Lee Chang-Dong

Poetry

Un petit mot sur Poetry, que je n’ai vu que la semaine dernière. Je viens de lire tous vos posts et je n’ai pas vraiment perçu les choses comme vous. J’ai finalement aimé ce film, son rythme et aussi le sujet, même si parfois il est traité un peu maladroitement.
J’ai aimé l’histoire de cette femme âgée qui continue à travailler avec ce petit fils à charge, sa fille fantômatique à qui elle ne dit rien de sa vraie vie et des problèmes qu’elle rencontre : c'est-à-dire des difficultés dans l’éducation de l’ado sans repères, de son début d’Alzheimer, de son travail plutôt lourd pour une femme de son âge.
Elle trouve une sorte d’échappatoire dans la poésie, dans sa détermination naïve à ressentir les choses et à composer un poème en trouvant les mots justes alors même qu’ils lui échappent à cause de la maladie qui commence à s’installer.
D'ailleurs, j’ai bien aimé l’œil plutôt goguenard du metteur en scène sur les poètes du dimanche et leurs vers de mirlitons avec le policier qui vient juste débiter des rimes salaces et boire un coup…à chacun sa façon de se soulager. Cette vieille dame qui, malgré tout, garde sa dignité en choisissant soigneusement ses tenues fleuries et qui cherche à minauder avec grâce comme cela devait être de mise lorsqu’elle avait vingt ans n’est pas vraiment touchante, mais elle empêche le film de sombrer dans un mélo émouvant et niais. Car il s’agit avant tout de garder bonne figure, ce qu’elle fait avec élégance et ce qui lui permet de se soustraire un peu à la réalité avant que ce ne soit plus du tout possible. C’est d’ailleurs quand il n’y a plus de faux fuyants qu’elle parvient à composer un poème, qui restera le seul.

Je viens de regarder Secret Sunshine et d'après vos avis, je commence à me poser des questions...

La plupart d'entre vous a trouvé que ce film faisait trop dans le mélodrame... Moi non plus, je n'aime pas le mélodrame, mais pourtant, ça ne m'a pas gêné dans Secret Sunshine... Pour tout dire, je n'ai pas eu l'impression d'avoir affaire à un mélodrame. Même si ce qui arrive à Shin-ae est une suite effrénée d'évènements tous plus terribles les uns que les autres, le réalisateur traite le sujet d'une manière que je trouve plutôt sobre.
Divergence de visions...

Je trouve même ce film plutôt respectable…
Il a le mérite de présenter une histoire grave assorti d’un traitement sobre malgré tous les larmoiements que l'on pourrait craindre. C’est dans ce traitement justement que j’ai apprécié le film. Dans l’espèce d’insensibilité de Shin-ae face à tous les malheurs qui se succèdent dans sa vie (insensibilité reprochée lors de la mort de son fils dans un passage révoltant) on sent une douleur bien plus profonde et qu’un excès de pathos n’aurait jamais pu exprimer d’une manière aussi juste.
La rédemption de Shian-ae ne s’effectue pas dans les larmes mais dans une sorte de parcours initiatique qui la mènera à un nouveau départ dans la vie après les deux séparations brutales dont elle a été la victime.


Engouement pour une église protestante tout d’abord (représentation caricaturale je suis d'accord mais après tout, je ne suis pas allée en Corée pour vérifier si la religion protestante se pratiquait de la même manière ou non que dans le film), avant le choc de la désillusion lorsqu’elle rencontre le meurtrier de son fils au parloir. Cet entretien remet en question toutes ses croyances et la poussera à révéler l’hypocrisie de la religion.

A propos de ces scènes religieuses, un pasteur protestant s’est exprimé :

"Les scènes "religieuses" du film sont d'un tel réalisme qu'elles créent un malaise chez l'ensemble des spectateurs : les non-chrétiens découvrent un monde qui leur est étranger et les chrétiens ont l'impression d'avoir été caricaturés"

La tentative de suicide de Shin-ae constituera la dernière étape de cette espèce de rédemption avant de retrouver une certaine paix intérieure, qui ne sera sans doute jamais totale.

Par rapport au plan final, le réalisateur s’explique :

"J'ai choisi de commencer le film par un plan sur le ciel et de le terminer par un plan sur une parcelle de terre quelconque, et même assez sale. Ce que j'ai simplement voulu dire par là, c'est que le sens de la vie ne se trouvait pas dans le ciel mais sur la Terre. "

Joli mais un peu naïf quand même…
Cette rédemption est tirée d’une infinité de possibles et aurait très bien pu se passer d’une autre façon, il me semble donc dommage d’en tirer une généralité.


Des critiques de la presse que j’ai trouvées pertinentes…

Critique Le Monde :

Citation :

Il ne s'agit pas d'un film flamboyant, lyrique, habile à tirer les larmes : la beauté de Secret Sunshine est dans sa léthargie, sa sobriété, son économie d'effets, sa neutralité, sa façon de raconter l'histoire sans avoir l'air d'y toucher.

Critique Métro :

Citation :

Loin de chercher à faire pleurer dans les chaumières, ce mélo coréen est bien sûr très noir mais ne cherche pas à tirer sur la corde sensible inutilement.

(2010)

Film Sud-Coréen de Lee Chang-Dong avec Yong Jung-Hee entre autres

Une femme, dans la soixantaine, oublie un peu ses mots, oublie où elle doit rendre et apprend à l’hôpital qu’elle a la maladie d’Alzheimer. C’est une femme joyeuse, qui pour vivre s’occupe d’un homme riche grabataire et qui élève son petit fils dont la mère travaille en ville. Le fait de savoir qu’elle a cette maladie remet surement des choses en compte et elle décide de s’occuper un peu d’elle-même en se donnant du bon temps et en cultivant son esprit. Elle décide de faire ce qu’elle n’a jamais fait mais qu’elle a toujours voulu faire, écrire un poème. Elle s’inscrit dans un cours d’écriture, où un poète « affirmé » va tenter de les mettre sur la voie de l’inspiration. Mais ça ne vient pas. Elle regarde les oiseaux, les arbres…mais ça ne vient pas. Elle cherche, cherche, pose des questions et ça ne vient toujours pas. Son petit-fils est un garçon indifférent, qui ne la regarde pas et qui ne s’intéresse qu’à la télévision et au jeux vidéo. Elle se dit que cela lui passera et n’en prend pas ombrage. Un jour le père d’un ami de son petit fils lui demande d’assister à une réunion de parents (des pères en fait) pour parler de sujets urgents et qui demandent leur attention. Elle apprend lors de cette réunion que son petit-fils et ses amis ont violé des mois durant une de leur camarade de classe et qu’elle vient de se suicider. La nouvelle bouleverse tout l’unovers de cette grand-mère. Les pères lui demandent de réunir une somme d’argent (qu’elle n’a pas) pour acheter la mère de l’enfant et étouffer l’affaire. Elle réfléchit, se cabre avec douceur, et trouvera une solution tout en nuances et en subtilités.

Magnifique film. Un scénario bien tourné. Une actrice absolument magique et un dénouement émouvant et surprenant malgré certaines évidences.

Ce que tu en dis me donne très envie Pia. Je note en espérant pouvoir le trouver.

J'ai un très bon souvenir de ce film également.

exhumation du fil du réalisateur.

Merci de nous avoir déplacé. J'avais tapé son nom mais pas trouvé.

J'ai survolé le fil mais je vais prendre le temps de lire vos commentaires. J'ai vu que tu avais mis un com Darkanny. Je ne sais pas si ce film va te plaire Arabella. Mais si tu le trouves....

Il y a plusieurs DVD en médiathèque...