Stefan Zweig [Autriche]

Je vais découvrir cet auteur avec ce titre suivant : La confusion des sentiments
J'ai lu un peu plus haut vos commentaires.
J'ajouterai les miens après la lecture de ce livre.

Le joueur d'échec

Bon, je n'ai probablement pas grand chose à apporter en donnant mon avis sur cet ouvrage que nous avons presque tous lu ici, mais je le fais quand même

Tout d'abord, comme beaucoup, j'ai bien aimé: court, bien écrit, précis et entraînant. Les personnages sont originaux et un recit relativement court, Zweig parvient à leur donner suffisamment de profondeur pour qu'ils s'animent sans trop avoir à bricoler avec notre imagination. Pour ma part, j'ai connu le roman via une présentation orale en secondaire: un ami l'avait lu et devait le présenter devant la classe. Je m'étais dis sur le moment que je devais le lire, mais j'ai retardé ce moment car j'étais encore dans ma période "les romans, ça n'amène à rien" et que je connaissais la fin. J'ai bien fait d'attendre car finalement, j'ai oublié la conclusion de l'intrigue, si bien que j'ai vraiment profité du "suspens"

La préface compare souvent Amok avec Le Joueur d'Echec, mais le premier ne m'a pas laissé un souvenir impérissable alors que le second m'a vraiment emballé!

Bref, si vous voulez vous lancer dans Zweig, je vous conseille Le Joueur d'Echec

Un soupçon légitime.

Betsy et son mari sont de paisibles retraités qui vivent dans la campagne anglaise. Ils apprécient cette existence tranquille, jusqu’au jour où le jeune couple Limpley emménagent à proximité. John Charleston Limpley est un homme imposant, débordant d’énergie, très sympathique au premier abord, débonnaire jusqu’à l’excès. Il est difficilement supportable pour son entourage tant il est étouffant, bruyant dans son amour des autres, intrusif. Sa femme est discrète, voire effacée. Face à la solitude de cette épouse toujours seule, Betsy décide de lui offrir un chiot afin de combler le vide de la maison durant les absences journalières de son mari. Or, contrairement aux attentes de Betsy, c’est John Limpley qui se prend d’un amour démesuré pour ce jeune bouledogue prénommé Ponto. Le chien comprend très vite qu’il est le centre du monde pour son maître ; il devient tyrannique et despotique, faisant de Limpley ni plus ni moins que son esclave. Tout aurait pu continuer ainsi si Mme Limpley n’était pas tombée enceinte après neuf années d’attente.

Comment va se comporter John Limpley à l’égard de son épouse, du futur enfant et surtout du chien ? Va-t-il toujours prodiguer à Ponto le même amour qu'avant la grossesse de sa femme ? Comment Ponto va-t-il lui-même réagir à la situation ? Face au drame qui couve, qui est le vrai responsable ?

Comme toujours avec Zweig, on retrouve l’élégance de l’écriture, la précision des portraits psychologiques des différents protagonistes y compris ici du chien. Zweig dresse le portrait saisissant d’un monomane qui, par la démesure de ses sentiments, va provoquer un drame ainsi que le portrait d’un chien qui se croyait le centre du monde.

Superbe nouvelle.

Très beau commentaire Eve Lyne. Il me semble qu'une lecture de Zweig vient toujours ré-enrichir notre propre écriture.

Je n' ai pas lu cette nouvelle Eve lyne, mais j' ai un recueil de nouvelles
qui m' attend : Brulant secret.
Tu as lu ?

bix229 a écrit:

Je n' ai pas lu cette nouvelle Eve lyne, mais j' ai un recueil de nouvelles
qui m' attend : Brulant secret.
Tu as lu ?

Je n'ai pas encore lu cette nouvelle. J'ai lu beaucoup à un moment donné les nouvelles de Zweig et comme souvent quand on est dans l'excès (clin d'oeil à Zweig qui traite justement de l'excès dans la nouvelle que je viens de commenter), on sature. Je ne peux que t'encourager à lire Brûlant secret Bix car avec Zweig je n'ai jamais été déçue et c'est rare pour un auteur de ne jamais lasser son public.

Ezechielle a écrit:

Bon, je n'ai probablement pas grand chose à apporter en donnant mon avis

Suis un peu comme toi.
Je découvre ce fil sur Stefan Zweig et le trouve déjà bien étoffé.
J'aime beaucoup cet auteur. Je l'ai découvert par l'intermédiaire de la biographie qu'il a faite du célèbre navigateur Magellan. Très agréable : j'ai donc creusé l'auteur pour découvrir à mon tour Le Joueur d'échecs et Vingt-quatre heures de la vie d'une femme.

Le Joueur d’échecs est un tout petit livre, très court (moins de 100 pages) qui se lit très vite. D'habitude, je sors frustré d'un livre si peu épais. Habitué aux pavés dont j'apprécie la lenteur, l’atmosphère travaillée, la psychologie et le jeu des personnages, je reproche souvent à ces livres vite lus (comme aux nouvelles) de passer trop rapidement sur l'environnement et de se contenter de l'essentiel.
Mais ici, rien de semblable. Le livre se limite à quelques scènes, fort bien décrites, avec des personnages criant de vérité. Le joueur poussé à la folie par la solitude de la séquestration, les méthodes de pression des nazis, la démence de cet écorché de la vie... tout y est savoureux. Un livre qui dégage une réelle puissance.

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme est à peine plus épais. Dans ce livre, une dame âgée se raconte à la suite d’un évènement fortuit : elle accepte de confier à un parfait inconnu vingt-quatre heures de sa vie. Bien évidemment, ce n’est pas une de ces innombrables journées ordinaires, mais au contraire l’une d’elle, toute particulière dont elle gardera à jamais le souvenir. Un témoignage que j’avais trouvé bouleversant. Et comme elle, je me souviens parfaitement de cette journée.

Maintenant, j’aimerai lire sa biographie de Marie Stuart qui a connu un destin si particulier : reine de France, elle aurait dû être également reine d'Angleterre (comme Aliénor d’Aquitaine (la mère de Richard Cœur de Lion) quelques siècles plus tôt) si Elisabeth Ière n'était parvenue à l'écarter du trône sur lequel elle monta à sa place.

Harelde a écrit:

Maintenant, j’aimerai lire sa biographie de Marie Stuart qui a connu un destin si particulier : reine de France, elle aurait dû être également reine d'Angleterre (comme Aliénor d’Aquitaine (la mère de Richard Cœur de Lion) quelques siècles plus tôt) si Elisabeth Ière n'était parvenue à l'écarter du trône sur lequel elle monta à sa place.

Je n'ai pas encore lu cette biographie. Par contre j'ai lu récemment celle sur Marie-Antoinette, qui est très exhaustive et se lit comme un roman. Passionnante, écriture élégante comme toujours, je te la recommande vivement si tu es branché histoire. Je n'ai pas trouvé mieux concernant Marie-Antoinette à ce jour. Une bio érudite qui retrace toute la vie de Marie-Antoinette depuis qu'elle est devenue reine de France jusqu'à l'échafaud, en expliquant pourquoi les Français en sont venus à la Révolution, les forces et faiblesses du couple royal, etc.

Eve Lyne a écrit:

Je te la recommande vivement si tu es branché histoire.

Oh que oui ! Merci pour la référence.


Et, pour comparaison, as-tu lu les biographies écrites par Henri Troyat ?
J'en ai souvent entendu parlé (en bien) mais n'ai jamais franchi le pas.

Harelde a écrit:

Eve Lyne a écrit:

Je te la recommande vivement si tu es branché histoire.

Oh que oui ! Merci pour la référence.


Et, pour comparaison, as-tu lu les biographies écrites par Henri Troyat ?
J'en ai souvent entendu parlé (en bien) mais n'ai jamais franchi le pas.

J'ai lu plusieurs bios de Troyat, notamment Raspoutine, Ivan le Terrible. Je préfère le Troyat romancier. Il ne me semble pas un excellent biographe. Il est trop terre-à-terre. Par exemple, Raspoutine est un personnage fascinant. Or Troyat ne parle que du Raspoutine que nous connaissons, sans le faire aimer par ses lecteurs. Il est loin de valoir Zweig. Zweig va beaucoup plus loin qu'une simple narration des faits. Il apporte son analyse des personnages. Troyat se contente de raconter l'histoire et si on connaît déjà cette histoire on n'y apprend rien.

Eve Lyne a écrit:

J'ai lu plusieurs bios de Troyat, notamment Raspoutine, Ivan le Terrible. Je préfère le Troyat romancier. Il ne me semble pas un excellent biographe. Il est trop terre-à-terre. Par exemple, Raspoutine est un personnage fascinant. Or Troyat ne parle que du Raspoutine que nous connaissons, sans le faire aimer par ses lecteurs. Il est loin de valoir Zweig. Zweig va beaucoup plus loin qu'une simple narration des faits. Il apporte son analyse des personnages. Troyat se contente de raconter l'histoire et si on connaît déjà cette histoire on n'y apprend rien.

Merci !
Si j'ai le choix entre deux bio, je prends donc celle écrite par Zweig.
J'ai celle de Dosto dans ce cas.

Harelde a écrit:

Merci !
Si j'ai le choix entre deux bio, je prends donc celle écrite par Zweig.
J'ai celle de Dosto dans ce cas.

Voilà qui est une sage décision.
J'ai également lu trois autres biographies écrites par Zweig, toutes trois très passionnantes : Montaigne, Nietzsche et Trois poètes de leur vie (Stendhal, Casanova, Tolstöï).
Zweig a le talent de nous faire aimer ceux dont il conte le parcours. D'ailleurs je recommande fortement à quiconque de commencer par ces bios avant de s'attaquer à l'oeuvre de ces grands auteurs. Je mettrai un commentaire sur chacune d'ici peu.

J'avais aussi lu Marie Antoinette et moi aussi je le recommande fortement ! Il y a une vraie dimension psychologique, on a l'impression de réellement connaître le personnage. J'aimerais beaucoup lire celle de Dostoïevski, étant donné que j'adore cet auteur. Quelqu'un l'a lue ?

Lettre d'une inconnue est un grand souvenir pour moi. Quel bonheur ce livre ! Et j'ai 24 heures dans la vie d'une femme, dans une très jolie édition. Il m'attend sagement. Je le commence dès que j'ai fini le livre que je lis en ce moment.