Abel Ferrara

animal a écrit:

(ça ne passe toujours pas par chez moi, comme par hasard).

Petit veinard, comme ça tu vas pouvoir utiliser les 1h45 de la durée du film pour une activité intéressante.

Spoiler:

oui, mais quand ?!

pour en remettre une couche un tour de bande-annonce : clic de BA

tu n'en as vraiment vu aucun autre de Ferrara ? même pas Bad Lieutnant ?

Faudrait qu'elle voit "Christmas".

Non, je n'en ai vu aucun autre. Et pas vraiment envie d'essayer.

huhu. Christmas c'est pas moi qui l'ai dit. The Addiction, New Rose Hotel, ... ptet Fear City, China Girl et le Bodysnatcher qui sont moins recommandables (et le film de dépanneuse maybe).

Je ne conseillerai pas de débuter par sa filmographie des années 2000...mais Ferrara n'est de toute façon pas un cinéaste évident à aborder. J'ai toujours eu la sensation d'être confronté à une mise en scène en équilibre instable, menaçant à chaque instant de s'écrouler. A son meilleur, cette fragilité est une sensibilité incandescente.
Je rejoins en partie animal sur New Rose Hotel (une dernière demie-heure éblouissante qui renverse tellement des perspectives)...The Addiction est aussi un film hypnotisant, marqué par une prestation impressionnante de Lili Taylor. King of New York et Nos funérailles sont plus équilibrés sur le plan narratif et expriment une certaine maturité, une douleur retenue. Par contre, j'ai toujours été déçu par Bad lieutenant (trop forcé dans ces symboles).

darkanny a écrit:

Faudrait qu'elle voit "Christmas".

Ah oui, j'avais bien aimé ce film. Je ne suis pas vraiment sûre qu'il plairait à Arabella, mais oui elle devrait tenter. J'aime bien ce genre de film qui traite de la violence mais avec une vraie tendresse cachée derrière, c'est un chouette mélange de genres. Faudrait que je tente New Rose Hotel un de ces jours..

Je ne crois pas que je vais tenter quoi que ce soit dans l'immédiat.

Christmas

j'ajoute ma petite couche.

Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre, j'avais vaguement regardé la pochette du DVD en me demandant pourquoi animal craquait pour un truc qui semblait aussi kitch (un couple qui se regarde avec plein d'amour dans les yeux et des sapins de noël autour ), du coup je m'attendais un peu à tout mais pas du tout à ça, à ce film-là. Un film qui commence par des chants de noël entonnés par des enfants que leurs parents films (avec plein d'amour dans les yeux ) et ensuite une promenade en calèche et là on suppute que la photo avec le père noël nous attend au bout de la calèche et c'est vrai, c'est ça... mais il y a quand même ce truc au début du générique, avec plein de billets de banque sur une table en verre qui fait qu'on regarde quand même, pour savoir et puis tout lentement le film commence.

et là on décolle vers une autre dimension ,
vers une femme superbe mais alors vraiment démente, manifique, qui m'a complètement empêchée de voir le film tellement elle prend toute la place (j'ai trouvé son mec minable et je pense qu'en effet elle mérite mieux que ce minus)
vers une musique géniale (personne n'a parlé de la musique du film qui est absolument indissociable des images)
vers une caméra qui n'est jamais exactement là où elle devrait être (juste un peu au-dessus dans la voiture, juste un peu en dessous des genoux des acteurs comme si de temps en temps on prenait la place de la petite fille du couple)
vers des images qui prennent leur temps, qui installent une atmosphère, qui font monter l'angoisse, le sentiment de malaise et de tragique toujours balancé par l'image idyllique d'une famille aimante, d'une communauté bavarde, criarde, tellement vivante
vers des gens dans des ghettos (dominicain, afro-américain) qui se haïssent et qui se pourpointent à travers des grillages comme des animaux enfermés dans un zoo

vers un film que je vais devoir revoir parce que cette femme... punaise... c'est une bombe de vulgarité et de ténacité qui pulvérise l'écran. Et puis c'est beaucoup trop court (mais il y a écrit à suivre à la fin, c'est vrai ? y'a une suite ?) et puis il n'y a pas vraiment d'histoire mais des histoires donc plein de pistes à arpenter...

pardon pour ce commentaire un peu désordonné et merci à animal pour la claque

il n'y a pas de quoi. et ça fait toujours plaisir de lire ce genre d'impression (avec effet de surprise de la spectatrice en plus, huhu).


pour la suite pas à ma connaissance mais plusieurs films et documentaires à voir depuis...

une photo de King of New-York, croisée par hasard :

traversay a écrit:

Go Go Tales

Citation :

Le Paradise est un cabaret chic de gogo danseuses situé dans le sud de Manhattan. Une usine à rêves dirigée par Ray Ruby, impresario éminemment charismatique, assisté par ses vieux compères et une bande de personnages pittoresques. Malheureusement, tout ne va pas pour le mieux au Paradise : les danseuses menacent Ray d'une grève, qui doit également affronter la colère de la propriétaire des lieux bien décidée à les expulser. Ray tente sa chance à la loterie...

Il sort d'où ce Go Go Tales, un Abel Ferrara présenté à Cannes en 2007 ? Sont-ce les déclarations du cinéaste "intéressé" pour tourner un film traitant de l'affaire DSK, avec Depardieu dans le rôle principal, qui ont incité les distributeurs à sortir cet inédit qui prenait la poussière sur une étagère ? Quoi qu'il en soit, au vu du sujet, les coulisses d'un club de strip, unités de lieu, de temps, et d'action, on s'attendait au pire, un fantasme libidineux d'un cinéaste sur le retour. Tout faux, Go Go Tales, loin d'être l'un des meilleurs films du maître, est une relative bonne surprise. Certes pas du côté du scénario, le bel Abel était sans doute trop fatigué pour en pondre un digne de ce nom, l'intrigue principale étant constituée par la recherche désespérée d'un ticket de loto gagnant. Non, l'intérêt est ailleurs, dans la mise en scène d'abord, virtuose, qui évolue avec une certaine grâce dans ce huis-clos. Et puis, dans l'atmosphère un peu foutraque du lieu où se côtoient strip-teaseuses (ok, Ferrara s'est bien rincé l'oeil et le spectateur fera de même), grandes gueules accoudées au bar et clients pittoresques, dont quelques chinois qui en veulent pour leur argent. Il y a des paillettes, des égos maltraités et des problèmes financiers sans solution. Cela donne un côté minable et flamboyant à l'affaire, à l'image du personnage central incarné par un Willem Dafoe, en loser patenté, fascinant car en surchauffe de jeu permanente. Il est plutôt bien entouré : Matthew Modine, Bob Hoskins, Asia Argento (incendiaire) et même la petite Lou Doillon, dans un rôle insignifiant. Le dernier quart d'heure est totalement raté, n'empêche, Go Go Tales, sous des allures d'exercice d'équilibriste sans filet, contient de vrais morceaux de cinéma avec des scènes dignes de Cassavetes, dans leur fraîcheur, leur spontanéité et leur esprit ludique. C'est assez inespéré mais le film tient debout, même bancal.

Que pourrai-je ajouter ? 1h et plus d'un drôle de bazar aux ambiances musicales surprenantes (et assez réussies) où tout s'agite et tourbillonne en creux dans cette boite qui bat de l'aile dans son ambiance familiale. La fin plus calme révèle tout le "truc" latent avec les vraies beaux moments plus apparents. Dans le dernier quart d'heure j'aime bien le speech quand même sur les apparences et le rêve et la création, l'existence des personnes en fin de compte. Et c'est bien là qu'il est doué Abel Ferrara car sans vraiment de scénario, avec un sujet ou un décors racoleur il arrive à faire autre chose avec des femmes objets attirantes et inaccessibles mais qui sont bien plus que la marchandise qu'elle vende et qui est vendue dans la boite et sans que leur soit retirée leur séduction. Elles font partie du mystère du réalisateur et de son improbable double Defoe patron de la boite.

Plus expérimental et loufoque encore que New Rose Hotel, parfaitement improbable même (si ce n'est qu'on retrouve beaucoup d'éléments habituels : visions caméra video, engueulades diverses, belles femmes et fortes présences, types un peu paumés), assez joyeux même à la longue la sympathie est inévitable et sa tendance atypique dans certains choix (le film n'est pas rythmé par une succession de numéros de danse par exemple et eux-mêmes ne sont pas filmés en tant que tels) laisse penser que la navigation n'est pas aussi hasardeuse qu'elle en aurait l'air.

Je ne sais pas trop ce que j'ai vu, et je suis forcément optimiste avec Abel Ferrara c'est vrai, mais je suis bien content de l'avoir vu parce que j'ai vu un film que je ne pouvais de toute façon pas imaginer.

et la bande-annonce de 4h44 Dernier jour sur terre

un petit mois à attendre avant d'aller le voir au ciné ?

4h44 Dernier jour sur terre

Cisco vit dans un loft-apart avec Skye ça compagne peintre beaucoup plus jeune. La fin du monde approche (peut-être) : papouilles, peintures, skype, world salad télévisuelle et humaine parsemée de vues intimes de New-York.

C'est difficile de parler d'histoire ou de scénario, on ne peut pas non plus parler de clip de 1h10, pas vraiment de tableau non plus. Reste le portrait. Finalement attachant à travers les égarements des uns et des autres, leurs excès, toute la culpabilité chère au réalisateur, ici jouée très doucement d'une étrange façon mais très présente. Et pas mal d'amour.

On pourrait penser que c'est un film pour les adeptes qui verront le film multiplier les écrans et les images video/web intégrées dans le film par leur biais, avec le son aussi, qui retrouveront les oscillations psychiques des personnages (et leurs addictions).

On peut aussi imaginer que le côté charnel, les profondes solitudes et les élans maladroits mais habités de cet univers sont assez chouettes à voir au cinéma, et que le cinéma, maitrisé l'air de rien peut se faire autour de peu de choses et hors de sentiers trop balisés.

musique

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Pas convaincu du tout, pour ce qui me concerne, cher animal. J'y reviendrai un peu plus tard.