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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: László Krasznahorkai [Hongrie] Dim 8 Déc 2013 - 10:06
Chouette commentaire! A noter une longue interview de l'écrivain dans le dernier magazine Transfuge.
HamsterKiller Main aguerrie
Messages : 544 Inscription le : 25/10/2013 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: László Krasznahorkai [Hongrie] Mar 10 Déc 2013 - 11:45
Marko a écrit:
Chouette commentaire! A noter une longue interview de l'écrivain dans le dernier magazine Transfuge.
Lu. Interview intéressante qui va lui donner une meilleure visibilité j'espère.
Dernière édition par HamsterKiller le Lun 16 Déc 2013 - 0:22, édité 1 fois
Invité Invité
Sujet: Re: László Krasznahorkai [Hongrie] Mar 10 Déc 2013 - 11:57
HamsterKiller a écrit:
Partie 3 - Toute la crête - 6 p111 a écrit:
(...) car Kasser fit alors remarquer qu'il n'existait rien de plus beau qu'un coucher de soleil sur les montagnes et la mer, le coucher de soleil, ce merveilleux jeu de lumières dans le ciel s'assombrissant, cette somptueuse incarnation de la transition et de la permanence, la sublime tragédie, poursuivit Falke, de toute transition et de toute permanence, un spectacle grandiose, une merveilleuse fresque représentant quelque chose qui n'existait pas mais illustrait à sa façon l'évanescence, la finitude, la disparition, l'extinction, et l'entrée en scène solennelle des couleurs, intervint Kasser, cette époustouflante célébration du rouge, du lilas, du jaune, du brun, du bleu, du blanc, l'aspect démoniaque de ce ciel peint, c'était tout cela, tout cela, et bien d'autres choses encore, reprit Falke, car il fallait aussi évoquer les milliers de frissons que le spectacle évoquait chez celui qui le contemplait, l'émotion intense qui le saisissait immanquablement, un crépuscule, dit Kasser, incarnait la beauté emplie d'espoir des adieux, l'image éblouissante du départ, de l'éloignement, de l'entrée dans l'obscurité, mais aussi la promesse assurée du calme, du repos, et du sommeil imminent, c'était tout cela à la fois, et combien d'autres choses encore, remarqua Falke, oui, combien d'autres choses encore, renchérit Kasser (...)
Celle ci s'étire encore et encore aprés, pour aller jusqu'a l'Aurore et avait commencé avant.
Merci pour la précaution prise. Cela dit, cela me confirme que cet auteur n'est pas pour moi. Je suis peut-être vieux jeu, mais j'ai beaucoup de mal avec ces phrases sans point, qui, en plus, incorporent des dialogues sans que ceux-ci soient signalés. Je trouve que la ponctuation, et toutes ses possibilités, virgule, point-virgule (fondamental, le point-virgule !), guillemets, sont tout de même d'une importance capitale et participent du style d'un auteur. Se priver des nuances infinies qu'apporte la ponctuation, c'est à mon avis fort dommage, et j'avoue avoir du mal à comprendre le pourquoi de cette démarche. (sentiment tout personnel, je précise)
Dernière édition par Armor-Argoat le Mar 10 Déc 2013 - 17:32, édité 1 fois
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: László Krasznahorkai [Hongrie] Mar 10 Déc 2013 - 12:52
je n'ai pas (encore) lu celui-là mais à côté de ces effets ou manières ce qui me vient d'abord pour Krasznahorkai c'est une manière de conteur qui le met en dehors d'une préoccupation de l'effet stylistique. impression renforcé par sa manière de parler (non systématique) avec une capacité à étirer la parole sans perdre le sens.
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: László Krasznahorkai [Hongrie] Mar 10 Déc 2013 - 12:54
animal a écrit:
je n'ai pas (encore) lu celui-là mais à côté de ces effets ou manières ce qui me vient d'abord pour Krasznahorkai c'est une manière de conteur qui le met en dehors d'une préoccupation de l'effet stylistique. impression renforcé par sa manière de parler (non systématique) avec une capacité à étirer la parole sans perdre le sens.
un fiston de Claude Simon ?
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: László Krasznahorkai [Hongrie] Mar 10 Déc 2013 - 13:05
aïe. non c'est différent. il y a des développements.
et on reste sur une intelligibilité très intuitive.
(huhu).
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: László Krasznahorkai [Hongrie] Mar 10 Déc 2013 - 13:23
je vais sans doute tenter avec Thésée aveugle (le seul disponible à la médiathèque).
HamsterKiller Main aguerrie
Messages : 544 Inscription le : 25/10/2013 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: László Krasznahorkai [Hongrie] Mar 10 Déc 2013 - 19:03
(Thésée universel)
La première histoire (enfin le premier discours) est très connectée avec un de ses romans "La mélancolie de la résistance".
Dernière édition par HamsterKiller le Lun 16 Déc 2013 - 0:31, édité 1 fois
HamsterKiller Main aguerrie
Messages : 544 Inscription le : 25/10/2013 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: László Krasznahorkai [Hongrie] Mar 10 Déc 2013 - 19:17
Armor-Argoat a écrit:
Merci pour la précaution prise.
c'est normal
Armor-Argoat a écrit:
Cela dit, cela me confirme que cet auteur n'est pas pour moi. Je suis peut-être vieux jeu, mais j'ai beaucoup de mal avec ces phrases sans point, qui, en plus, incorporent des dialogues sans que ceux-ci soient signalés. Je trouve que la ponctuation, et toutes ses possibilités, virgule, point-virgule (fondamental, le point-virgule !), guillemets, sont tout de même d'une importance capitale et participent du style d'un auteur. Se priver des nuances infinies qu'apporte la ponctuation, c'est à mon avis fort dommage, et j'avoue avoir du mal à comprendre le pourquoi de cette démarche. (sentiment tout personnel, je précise)
Bah, c'est pas une histoire d’être vieux jeux non ? plutôt le "Sentiment tout personnel" comme tu dis.
Dans l'interview de l'auteur sur Transfuge, il y a cela :
Vous avez longtemps travaillé avec le cinéaste Bela Tarr, quel role joue le cinéma dans votre travail ? Je trouve plus juste de dire qu'il a travaillé avec moi. Depuis notre première rencontre en 1985, tout ses films ont été conçue à partir de mes œuvres et avec ma collaboration. C'est un honneur pour moi, il est un des cinéaste les plus marquant de notre temps.
Si tu as eu l'occasion de voir de ses films , (c'est une question masquée...) je serai surpris que tu les ais apprécié du coup, car la aussi, la "ponctuation" est particulière. Longs plans séquences, pas de montage, caméra mouvante, l'action n'est pas filmée, mais plutôt ce qui mène a l'action. Je pense que le cinéma de Bela Tarr est un fidèle reflet de l'écriture de Kraznahorkai, pas une copie, mais la reformulation dans le langage du cinéma du projet littéraire de l'auteur, de ce style particulier adapté au propos, je pense. Mais peut être que dans cette forme là, (cinéma et pas écriture) cette façon de raconter te plairait plus ?
Dernière édition par HamsterKiller le Lun 16 Déc 2013 - 0:31, édité 2 fois
Invité Invité
Sujet: Re: László Krasznahorkai [Hongrie] Mar 10 Déc 2013 - 21:16
Non, je ne connaissais pas du tout ce cinéaste ; du coup, je suis allée sur youtube. Je ne sais si cet extrait est bien représentatif de son oeuvre, mais effectivement, ce n'est pas pour moi. Comment expliquer (moi qui n'y connais rien en cinéma, et me borne à "aimer" ou pas ) ? Je n'ai rien contre les films lents et peu bavards, j'ai par exemple énormément apprécié La trilogie d'Apu de Satyajit Ray, à la fois réaliste et poétique ; mais là, il en fait trop pour moi, avec sa caméra mouvante.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: László Krasznahorkai [Hongrie] Mar 10 Déc 2013 - 21:40
on en profite quand même lâchement pour remettre un lien vers le fil du réalisateur : clic
HamsterKiller Main aguerrie
Messages : 544 Inscription le : 25/10/2013 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: László Krasznahorkai [Hongrie] Mar 10 Déc 2013 - 21:57
oui c'est Damnation. Premier film de la rencontre Tarr/Kraznahorkai. ( et la scene est représentative de leur production)
Bah oui, je connais aussi une personne de façon "intime" qui n'est pas emballée par ce "genre contemplatif ci" (pour dire vite) (mais qui sait contempler aussi). Pas faute d'avoir essayé : "Mais si regarde" (c'est (presque) un ordre ) ! - "Non ? vraiment ?"
(C'est l'expérience momentanée de la "solitude". Ce qui n'est pas un mal d’ailleurs. )
Dernière édition par HamsterKiller le Lun 16 Déc 2013 - 0:19, édité 5 fois
HamsterKiller Main aguerrie
Messages : 544 Inscription le : 25/10/2013 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: László Krasznahorkai [Hongrie] Mar 10 Déc 2013 - 22:05
animal a écrit:
on en profite quand même lâchement pour remettre un lien vers le fil du réalisateur : clic
oui oui oui !
tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
Sujet: Guerre et guerre Mer 15 Jan 2014 - 18:01
Guerre et guerre
Original : Háború és háború (Hongrois, 1999)
Je réjoins en beaucoup les remarques de HamsterKiller : merci pour tes commentaires ! Comme j'avais déjà noté auparavant mes propres impressions en allemand (avant de ne lire les reflexions de HamsterKiller) j'ose mettre mon post, tout en sachant que je pourrais repèter certaines choses. Mais autrement, éventuellement, donc cela élargit un écho chez vous.
Je précise que j'ai lu ce roman en allemand, dans une traduction remarquable de Hans Skirecki. Une proximité linguistique autre entre ces deux langues pourraient influencer l'impression sur le style, la langue, la ponctuation?!
CONTENU : Korim, archiviste et savant d'une ville de la province hongroise, à 220 km de Budapest, a pris une décision radicale : il se met en route vers les E.-U., plus précisement New York, pour y mourir. Au seuil d'un nouveau millénaire lui-même et les personnages du manuscrit emporté vont de station de station, d'une rencontre à une autre : Budapest, Crète, Vénise, Rome... Cela sera un voyage à travers quelques étapes symboliques de l'histoire de l'Occident. Et avec ses héros il traversera encore une fois les terreurs et guerres pour arriver vers son but à lui... (Source : l'éditeur allemand, Fischer ; traduit par mes soins)
STRUCTURE (dans le texte allemand) : 8 parties numérotées et titrées avec 15-40 sous-chapitres courts, allant jusqu'à vers 4 pages. Un sous-chapitre correspond à une seule phrase ! Les huit parties se laisseraient diviser ainsi : 1-2 situation de départ, Budapest, en route vers New York 3-6 Korim à New York, racontant le contenu du manuscrit, se divisant selon lieux et l'époque décrits 7-8 conclusion (en termes larges), retour en Europe et...
REMARQUES : Comment résumer un roman si riche en détails et aspects sans surcharger ce com ?
Est-ce qu'il s'agit chez Györgi Korim à nouveau d'une histoire d'un départ, d'un nouveau commencement comme on en trouve dans d'autres romans contemporains ? Ou/Et d'une fin prévue après s'être affranchi d'une tâche ? Oui, il y a en lui quelque chose d'une « mission », mais aussi, tout en le décrivant dans son innocence, quelque chose d'un non-sens ressenti, d'une absurdité.
Son voyage à lui, de la ville de province via Budapest à New York, et le retour en Europe, avec ses expériences et rencontres, se trouvent dans un va-et-viens constant avec des retours en arrière, et des perspectifs vers l'avant. Et au même moment, à partir du 3ème chapitre, en alternance avec l'histoire décrite dans ce manuscrit fameux qu'il avait déniché dans son archive de province. C'est précisement celui-ci qu'il veut confier à la conservation éternelle, croyant la trouver dans le virtuel : en allant à New York, le nouveau centre du monde, le Rome d'aujourd'hui, il veut y mettre dispo en ligne ce document. Et cette histoire racontée dans le manuscrit se trouverait, selon Korim, dans une parenté mystérieuse avec la situation actuelle. Il semble confirmer ce que Korim ressent et vit peut-être aussi .
Nous nous trouvons en diverses époques de l'histoire (Créte – 1500 av J à la fin d'une époque ; Cologne à l'ombre de la cathédrale, avant l'éclat d'une guerre franco-allemande ; Vénise au XIVème siècle ; Gibraltar fin XIV siècle en attente du retour des navires de Colombe etc...). Quatre personnages, rappelant des figures angéliques (?), se trouvent dans une marche éternelle à travers l'histoire à la recherche du « paradis terrestre », d'un époque de paix. Toujours à nouveau – même après des périodes grandioses ou d'une paix longues (Pax Romana etc...) ils seront devant une fin : une guerre se profile à l'horizon, une sorte de fin d'époque, une « apocalypse ». Une figure opposée, Mastemann, est toujours là au même moment, profitant du desordre, se réjouissant du déclin, d'un changement d'époque...
Particulièrement ce fil de narration est si riche en allusion culturelles, historiques, mythologiques, réligieuses..., qu'on pourrait chercher les références longtemps. Peut-être chaque époque bénie est aussi liée avec certaines acquisitions de la recherche, de l'ingéniosité humaine dans les domaines différentes de la science, de l'architecture, de l'intuition réligieuse etc... Mais après avoir montré de telles merveilles décrites on trouvera d'un coup une telle phrase, clé à mon avis :
« Le chemin sans Dieu mène vers ici, vers un homme merveilleux, surprenant, sans pareil, mais qui n'est pas et ne le sera jamais, capable juste pour une chose : à dominer ce qu'il a créé. » (traduit par moi)
Des perspectifs pessimistes. Et certes, sans que l'auteur nous enlève la liberté de lecture, tout cela est certainement à voir comme un commentaire sur la situation actuelle de l'humanité (le livre fut écrit à la veille du nouveau millénaire!) ...
En ce qui concerne la langue : un chapitre = une phrase (dans mon édition allemande). Cela dans une grande fluidité et lisibilité, exigeant certes une certaine attention, mais lisible d'un seul coup. Pas d'étonnement - non seulement à cause de la langue, mais aussi à cause d'un certain traitement de sujet ? – de trouver des louanges de W.G.Sebald. Aussi – jeu d'hasard d'une proximité de lecture – la maîtrise rare de la langue me rappelait Ransmayr.
Néanmoins une impression légèrement mitigée : les actions de Korim, sa façon de raconter à tous ses histoires (s'ils le veulent ou pas, cela ne l'intéresse pas, c'est une vraie pipelette) est à la limite. Il continue à parler comme de rien était. Et cela devient franchement des fois incompréhensible pour ceux qu'il aborde. Pas étonnant si certains le jugent un peu comme « à coté ». D'accord : les meilleurs oreilles et peut-être la meilleure compréhension intuitive de cet homme bizarre ont les femmes ici ! Comme si souvent dans la vie.
Cette impression d'un déferlement de mots incontrolés pourrait être fortifiée négativement par l'emploi démesuré de la narration, du discours indirecte (donc conjonctifs, subjonctifs...). Bien sûr, impressionant de maîtrise, mais éventuellement aussi un peu artificiel dans un maintien de la phrase unique à tout prix.
Après avoir noté au début déjà cinq étoiles je baisse vers les trois et demi... , tout en sachant que ce roman dépasse de loin les œuvres moyens de la production littéraire contemporaine.
Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
Sujet: Re: László Krasznahorkai [Hongrie] Mer 15 Jan 2014 - 19:38
Après ton brillant commentaire, j'avais acheté Guerre et guerre, HamsterKiller. Et Tom Léo rajoute à ma curiosité..