcéré pour activité subversives. Libéré sous caution, il ne tarde pas à franchir la ligne de démarcation pour rejoindre, à Marseille, André Breton, et nombre d’artiste étrangers en attente de visa pour les Etats-Unis. À cause de son passé politique il n’obtient pas son visa et part pour le Mexique où il séjournera six ans avec sa compagne le peintre Remedios Varo. Son intérêt croissant pour la culture indienne le conduit à traduire Le Livre de Chilam Balam de Chumayel (1955) et à établir une Anthologie des mythes, légendes et contes populaires d’Amérique. Il rentre en France en 1948 et tente de réactiver avec Breton le groupe surréaliste mais à l’heure où tous les chantres de la Résistance prolifèrent, son pamphlet, Le Déshonneur des poètes (1945), dirigé contre toute forme de poésie militante, lui retire beaucoup de sympathies. Les astreintes de son emploi de correcteur de presse et des conditions de vie difficiles altèrent sa santé. Il meurt le 28 septembre 1959. Sur sa tombe, au cimetière des Batignolles; figure cette épitaphe : "Je ne mange pas de ce pain-là." (Source Ed José Corti)
"La parole est à Péret"
Spoiler:
La Parole est à Péret
"Le poète actuel n'a pas d'autre ressource que d’être révolutionnaire ou de ne pas être poète, car il doit sans cesse se lancer dans l’inconnu ; le pas qu'il a fait la veille ne le dispense pas du lendemain puisque tout est à recommencer tous les jours et que ce qu'il a acquis à l'heure du sommeil est tombé en poussière à son réveil. Pour lui, il n'y a aucun placement de père de famille mais le risque de l'aventure indéfiniment renouvelé. C’est à ce prix seulement qu’il peut se dire poète et prétendre prendre une place légitime à l'extrème pointe du mouvement culturel, là ou il n’y a à recevoir ni louanges ni lauriers, mais à frapper de toutes ses forces pour abattre les barrières sans cesse renaissantes de l'habitude et de la routine." Benjamin Péret, « La Parole est à Péret », préface à l'Anthologie des mythes, légendes et contes populaires d’Amérique.
Passagers de seconde classe et leurs cheveux
J'y cours
Où courez-vous ? Nulle part ... Moi aussi Alors.
(In Le grand jeu)
Toile "Fragile balance", de Juan Sepulveda
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: Les poètes bretons Mar 15 Juin 2010 - 17:58
Immortelle maladie
Sur la colline qui n'était inspirée que par les lèvres peintes les yeux blancs s'ouvrent à la lumière de la fête et la respiration va mourir de sa belle mort On dirait qu'une main se pose sur l'autre versant de la colline et que les hommes crient C'était du ciel de Dieu que tombaient les paroles absurdes
Maintenant partons pour la maison des algues où nous verrons les éléments couverts de leur ombre s'avancer comme des criminels pour détruire le passager de demain ô mon amie ma chère peur
Benjamin Péret
(1924)
Toile "Colline à Saint-Rémy" (1889), de Van Gogh
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: Les poètes bretons Ven 4 Mar 2011 - 17:59
On sonne
Un saut de puce comme une brouette sur les genoux des pavés une puce qui fond dans un escalier où je vivrais avec toi et le soleil pareil à une bouteille de vin rouge s'est fait nègre esclave nègre fustigé Mais je t'aime comme le coquillage aime son sable où quelqu'un le dénichera quand le soleil aura la forme d'un haricot qui commencera à germer comme un caillou montrant son coeur sous l'averse ou d'une boîte de sardines entr'ouverte ou d'un bateau à voile dont le foc est déchiré
je voudrais être la projection pulvérisée du soleil sur la parure de lierre de tes bras ce petit insecte qui t'a chatouillée quand je t'ai connue Non cet ephémère de sucre irisé ne me ressemble pas plus que le gui du chène qui n'a plus qu'une couronne de branches vertes où loge un couple de rouge-gorges
Je voudrais être car sans toi je suis à peine l'interstice entre les pavés des prochaines barricades J'ai tellement tes seins dans ma poitrine que deux cratères fumants s'y dessinent comme un renne dans une caverne pour le recevoir comme l'armure reçoit la femme nue attendue au fond de sa rouille en se liquéfiant comme les vitres d'une maison qui brûle comme un château dans une grande cheminée pareille à un navire en dérive sans ancre ni gouvernail vers une île plantée d'arbres bleus qui font songer à ton nombril une île où je voudrais dormir avec toi
Benjamin Péret
(Un point c'est tout, suite de onze poèmes, in Feu Central)
Né à Brest, Victor Segalen est poète, mais aussi médecin de marine, ethnographe et archéologue.
Citation :
Après des études de médecine à l' École principale du service de santé de la marine de Bordeaux, Victor Segalen est affecté en Polynésie française. Il n'aime pas la mer, ni naviguer mais débarquer et découvrir. Il séjourne à Tahiti en 1903 et 1904. Lors d'une escale aux îles Marquises, il a l'occasion d'acheter les derniers croquis de Paul Gauguin, décédé trois mois avant son arrivée, croquis qui seraient, sans lui, partis au rebut. Il rapporte en métropole un roman, les Immémoriaux (1907), ainsi qu'un journal et des essais sur Gauguin et Rimbaud, qui ne seront publiés qu'en 1978.
En 1908, il part en Chine où il soigne les victimes de l'épidémie de peste de Mandchourie. En 1910, il décide de s'installer en Chine avec sa femme et son fils. La première édition de Stèles a lieu à Pékin en 1912. En 1914, il entreprend une mission archéologique consacrée aux monuments funéraires de la dynastie des Han. Cette étude sur les sculptures chinoises ne sera publiée qu'en 1972 (Grande Statuaire chinoise). À ce titre, et en ce qui concerne la littérature, il renouvelle le genre de l'exotisme alors encore trop naïf et ethnocentrique.
En Chine, il rencontre un des rares Européens qui s'y trouvent alors, le sinologue belge Charles Michel qui le marque beaucoup et qui lui inspire le personnage de René Leys.
À la fin de sa mission en Chine, il souhaite se rendre en Birmanie avant la fin de 1914 mais en tant que militaire il reçoit le 11 août 1914 une missive l'informant du début de la guerre entre la France et l'Allemagne.
Il mourut accidentellement, selon sa fiche militaire, le 21 mai 1919 dans la forêt de Huelgoat, un exemplaire de Hamlet à la main. Après coup en 1934, l'État français a inscrit son nom sur les murs du Panthéon en tant qu'« écrivain mort pour la France pendant la guerre de 1914-1918".(Wikipedia)
Bibliographie
A dreuz an Arvor, 1899. L'observation médicale chez les écrivains naturalistes, Thèse, Bordeaux, 1902 (document électronique). Les Immémoriaux (sous le pseudonyme de Max Anély), 1907. Stèles, 1912. Peintures, Gallimard, 1916. Essai sur l'exotisme – Fata Morgana, 1978 ; nouvelle édition, livre de poche, collect. biblio-essais, 1986. Dans un monde sonore – Fata Morgana, 2010 ; nouvelle édition
Parutions posthumes
Orphée-Roi, 1921. René Leys, 1922. Mission archéologique en Chine (en collaboration avec Gilbert de Voisins et Jean Lartigue), 1923-1924. Équipée. De Pékin aux marches tibétaines…, 1929. Voyage au pays du réel (1929) Lettres de Chine (1967) La Grande Statuaire chinoise (1972) Journal des îles (1978) Le Fils du ciel : chronique des jours souverains (1985)
Éloge et pouvoir de l'absence
Je ne prétends point être là, ni survenir à l'improviste, ni paraître en habits et chair, ni gouverner par le poids visible de ma personne,
Ni répondre aux censeurs, de ma voix ; aux rebelles, d'un oeil implacable ; aux ministres fautifs, d'un geste qui suspendrait les têtes à mes ongles.
Je règne par l'étonnant pouvoir de l'absence. Mes deux cent soixante-dix palais tramés entre eux de galeries opaques s'emplissent seulement de mes traces alternées.
Et des musiques jouent en l'honneur de mon ombre ; des officiers saluent mon siège vide ; mes femmes apprécient mieux l'honneur des nuits où je ne daigne pas.
Égal aux Génies qu'on ne peut récuser puisqu'invisibles, — nulle arme ni poison ne saura venir où m'atteindre.
Ville au bout de la route et route prolongeant la ville : ne choisis donc pas l'une ou l'autre, mais l'une et l'autre bien alternées.
Montagne encerclant ton regard le rabat et le contient que la : plaine ronde libère. Aime à sauter roches et marches ; mais caresse les dalles où le pied pose bien à plat.
Repose-toi du son dans le silence, et, du silence, daigne revenir au son. Seul si tu peux, si tu sais être seul, déverse-toi parfois jusqu'à la foule.
Garde bien d'élire un asile. Ne crois pas à la, vertu d’une vertu durable : romps-la de quelque forte épice qui brûle et morde et donne un goût même à la fadeur.
Ainsi, sans arrêt ni faux pas, sans licol et sans étable, sans mérites ni peines, tu parviendras, non point, ami, au marais des joies immortelles,
Mais aux remous pleins d'ivresses du grand fleuve Diversité.
(Stèles orientées)
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: Les poètes bretons Lun 2 Mai 2011 - 17:55
Alain Simon (3 avril 1947- 22 avril 2011)
Citation :
Alain Simon, dit le "salé", artiste singulier, esprit nomade, ilien de coeur, tatoueur de mots, poète de la femme, homme de l'amitié et de l'humour acerbe, peintre insolite, amateur de jazz, de musique baroque, de grands vins et d'alcools durs, est né en Bretagne, dans le Finistère. [...] Poète, peintre, romancier, frère des Hommes sans épaules, il fut le pilier et le fer de lance du "Pont de l'Epée" aux côtés de Guy Chambelland. Au terme de cette aventure, qui sera suivie par celle du "Pont de l'Eau", Alain Simon fonde les éditions des "4 fils" où il publie essentiellement de jeunes auteurs. Il quitte la métropole pour aller vivre à Tahiti en 1989, avec son sac de marin et sa vieille Remington. [...] Après quinze années passées à Tahiti, il a partagé son temps entre l'île de La Réunion, la Bretagne, l'Espagne et le Portugal. (Les Riverains du feu / Ed. Le nouvel Athanor)
Depuis peu, Alain Simon s'était installé dans le sud-ouest de la France.
Bibliographie
Rien le poète (Chambelland, 1974) La fille en gouache (Chambelland, 1976) Cérémonies nerveuses (Chambelland, 1977) Les virtuoses (Le Pont de l'Epée, 1978) Chérubin (Les 4 fils) Soeur, gymnaste (Le Pont sous L'eau, 1988) Tahiti convoitise (H.C Polytram, 1995) Tatoueuse étrange (H.C Polytram, 1998) Tabu mon royaume (Librairie-Galerie Racine, 2002) Natale ou la chinoise esseulée (Le pas de la Colombe, 2004) Aina le mythomane (Le pas de la Colombe, 2005) Avec Bertile dans la moiteur (Le pas de la Colombe, 2006) Marottes d'un ilien priviligié (Le pas de la Colombe, 2007) Drapés minute (Le pas de la Colombe, 2008) Les Riverains du feu, une anthologie émotiviste de la poésie française ( Le Nouvel Athanor, 2009)
Citation :
Venait de paraître, "Dans le bleu détruit des fenêtres" (Librairie-Galerie Racine) Jacmo ne manque d'en rendre compte dans Décharge 149, le désignant comme un surréaliste de la grande époque : « Pas une phrase, pas un vers, qui ne soit frappé de cette inspiration foudroyante » ; et après avoir noté l'omniprésence de la femme, « comme si toute poésie ne pouvait s'envisager en dehors d'elle », il conclut : « Alain Simon associe érotisme et cosmos dans une écriture étincelante et coupante comme du givre d'encre » (Claude Vercey)
On pourra lire une chronique inédite d'Alain Simon : "Dernière nouvelle de Bouton d'Or", à propos d'Yves Martin dans le prochain numéro de la revue "Décharge" (à paraître fin mai 2011 - n° 150)
La pluie, le vent
La pluie, le vent, l'amour ... La question qui se pose est du non usage de ce qui prévaut dans nos neurones, celui de vivre simplement, au gré du temps. Question de pouvoir sur autrui, sans doute, comme de capitaliser l'émotion jusqu'aux frontières de l'absurde.
(Alain Simon, le Mardi 30 novembre 2010)
***
Lenteur mais beaucoup trop machinale Laissez-moi rire moi le briseur d’églises le pilleur d’épaves (on le dira plus tard)
Trop pour qui décline facilement son identité évidemment c’est un jeu suspect : ainsi je fus au déroulement d’un paysage fait d’épuisantes gouttes avec toujours plus de cris petits pépiements d’échos
Et sous la dent comme le même rappel de ce qui faisait ombre heureuse déjà regain de mille terrasses possibles — entrevues utiles avec faveurs accordées comme échos quand on est encore gniasse quelque part dans le Sud près d’un fort carré avec fossés et énigmes de suicide
Mais ces concerts qu’on déclarera confessions sans jamais prononcer le mot seins même si l’obsession des tartines beurrées et de la poudre de chocolat maintient en vie on sait que ça freine sur le ciment avec tout un gain de pluie heureuse quand ça vient mais ça ne vient pas toujours alors on deviendra artiste autrement dit chat indocile faussement désinvolte et pourtant rien n’arrêtera le rythme de la langue qui prend soleil et allure de cristal sec
Rien même pas l’élégance d’une couture nuageuse ou l’insolite d’une épluchure de patate dans une rue abandonnée près de remparts à l’Italienne et que des enfants chialent l’œil sale pour avoir trop ignoré l’azur dans ses mots dans la géométrie des dimanches ça viendra plus tard le mauve d’une échine cuite à point sur des serments du genre je te friserai toujours de quoi enfanter
Mais j’étais déjà beaucoup plus étranger que ces compagnons connaissant le secret des chevelures autrement dit l’absurde magnifique de la mer
(Extrait de TRISTES GARÇONS, LA MER, ensemble inédit)
(Poème emprunté au site "Décharge" I.D 327 du poète Claude Vercey qui rend hommage à Alain Simon)
GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
Sujet: Re: Les poètes bretons Sam 9 Mar 2013 - 9:43
Magnifique site uniquement dédié au recueil de poème Stèles de Segalen www.steles.net ... On peut y trouver tous ses poèmes ! Un vrai coup de coeur pour l'esthétique minimaliste du site : cela me donne envie d'y aller régulièrement pour y me reposer au pied d'une stèle ...
Citation :
Visage dans les yeux
Puisant je ne sais quoi ; au fond de ses yeux jetant le panier tressé de mon désir, je n'ai pas obtenu le jappement de l'eau pure et profonde.
Main sur main, pesant la corde écailleuse, me déchirant les paumes, je n'ai levé pas même une goutte de l'eau pure et profonde :
Ou que le panier fut lâchement tressé, ou la corde brève ; ou s'il n'y avait rien au fond.
o
Inabreuvé, toujours penché, j'ai vu, oh ! soudain, un visage : monstrueux comme chien de Fô au mufle rond aux yeux de boules.
Inabreuvé, je m'en suis allé ; sans colère ni rancune, mais anxieux de savoir d'où vient la fausse image et le mensonge :
De ses yeux ? -- Des miens ? Stèles - Stèles orientées
Terre dure de dunes et de pluies c'est ici que je loge cherchez, vous ne me trouverez pas c'est ici, c'est ici que les lézards réinventent les menhirs c'est ici que je m'invente j'ai l'âge des légendes j'ai deux mille ans vous ne pouvez pas me connaître je demeure dans la voix des bardes 0 rebelles, mes frères dans les mares les méduses assassinent les algues on ne s'invente jamais qu'au fond des querelles
Allez dire à la ville que je ne reviendrai pas dans mes racines je demeure Allez dire à la ville qu'à Raguénuès et Kersidan la mer conteste la rive que les chardons accrochent la chair des enfants que l'auroch bleu des marées défonce le front des brandes
Allez dire à la ville que c'est ici que je perdure roulé aux temps anciens des misaines et des haubans Allez dire à la ville que je ne reviendrai pas
Poètes et forbans ont même masure les chaumes sont pleins de trésors et de rats on ne reçoit ici que ceux qui sont en règle avec leur âme sans l'être avec la loi les amis des grands vents et les oiseaux perdus Allez dire la ville que je ne reviendrai pas
Terre dure de dunes et de pluies pierres levées sur l'épiphanie des maïs chemins tordus comme des croix Cornouaille tous les chemins vont à la mer entre les songes des tamaris les paradis gisent au large Aven Eden ria des passereaux on met le cap sur la lampe des auberges les soirs sont bleus sur les ardoises de Kerdruc O pays du sel et du lait Allez dire à la ville Que c'en est fini je ne reviendrai pas Le Verbe s'est fait voile et varech bruyère et chapelle rivage des Gaëls en toi, je demeure.
Sujet: Re: Les poètes bretons Jeu 7 Nov 2013 - 13:57
.
Ordre des choses
Je n'ai rien désappris des mots de mon enfance. C'est la même saison que je vois sous la pluie son auvent, ses volets ses murs de vieux crépi.
Grand-père est arrivé roule une cigarette me prend sur ses genoux. J'aime l'entendre dire les mots de son métier le nom de ses outils et dans ses bras ouverts lorsque je m'étonne d'une science si simple il m'assure en riant que l'amitié des mots c'est dans l'ordre des choses.
Alain Lemoigne
(Extrait de Poètes de Bretagne/ Anthologie/ Charles Le Quintrec/ collec. la petite vermillon)
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: Les poètes bretons Lun 6 Jan 2014 - 13:03
Jean Albert Guénégan
Citation :
Jean Albert Guénégan est né à Morlaix en 1954. Venu tard à la poésie suite à un violent choc émotionnel, il a publié une quinzaine de recueils de poésie, des livres d'artiste et des récits autobiographiques. Il participe aussi aux revues A l'index, Le coin de table, Diérèse, Texture. Il intervient aussi en médiathèques, établissements scolaires et centres culturels notamment lors du printemps des poètes. Pour lui, la poésie fait partie d'un patrimoine génétique commun, il est très investi dans des actions poétiques d'envergure comme la création en 2011 d'un timbre-poste philatélique à l'effigie de Tristan Corbière. De même il participe à des anthologies comme "Nous, la multitude" aux éditions Le temps des cerises en 2011. Son dernier ouvrage "Trois espaces de liberté" est sorti en 2011 aux éditions Editinter. Quelques lauriers comme le prix de la Fédération des bretons de¨Paris en 1993 pour "Visage d'un jour" (Ed. Caractères) et le prix de l'Association des écrivains bretons pour "Poème à demeure" (Ed. Librairie Galerie Racine) en 1997 ont jalonné son parcours. (Le printemps des poètes)
Bibliographie:
Mes quatres jeudis - une enfance à Morlaix, roman autobiographique, 2006, Ed. Anagrammes L'Homme debout, Voltije éditions, 2004, livre d'artiste (peinture de André Jolivet) Si patiente était la neige, Ed. Anagramme, 2004 Le temps des jeudis, Ed. La Part Commune, 2003 Un jeudi bleu de songe, Ed. Le petit véhicule, 1998 Poème à demeure, Ed. Librairie Galerie Racine Visage d'un jour, 1992, Ed. Caractères Parce que la nuit est née là, sur le sein de l'océan - Livre d'artiste - Coédition Fibres Lignes et la Galerie L'autre rive Une moitié de ciel, 1989, Ed. An Amzer
Temps
Me revient le temps où dimanche était jour sans rives balade au bord du printemps gâteaux et pain d'épices dans un bol de lait frais.
Un jour qui prend racine me dit que je suis l'enfant que je n'étais plus ...
Un jour bien né profile sur vos visages de grands espaces qui nous ressemblent.
(Extrait de "Visage d'un jour", in Poètes de Bretagne/ Anthologie/ Charles Le Quintrec/ collec. la petite vermillon)
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: Les poètes bretons Ven 27 Juin 2014 - 16:33
.
Pointe de Beg an Fry (Finistère)
Beg an Fry
C'est ici que la mer montre le bout du nez.
Au-dessus de la lande des cormorans sonnent l'hallali.
C'est comme si la terre aiguisée en pointe convaincue d'éternité s'habillait d'un visage rocailleux et grave.
Là où meurt le néant et naissent les espoirs c'est un lieu où vole le vent.
Jean Albert Guénégan
(Extrait de "Une moitié de ciel", in Poètes de Bretagne/ Anthologie/ Charles Le Quintrec/ collec. la petite vermillon)
Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
Sujet: Re: Les poètes bretons Ven 27 Juin 2014 - 16:43
Je peux imaginer ce lieu qu'illustre bien le poème et que confirme la photo. merci Constance