Abel Ferrara

animal a écrit:

ce n'est pas chose facile de vous en parler et d'essayer de vous donner envie de le voir (et j'espère de l'apprécier... ), pas facile pour plusieurs raisons, le fait que c'est un film souvent démoli, pour son aspect de "petit film" au petit goût d'anticipation fauchée peut être et le côté complexe et confu de l'intrigue certainement.

En effet, j'ai vu ces petits défauts mais ça n'empêche pas d'être aussi envoûté que Willem Dafoe. Alors oui, on ne sait pas où ça veut aller, ni où ça va nous mener et on fait la moue par moment avant de se décider à lâcher prise et de suivre X dans le tourbillon. On ressort du film avec l'impression de sortir d'un songe, tantôt rêve, tantôt cauchemar.

animal a écrit:

Pourquoi j'imagine mal m'en passer ? sensibilité à la part personnelle de ses films, réussite de ses mélanges, mise en valeur et justesse des personnages féminins... et de ce que les femmes peuvent représenter...

Oh oui. Un personnage féminin très bien travaillé ! Indépendante, charismatique et féline. Et il sait filmer les personnages oui, Asia Argento n'a jamais été aussi sensuelle... Aucune vulgarité, juste une charge d'érotisme extatique. C'est fou. Faut savoir garder son calme. Je pense que ce film doit marquer et revenir en mémoire par le biais de réminiscences nébuleuses, à l'image du tatouage angélique...

Faites comme Alice, plongez dans le terrier.

voilà. il faut écouter Kannskia.  

(la nouvelle est d'ailleurs une réminiscence).

il y a relativement longtemps, j'ai regardé le film nos funérailles plusieurs fois. C'était encore sur cassette magnétoscope... J'aimais beaucoup cette histoire de vengeance dans cette mafia italienne américaine. L'ambiance de ce deuil familiale, comment le deuil de ce malfrat est vécu différemment par les deux frères restants, l'un des frère étant complètement déséquilibré, violent, et qui va partir en vrille. (celui qui chante ci-dessous)

il y avait une scène que j'adorais (je viens de retomber dessus), dans mes souvenirs elle était plus longue (j'aimerai bien avoir la chanson en entier mais j'ai l'impression que c'était composé juste pour le film) :



J'ai le souvenir d'un film  bien goupillé, qui finit mal, assez noir.

ah j'ai vu ce film ! je me souviens très bien de cette scène ! je ne savais pas qu'il s'agissait d'un film de Ferrara mais j'avais beaucoup aimé (ma mémoire cinéma est impressionnante de nullité) !

je le reverrais bien...

en attendant une nouvelle nouvelle, après le film +/- DSKisant, autre projet :

Citation :

Le décompte du dernier jour de Pier Paolo Pasolini, le 2 novembre 1975. À Rome, il retrouve son amant, un jeune prostitué avec lequel il convient d’un rendez-vous avec d’autres « crapules » pour le lendemain soir. Entre temps, ses proches le mettent en garde : il faut qu’il arrête d’écrire des articles incendiaires contre le pouvoir, c’est trop dangereux. Mais Pasolini veut dénoncer l’injustice, quoi qu’il lui en coûte.

capricci.fr

le teaser de Welcome to New-York : clic

(ça ressemblerait à du Ferrara des années 90 ?)

Abel Ferrara du côté de chez Pasolini... Je suis curieux de voir le résultat qui lui vaut une très bonne critique. A suivre dans les salles à partir de demain.

Pasolini

Je manque de billes pour suivre ce film et j'ai somnolé sur un bon début du film. Après une intro autour d'une interview, avec extraits (c'et important) sur Salo, le film s'attache à la dernière journée de la vie du bonhomme, et de façon très mélangée avec le livre en cours d'écriture et un projet de film (et sortie de la "reconstitution 70's"). La part politique n'est pas mise en avant ou pas à travers les engagements ou le meurtre, ça ne veut pas dire que ce n'est pas là non plus. Ferrara oblige ? On prend le chemin obscur des obsessions et de la sexualité, avec un zeste de mystique et des figures, des présences dans les personnages secondaires.

A l'arrivée un portrait non linéaire qui fait différents appels dont j'imagine avoir raté une bonne partie. Puisqu'il faudrait, faut, situer malgré tout la politique avec la provocation et la dénonciation de travers (fascisants) on en revient à la création, on sent un type bouillonnant et enthousiaste (pas mal de livres aussi dans le film) nourri par sa part intime et obscure quand elle use (ou s'abuse) de rapports de force. Du coup à remettre en parallèle de l'introduction du film, ça devient plus compliqué. On a aussi dans le film le mussolinien Palais de la Civilisation, offrant les visions métaphysiquantes promises par son architecture mais forcément connoté ? Et son inscription : "Un peuple de poètes, d’artistes, de héros, de saints, de penseurs, de scientifiques, de navigateurs, de voyageurs" (je suis allé chercher, j'étais même incapable de retrouver le nom du bâtiment).

Donc ce n'est pas super simple, surtout que le film dans le film, aux airs plus léger voir illuminés, très étrange, ajoute une solide couche de pas net, de fantasmagorie très personnelle ?

En revenant j'ai lu en diagonale une page de biographie de Pasolini et, oui c'est ressemblant, pas simple. En tout cas avec pas grand chose, de façon pas classique et pas lisse, le portrait a l'air de coller. Grande maîtrise (et précision) de l'improbable comme souvent avec Ferrara ?

Welcome to New York

Oui oui le film suite à la "fameuse histoire". Et la bande-annonce un peu racoleuse. Soit. Le film commence la veille de l'incident et la plupart des scènes qui racolent dans la bande-annonce sont issues de la première soirée festive entre luxe, débauche, vulgarité, sensualité et pulsions très primaires. Après c'est l'arrestation, les démêlés avec la justice et ensuite les relations compliquées avec sa femme.

Visuellement on retrouve la patte et des échos à tout une partie de la filmographie de Ferrara, ça veut dire que malgré la qualité numérique un peu rustique de l'image on ne tarde pas à plonger dans un tourbillon d'ambiances contradictoires et de détails et de visages. Et là personnage principaux ou secondaires il est toujours alerte et précis le Ferrara, l'instant qui touche, l'instant oui incrusté dans leurs vies les personnages apparaissent souvent beau et assez touchants, même entrevus on les voit.

Pour l'ambiance les intérieurs chaleureux, luxueux et maîtrisés mais aussi froidement aseptisés, voire réservés, lieux de pouvoir poli, factice viennent se faire contrarier par les teintes plus froides et bleus d'une ville laborieuse, fouillis, un rien procédurière mais une vision avant tout naturaliste, au plein sens à l'ancienne de la chose.

C'est donc bien d'une histoire de pouvoir qu'il s'agit. Un pouvoir de classe presque, ou un pouvoir de "fracture sociale", d'argent, de sexe aussi mais pas principalement. Et le film n'est pas exactement tourné comme ça, la confrontation à la normale par l'arrestation et l'arrivée en prison sont plus une question qu'une leçon.

Plus loin et assez loin des premières tendances très rédemptrice du réalisateur on gagne en complexité avec la vision d'un couple à la fois distant et attaché. La femme est forte et ambitieuse et voulait un mari président, l'homme malade, sans remords, de son addiction malgré le pouvoir et l'argent n'est plus facilement à l'aise dans son costume.

Beaucoup d'éléments particuliers dans des rapports complexes et multiples, toujours l'importance des personnages secondaires même quand ils sont peu présents, rien de très fini dans les discours sinon une tristesse, une mélancolie de gâchis à étages multiples. C'est assez rare une imagerie moderne si décortiquée par le visuelle et à travers certains de ses avatars, ici l'actualité, tout ce qui ferait un sujet de JT qui n'est pas qu'une information mais un show un rien pervers, décortiquée aussi dans ses avatars de pouvoir et d'argent...

Mais sans le théorisé, juste un regard, un regard avec en fond New York en couleurs naturelles de jours ensoleillés.

Ça pouvait (peut) faire peur mais assurément pas un mauvais cru.

Désolé Animal mais je trouve ce film moralement, psychologiquement et esthétiquement épouvantable. Caricatural et laborieux, bâclé et inutile. De part pris sans nuance et surtout très douteux. Je sauve juste quelques minutes de monologue de Depardieu dans l'appartement vers la fin. Et je tenterai plutôt son Pasolini qui me semble plus intéressant.

surtout la touche numérique à l'arrache... pour le reste, je jetais un œil à Margin Call (?) plus tard dans la soirée qui pour le coup dans la forme m'avait l'air caricatural et laborieux. le film de Ferrara ne peut pas être parfait et va en plus se prendre les pieds dans et emmener le truc d'actualité moche à un moment ou un autre ou dans l'ensemble. ce qu'il en fait ou autant ce qu'il n'en fait finalement pas, c'est à dire (à mon avis) condamner ou excuser largement (ou tout simplement centrer sur le personnage), est déjà différent de la représentation médiatique. et dans ses détails, par exemple l'arrivée d'un gros SUV devant un hôtel de luxe pour "livrer des filles", il est plus cru que bien des histoires, l'image de fric est là mais se retrouve débarrassée de bien des artifices.

il en aurait fait une "bête" façon Bad Lieutenant ça aurait été mieux reçu ?

il pourrait y avoir des similitudes dans l'approche de son Pasolini (avec un rapport différent à la personne).

New Rose Hotel

Et bien voilà. Animal continue à nous jouer la petite histoire : le film que vous n'auriez jamais regardé si vous n'aviez pas été sur Parfum, le film que vous regardez  d'un autre œil parce qu'il vous a été « prescrit » . Autrement dit Jusque dans quels retranchements vais-je pouvoir arriver à pousser topocl ?


Quand même il a été gentil, animal, avec le film il y avait la nouvelle. Donc, l'ayant lue je peux dire que je n'ai pas tout compris, alors, qu'autrement, je crois que j'aurais dû dire que je n'avais rien compris. Mais en fait quelle importance ? Ces histoires de bandits et d'ADN, on s'en fout. Ce qui compte au final, c'est cette histoire d'amour triste à pleurer (oui, animal est un gros sentimental), cette fille belle à croquer (ou à se damner). Ce qui compte c'est ce rapport de fascination, cette violence interne mêlée de douceur, cet univers hyper contrôlé qui s'effondre.

Filmé, ah, oui, sacrément filmé, il s'écoute même peut-être  un peu trop filmer j'ai trouvé. Très beau, trop beau peut-être. Comme Asia Argento, trop belle pour être honnête. J'ai trouvé aussi  Willem Dafoe parfaitement tordant ( oui, Queenie, il cabotine, mais tout le film ne cabotine-t'il pas à plaisir ? C'est son essence-même) Quant à Willem Dafoe , mon Dieu, il souffre beaucoup à la fin, le pauvre...
Je vais dire que c'est un film qui m' a intéressée, parce que c'est toujours ce qu'on dit quand on ne peut pas dire qu'on a aimé, et aussi parce que c'est vrai. Dérangée aussi. Et même émue parfois. Et d'autres moments étaient réjouissants, mais il ne faut pas oublier  de regarder au second degré - en me disant que les cinéphiles, ceux qui regardent habituellement des films de ce genre (enfin, je suppose que vous voyez ce que je veux dire car il n'y a pas beaucoup de films « de ce genre », je pense), doivent pouvoir le regarder au quatrième degré, voire plus, déterrer la parodie, l'humour sous ces dehors très  sérieux, et jubiler à plein temps. C'est un film étrange, pas du tout rose, qui m'a perdue mais accrochée, sous ce mélange malicieux de feu et de glace.

J'irai même jusqu'à dire merci.

héhé. de rien

c'est vrai qu'il y a aussi de l'humour mais je ne miserai pas non plus sur trop de degrés de ce côté là non plus.

(pour enfoncer le clou tu pourrais tenter de mettre la main sur le documentaire où on voit Ferrara refaire un dialogue de mémoire devant un écran qui passe un extrait du film).

Tu ne crois pas que tu pousses le bouchon un tout petit peu trop loin, là ?

moiiiii ? noooon. et malheureusement je ne l'ai pas Not Guilty (le nom du doc).

pour se perdre encore on pourra quand même profiter de ce genre d'interview :