La mère et la maternite dans l'art

Amedeo Modigliani, Gitane (1919)

Merci Constance ! Maintenant je ne limiterai plus le talent de Daumier à la caricature ...
Ce tableau me fait froid dans le dos : je ne sais pourquoi mais je les verrais bien cheminer jusqu'aux rives du Styx à attendre leur passage sur l'embarcation de Charon ...
En fait, cette impression pourrait provenir principalement par l'absence de visages des personnages en premier plan ainsi que les présences diaphanes et fantomatiques en arrière-plan

De son vivant, comme aujourd'hui, son travail de caricaturiste a totalement éclipsé son oeuvre picturale, de même qu'il a occulté son oeuvre de sculpteur, GGG.

D'ailleurs le peintre Max Liebermann disait de lui "Lautrec est génial ... Mais Daumier, c’est énorme. On veut le ranger dans une catégorie que déjà, il entre dans une autre !"

Ton interprétation de ce tableau n'est pas dénuée de sens car, en républicain convaincu, Daumier éprouvait une sincère empathie pour les défavorisés. Peintre du réalisme social, il fait alors avancer cette femme et ses enfants dans les ténèbres mortifères de la misère.

Citation :

"Daumier est le peintre du peuple. Daumier a su discerner dans ce monde dont la vie se passe sous un demi-jour, sinon dans l'obscurité, le côté vivant, pensant, humain ! - et grand par conséquent, pour nous autres humains. (Viollet-le-Duc.)

Une autre toile de Daumier, aussi étonnante par sa modernité que la précédente :

Merci Constance de mettre les nuages à l'envers !
En effet, le tableau que tu présentes est vraiment étonnant si on considère la date à laquelle il a été peint ....

Spoiler:

Merci Constance pour ces tableaux qui renouvellent non seulement l'image de Daumier mais aussi une certaine image conventionnelle de la bonne mère.

Je viens de lire une nouvelle de Vassili Grossman : La madone sixtine. Grossman identifiait cette madone de Raphael à l' humanité souffrante.

Madonna del solletico. ( Vierge de la caresse). Uffizi Florence. MASACCIO.

Le décalage est interessant: l´enfant sourit sous la caresse de sa mère. Mais celle-ci reste grave, elle connait la suite. Il y bien union dans la relation corporelle, mais pour ce qui est de l´émotionnelle, elle bifurque dans 2 directions bien distinctes.

Je poursuis avec Honoré Daumier .








La petite fille tenant à la main le battoir à linge peut faire songer à "Nana" enfant et à sa mère "Gervaise" ;
cette toile pourrait figurer le déterminisme social de Zola .

Citation :

La Blanchisseuse suggère clairement la difficulté de la tâche accomplie jour après jour. La monumentalité du personnage accentue la courbe de son corps qui semble ployer sous la charge. L’absence de toute anecdote, le fond indistinct et le contre-jour qui cache les traits des visages aident le spectateur à se concentrer sur l’essentiel : la figure humaine, ses gestes, son attitude. L’image en devient quasiment allégorique ; à travers elle, Daumier décrit la difficile existence de toute la classe laborieuse sous le Second Empire.

[...] Quelle qu’en soit l’approche, ces images illustrent un sujet traité également dans L’Assommoir de Zola, celui du travail du linge confié depuis des temps immémoriaux aux femmes ; un travail précaire (les femmes étant souvent employées à la journée), répétitif, d’une durée excessive, sous-payé et de surcroît à risque : le maniement du linge sale et mouillé était un vecteur de transmission de la tuberculose, grand fléau du siècle.

Enfin, l’intérêt porté par les peintres à ces ouvrières contraste avec le jugement négatif dont elles étaient l’objet : on les accusait de porter ou de louer le linge qu’on leur confiait, de s’adonner à la prostitution, de tomber dans l’alcoolisme. Ce jugement, en partie fondé, témoigne de la difficile existence de ces femmes.


(L'Histoire par l'image/ Nadine Fattouh-Malvaud )

Berthe Morisot, Le berceau