Paula McLain

Biographie de l'auteur
Diplômée en poésie de l'université du Michigan, boursière du prestigieux national Endowment for the Arts, Paula McLain
est l'auteur de deux recueils de poèmes, d'un essai et d'un premier roman, A Ticket to Ride, jamais traduit en français.
Elle vit avec ses enfants à Cleveland, dans l'Ohio.
Source: Editeur



Madame Hemingway
The Paris Wife

Un roman relativement court pour relater un épisode court de la vie d’Hemingway, son premier mariage qui dure cinq ans. C'est avec une écriture fluide que Paula McLain nous raconte la rencontre d’Hem et de Hadley, provinciale musicienne pleine de santé et de bon sens qui est vite fascinée par l’intensité du jeune Ernest. Lui revient de la première guerre mondiale où il a été blessé et il est déjà persuadé qu’il écrira de grandes choses, il doute un peu, mais il sait de façon presque viscérale qu’il est écrivain et rien d’autre. Très peu de temps après leur mariage, les amoureux s’en vont à Paris, car Ernest décrète qu’il ne peut écrire que loin des Etats Unis. C’est d’ailleurs à Paris que se trouvent tous ceux qui comptent alors où qui compteront dans la littérature américaine : Sherwood Anderson, Ezra Pound, Scott Fitzgerald, et puis aussi Gertrude Stein, et c’est eux qu’Ernest et Hadley fréquentent à Paris, en Espagne, en Autriche, sur la côte, pendant l’élaboration de son premier roman ‘Le Soleil Se Lève Aussi’…
Le livre de Paula McLain est bien documenté, intéressant car il nous donne un aperçu de la personnalité du jeune Hemingway et de la façon dont il a débuté dans ce Paris des années 20 imbibé d’alcool et de la fumée de ces cafés où le couple passait toutes ses soirées. En revanche, l’histoire du mariage est plus banale, plus attendue. Il s’agit là d’un roman plus intéressant par son côté documentaire que par ses qualités littéraires, mais avec lequel on passe un bon moment.

Madame Hemingway

Citation :

Nous disions que Paris était l'endroit le plus sensationnel qu'il soit, ce qui était vrai. C'est nous qui l’avions inventé, en fin de compte. Nous l'avions créé avec nos attentes, nos cigarettes et le rhum St James ; avec la fumée, l'élégance et nos conversations houleuses, et nous n’aurions permis à personne de dire qu’il ne nous appartenait pas. Ensemble, nous faisions tout, puis nous le fonction en l'air.

Lecture très agréable, à la fois instructive et pleine de charme, que l’histoire des années des débuts d’Hemingway écrites comme si Hadley, sa première femme , les racontait. Et cette astuce narrative est très réussie. La version féminine de Paris est une fête, en quelque sorte. Où on découvre avec plaisir cet homme,

Citation :

bon, fort, faible et cruel à la fois. Un ami incomparable et un salopard. Finalement tout était vrai à son sujet.

Cela commence un peu léger et frivole, mais c'est normal car au début, fort amoureux, ils l’étaient, légers et frivoles.. J'ai un bon moment cru que le côté prête à tout (ou en tout cas beaucoup ) pour son grand homme et certains dialogues, parfois un peu convenus, (échanges de « oui je crois en toi et tu y arriveras » et de « oui tu es belle et je t'aimerai toujours ») allaient tirer le roman vers la fleurette, mais Mme Hemingway est une maligne (Hemingway ne s'y était pas trompé), et elle a finalement su m'intéresser, et me faire passer un excellent moment.

On sait d'avance, et on comprend bien, qu'Hadley est un peu trop sage (« trop bonne pour moi» disait-il) pour retenir indéfiniment un Hemingway épris de liberté et de sensations fortes, alternativement fougueux et désespéré. L'auteur sème peu à peu ses failles pour conduire son précieux récit vers une douloureuse nostalgie : ils ont passé ensemble des temps heureux, très heureux, même…, ils se sont fait beaucoup souffrir, et la vie a passé. Il aurait sans doute mieux valu pour leur couple qu’Hemingway ne « réussisse pas », mais on n’aurait su le souhaiter ni à l'auteur ni à la littérature en général. Cela donne un récit qui a ses moments de tendresse, de folie, et de gravité

Dans ce récit qui s’attache aux petits faits quotidiens je me suis souvent demandée au début ce qui revenait à la recherche documentaire ou à l’imagination de l’auteur et puis l'ambiance et leurs tourments l’ont emporté et je ne me suis plus posé aucune question. La personnalité de Hemingway est évidemment un plus majeur qui a piqué ma curiosité et a su maintenir mon attention et mon plaisir, qui a grandi au fil des pages, mais la raisonnable Hadley aussi, est particulièrement attachante.. Et c'est tout à fait amusant de découvrir les autres écrivains américains à Paris, avec des descriptions plutôt piquantes et bien ciblées. Il y a aussi des choses tout à fait intéressantes sur la création littéraire (même si je ne suis pas une fan d'Hemingway, cela m’a beaucoup intéressée, comme cela avait été le cas récemment avec Salman Rushdie, de voir l'écrivain à l’œuvre et ses livres en train de se construire), la vie d'artiste (et la dure vie de femme artiste). On ne peut s’empêcher de penser au couple Sartre-Beauvoir, qui devait lui aussi se promener dans ces quartiers à cette époque-là ou quelques années plus tard, mais qui géra sans doute moins douloureusement des problématiques assez proches.

À noter que je trouve les couvertures désastreuses car si elles sont un bon reflet de l'époque et et de leur milieu, il faut bien reconnaître que Hadley était une fille toute simple, qui se fichait des vêtements, pas du tout sophistiquée

Pour finir, une petite galerie de portraits :


(la 3e est Pauline, la briseuse de cœur)

... que 'javais cherché dans l'index et pas trouvé; il va falloir que je consulte un neurologue...
C'est vrai ce que dit dom que ça n’est pas follement original, (mais c'est normal puisqu'on la connaît plus ou moins cette histoire), mais qu' elle arrive à faire un livre bien agréable quand même.