Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Parfum de livres… parfum d’ailleurs

Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
 
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 Michel Houellebecq

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tina
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   houellebecq - Michel Houellebecq - Page 32 EmptyDim 16 Aoû 2015 - 23:10

Je ne sais plus quel canard rapporte en ce moment les conversations entre Finkielkraut et MH. Le Figaro (je crois), mais pour les abonnés. Je n'ai donc pas pu lire.
Mais j'aimerais bien voir leurs échanges.
Si quelqu'un a des infos (ou un lien) ??
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ArturoBandini
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   houellebecq - Michel Houellebecq - Page 32 EmptyLun 17 Aoû 2015 - 18:06

Après une petite recherche, je n'ai pu te dénicher qu'une petite partie des échanges

http://ac.matra.free.fr/FB/20150813houfin.pdf

Le problème c'est qu'il faut être abonné au figaro pour avoir accès aux articles.
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Hanta
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   houellebecq - Michel Houellebecq - Page 32 EmptyLun 17 Aoû 2015 - 18:35

Cela parle d'islam encore et toujours, difficile de penser Soumission comme une simple fiction et non une critique du coup. Une série sur Houellebecq sort dans Le Monde, cela le rend furieux.
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ArturoBandini
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   houellebecq - Michel Houellebecq - Page 32 EmptyLun 17 Aoû 2015 - 19:11

Je t'avoue que cet extrait d'interview ne m'intéresse guère, je l'ai à peine survolé au vu des sujets évoqués.
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colimasson
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   houellebecq - Michel Houellebecq - Page 32 EmptyMar 18 Aoû 2015 - 15:10

ArturoBandini a écrit:
Sacré commentaire ! Je pense que je relirai un jour Soumission, une fois que j'aurai lu l'oeuvre intégrale de Huysmans, pour avoir un meilleur éclairage. Dans un p'tit moment quoi! bounce

Oui, ce sera très intéressant de voir ce que tu en penses après un petit détour huysmanien.

Hanta a écrit:
Cela parle d'islam encore et toujours, difficile de penser Soumission comme une simple fiction et non une critique du coup. Une série sur Houellebecq sort dans Le Monde, cela le rend furieux.

Parce que dès que l'on parle de quelque chose, c'est forcément pour en faire une critique ? Disons que l'islam pose question, c'est pour cela que Houellebecq en parle... et puis, les questions de l'interview sont orientées pour traiter de ce sujet. Il ne va pas se mettre à parler de l'hygiène bucco-dentaire chez les chiens lorsqu'on lui demande ce qu'il pense de l'identité française et de ses influences exogènes...

Pour poursuivre un peu, une lecture faite ces derniers mois.

Houellebecq économiste (2014) de Bernard Maris


houellebecq - Michel Houellebecq - Page 32 Houell10

On peut essayer de comprendre l’économie en se tapant les théories décérébrées des économistes (tous pourris) mais on peut aussi se mettre à la lecture de Houellebecq. On comprendra aussi bien la marche aberrante de l’humanité, et on sirotera à l’occasion son pur style d
ésenchanté.  


Derrière tous les romans de Michel Houellebecq, Bernard Maris reconnaît la figure de certains grands économistes. Ceux-ci s’appellent Marx, Malthus, Schumpeter, Smith, Marshall ou Keynes, et ils ont popularisé les notions de « minimum vital nécessaire », de « destruction créatrice » ou d’ « infantilisme des consommateurs ». On peut ainsi lire L’extension du domaine de la lutte comme un roman sur le libéralisme et la compétition, Les particules élémentaires sur la marchandisation des rapports humains, Plateforme sur l’absurdité de l’offre et de la demande, La possibilité d’une île pouvant quant à lui  se lire comme la science-fiction d’une humanité dont tous les membres seraient enfin devenus les kids éternels rêvés par la société de consommation.


Si les romans de Houellebecq sont si violents et cruels, c’est parce qu’ils reproduisent à l’échelle individuelle la violence et la cruauté qui se cachent derrière les théories économiques les plus nobélisables. Ce qui se passe dans les romans de Houellebecq est-il plus odieux et répugnant que la théorie de Gary Becker (les familles se répartissent en deux catégories selon qu’elles ont peu d’enfants mais de bonne qualité ou beaucoup d’enfants mais de qualité médiocre), celle de Gérard Debreu (notre société doit réfléchir de toute urgence à la question de la durée de vie des vieux : vaut-il mieux les débrancher tôt ou les maintenir en vie le plus longtemps possible pour créer des emplois ?) ou celle de Larry Summers (il vaut mieux déverser la pollution du Nord vers le Sud pour faire mourir les noirs et conserver les blancs afin que l’humanité y gagne en termes de revenu mondial économisé) ? N’oublions pas de préciser que les trois bonhommes sus-cités ont chacun reçu le Prix Nobel d’économie.


Un être humain trop sensible ayant grandi et vécu dans une société qui valorise de tels raisonnements et qui reconnaît les valeurs qui en découlent ne peut finir autrement qu’un personnage de Houellebecq. Il se montrera cynique pour se protéger, il déprimera s’il ne peut pas lutter, ou il collaborera s’il croit encore pouvoir tirer son épingle du jeu. Chacun des romans de Houellebecq présente des personnages pris au piège de ces comportements qui découlent d’un paradigme nauséabond. Voudrait-on s’en sortir que le reste de la société nous rattraperait et nous collerait à nouveau le nez devant les étalages de cosmétiques puants du Monoprix.


Les personnages des romans de Houellebecq présentent tous un léger décalage : ils louchent un peu trop et se prennent les jambes dans le tapis en voulant filer droit avec les autres.  Leur regard dévie d’un angle infime par rapport à l’angle droit de la servilité joyeuse. Ils sont peut-être nés trop tard ou espèrent être nés trop tôt, ils regrettent la disparition du christianisme qui permettait de  « refuser l’idéologie libérale au nom de l’encyclique de Léon XIII sur la mission sociale de l’Evangile » tandis que « le marché, lui, se charge de les abolir et de les pulvériser, en abolissant tout lien autre que monétaire ». En considérant que le déclin du christianisme s’accompagne de la naissance du matérialisme et de la science moderne, avec pour conséquences le rationalisme et l’individualisme, on peut interpréter Soumission, le dernier roman de Houellebecq, publié après cet essai de Bernard Maris, sous l’angle de la recherche d’un nouveau paradigme apte à mieux satisfaire les aspirations authentiques de l’être humain. Et si cette perspective semble affreuse, il faut alors se demander quel terreau a pu lui permettre de se développer ? Il paraît que les chiens ne font pas des chats.


Si Bernard Maris parle de Michel Houellebecq, c’est surtout pour dessiller certains de ses (mauvais) (ou faux) lecteurs qui croient voir en lui le représentant démoniaque des pires aspects de notre société. Peut-être n’est-il finalement que le témoin le plus intérieur de la catastrophe économique.


houellebecq - Michel Houellebecq - Page 32 Angela11
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Citation :
« Valérie, grosse bosseuse, commençait à se poser des questions sur le sens de la vie " D'avantage d'argent pour quoi faire ?" Hé, hé....C'est la question qu'on entend dans les tombes des cimetières. »


« Houellebecq économiste était un sourire, bien sûr… Un sourire pour dévoiler la triste morale et la forte poigne dissimulées sous les oripeaux d’une science. Car il n’y a pas de science économique ; il y a de la souffrance masquée sous de l’offre et de la demande, autrement dit de la poésie et de la compassion constamment laminées par le talon de fer du marché –marché des biens, du travail, du sexe. »
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Marko
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   houellebecq - Michel Houellebecq - Page 32 EmptyMar 18 Aoû 2015 - 15:49

Bien vu!
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Hanta
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   houellebecq - Michel Houellebecq - Page 32 EmptyMar 18 Aoû 2015 - 18:15

Colimasson : critique = analyse.

Littré a écrit:
Capacité de l'esprit à juger un être, une chose à sa juste valeur, après avoir discerné ses mérites et défauts, ses qualités et imperfections

Donc avant de prendre la mouche comprendre ce que j'ai voulu dire. Critique au sens premier et analyser quelque chose. Donc oui je trouve dommage de voir que Houellebecq s'est défendu corps et âme de faire une analyse de l'islam dans son roman pour le voir diffuser une pensée intellectuelle dessus. C'est légèrement contradictoire surtout avec Finkielkraut qui pour le coup est vraiment un joli alibi de l'extrême droite pour s'exprimer dans les milieux autorisés.
J'aime peu les aboiements de masse.
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   houellebecq - Michel Houellebecq - Page 32 EmptyJeu 15 Oct 2015 - 19:44

J'ai discuté il y n'y a pas longtemps sur un autre forum de Houellebecq avec quelqu'un qui ne l'apprécie pas. Voici ce qu'elle dit de l'écrivain et de Soumission :

Anonyme a écrit:

Houellebecq même pas besoin de lire son torche cul, y'a qu'à l'écouter lui en interview, c'est pas mal non plus

Quoi ? considéré qu'un parti "musulman" qui a le soutien de la gauche et qui empêche aux femmes de travailler, les voiles et que la polygamie serait rétablie c'est une "possibilité" c'est avoir une vision totalement biaisée de ce que sont les musulmans en France, et "autour du bassin méditerranéen" à l'heure actuelle, une vision obstinément raciste ( raciste pck qu'essensialiste d'une certaine partie de la population, je sais pas qui hein, et dont houellebecq insinue le grand remplacement.. et je reviens pas sur la corrélation entre racisme et islamophobie s'il vous playyyy). et pas islamiste hein, "musulman musulman" parce que c'est comme ça qu'il traduit les identités multiples des musulmans qu'il dit "modéré" "je trouve pas que ce soit un islam radical" "c'est une des variantes les plus douces qu'on puisse imaginer". Et qu'on puisse considérer que la fiction ne se nourrit pas du social et entretiens des croyances, qu'elle puisse être totalement innocente et en dehors du monde et des craintes qui nous agitent, c'est être ... j'ai envie d'être méchante, mais bon... voilà !

Pis un mec qui te sort des trucs du genre :

"Nous sommes arrivés en France à un point où le fait même de prononcer le mot islam peut vous être reproché. L'islam ne fait pas partie des sujets dont on puisse réellement débattre. C'est un peu effarant"

Et qui croit ""plus général qui est celui de l'Occident, suicide économique, démographique et surtout spirituel".

L'"occident" qui se meurt du fait d'une islamisation etc c'est tellement une rhétorique d'extrême droite abrutie. Confronter l'occident au "monde musulman" comme deux identités spécifiques qui ne s'entremêlent que dans un rapport de domination / SOUMISSSION l'une sur l'autre, sérieusement....

Donc non, il est pas pas mal.

Qu'en pensez-vous ? Que lui répondez-vous ?
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   houellebecq - Michel Houellebecq - Page 32 EmptyVen 16 Oct 2015 - 16:41

Oh, bah elle est en colère mais elle se trompe de cible.
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   houellebecq - Michel Houellebecq - Page 32 EmptyVen 16 Oct 2015 - 21:06

Idem.

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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   houellebecq - Michel Houellebecq - Page 32 EmptySam 17 Oct 2015 - 12:52

C'est à dire ? Elle devrait cibler qui ? (Ou quoi)
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   houellebecq - Michel Houellebecq - Page 32 EmptySam 17 Oct 2015 - 22:48

La propagande.
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   houellebecq - Michel Houellebecq - Page 32 EmptyLun 9 Nov 2015 - 1:20

H. P. Lovecraft - Contre le monde, contre la vie (1991)


houellebecq - Michel Houellebecq - Page 32 97822610

« Attaquez le récit comme un radieux suicide.
Prononcez sans faillir le grand Non à la vie.
Alors vous verrez une puissante cathédrale
Et vos sens, vecteurs d’indicibles dérèglements,
Traceront le schéma d’un délire intégral
Qui se perdra dans l’innommable architecture des temps. »



Voici, enfin reliés les uns à la suite des autres, les commandements d’écriture qui donnent leur titre aux chapitres de ce livre. L’idée est originale : plutôt que d’écrire une biographie ou un essai critique, Michel Houellebecq propose d’écrire un manuel d’airain pour quiconque entreprendrait de rater sa vie et de réussir son œuvre si, toutefois, comme il l’ajoute, ce dernier point reste hypothétique et sans assurance. Le sacrifice le plus outrageux, une vie mise à l’équerre, ne constitue aucunement un gage de réussite.


Démesure des ambitions, donc, et petitesse de la vie. H. P. Lovecraft subit une grave crise lors de ses 18 ans. Celle-ci le plongea dans un état léthargique pendant une dizaine d’années. Il en sortit progressivement sans jamais retrouver ce qu’on appelle toutefois la normalité. Parce qu’il ne refuse aucune concession faite à la réussite, Lovecraft n’aura jamais de travail, refusera de corriger ses écrits pour les publier au rabais, sortira à peine de son pays pour aller explorer les architectures diaboliques que son esprit fantasme à propos du vieux continent, et il mènera une vie sociale réduite aux créatures difformes de son œuvre. C’est exaltant de lire le récit de cette vie qui se consume à cause de ses trop grands idéaux. Tout le monde rêverait de vivre ainsi –en tout cas tous ceux qui n’aiment pas la vie. Ainsi se trouve-t-on désemparé lorsqu’on découvre qu’à 32 ans, Lovecraft rencontra Sonia Haft Green avec qui il vécut presque une décennie dans la douceur. Lovecraft courut même le risque de devenir heureux. C’est une chance que les problèmes économiques vinrent bientôt éprouver le couple : Lovecraft, incapable de trouver du travail, retourna bientôt vivre chez un lointain parent tandis que Sonia se déplaçait d’une ville à l’autre pour travailler. Sans animosité, le couple se sépara, Lovecraft retrouva son éternelle solitude, mais sans doute ne l’avait-il jamais vraiment quittée.


Ces détails de la vie d’un homme sont plutôt insignifiants, en fait. Ils ne conquièrent de leur intérêt que lorsque nous pouvons les rapprocher de ses textes. Les personnages flottent dans un brouillard d’indétermination. Comme dans la vie, Lovecraft ne fait aucun effort pour s’intéresser à ce qui lui semble inutile. Ainsi, ses personnages sont dotés des seuls éléments nécessaires à leur vie (membres, souffle, système cardiaque et respiratoire, plus quelques éléments de réflexion). Rien de leur vie passée, de leurs aspirations ou de leurs sentiments ne contamine le texte si cela ne contribue pas au déploiement de l’œuvre. Enfin, le sexe ni l’argent n’ont leur place dans ces récits, parce que Lovecraft n’a jamais compris le désir qu’on pouvait ressentir à leur égard. Rien de tout cela, et tout pour la grandeur des cieux, des architectures et de l’histoire, un emballement frénétique pour ce qui, sur terre, présage déjà d’une chute du surnaturel. Habité, Lovecraft l’est. Nous devrions nous pencher avec circonspection sur ses textes semblant témoigner d’une vie parallèle qui rend compréhensible le désintérêt que ressentait ce visionnaire pour la vie, et pour le monde.


houellebecq - Michel Houellebecq - Page 32 Lovecr10

Mettez fin à la vie :

« La vie est douloureuse et décevante. Inutile, par conséquent, d’écrire de nouveaux romans réalistes. Sur la réalité en général, nous savons déjà à quoi nous en tenir ; et nous n’avons guère envie d’en apprendre davantage. L’humanité telle qu’elle est ne nous inspire plus qu’une curiosité mitigée. Toutes ces « notations » d’une si prodigieuse finesse, ces « situations », ces anecdotes… Tout cela ne fait, le livre une fois refermé, que nous confirmer dans une légère sensation d’écœurement déjà suffisamment alimentée par n’importe quelle journée de « vie réelle ». »


Ne considérez pas la mort comme un exutoire bienveillant :

« Bien entendu, la vie n’a pas de sens. Mais la mort non plus. Et c’est une des choses qui glacent le sang lorsqu’on découvre l’univers de Lovecraft. La mort de ses héros n’a aucun sens. Elle n’apporte aucun apaisement. Elle ne permet aucunement de conclure l’histoire. Implacablement, HPL détruit ses personnages sans suggérer rien de plus que le démembrement d’une marionnette. »


Infligez l'ultime blessure à l'humanité:

« Chez lui, pas de « banalité qui se fissure », d'« incidents au départ presque insignifiants »... Tout ça ne l’intéresse pas. Il n'a aucune envie de consacrer trente pages, ni même trois, à la description de la vie de famille d'un Américain moyen. Il veut bien se documenter sur n'importe quoi, les rituels aztèques ou l'anatomie des batraciens, mais certainement pas sur la vie quotidienne. »


Rappelez-vous le lointain univers :

« Dans ses descriptions d’un lever de soleil sur le panorama des clochers de Providence, ou du labyrinthe en escalier des ruelles de Marblehead, il perd tout sens de la mesure. Les adjectifs et les points d’exclamation se multiplient, des fragments d’incantation lui reviennent en mémoire, sa poitrine se soulève d’enthousiasme, les images se succèdent dans son esprit ; il plonge dans un véritable délire extatique. »


Lettre du 27 septembre 1919 à Reinhardt Kleiner
Citation :
« Naturellement, je ne suis pas familiarisé avec les phénomènes de l’amour, sinon par des lectures superficielles. »


« Il y a quelque chose de pas vraiment littéraire chez Lovecraft. »
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MessageSujet: Michel Houellebecq - "soumission"   houellebecq - Michel Houellebecq - Page 32 EmptyDim 13 Déc 2015 - 19:34

Soumission

J'ai abordé le livre avec en tête de la question : roman ou essai ? j'ai entendu quelqu'un (pas ici) dire que ce livre était un essai déguisé en roman. pas d'accord : ce n'est pas parce que le livre contient une réflexion politique qu'il est un essai, même si ces réflexions tiennent une place assez importante dans le livre. pour moi ce livre est essentiellement le cheminement d'un homme en quête de sens à donner à sa vie, dans un cadre politique en mutation, et pas une projection politique que l'auteur ferait vivre en l'incarnant dans la trajectoire particulière d'un homme, qui va après errances, géographiques et existentielles, "se soumettre" au nouveau régime.

cette quête personnelle du personnage, qui apparait comme menant une vie faite de consommation insatisfaite (plats industriels), de bureaucratie déshumanisante (paperasse dans sa boîte aux lettres), d'absence d'ambition professionnelle ou d'engagement humaniste, et de solitude, à la fois choisie et subie (pas de liens familiaux ou amicaux), se fait en plusieurs temps, séparés ou concomitants : le personnage perd peu à peu ce qui le constituait effectivement ou symboliquement : sa partenaire sexuelle et affective (Myriam), son poste d'enseignant à l'université, sa mère, son père ; il se retrouve vide de facto, "de facto" car il était déjà vide avant ces faits, mu par rien grosso modo, mais là il en prend réellement conscience ; et il bouge, grattant du côté de ce qu'il connait : du côté de Huysmans, écrivain auquel il a consacré 7 ans de son existence dans le cadre de sa thèse, donc du côté du passé, et du côté de la province ; il y trouve des valeurs/repères comme la patrie, la foi chrétienne, l'ascétisme, qui s'avèrent inopérants pour lui ; il réintègre alors Paris, où il prend acte des changements politiques, qui impactent d'abord négativement sa vie professionnelle et personnelle (perte de son poste d'enseignant, éloignement des étudiantes, vivier de partenaires sexuelles), puis lui offrent une opportunité d'adhésion au nouveau régime (ça rappelle une période historique pas si ancienne et pas encore tombée dans l'oubli). au final, il s'accommode de la nouvelle donne politique qui lui permet de vivre selon sa nature, qui est de jouir de la bonne chère, de l'alcool, des cigarettes, d'être reconnu comme une personne importante, à laquelle sont attribués revenus conséquents et épouses (une, la plus âgée pour la cuisine, une autre, plus jeune, pour la sexualité), de faire partie d'un système politique qui a une ambition de type impérial (empire romain) et met ainsi un terme à sa vision d'une civilisation chrétienne jugée décadente et exsangue.
il y a dans ce livre à mes yeux deux réflexions (deux fils narratifs) de la part de Houellebecq : 1 une projection dans une société politique recomposée, gouvernée par un parti politique islamique, avec un dirigeant habile, jouant de la modération, des besoins des gens (argent, sexe, reconnaissance), mais dans les faits en rupture avec la tradition politique et sociale française (laïcité, liberté, égalité) ; 2 une réflexion sur la vie d'un professeur universitaire moralement et existentiellement lessivé. et ces deux réflexions, d'abord distantes (le professeur au début tend tout juste l'oreille aux soubresauts politiques) vont se rapprocher et le professeur va finir par se plier (conversion à l'islam nécessaire, esquissée en fin de livre) sans trop de peine à ce nouveau régime, qui sert ses intérêts, lui apporte une meilleure façon de vivre, lui offre une renaissance personnelle.
le livre raconte une fable politique, que je relie au passé (comme le héros je puise dans le passé), au régime de Vichy, régime fasciste, comme le serait un régime islamique. ce roman se termine mi-sérieusement, mi-farce. sérieusement car c'est un régime liberticide qui se met en place et le héros s'y rallie ; farce car le héros se fait "happer" par le nouveau système par son "talon d'Achille" : son aspiration intime à mener une vie de petit-bourgeois : goût pour la reconnaissance sociale (l'hameçon de l'anthologie de Huysmans qui lui est proposée, la chaire à l'université "pour la vitrine"), goût pour les beaux intérieurs (celui du Vème arrondissement), goût pour le bon goût (les bons alcools, la bonne gastronomie, les conversations fines et sérieuses entre pairs masculins), goût pour le confort (une épouse qui fait la cuisine, une épouse-maîtresse pour le sexe), goût pour la grandeur de la France, quelle que soit la forme que prend cette grandeur.
je suis désolée si j'ai un peu trop spoilé l'histoire mais je ne peux pas bien parler d'un livre sans illustrer un peu.
sur l'analyse, ce n'est que mon interprétation et ma façon de voir. mais cette façon de voir me fait apprécier ce livre, lui donne une sorte de logique, de direction, d'intelligence.
sur l'écriture même, j'ai été beaucoup moins séduite.
c'est pourquoi je ne cite pas de passages du livre. l'écriture ne m'a pas plu : entre des passages très lucides et synthétiques sur la société, qui n'est pas sans rappeler notre société, mais qui ne font pas personnellement "vibrer", ou des passages à l'écriture claire (certains disent "plate") mais "conventionnelle", malgré les petits moments d'énervement, mais énervement assez convenu aussi (quand il s'énerve sur l'architecture moderne ou l'interdiction de fumer au monastère et que sortent des mots comme "chier"). certes on trouve des passages où l'humour est perceptible mais cela ne fait pas le poids face à une écriture que j'ai qualifiée de "conventionnelle", on pourrait aussi dire expression "bourgeoise" : impeccable de simplicité car rigoureuse et exigeante + assortie de petites digressions où le personnage s'autorise à dire ce qu'il pense de la situation, et il pense toujours de manière prudente, juste et originale, enfin, perçue et présentée comme telle (sa façon d'aborder et de mener une conversation avec un collègue universitaire ou avec un responsable des renseignements généraux). il se pourrait bien qu'en critiquant la façon de s'exprimer de François, héros de "soumission", il se pourrait bien que j'égratigne un peu la façon de s'exprimer de son créateur lui-même (diable! Wink ).
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   houellebecq - Michel Houellebecq - Page 32 EmptyMer 16 Déc 2015 - 20:14

Les particules élémentaires

J’étais assez enthousiaste au début du bouquin, puis j’ai déchanté. On connait les obsessions de Michel Houellebecq, j’ai réussi à les mettre de côté dans les autres bouquins que j’ai lu de lui parce que à côté, quelque chose me retenait. Son écriture, son érudition, et une sorte d’intérêt généreux vers l’autre, malgré l’œil acéré qui ne laisse rien passer. Et puis l’histoire, à côté de ses parenthèses, à la poursuite d’une idée qu’il décortique, me plaisait. Mais là, qu’il dise tout ce qui lui passe par la tête, ce qui rime à dire Pipi caca pendant tout le livre, m’a lassée. Le personnage de Michel qui aurait pu être intéressant, n’est pratiquement pas développé, il nous laisse en compagnie du frère Bruno, dont les problèmes sexuels finissent pas le conduire à l’hopital psychiatrique. En faisant simple. Il y a des pages et des pages sur la théorie soi-disant géniale dudit Michel, que j’ai trouvé indigeste, ne m’intéressant ni à la biologie moléculaire ni à la physique quantique. Il y a des raccourcis  faciles et quand Houellebecq veut, comme dans un soubresaut, rendre son personnage plus humain, il nous pond des scènes d’un sentimentalisme plat. Bref….J’aime Houellebecq et je continuerai. Mais celui-là ? Beaucoup moins.  

Après avoir écrit mon com, j'ai lu vos commentaires. Je vois que sur pleins d'aspects nous nous rejoignons Arabella. Je suis un peu moins dégoutée que vous, Sullien et Hanta mais je comprend un peu.
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