Lecture en commun - Colum McCann : Les saisons de la nuit

je l'ai terminé, c'est un coup de coeur
Laissez moi juste la nuit pour laisser reposer, et décanter......
trop beau ce livre

je l'avais arrêté en cours de route je ne sais plus pourquoi. je le remets sur ma PAL.

. Qu'est-ce qui t'a fait abandonner topocl? Mais les autres ressortez le oui, si vous l'avez dans votre bibli!!

J'ai un peu avancé hier soir mais je n'ai pas trop eu de temps. J'en suis cette fois-ci aux deux tiers (vraiment ) du mal à imaginer ce que pouvait représenter le racisme quotidien à cette époque...
Eleonor et Walker ont construit leur nid en dépit de tout, les enfants ont grandi et survient le drame. J'ai arrêté là, je reprendrai ce soir.

Quant à Treefrog on commence à pressentir son lourd secret, mais Colum MC Cann distille par flashs, sans s'attarder, sans doute pour mieux nous faire appréhender la suite.

La construction est en tout cas superbe. Jamais l'auteur n'insiste ou ne s'apitoie sur la misère ambiante, tous ces petits bouts de récits s'imbriquent petit à petit et on attend fébrilement le point d'impact qui lévera le voile. On passe constamment des ténèbres à la lumière, ce qui rend ce récit poignant.

Mon attention ne faiblit pas...

aeriale a écrit:

. Qu'est-ce qui t'a fait abandonner topocl? Mais les autres ressortez le oui, si vous l'avez dans votre bibli!!

J'ai un peu avancé hier soir mais je n'ai pas trop eu de temps. J'en suis cette fois-ci aux deux tiers (vraiment ) du mal à imaginer ce que pouvait représenter le racisme quotidien à cette époque...
Eleonor et Walker ont construit leur nid en dépit de tout, les enfants ont grandi et survient le drame. J'ai arrêté là, je reprendrai ce soir.

Quant à Treefrog on commence à pressentir son lourd secret, mais Colum MC Cann distille par flashs, sans s'attarder, sans doute pour mieux nous faire appréhender la suite.

La construction est en tout cas superbe. Jamais l'auteur n'insiste ou ne s'apitoie sur la misère ambiante, tous ces petits bouts de récits s'imbriquent petit à petit et on attend fébrilement le point d'impact qui lévera le voile. On passe constamment des ténèbres à la lumière, ce qui rend ce récit poignant.

Mon attention ne faiblit pas...

Contente qu'il te plaise, Aériale....
Oui, on finira par savoir pour Teefrog....mais, chut, je ne dis rien.....

Il me reste un cinquantaine de pages à lire....C'est un très beau livre tant par la description de la vie des personnages que par le désir de connaitre tous leurs secrets que l'auteur sait bien entretenir.

Là, où je suis arrivée de la lecture,on a déjà appris ce qui relie Walker et Treefrog mais il reste à comprendre quelle a été la cassure dans la vie de celui-ci.

Très belle découverte d'un auteur dont je n'avais encore rien lu.


Apparemment, nous sommes toutes d'accord !!

Et bien je constate que ce roman suscite pas mal d’enthousiasme, cela fait plaisir et inaugure une agréable lecture ! J’ai pour ma part l’intention de faire durer le plaisir et de ne pas lire trop rapidement ce roman, j’espère me tenir à cette promesse mais qui sait, enfin bref on verra bien.

Les chapitres alternent entre l’histoire contemporaine de Treefrog, un sans-abri ayant trouvé refuge dans le métro new-yorkais (1991) et celle de Nathan Walker (on démarre en 1916), terrassier noir qui creuse les tunnels du métro sous l’East River. Il y a des noirs américains mais aussi des italiens, des polonais, des irlandais. :

Citation :

Ils arrivent à l’aube, véritable géographie de chapeaux. Champ de silhouettes sombres, tiges en mouvement, tournées vers les quartiers des docks.
D’abord éparpillés dans les rues de Brooklyn – venus par le tram, le ferry-boat et le métro aérien -, ils se rejoignent peu à peu pour former un seul flot. Ce sont des hommes rudes, qui fument la cigarette assidûment et marchent à pas pesants en faisant tomber de leurs semelles la boue de la veille. Ils laissent une traînée de boue derrière eux dans la neige. Des flaques gelées craquent sous leur poids. Le froid s’insinue dans leur corps. Certains ont de grosses moustaches qui ondulent au-dessus de leurs lèvres comme les herbes de la Prairie. D’autres, des jeunes, ont la peau irritée par le rasoir. Tous ont le visage creusé par les risques du métier ; ils fument comme des fous, sachant qu’il pourrait bien ne leur rester que quelques heures à vivre.

(J'aime bien sa façon d'introduire la nature et les mouvements souples dans un monde rude et mécanique des docks, le contraste fonctionne vraiment bien je trouve).

Les conditions de travail sont rudes mais aussi extrêmement dangereuses. Un des moments forts de ce début du récit est l’accident qui surviendra dans l’équipe de Walker et dans lequel Con O’Leary y laissera la vie, acte fondateur du roman : Walker décide de soutenir comme il le peut la veuve enceinte de Con (Con avait pris sa défense lors d’une rixe avec des blancs) et viendra tous les dimanches visiter la veuve ainsi que sa fille qui grandira bien vite. Des liens se nouent malgré la différence de couleur de peau dans une Amérique violente et raciste.

La force du pouvoir d’évocation de Colum McCann dans cet accident est remarquable : nous arrivons à un moment crucial et hop, il revient en arrière dans une digression de deux ou trois pages avant de poursuivre le déroulement de l’incident, nous permettant de reprendre une bouffée d’oxygène avant de replonger dans les bas-fonds de l’East River. On se dit à ce moment là que Colum McCann n’est pas n’importe qui et que l’on attendra encore parler de lui dans les années à venir, ce qu’il n’a pas démenti depuis.

Je suis donc au début du récit (lu jusqu’à la page 77). On soupçonne les liens de parenté entre le sans-abri Treefrog et Walker (petit-enfant et grand-père ? Cela coïnciderait avec les dates mentionnées au début des chapitres), le métro constituant par une étrange ironie du sort leur socle commun. Je suis beaucoup plus attachée à Walker qu’à Treefrog pour le moment, j’espère vraiment que cela ne va pas se maintenir tout au long du récit tant l’envie de me sentir plus proche de Treefrog se fait sentir, mais il demeure plus hermétique, inaccessible et de ce fait plus lointain que Walker, difficile donc d’y être aussi attaché pour le moment. De ce fait, j’attends toujours avec plus d’impatience le récit de Walker que celui de Treefrog, mais je pense que cela changera en cours de récit, du moins je l’espère ! C’est qu’il est difficilement atteignable ce Treefrog, il met forcément plus de temps à s’apprivoiser...

Noémie a écrit:

Très belle découverte d'un auteur dont je n'avais encore rien lu.

J'ai découvert cet auteur avec Danseur, un magistral roman sur la vie de Rudolf Noureev d'une grande puissance évocatrice que je conseille vivement à lire.
J'ai lu par la suite Zoli, moins fort et percutant malheureusement mais je me souviens tout de même de quelques très bons passages, ainsi que son recueil de nouvelles La Rivière de l'exil. Mon prochain sera certainement Et que le vaste monde poursuive sa course folle, que les parf avaient d'ailleurs beaucoup aimé si mes souvenirs sont bons.

sentinelle a écrit:

ert cet auteur avec Danseur, un magistral roman sur la vie de Rudolf Noureev d'une grande puissance évocatrice que je conseille vivement à lire.

C'est "Danseur" que je voulais lire en premier...mais comme il y a eu cette proposition de LC,j'ai trouvé cela très bien de découvrir cet auteur en partageant.


Mais mon prochain sera Danseur, c'est certain !!

aeriale a écrit:

. Qu'est-ce qui t'a fait abandonner topocl?

Aucun souvenir... Peut-être simplement n'était-ce pas le bon moment.
je referai un essai, promis.

Noémie a écrit:

sentinelle a écrit:

ert cet auteur avec Danseur, un magistral roman sur la vie de Rudolf Noureev d'une grande puissance évocatrice que je conseille vivement à lire.

C'est "Danseur" que je voulais lire en premier...mais comme il y a eu cette proposition de LC,j'ai trouvé cela très bien de découvrir cet auteur en partageant.


Mais mon prochain sera Danseur, c'est certain !!

Bon choix, tu ne seras pas déçue !

sentinelle a écrit:

On soupçonne les liens de parenté entre le sans-abri Treefrog et Walker (petit-enfant et grand-père ? Cela coïnciderait avec les dates mentionnées au début des chapitres), le métro constituant par une étrange ironie du sort leur socle commun. Je suis beaucoup plus attachée à Walker qu’à Treefrog pour le moment, j’espère vraiment que cela ne va pas se maintenir tout au long du récit tant l’envie de me sentir plus proche de Treefrog se fait sentir, mais il demeure plus hermétique, inaccessible et de ce fait plus lointain que Walker, difficile donc d’y être aussi attaché pour le moment. De ce fait, j’attends toujours avec plus d’impatience le récit de Walker que celui de Treefrog, mais je pense que cela changera en cours de récit, du moins je l’espère ! C’est qu’il est difficilement atteignable ce Treefrog, il met forcément plus de temps à s’apprivoiser...

J'avoue, je n'ai plus vraiment cherché à recoller les morceaux ni à chercher les liens de parenté, préférant me fier à la virtuosité de conteur de l'auteur et me laissant porter par l'intrigue. Mais au stade où je me trouve (page 230) effectivement on comprend le lien de parenté et les deux récits se rejoignent dans un même chapitre pour la première fois.

De même que toi Sentinelle je suis fortement touchée par le personnage de Walker, en partie parce qu'on l'a vu évoluer durant toutes ces années, alors qu'on découvre Treefrog peu à peu au contraire...
Son monde est rude, solitaire, on devine le poids du remords qu'il vient expier dans les entrailles de la terre. Mais...il s'élève et vole dans ce monde, se créant son propre univers fait de souvenirs volés au repentir et de cartes géographiques des lieux et des visages. Il y a dans cette noirceur extrême une poésie qui frappe doublement, comme ces bouts de ficelles accrochés au berceau de Nathan afin de capter ses rêves. Mc Cann a une puissance d'écriture fascinante. J'attends donc le dénouement et je suis pour l'instant Clarence junior, en équilibre sur le fil, côtoyant la misère mais attiré par l'ascension des grattes ciels, dans cette fin de paragraphe, superbe.

J'espère que cette belle image est aussi l'annonce d'une fin plus heureuse?

vos commentaires suscitent à nouveau mon envie de RElire ce livre, ce que je ferai bientôt



bonne continuation

Bédoulène a écrit:

vos commentaires suscitent à nouveau mon envie de RElire ce livre, ce que je ferai bientôt



bonne continuation

Oui, Bédoulène, relie le, c'est certainement le bon moment maintenant

Et voilà, tourné la dernière page ce soir avec le petit pincement qui va avec lorsqu'on se dit que des livres comme ça ne tombent pas tous les jours dans nos mains. Treefrog, Clarence Nathan, l'image d'un homme en équilibre sur une poutre mimant une grue, et qui s'élance pour une renaissance, une belle fin pour un âme dévastée qui s'est réconciliée avec elle-même. Une fin en tout cas apaisante et auréolée de lumière après avoir traversé la noirceur la plus extrême dans ce roman baigné de grâce. Un tour de force!

Il me semble que Mc Cann a réussi là quelque chose de particulier. En partant de ces hommes sans nom et sans appartenance, oubliés du reste du monde, qui ont construit de leurs mains voire de leur sang les entrailles de NY, et dont certains fils en habitent les profondeurs, il nous tend le miroir grimaçant d'une société aveugle de réussite. Racisme, violence, haine, solitude au quotidien. Mais aussi parfois l'amour, la solidarité, le courage qui en émergent et qui nous donnent ces fameux moments de grâce.

Un roman qui se balade donc constamment entre le sordide et le beau, entre l'ombre et la clarté, la réalité crue et la poésie de l'instant. Colum Mc Cann aime les contrastes, sans doute est-ce aussi une façon de recadrer ses personnages qui ne sont ni tout à fait victimes, ni tout à fait héros, mais des humains pris dans le toubillon de la vie et qui recherchent leur dignité perdue ou leurs rêves d'autrefois, comme un fil conducteur dans une réalité bien dure.

Merci au forum pour cette lecture commune. Les saisons de la nuit est mon troisième de l'auteur, après 'Zoli' et 'Que le vaste monde poursuive sa course folle', mais le plus prenant sans hésitation.
Un très beau moment

Bel avis Aériale