The Boss ! (Bruce Springsteen)

Coincé entre The River et Born in the USA, Nebraska n’est pas l’album le plus connu de Springsteen (en France en tout cas) et c’est bien dommage, car c’est l’un des plus beaux de sa discographie, avec des textes poignants, très noirs, désespérés même.
Pratiquement toutes les chansons racontent l’histoire de criminels, de laissés pour compte, ceux qui n’ont jamais pu atteindre ce fameux rêve américain. C’est une constante chez Bruce mais c’est particulièrement fort avec cet album.
Springsteen préfèrera sortir la démo, juste une guitare, un harmonica et sa voix, plutôt que la version enregistrée avec le groupe et c’est tant mieux, c’est du brut et c’est ce qui convient le mieux pour ces histoires de mort et de misère.

Le titre Nebraska raconte l’histoire, vraie, de ce jeune américain de 19 ans qui avec sa jeune copine, a tué une dizaine de personnes, dans les années 50. Cette histoire est également le sujet du film Badlands de Terrence Malick (dont Bruce s’est inspiré).



Un autre titre que j’aime beaucoup, Highway Patrolman, parle de deux frères, l’un, policier, essaie de rester dans le droit chemin, jusqu’à ce que son frère tue un homme et qu’il l’aide à s’enfuir au Canada.


Sean Penn s’est servi de cette histoire pour son film The Indian Runner

Encore deux extraits de ce magnifique album Nebraska

Une de mes chansons préférées, Mansion On The Hill, pas aussi noire que le reste, plutôt nostalgique, souvenirs de balades avec son père lorsqu’il était encore gamin


Et peut-être la plus connue de ce disque, Atlantic City

Pour finir avec Nebraska, j’aimerais mettre ici un morceau qui aurait dû figurer sur cet album mais qui finalement sera la chanson titre du suivant, Born in the USA. Elle était prévue à l’origine en version acoustique et devait s’intituler Vietnam.

Succès interplanétaire de la version 84 mais malheureusement mal interprétée par beaucoup comme étant un hymne patriotique alors qu’en fait, elle parle des difficultés qu’ont rencontré les vétérans du Vietnam à leur retour au pays. Bruce l’a donc par la suite beaucoup jouée en version acoustique afin de forcer un peu les gens à écouter plus attentivement les paroles au lieu de se focaliser sur la musique et surtout, pour que des crétins de politiciens ignares arrêtent de l’utiliser lors de leur campagne électorale.

C'est mon premier souvenir de New York. Un juke box dans un bar et Springsteen à fond. Enorme !

traversay a écrit:

C'est mon premier souvenir de New York. Un juke box dans un bar et Springsteen à fond. Enorme !

Waouuh ! Quel accueil en effet

Il est temps de présenter sérieusement le dernier album sorti en novembre/décembre 2010, The Promise.


Rien de vraiment nouveau en fait puisqu’il s’agit d’anciens morceaux datant de l’époque de Darkness (78). Après Born To Run, Bruce est en dispute avec son manager Mike Appel et plutôt que d’enregistrer sous des conditions qui ne lui conviennent pas (il veut le contrôle total de sa musique), il s’abstient pendant près de trois ans.

Trois années durant lesquelles il continue d’écrire et d’accumuler une bonne soixantaine de morceaux. Au moment de l’enregistrement de Darkness, il faut faire un choix et beaucoup de titres resteront dans les tiroirs jusqu’à aujourd’hui. Certains seront joués en concert ou enregistrés par d’autres artistes (Patti Smith ou The Pointer Sisters par exemple), d’autres figureront sur l'album suivant The River (Point Blank, Sherry Darling, The Ties That Binds, Independence Day).

The Promise présente donc 21 inédits de cette époque mais pas tous complètement inconnus. Il n’en reste pas moins que cet album est intéressant (pour les inconditionnels surtout) car il présente aussi des variations de certains titres parus sur Darkness, comme le très beau, que dis-je, le magnifique Racing In The Street (ma chanson préférée je crois de tout son répertoire) qui se trouve sur les deux albums.

C’est une chanson qui parle de voitures et des courses que les jeunes organisent, pour tromper leur ennui, pour se donner une illusion de liberté. Springsteen y voit une façon de se sortir d’un quotidien lugubre mais qui finalement les conduit à une impasse.
La version originale est beaucoup plus calme que celle de The Promise, moins de guitares, beaucoup de piano et d’orgue, qui donnent à cette chanson un ton plaintif, sombre, irrémédiable.


La version figurant sur The Promise est plus rock, plus puissante, plus désespérée peut-être encore, avec des paroles légèrement différentes.

Un autre titre très connu bien que ne figurant sur aucun autre album studio de Bruce est Because the night. Bruce l’a souvent joué en concert et inclus dans l'album Live 1975-85 sorti en 1986 mais il a surtout été connu grâce à la version de Patti Smith. Le producteur Jimmy Iovine qui travaille avec les deux artistes cherche pour Patti un morceau qui donnera envie d’écouter tout l’album et Bruce lui donne cette chanson. Bingo, c’est un hit, le seul de sa carrière d’ailleurs (c’est elle-même qui le dit)

Effectivement, Epi ... "Born in the USA" avait été choisi par Ronald Reagan pour illustrer sa campagne électorale ... ce qui avait très fortement déplu au "Boss", et on le comprend ...



Sinon, parce qu'elle correspond à un souvenir précis, et que je me trouvais au bord d'un fleuve lorsque je l'ai entendue pour la première fois, voici ma chanson préférée ... choix très affectif, car je suis une fan de la totalité de son oeuvre :

Merci Constance, pour moi, The River est une de ses plus belles chansons, triste mais superbe, écrite pour son beau-frère et sa soeur.

On reste encore un peu avec The Promise et une chanson qui sonne très « Elvis ». Elle aurait d’ailleurs été écrite pour lui, Bruce la lui aurait envoyée juste quelques semaines avant sa mort


Un autre morceau que j’aime bien

Une chanson écrite en 76 et qui fait partie de celles mises de côté à l’époque mais réenregistrée en 2010 pour The Promise (donc avec la voix du Bruce d’aujourd’hui)


Et pour finir, ma préférée de cet album parce qu’elle est marrante et trop mimi

Un double album beaucoup moins rude que le précédent (Darkness On The Edge Of Town) où Springsteen s’autorise des morceaux plus légers, plus insouciants, voire carrément drôles. On y retrouve tout de même, dans beaucoup de titres, la même thématique que celle de Darkness (qui sera de toute façon présente dans toute son œuvre) et des titres qui donnent déjà un avant-goût de ce que seront Nebraska et tous les autres qui suivront.

Une panoplie de chansons aux influences et orientations diverses qui vont de la pop au rock, en passant par la folk-country. Album très éclectique donc et c’est peut-être d’ailleurs la raison de son immense succès, il y en a pour tous les goûts. Car Bruce est multiple et ne se prive de rien.

Pour les besoins de ce fil, j’ai réécouté cet album attentivement, je ne l’avais pas fait depuis plus de 20 ans et j’ai redécouvert des titres un peu oubliés dont un en particulier m’a émue aux larmes (dans le train, c’est pas trop cool), sans aucun doute sa plus belle chanson d’amour, elle est juste à tomber

C'est bon, l'Epi cure de rappel ! Non ?

traversay a écrit:

C'est bon, l'Epi cure de rappel ! Non ?

Mais oui, c'est trop bon

On peut distinguer plusieurs types de chansons sur The River. Il y a les rocks légers, où paroles et musiques sont en harmonie, c’est joyeux, on s’amuse, ça donne envie de bouger, des morceaux comme Sherry Darling, Cadillac Ranch ou Ramrod sur lesquels Bruce aime faire le pitre sur scène