Michel Houellebecq

J'avais vraiment beaucoup aimé son premier roman, nettement moins le second (tout en lui concédant des qualités). Je n'ai lu que ces deux. Et il me semble en effet, comme Tina, que ces deux romans seront un assez bon marqueur de l'époque. Je pense qu'Extension... comptera. Je ne suis pas sûr toutefois de l'apprécier autant à la relecture. Je ne sais pas. Ca serait une bonne expérience à tenter, tiens. Il est court, je me le permettrai un jour.

bix229 a écrit:

On imagine ce qu' on veut : je le fais tout le temps.

Mais Houellebecq en antihéros, sarcastique, humoriste et frondeur, j' ai du mal...
C' est ce qu' il voulait au début, au tout début. Il a failli y parvenir.
Mais il n' a pas l' étoffe des antihéros, ni le style du pamphlétaire. Il est à la traine de sa
réputation déjà éventée, à la remorque de guignols comme BHL...et autres publicitaires narcissiques.
Il est, je le crains, ce qu' il présente, un homme fatigué, pas très heureux ni inspiré.
Un sous produit exemplaire d' une époque en mal de valeurs ou de contre valeurs. Dans le role médiatique du loser victimaire...
On prend ce qu' on a -et c' est vite vu dans un paysage vide-  et on le fait mousser...
MH se souvient peut etre du personnage incarné par Céline dernière époque...

Ne pas le blamer ni le surestimer. Juste un peu triste quand meme...

Bix n'aime pas tellement Houellebecq. Ce qui est bien avec cet auteur, c'est que l'on ne sait pas vraiment ce qu'il pense. Mais finalement, le sait-il lui même? Il doit souvent se perdre dans des idées qui l'assaillent et n'est je pense, malgré ses désirs, pas très lucide au fond. Mais il a le don pour foutre le bordel, et on a besoin de gens comme lui, courageux. Les autres, les officiels, ne sont-ils pas encore plus clownesques que lui? Mais ils sont plus nombreux et solidaires, alors on les écoute. Mais je les trouve bien plus pitoyables.

"Bix n'aime pas tellement Houellebecq."


Pour tout dire, Marc, il m' a déçu. Comme d' autres, j' attendais mieux de lui. Il a donné de faux

espoirs et s' est rabattu sur  des livres qui sont devenus de façon incompréhensible des best sellers.
Là dessus, des intellos en mal d' auteur lui ont tressé des lauriers. Ce n' était lui rendre service.


Il a continué dans cette voie parce qu' il n' avait plus le talent ou l' ambition de sa première oeuvre.

Son personnage a dévoré l' écrivain. Et ça marche bien, pourquoi ne pas continuer.
En plus il est suffiamment malin -ou flou- pour ne pas affirmer des positions qu 'il ne pourrait tenir. Il préfère en laisser le soin à ceux qui le louent.

Lui, nihiliste ? Il endosse sans problème le costard qu' on lui donne, meme s' il est trop large pour lui.
Je crois que si on lui offrait un role, meme muet, dans une pièce de Beckett.
Meme celui d' un lampadaire, il accepterait.
Il sait bien, à l' époque où nous vivons que si on cessait de s' interesser à lui, il cesserait d 'exister.
En tout cas, le personnage qu' il est devenu...

Pas d'accord sur l'écrivain, qui pour moi, en est un "vrai". Inégal, certes, mais comme tous.
Le comparer à BHL est une insulte pure et simple.

D'ailleurs qu'est-il allé faire dans cette galère, ce pseudo-dialogue, il y a quelques années ? Les lecteurs lui ont bien fait payer...Il dévoilait sa dimension mercantile et éprise de mondanités. Mauvais point pour lui. Au passage, livre insipide.

M'enfin, avec BHL, on n'attend pas de l'originalité, tout juste un mimétisme simplifié des plus grands. Bref. (Vous aurez compris que celui-là, l'usurpateur, je ne peux vraiment pas l'encadrer).

D'accord entièrement sur un personnage un peu surjoué, qui pourrait se faire plus discret et se recentrer sur la littérature, son rayon.

Il gagne à bosser encore plus et creuser, creuser inlassablement pour rester dans les annales.

la discussion sur les définitions et variantes autour de l'utopie est partie sur le fil : Littérature fantastique, SF et Fantasy

Certes mais j'y avais mon point de vue sur Extension du Domaine de la lutte que je remets ici puisqu'il y a sa place :

Extension du Domaine de la lutte :
Le dépressif éternel qui dépeint la misère sexuelle. J'apprécie ce roman, assez comique si on prend du recul ; un des personnages cherchant des aventures sexuelles, déclare quelque chose du genre : je me sens comme un morceau de viande sous cellophane en rayon. Publié en 94, bien avant la multiplication des sites de rencontres Internet, Michel avait pressenti et décrit notre marchandisation intégrale, notre étiquetage, une société de services où même la sphère privée intègre le grand marché. La désillusion est confondante, mais je pense que ce roman parle plus à une classe, à un âge, à un moment donné : les cadres trentenaires dans la capitale, au moment de la "révolution" informatique.

Michel Houellebecq vient de passer au 20 h devant David Pujadas ; il expliquait que pour l'Occident, la société de consommation était insuffisante, que l'absence de Dieu était douloureuse, et qu'un retour aux religions était à prévoir, d'où la projection dans son roman d'un avenir où l'Islam est omniprésent.
Pour Alain Jakubowicz, le livre Soumission est un cadeau fait au front national.

Casus Belli a écrit:

Pour Alain Jakubowicz, le livre Soumission est un cadeau fait au front national.

Certains pensent manifestement le contraire :

Citation :

En Espagne, un article de La Vanguardia, repéré par Courrier international, assure qu'avec son roman, Houellebecq "allume des contre-feux afin de circonscrire l'incendie principal" et de ne "laisser à l'adversaire qu'une terre brûlée". En d'autres termes, l'écrivain se serait sciemment saisi d'un sujet aussi polémique afin de ne pas laisser l'extrême droite occuper le terrain de l'islam.

(source : http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/01/06/le-brouhaha-houellebecquien-vu-par-la-presse-etrangere/ )

Tant qu'on n'aura pas lu le livre... et même après l'avoir lu, j'ai l'impression qu'il pourra y avoir des interprétations du roman (et, pire encore : des interprétations des intentions de Houellebecq, à supposer que ses intentions ne sont pas que de faire du buzz et vendre des bouquins) différentes...

Ecoutons Houellebecq, pour qui un roman n'a jamais changé le cours de l'Histoire (contrairement à certains essais, peut-être) :

oui je l'ai entendu et aussi écouté les différents commentaires celui de Naulleau de Finkielkraut et un journaliste dont je ne me souviens plus le nom qui lui voyait dans le livre un appel à voter Sarkozy, parce que c'était le seul politique à ne pas être nommé dans le livre et donc c'était lui qui devait être élu, selon Houellebecq !

en tous les cas c'est un champion de la pub comme dit Plenel à la barbe de Cohen.....

Il est quand même ahurissant que certains osent écrire des tribunes sans avoir lu le livre !
Il évoque Huysmans et Bloy largement paraît-il. Je ne suis pas sûre que ce soit un livre opportuniste ou politique.
Plus une observation de la société et de ses composantes.
Je reviendrai quand je l'aurai lu.

J'en suis déjà au tiers dès le premier soir et je le retrouve avec beaucoup de plaisir. C'est ludique, intelligent, drôle et cynique forcément, lucide. On y discute de Huysmans et Bloy autour d'un alcool de poire et de menaçants affrontements éclatent place de Clichy. Ça me plait !

Cet auteur est si intelligent et sensible qu'il cesse sa promo., vu le contexte.


A saluer.

C'est troublant cette simultanéité du drame de Charlie Hebdo et de la sortie de ce roman de politique fiction. En tout cas ça lui donne une tonalité encore plus mélancolique et fataliste. Mais avec un humour satyrique qui n'aurait pas déplu aux trublions de Charlie.

La traduction en allemand (Unterwerfung) sort la semaine prochaine (pour l'anglais, ça viendra sans doute, mais bien plus tard).