Lecture en commun - Tristan Egolf : Le seigneur des porcheries

colimasson a écrit:

Y a-t-il une date limite de participation à cette lecture en commun ?

disons, si tu ne vas l'avoir d'ici quelques semaines, la lecture va être terminée pour les autres.. mais cela n'empêche pas que le fil reste sur le forum, tu peux toujours y ajouter tes commentaires et dépendant des autres, ils peuvent aussi réagir à tes messages.. en principe on n'oublie pas la lecture d'un livre au cours de quelques semaines

Je pensais bien que vous n'étiez pas de ce genre !
J'essaierai de me débrouiller au plus vite alors. Peut-être arriverais-je à provoquer la pitié dans mon entourage pour que quelqu'un me l'achète ? Mwahahaha !

Dix premières pages compliquées, dix premières pages qui obligent à revenir en arrière et tenter de comprendre... et puis je me suis dis, allons, lâchons la bride, sans doute trouverais-je une branche à laquelle m'accrocher dan ce déferlement de mots.
Deux éléments pour l'heure me retiennent : la force du discours, les mots mis ensemble qui forment un son, un sens, une mélopée, violente, irréductible, féroce et le discours biblique sous-jacent, cette volonté de remettre en question le bien fondé des Ecritures par la violence de l'écriture.
Plongée en apnée dans la fange, l'indicible, la blessure d'une Amérique guindée, blanche, bête et méchante.

Très difficile de passer un moment sans penser au personnage principal du Seigneur des porcheries, difficile de prendre du recul, difficile de lâcher le livre pour en parler, trouver des mots, faire des phrases. La vie de ce John Kaltenbrunner est une telle succession d'incidents, un tel halètement, un tel précipité (au sens physique du terme), qu'il est bien compliqué d'en rendre compte.
Et puis quel humour dans ce texte incisif, cruel, expéditif... L'ombre de Pynchon plane sur ce roman et ce n'est évidemment pas pour me déplaire. La vision de l'Amérique est si dévastatrice, si bigarrée, qu'il m'arrive d'oublier l'époque décrite et d'avoir l'impression de plonger dans celle des années vingt, de la Grande Dépression, de la crasse et de la bêtise...
Terriblement passionnant, donc.

et ben dites donc.. Sentinelle qui est enthousiaste.. Shanidar pas moins.. faudra mettre ce livre dans ma LAL à ce que je vois

shanidar a écrit:

Dix premières pages compliquées, dix premières pages qui obligent à revenir en arrière et tenter de comprendre... et puis je me suis dis, allons, lâchons la bride, sans doute trouverais-je une branche à laquelle m'accrocher dan ce déferlement de mots.

J'ai embrayé dès la première phrase... qui fait tout de même plus d'une vingtaine de lignes
Et je ne le lâche plus depuis lors

shanidar a écrit:

Très difficile de passer un moment sans penser au personnage principal du Seigneur des porcheries, difficile de prendre du recul, difficile de lâcher le livre pour en parler, trouver des mots, faire des phrases. La vie de ce John Kaltenbrunner est une telle succession d'incidents, un tel halètement, un tel précipité (au sens physique du terme), qu'il est bien compliqué d'en rendre compte.
Et puis quel humour dans ce texte incisif, cruel, expéditif... L'ombre de Pynchon plane sur ce roman et ce n'est évidemment pas pour me déplaire. La vision de l'Amérique est si dévastatrice, si bigarrée, qu'il m'arrive d'oublier l'époque décrite et d'avoir l'impression de plonger dans celle des années vingt, de la Grande Dépression, de la crasse et de la bêtise...
Terriblement passionnant, donc.

Tout comme toi, je suis scotchée mais j'aurai beaucoup de mal d'y mettre des mots dans l'immédiat (plutôt gênant pour une lecture commune) mais c'est tellement dense, intense et foisonnant qu'il me faudra du temps pour digérer tout ça. Je suis aussi tellement dans le ressenti que je n'ai pas vraiment envie d'aller au-delà pour l'instant. Un très bon moment de lecture en tout cas, je suis ravie d'avoir pris le train de la lecture commune pour le lire plus rapidement que prévu, cela aurait été dommage d'attendre plus longtemps.
Je situe également le récit dans les années vingt, je pense d'ailleurs que l'auteur ne situe pas vraiment son récit dans le temps (à part le jour et le mois) ou je me trompe ?
Quoi qu'il en soit, quel malheur que Tristan Egolf ne soit plus parmi nous

kenavo a écrit:

et ben dites donc.. Sentinelle qui est enthousiaste.. Shanidar pas moins.. faudra mettre ce livre dans ma LAL à ce que je vois

Je ne sais pas trop si ce roman soit vraiment ton style Kenav', mais je suis effectivement très enthousiaste, ce livre a tout ce qu'il faut pour devenir "un classique", en tout cas je le mets d'office dans cette catégorie.

colimasson a écrit:

Je pensais bien que vous n'étiez pas de ce genre !
J'essaierai de me débrouiller au plus vite alors. Peut-être arriverais-je à provoquer la pitié dans mon entourage pour que quelqu'un me l'achète ? Mwahahaha !

Ah mais colimasson, un livre de ce calibre là, on ne l'emprunte pas mais on se l'offre bien volontiers pour ensuite lui octroyer une place de choix dans sa bibliothèque

Comment dater ce texte ? Il me semble qu'à un moment donné Egolf parle 'd'après la guerre' (je tenterai de retrouver la citation plus tard) et bêtement j'ai pensé qu'il faisait référence à la seconde guerre mondiale, mais je me trompe peut-être... Pour moi le texte se situe autour des années 60-70... ils ont l'électricité et le téléphone dans leur ferme... mais c'est assez peu important finalement.

En tout cas je suis ravie de voir que nous avons à peu près le même sentiment avec Sentinelle et que nous avons perdu Odrey (sans doute happée par sa lecture)...

shanidar a écrit:

Pour moi le texte se situe autour des années 60-70... ils ont l'électricité et le téléphone dans leur ferme... mais c'est assez peu important finalement.

Tu as raison, il fait mention des pièces de monnaie à l'effigie de Kennedy : s'il fait référence au Kennedy half dollar, cette pièce a été frappée pour la première fois en 1964, un an après son assassinat. Mais c'est effectivement peu important, tant le sujet est intemporel en soi...

shanidar a écrit:

En tout cas je suis ravie de voir que nous avons à peu près le même sentiment avec Sentinelle et que nous avons perdu Odrey (sans doute happée par sa lecture)...

Tout à fait Et j'espère qu'il en sera de même pour Odrey

Les filles, je ne vous ai pas oublié. Je n'ai pas beaucoup avancé dans ma lecture (pour cause de week-end à la cambrousse) mais le début m'a bien accroché. Egolf à une écriture percutante et nous plante le décors de façon magistrale. Ppur l'instant je n'ai guère été plus loin que l'introduction mais je sens que ce livre va me plaire (c'est dommage, je ne vais pas pouvoir donner de gage à Queenie).

Je trouve très forte la manière dont Egolf passe d'un registre à l'autre dans un même élan, à la fois poétique et virulente, son écriture oscille entre le fond de la mine et des images célestes. Il est à la fois juste et fou, réaliste et loufoque, pénétrant et joueur et puis il enrobe le tout avec une telle haine qu'on en est submergé, un peu ébloui, comme par des rayons de soleil qui vous pulvérisent la rétine...

p.82 il décrit sa mère malade et cette description est la fois belle et triviale :

"Sa peau flottait sur ses os, coulait de son corps et se répandait sur les coussins du canapé. (...) Elle semblait s'être tranquillement métamorphosée en rutabaga au cours de la nuit. C'était écoeurant. Elle était mûre pour les urgences."

tout y est : l'humour sordide, la pitié, une vision légèrement décalée du monde presque poétique et en même temps blasphématoire, outrancière et juste, et puis des phrases très courtes qui happent le lecteur et l'empêchent de s'appesantir sur les évènements, une sorte de course contre la montre, une course contre on ne sait quoi, le temps, les institutions, soi-même...

odrey a écrit:

Les filles, je ne vous ai pas oublié. Je n'ai pas beaucoup avancé dans ma lecture (pour cause de week-end à la cambrousse) mais le début m'a bien accroché. Egolf à une écriture percutante et nous plante le décors de façon magistrale. Ppur l'instant je n'ai guère été plus loin que l'introduction mais je sens que ce livre va me plaire (c'est dommage, je ne vais pas pouvoir donner de gage à Queenie).

Je pense aussi que ce roman devrait te plaire, bonne lecture Odrey !