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| José Saramago [Portugal] | |
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Auteur | Message |
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eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: José Saramago [Portugal] Sam 4 Juil 2009 - 17:43 | |
| C'est toujours amusant, si je puis dire, le thème du double. Ca fait penser à Dostoïevski (le Double), et puis Shusaku Endô (Scandale - roman bien tordu). Et il doit y en avoir quantité d'autres. En tout cas, tu me donnes envie, mais comme j'ai déjà envie de lire tous les Saramago... | |
| | | Eve Lyne Sage de la littérature
Messages : 1936 Inscription le : 08/08/2008
| Sujet: Re: José Saramago [Portugal] Mer 8 Juil 2009 - 18:29 | |
| Le style est atypique et réjouissant. J'avais souri voire même ri en lisant Les intermittences de la mort. Je rajoute celui que tu as lu Queenie sur ma déjà longue liste. J'ai en cours L'aveuglement. Pas mal du tout. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: José Saramago [Portugal] Jeu 9 Juil 2009 - 7:39 | |
| - Eve Lyne a écrit:
- Pas mal du tout.
Ah, un euphémisme ! | |
| | | domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: José Saramago [Portugal] Ven 10 Juil 2009 - 8:43 | |
| L'Aveuglement est dans ma PAL depuis bien longtemps déjà, faudrait sans doute que je pense à le faire remonter de quelques crans, vous n'en dites que du bien. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: José Saramago [Portugal] Mer 15 Juil 2009 - 6:17 | |
| Je crois que j'ai trouvé ce qu'il manquait au film Blindness adapté de L'aveuglement, magnifiquement traduit du portugais par Geneviève Leibrich. L'écriture.. Et ses descriptions du chaos après que les habitants d'un pays ( sauf une, allez savoir pourquoi..) aient été frappés par une épidémie qui les prive simplement d'un de leurs sens. Oui, mais lequel, la vue. Et les petites reflexions philosophico-ironiques, qui ponctuent ce récit touffu, sans presque aucune respiration, des conséquences de cette épidémie. Conséquences bien réalistes , on dérape et on baigne du début à la fin dans les immondices . Privé de vue, l'homme redevient très vite un animal. Avec ses besoins élémentaires. Et la société se réorganise autour de ces besoins. Quand les besoins naturels pressent cruellement, quand le corps ne peut plus se retenir tant la douleur et l'angoisse sont grandes, alors l'animal que nous sommes se manifeste dans toute sa présence.
Jusqu'à ce que... survienne un très beau "personnage", le chien buveur de larmes. Le chien des larmes s'approcha d'elle, il sait toujours quand on a besoin de lui, la femme du médecin se cramponna à lui, non pas qu'elle ne continuât pas à aimer son mari, non pas qu'elle n'aimât pas tous ceux qui étaient là, mais son impression de solitude fut si forte en cet instant, si intolérable, qu'il lui sembla qu'elle ne pourrait être adoucie que par l'étrange soif avec laquelle le chien buvait ses larmes.EXpie a déjà fort bien parlé de ce roman. - Citation :
- On peut y voir ce que l'on voudra, parabole, symbole.
En tout cas, c'est un roman scotchant, ultra efficace, horrible et parfois magnifique. Rien à ajouter! | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: José Saramago [Portugal] Mer 15 Juil 2009 - 8:25 | |
| - Marie a écrit:
- [...]
Et ses descriptions du chaos après que les habitants d'un pays ( sauf une, allez savoir pourquoi..) aient été frappés par une épidémie qui les prive simplement d'un de leurs sens.[...] C'est le pouvoir des roux ça ! Avec toutes leurs tâches de rousseur ! | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: José Saramago [Portugal] Mar 25 Aoû 2009 - 20:35 | |
| L'aveuglement
Le roman a déjà été résumé précédemment, je rappelle donc juste que tout le monde devient progressivement aveugle, comme il semble qu'il s'agisse d'une contagion, les premiers aveugles sont parqués, mis en quarantaine pour ne pas contaminer le reste de la population. Mais l'étrange maladie se propage quand même, finissant par atteindre tout le monde, sauf une femme, l'épouse du médecin qui a examiné le premier aveugle. Nous suivons en fait un groupe, celui des premières personnes atteintes de cécité. D'abord la façon dont l'aveuglement se produit, puis la quarantaine où ils se retrouvent, puis enfin lorsque tout le monde est devenu aveugle, leur retour dans la ville où ils essaient de survivre. J'ai trouvé ce roman très prenant et très troublant. Difficile de le relier à un genre existant, peut être pourrait-on le qualifier de conte philosophique. Les personnages n'ont pas de noms, juste des qualificatifs comme le premier aveugle, la jeune fille aux lunettes teintées, la femme du médecin.... Plus que des personnages, des archétypes. Il y a de nombreuses interprétations qui peuvent être données de ce qui arrive, à la limite chacun peut trouver celle qui le satisfait le plus. J'ai trouvé particulièrement fascinante la façon dont l'univers craque, se désagrège; le décor quotidien devient une sorte d'enfer, et surtout quelque chose de complètement incontrôlable. Sans eau, sans le nettoyage régulier des ordures, la ville se transforme en une monstrueuse décharge. Les gens sont frappés d'impuissance, sans défense devant le monde. Bien sûr il y a l'aspect de révéler chacun dans un moment de crise, dans lequel les choses, sentiments, qualités ou défauts sont portés à leur paroxysme. Mais au delà de toute tentative d'interprétation il s'agit d'un roman passionnant, l'auteur nous raconte une histoire dont on a du mal à se détacher. Aussi étrange et artificielle que puisse paraître la situation, le récit est tellement prenant que l'on a pas envie de s'arrêter sur tel ou tel détail qui pourrait sembler incohérent ou peu vraisemblable. On a juste envie de savoir comment les choses vont évoluer pour notre groupe d'aveugles. L'écriture de Saramago, y contribue sans doute largement, de même que l'élégante ironie présente en permanence dans son récit. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: José Saramago [Portugal] Mer 26 Aoû 2009 - 23:03 | |
| Oui, un roman passionnant... C'est ce qu'est aussi le Dieu Manchot, mais vraiment pas tout le temps, il y a des baisses d'intérêt dont on a l'impression qu'elles sont faites exprès (énumérations de défilés à n'en plus finir). Il y a des trucs très forts, dans Le Dieu Manchot, mais il n'y a pas tout le temps l'intérêt romanesque de l'Aveuglement, qui nous touche plus directement (du fait du sujet).
Et c'est vrai que la même histoire d'aveuglement écrite par quelqu'un d'autre n'aurait très certainement pas donné un livre aussi fort. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: José Saramago [Portugal] Mer 26 Aoû 2009 - 23:31 | |
| Dans L'aveuglement il joue complètement le jeu d'un récit, alors que dans Le dieu manchot il ne le fait pas de la même façon, en effet il s'arrête, brise par moment la trame romanesque, dont on peut moins se laisser porter par l'histoire. Mais en même temps l'auteur y est plus présent, il est très clairement là, justement en arrêtant à tel ou tel moment l'action.
J'aime les deux, en sachant qu'on ne va pas trouver le même genre de plaisir à chaque fois. C'est rélève en partie d'une sorte de jeu intellectuel dans Le dieu manchot.
Mais pour une première lecture, je conseillerais d'avantage L'aveuglement dans lequel le lecteur peut plus spontanément se laisser embarquer dans l'histoire, et même si en fin de compte, l'inteprétation de cette histoire n'est pour le moins pas évidente.
Maintenant je voudrais lire d'autres livres de José Saramago. Je vais voir ce que je peux trouver... | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: José Saramago [Portugal] Mer 26 Aoû 2009 - 23:44 | |
| - Arabella a écrit:
- Mais pour une première lecture, je conseillerais d'avantage L'aveuglement dans lequel le lecteur peut plus spontanément se laisser embarquer dans l'histoire, et même si en fin de compte, l'inteprétation de cette histoire n'est pour le moins pas évidente.
Maintenant je voudrais lire d'autres livres de José Saramago. Je vais voir ce que je peux trouver... Ah oui, il vaut mieux commencer par l'Aveuglement. Ne serait-ce que pour ne pas être trop dérouté dans Le Dieu Manchot. L'Aveuglement est suffisamment scotchant, mais Le Dieu Manchot demande plus d'efforts. J'ai La Caverne à lire. En cas de manque aigu de Saramago. Il fait partie de ma trousse de premiers secours. | |
| | | Eve Lyne Sage de la littérature
Messages : 1936 Inscription le : 08/08/2008
| Sujet: Re: José Saramago [Portugal] Jeu 27 Aoû 2009 - 16:37 | |
| - Arabella a écrit:
Mais pour une première lecture, je conseillerais d'avantage L'aveuglement dans lequel le lecteur peut plus spontanément se laisser embarquer dans l'histoire, et même si en fin de compte, l'inteprétation de cette histoire n'est pour le moins pas évidente.
Maintenant je voudrais lire d'autres livres de José Saramago. Je vais voir ce que je peux trouver... Je n'ai lu que Les intermittences de la mort. L'aveuglement a été commencé, non terminé, je lui trouvais des longueurs. Quant aux Intermittences j'ai vraiment adoré. Et contrairement à ce que le titre peut laisser présager, on sourit souvent. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: José Saramago [Portugal] Jeu 27 Aoû 2009 - 17:50 | |
| J'avais noté ce titre Eve Lyne, il semble en effet intéressant. | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: José Saramago [Portugal] Lun 25 Jan 2010 - 9:50 | |
| Étant donné ma condition sourde, j'avoue que L'Aveuglement paraît presque comme un passage obligé, même si j'ai été contaminé visuellement parlant en regardant le film d'abord. J'attends toujours de dégoter deux versions usagées ou encore à bon prix de dieu manchot et histoire du siège de Lisbonne parce que, du reste, Saramago me semble assez majeur comme auteur.
Quel livre de sa part est le meilleur? | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: José Saramago [Portugal] Lun 25 Jan 2010 - 11:29 | |
| - jack-hubert bukowski a écrit:
- Quel livre de sa part est le meilleur?
Je n'en ai lu que deux : Le Dieu Manchot et l' Aveuglement ; le dernier me paraît le meilleur, mais ça se joue dans le très haut niveau. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: José Saramago [Portugal] Lun 7 Juin 2010 - 23:14 | |
| Photographié à Porto, le 29/05/2010.Le Radeau de Pierre (A jangada de pedra ; traduit du portugais par Claude Fages). 346 pages. Points Signatures. Le roman est placé sous l'égide d'une citation d'Alejo Carpentier : "Tout futur est fabuleux". Puis, il commence ainsi : - Citation :
- "Quand Joana Carda griffa le sol avec une branche d'orme, tous les chiens de Cerbère se mirent à aboyer, semant panique et terreur dans la population car une croyance datant des temps les plus reculés voulait que, si la gent canine, qui avait toujours été muette, se mettait soudain à aboyer, la fin du monde serait proche." page 9.
Cerbère est une commune française des Pyrénées Orientales. Par contre, Joana Carda se trouvait au Portugal à ce moment fatidique... Etonnant, non ? - Citation :
- "Si quelqu'un avait demandé à Joana Carda ce qui lui était passé par la tête pour se mettre à griffer le sol avec un bâton, geste d'adolescente lunatique plutôt que de femme pondérée ou comment elle avait pu ne point songer aux conséquences d'un acte en apparence si peu sensé, et chacun sait que ce sont les plus dangereux, elle aurait sans doute répondu, Je ne comprends pas ce qui s'est passé, le bâton était par terre, je l'ai ramassé et j'ai tracé une ligne [...]" (page 10).
Les chiens muets qui se mettent à aboyer... une ligne étrange tracée au sol... mais aussi des oiseaux au comportement étrange, une pelote de laine singulière... Et que se passe-t-il ? La péninsule ibérique se met à dériver ! Pourquoi ? La faute à qui ? Ce n'est plus une péninsule, mais une île, un Radeau de pierre. La césure a eu lieu exactement à la frontière entre l'Espagne et la France, une coupure nette, comme au fil de plomb. Les Pyrénées sont coupées, les falaises, droites, sont vertigineuses. Le roman est paru au Portugal en 1986, année de l'entrée du pays en Europe, ce n'est vraisemblablement pas un hasard : - Citation :
- "Encore qu'il ne soit guère flatteur de le confesser, certains Européens, se voyant libérés des incompréhensibles peuples occidentaux qui naviguaient désormais démâtés au milieu de l'océan qu'ils n'auraient jamais dû quitter, considérèrent ce fait comme une bénédiction, la promesse de jours meilleurs encore, chacun avec son semblable, finalement on commence à comprendre ce qu'est l'Europe, quand bien même quelques parcelles dégénérées s'accrochent encore qui finiront bien tôt ou tard, d'une manière ou d'une autre, par se détacher. Parions qu'à la fin des fins, nous allons nous voir réduits à un seul pays, quintessence de l'esprit européen, simple, sublimé, parfait, l'Euope, c'est-à-dire la Suisse." (page 168).
La toile de fond du roman montre(un peu, et de façon amusée) les conséquences politiques du phénomène. On voit par exemple la mise en place, au Portugal, d'un gouvernement de salut national. - Citation :
- "Car, et il est bon que personne n'ait de doutes là-dessus, les gouvernements de salut national sont eux aussi excellents, on peut même dire que ce sont les meilleurs, dommage que les patries n'en aient besoin que de loin en loin, c'est la raison pour laquelle nous n'avons généralement pas de gouvernements qui sachant gouverner nationalement." (page 221)
On voit la réaction des peuples européens et ibériques, des gouvernements Américain et Soviétique, on suit les scientifiques désemparés (que se passe-t-il ? le radeau va-t-il vraiment à la dérive... ?), et surtout une poignée de personnages hors du commun, et là, c'est une sorte de "fantaisie" très intéressante, très belle souvent. Le roman est virtuose, Saramago s'amuse. La voiture de nos héros a un nom (et presque une personnalité) : "Deux-Chevaux". A un moment, on arrive à Lisbonne : - Citation :
- "Deux-Chevaux traverse le pont lentement, à la vitesse minimum autorisée, pour donner l'Espagnol le temps d'admirer la beauté des paysages de terre et de mer, ainsi que la grandiose construction qui relie les deux berges du fleuve, construction périphrastique, nous parlons de la phrase, bien entendu, utilisée dans le seul but d'éviter la répétition du mot pont, ce qui produirait un solécisme de l'espèce pléonastique ou redondante. Dans les divers arts et principalement dans l'art d'écrire, le meilleur chemin entre deux points, même proches, n'a jamais été, ne sera jamais et n'est pas la ligne droite, jamais au grand jamais, manière énergique et emphatique de faire taire les doutes." (pages 112-113).
Ecriture remarquable, très inventive, auteur qui s'amuse, monde fantaisiste, personnages originaux, histoire intriguante et fascinante, rebondissements, rien ne manque... sauf une fin à la hauteur, peut-être. On voudrait du grandiose, du frappant ; on a de la demi-teinte. Le lecteur (moi, en tout cas) a l'impression de ne pas avoir fini le livre. Le roman étant en même temps souvent une réflexion sur l'écriture, les moyens à mettre en oeuvre pour parvenir à faire une oeuvre, peut-être était-ce là un des buts de l'oeuvre : l'expectative, la non-fin, le roman comme une représentation de la vraie vie. On peut préférer Le Dieu Manchot (plus "lourd") ou bien L'Aveuglement (plus "sérieux"), mais le Radeau de pierre est une fantaisie (parfois mélancolique) captivante. | |
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