Le moulin sur la Floss
A vouloir m'économiser et entretenir ma paresse , j'ai choisi d'aborder
George ELIOT par le plus petit ouvrage à ma disposition mais qui n'en constitue pas moins un minus pavé de plus de 700 pages Folio . Finalement je regrette de ne pas m'être lancée directement dans
Middlemarch considéré comme son chef-d'oeuvre . Je suppose après avoir terminé
Le moulin sur la Floss que les thèmes abordés se retrouvent de façon récurrente dans l'ensemble de son oeuvre tant on sent une volonté quasi-obsessionnelle d'orienter son lecteur sur un chemin de vie doté de valeurs fondamentales .
Et c'est probablement ce qui m'a gênée dès les premiers centaines de pages .
Nous sommes à des années lumières du monde Austenien et je suis très étonnée que certains puissent établir quelques parallèles .
Le moulin de la Floss , c'est avant tout une histoire d'amour fusionnelle entre un frère et une soeur ....Deux êtres que tout oppose en dehors de leur fraternité .
Que
Georges Eliot s'identifie à la petite
Maggie et se soit inspirée de son vécu pour créer ce personnage si volontaire et exigeant il ne fait nul doute : l'écriture si tendue , pointue , austère même dans les plus belles descriptions de paysage témoigne de cette fermeté d'âme qui ne cède en rien aux goûts du lecteur .
Dans cet état d'esprit
Le moulin de la Floss ne laisse bien sûr rien au hasard donc : sans étiqueter cet ouvrage de roman réaliste, il déploie suffisamment d'analyse du contexte social pour le considérer comme un ouvrage important dans l'apport de la connaissance Victorienne :
Georges Eliot dépeint très bien les grands bouleversements économiques et sociaux de l'époque et cette toile de fond a été travaillée avec suffisamment de minutie pour constituer une part majeure de roman . Il est à noter d'ailleurs que nous sommes bien loin des salons feutrés de
Jane Austen :
Georges Eliot nous immerge dans une réalité commune , le monde des petits Bourgeois ou des gens du menu peuple qui gagne sa vie à la sueur de son front .
Mais au delà de cet aspect purement sociologique , c'est avant une formidable étude psychologique travaillée avec une précision et un souci de profondeur tels que toutes les strates de la complexité psychique semblent être dépliées pour nous faire entrevoir le fond du gouffre pas toujours bien reluisant !
Certes l'humour n'est pas absent et apporte un peu d'aisance dans la lecture , les personnages sont croqués avec une tendre affection moqueuse mais l'empreinte morale et douloureuse de cette auteur proche du mysticisme quelquefois peut paraître pesante et oppressante : Le lecteur pris dans les mailles de ce filet littéraire aura bien du mal à garder légèreté et recul ;
George Eliot prend à parti son lecteur , bouscule , oriente , et fait de son art un outil à fin éducative .
La place de la femme dans la société de l'époque , l'ignorance confinant à l'asservissement des masses , l'éducation et les mentalités étriquées , l'amour sous toutes ses formes ...Autant de thèmes travaillés au cordeau , sans fantaisie ,à travers un filtre moralisateur admirable( parce l'engagement est assumé )font de ce roman un incontournable pour qui s'intéresse à l'époque victorienne . Mais à l'heure du toujours plus vite il faut s'armer de patience pour rentrer dans les méandres d'une prose quelquefois complexe sans fioritures , avec une aridité insolite pour l'époque mais qui semble en accord parfait avec la personnalité de l'auteur . Une lecture riche , agaçante souvent et probablement inoubliable !
Et ...oui j'ai oublié de vous raconter l'histoire au final ???? A croire que ce n'était pas le plus marquant !
Bon et si j'allais me flageller un petit peu maintenant ? Histoire d'appliquer ce que j'ai retenu ?