Guillaume Canet

Les Petits Mouchoirs

quel joli petit gâchis que ce film. Des personnages extra, avec de la profondeur, des possibilités, des champs, qui avaient tout pour donner un bon film, travaillé, percutant, aussi méchant que Canet aime le faire et puis... rien... par manque de scénario le film implose, le montage fait à la hâche superpose des scènes les unes derrière les autres sans apporter de cohérence, sans donner de sens aux images, aux colères, aux douceurs. Je me demande si, Canet, à force de vouloir filmer des figures paternelles monstrueuses n'est pas désormais arrivé au bout de son sujet, incapable de se renouveler, de construire une histoire qui tienne la route. Berléand était formidable dans Mon Idole et le film parfait, scénarisé presque à outrance, du travail millimétré pour une satire cinglante du show biz ; même réussite avec l'irrésistible Dussolier dans Ne le dis à personne, figure malmenée du flic pourri jusqu'à la moelle et puis flop, le pauvre Cluzet se retrouve à devoir soutenir un film mal ficelé, pendouillant de tout côté, fragile et larmoyant, nerveux et pathétique, plein de petits mouchoirs informes... et puis que de scènes immensément longues... brrr...

Blood Ties

Citation :

New York, 1974. Chris, la cinquantaine, est libéré pour bonne conduite après plusieurs années de prison pour un règlement de compte meurtrier. Devant la prison, Frank, son jeune frère, un flic prometteur, est là, à contrecœur.

Sorti en 2008, Les liens du sang de Jacques Maillot n'a pas eu le succès ni obtenu la réputation qu'il mérite. Le film était pourtant bien écrit et réalisé, intense et dramatique, tirant vers la tragédie grecque. Le remake américain de Guillaume Canet, co-écrit par James Gray, ne s'en éloigne guère, si ce n'est évidemment par son décor newyorkais et par un fétichisme certain envers les grands classiques des années 70. Blood Ties est vintage jusqu'à sa B.O, plaisante mais parfois trop présente. La déception vient de la mise en scène de Canet, ou plutôt son absence, comme s'il était paralysé par ses premiers pas Outre-Atlantique. A moins que ce ne soit l'ombre de James Gray qui soit trop envahissante car il est plus que probable que celui-ci aurait donné une toute autre ampleur à cette histoire de frères, l'un flic, l'autre voyou, dont les rapports conflictuels sont autant basés sur l'affection que sur la haine. Si Clive Owen est l'homme de la situation, le jeu subtil de Billy Crudup impressionne davantage. Le film, bien que centré sur leur relation, explore d'autres pistes narratives avec plus ou moins de bonheur. Et les seconds rôles, mis à part celui de James Caan, apparaissent sacrifiés (Marion Cotillard, Zoe Saldana, Matthias Schoenaerts). Loin d'être un ratage, Blood Ties manque toutefois de densité et se situe trop sur le terrain référentiel pour pleinement satisfaire.