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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
Sujet: Re: Le Zappa du jour Mar 19 Mar 2013 - 11:59
topocl a écrit:
Ca y est , j'ai écouté des extraits par ci par là (oui oui, j'ai écouté la musique et je la trouve beaucoup plus sage et ... comment dirais-je?... audible que ce que j'imaginais). Par contre quelques images sont bien à la hauteur de ce que j'attendais. Et puis oui, quelle surprise de retrouver là Boulez, puis Salmann Rushdie avec la citation, l’histoire sur Zappa m'avait totalement échappé à l'époque où j'ai lu Joseph Anton et je n'étais pas encore "initiée"! Tout cela parle beaucoup plus après lecture du livre de Delbrouck, les titres me disent quelque chose, je cherche à identifier les musiciens, je saisis le message, je ne suis pas surprise par les images disons...décoiffantes... Je suis une vraie spécialiste maintenant!
Dis donc,Igor, tu l'as vu en vrai, le Zappa, j'imagine?
Oui, dés qu'il passait à proximité (et même plus loin) on y allait. (par ex. Clermont Ferrand en 80 ) Une de mes meilleure photo à Clermont d'ailleurs:
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: Le Zappa du jour Mar 19 Mar 2013 - 12:00
C'est qui les deux musiciens qu'on voit avec lui?
Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
Sujet: Re: Le Zappa du jour Mar 19 Mar 2013 - 12:05
Ike Willis avec le drôle de bonnet (c'est La Voix des derniers albums) et Ray White (la Voix dans "Illinois Enema Bandit"). Derrière Tomy Mars (Claviers)
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: Le Zappa du jour Mar 19 Mar 2013 - 12:09
Bon, tout des gars qui ne sont pas dans le premier tome de Delbrouck ! En tout cas , le noir et blanc, c'est toujours bien chouette! (C'est pas Kenavo qui dira le contraire)
Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
Sujet: Re: Le Zappa du jour Mar 19 Mar 2013 - 12:17
Hé non, concert de 80, troisième volume... Le premier concert pour moi c'était en 75, deuxième volume Le premier disque que j'ai eu c'est "Hot Rats" (1971), j'ai mis quelques années à le digérer. Et puis petit à petit Zappa est en quelque sorte devenu mon initiateur musical. En fait je lui dois mon éclectisme musical. Une autre photo pour se faire plaisir (Paris 1980):
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: Le Zappa du jour Mar 19 Mar 2013 - 12:37
Des comme ça, tu peux continuer !
Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
Sujet: Re: Le Zappa du jour Mar 19 Mar 2013 - 12:46
Allons y!
Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
Sujet: Re: Le Zappa du jour Mer 20 Mar 2013 - 10:50
Chouettes, ces photos!
Topocl, tu me fais presque envie avec le livre de Delbrouck, j'imagine qu'on peut le lire même si on ne connait pas encore bien sa musique?
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: Le Zappa du jour Mer 20 Mar 2013 - 11:12
et bien à vrai dire, pour ne pas connaitre la musique ,en général, et celle de zappa en particulier, on peut difficilement faire mieux que moi! Il faut accepter d'être parfois submergé d'informations où on est un peu noyé, mais le bonhomme est très intéressant à découvrir.
Ahhh! je vois déjà Igor qui jubile devant son ordi: "elle va le lire! Elle va le lire!!"
Dernière édition par topocl le Mer 20 Mar 2013 - 11:20, édité 1 fois
Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
Sujet: Re: Le Zappa du jour Mer 20 Mar 2013 - 11:19
Arf! je suis découvert. Bien sûr que je jubile. C'est une histoire très vivante que raconte Delbrouck. Zappa est vraiment un type atypique dans le mouvement musical qui a pris un essor considérable au début des années soixante. Son live à lui est malheureusement indisponible ou à 60€ en occasion mais promis je vais vous en recopier des passages...
Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
Sujet: Re: Le Zappa du jour Sam 23 Mar 2013 - 11:37
Zappa par Zappa (extrait):
L'ELEMENT DECLENCHEUR: Edgar VARESE!
Citation :
Les albums de rock ne sont apparus dans le commerce que plusieurs années après que le rock lui-même fut inventé. Au début des années 50, les jeunes achetaient des 78 ou des 45 tours. Cest vers 1957 que j’ai vu un 33 tours pour la première fois – Teenage Dance Party. Sur la pochette, un groupe d’ADOS BIEN BLANCS s’agitaient au milieu de serpentins et de bouteilles de sodas. L’album contenait des chansons interprétées par des groupes noirs de doo-wop (genre musical de la fin des années 50 en vogue dans certains groupes de chanteurs noirs, caractérisé par de superbes harmonies vocales). A cette époque, ma collection de disques consistait en cinq ou six singles de rhytm’n’blues 78 tours. J’étais issu de la classe moyenne basse et le prix de détail de n’importe quel vinyle haute-fidélité de faible rotation me semblait tout à fait rédhibitoire. Je suis tombé un jour, dans le magazine Look, sur un article consacré au disquaire Sam Goody. L’auteur s’extasiait sur les qualités de ce commerçant, affirmant qu’il pouvait vendre n’importe quoi – précisant à titre d’exemple qu’il avait réussi à écouler un album intitulé Ionisation. Le journaliste poursuivait à peu près en ces termes : « Ce disque ne contient rien d’autre que des percussions – c’est dissonant, abominable ; la plus mauvaise musique du monde. » Sans blague ? Ca c’est un truc pour moi ! Je vivais alors à El Cajon (Californie) – une sorte de petite ville de cow-boys près de San Diego – et je me demandais comment mettre la main sur un album pareil. De l’autre coté de la colline se trouvait une ville un peu plus évoluée, La Mesa – il y avait même un « magasin de hi-fi ». Un de mes amis, David Franken, y habitait. Un soir, j’ai dormi chez lui et nous nous sommes rendus dans ce magasin, qui soldait des singles de R’n’B. J’avais déniché une paire de Joe Huston et je me dirigeais vers la caisse quand je remarquais, en passant devant le bac des 33 tours, une étrange pochette noir et blanc avec la photo d’un type aux cheveux gris et frisés, qui avait tout l’air d’un savant fou. Je me suis dit que c’était cool qu’un savant fou ait pu sortir un disque, alors je l’ai pris. C’était lui, c’était le disque avec Ionisation ! L’auteur de l’article de Look s’était légèrement trompé – le titre correct était Œuvres complètes d’Edgar Varese, Volume 1, avec entre autres pièces Ionisation. L’album était édité sous le numéro 401 par un obscur label EMS (Elaine Music Store). J’ai remis les disques de Joe Huston en place et j’ai vidé mes poches – j’ai dû y trouver à peu près 3,75 dollars. Je n’avais jamais acheté aucun album, mais je savais que c’était cher car, la plupart du temps, c’était des adultes qui se les payaient. J’ai demandé au type derrière la caisse combien coûtait l’EMS 401. « Le gris dans la boite ? 5,75 dollars. J’avais cherché ce disque pendant près d’un an et je n’avais pas l’intention de faire une croix dessus. Je lui ai dit que j’avais 3,75 dollars. Il a pris une minute de réflexion et m’a répondu : « On l’utilise pour faire des démonstrations hi-fi, mais jamais personne ne nous achète de matériel quand on le passe. Si tu y tiens tant que ça, je crois que tes 3,75 dollars suffiront ». J’étais très impatient de l’écouter. Mes parents s’étaient offert un véritable électrophone lo-fi, un Decca. C’était une petite boite d’environ dix centimètres de profondeur, posée sur de petits pieds de métal car le haut parleur était fixé au-dessous. Il était équipé d’un de ces bras de lecture malcommodes sur lesquels il fallait poser une pièce de monnaie pour qu’il ne remontent pas. Les trois vitesses étaient disponibles, mais il n’avait jamais été réglé sur 33 tours. L’électrophone était posé dans le coin du salon où ma mère faisait le repassage. Quand elle l’avait acheté, on lui avait donné un enregistrement du « Little Shoemaker », interprété par l’un de ces groupes de chanteurs blancs entre deux âges du label Mercury. Elle écoutait ça en repassant et il n’y avait pas d’autre endroit où je pouvais découvrir nom nouvel album de Varese. J’ai tourné le bouton du volume à fond (pour obtenir un maximum de « fi » et j’ai posé délicatement l’aiguille universelle à pointe d’osmium au début d’Ionisation. Ma mère était une gentille femme catholique aimant à regarder les courses de rollers à la télé. Quand elle a entendu ce qui sortait du petit haut-parleur en dessous du Decca, elle m’a regardé comme si j’étais un putain de malade mental. Il y avait des sirènes, des caisses claires, des grosses caisses, un rugissement de lion et toutes sortes de son étranges. Elle m’a interdit de jamais rejouer ce disque dans notre salon. Je lui ai répondu que je le trouvais vraiment superbe et que je voulais l’écouter en entier. Elle m’a dit de prendre l’électrophone dans ma chambre. Le Decca n’en a plus bougé et ma mère n’a jamais plus écouté « The Little Shoemaker ». J’ai passé l’EMS 401 sans arrêt, étudiant méticuleusement le texte de la pochette, à l’affût de la moindre information. Je ne comprenais pas tous les termes musicaux, mais je les ai quand même mémorisés. Pendant toutes mes années de lycée, chaque fois que quelqu’un passait à la maison, je l’obligeais à écouter Varese – c’était pour moi l’ultime test d’intelligence . Chaque fois, on me prenait pour le dernier des cinglés.
Deserts
Ma mère avait décidé, pour mon quinzième anniversaire, de me faire un cadeau d’une valeur de 5 dollars (une grosse somme pour nous, à l’époque). Elle m’a demandé ce que je désirais. « Ecoute, lui ai-je répondu, au lieu de m’acheter quelque chose, si tu m’autorisais plutôt à passer un appel téléphonique longue distance ? » Personne dans la famille n’avait jamais fait ce genre de choses. Je décidais de téléphoner à Edgar Varese. J’avais déduit de son air de savant fou qu’il ne pouvait habiter ailleurs qu’à Greenwich Village. J’ai donc demandé aux renseignements téléphoniques de New York s’ils avaient un certain Edgar Varese dans leur fichier. Bien sûr. Ils m’ont même donné son adresse : 188 Sullivan Street. C’est Louise, sa femme, qui a décroché. Avec beaucoup de gentillesse, elle m’a répondu qu’il était absent – il était à Bruxelles, où il travaillait sur une composition pour l’Exposition universelle (Le Poème électronique) – et m’a suggéré de rappeler quelques semaines plus tard. Je ne me rappelle plus exactement ce que j’ai pu lui dire quand j’ai finalement réussi à l’avoir au bout du fil – probablement un truc aussi brillant que : « Wao, j’adore ce que vous faites. » Varese m’a dit travailler sur une nouvelle pièce, Déserts. J’en ai frissonné de joie : quand vous avez quinze ans et que vous vivez dans un désert, celui de Mojave, à Lancaster, Californie, et que vous découvrez que le plus grand compositeur du monde (qui par ailleurs ressemble à un savant fou) travaille dans le secret de son laboratoire de Greenwich Village à une « chanson qui parle de votre ville » (pour ainsi dire) il y a de quoi s’enflammer. Je continue à penser que Déserts parle de Lancaster, même si les notes de pochette du 33 tours Columbia insistent davantage sur son aspect philosophique. Tout au long de mes années de lycée, j’ai cherché des informations sur Varese et sa musique. J’ai découvert dans un livre une photo de lui jeune homme ; la légende disait qu’il serait tout aussi heureux s’il était vigneron plutôt que compositeur. Ça m’a plu.
Dernière édition par Igor le Sam 23 Mar 2013 - 14:22, édité 1 fois
Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
Sujet: Re: Le Zappa du jour Sam 23 Mar 2013 - 13:59
Grand merci Igor pour cet extrait! Je sens que ça pourrait vraiment me plaire, ces références au monde musical des années sixty-seventies, les souvenirs sur sa mère, l'allusion à Sam Goody etc...(j'adorais y traîner à l'époque. Depuis hélas, ils ont disparu) Toute une période qui me parle...
Ce qui me fait un peu peur c'est l'excés d'informations dont parle topocl, mais clair que Zappa m'intrigue de plus en plus!
Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
Sujet: Re: Le Zappa du jour Sam 23 Mar 2013 - 14:51
"Zappa par Zappa" (ne pas confondre avec les trois livres sur Zappa par Delbrouck ici) est son propre témoignage. Beaucoup moins basé sur des lieux ou des personnes mais plutôt ses souvenirs, expériences, sa vision des choses et la période musicale qui le concerne.
Oui, le vieux Sam! toute une époque... On aurait pu s'y rencontrer. On le regrettes
illustration int. Grand Wazoo: Cal Schenkel
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: Le Zappa du jour Sam 23 Mar 2013 - 16:32
Une autre photo de Varèse,très savant fou
J'ai relu le texte - qui figure dans le livre de Delbrouck - avec beaucoup de plaisir, Igor (Je l'ai fait en écoutant la musique qui ne fait pas tant "dernier des cinglés" que ça, je craignais bien pire. (mais les temps ont changé aussi depuis Mme Zappa-mère). J'avais beaucoup aimé ce coup de téléphone longue distance manqué à 5 dollars, dans une famille où "on n'avait jamais fait ce genre de choses"
Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
Sujet: Re: Le Zappa du jour Dim 24 Mar 2013 - 8:56
Toujours très intéressant lorsque un créateur (génie ?) se développe hors d'un milieu, d'une "aristocratie" en rapport à ce qui deviendra son art. Pourquoi, comment, quel a été le point de basculement ? Un mystère qui ouvre sur des spéculations propices à une interprétation romanesque...
Zappa poursuit sa collection dans la direction de Stravinsky et Webern en parallèle du R'n'B de l'époque seulement poussé par une énorme curiosité (et un bon feeling aussi). Il établi le concept de "Bonne musique"!