Lecture en commun - Thomas Hardy

darkanny a écrit:

J'ai enfin pu me procurer "Remèdes désespérés", j'attaque dès que je peux.

Tu as du le lire sur la couverture,Darkanny, Remèdes désespérés (quel bon titre et tellment hardien) a écrit ce livre à 27 ans et il fait ses gammes et use d' effets et de rebondissments tout azimuts... Assez différent quand meme des livres de la maturité... J' attends avec curiosité tes impressions...

Oui je te dirai ça.

-Les forestiers-



Le cadre rural qui parait familier à l'auteur est ici une exploitation de bois autour de laquelle un petit monde s'affaire et se nouent des liens. L'arrivée de la fille du forestier Grâce, récemment diplomée et promise à un simple paysan Giles, amoureux d'elle depuis leur enfance, va chambouler la donne. Son père, avide de lui assurer un avenir à la hauteur de son éducation, la pousse dans les bras d'un médecin fraîchement débarqué, vaguement tourné vers les sciences. Un rêveur un peu étrange, qui intrigue Grace bien qu'elle sente confusément que la différence de classe sociale sera sans doute source d'incompréhension...

Je me suis immergée avec délice dans cette ambiance campagnarde du 19ème siècle. L'auteur excelle à nous décrire cet univers rude et respectueux des convenances où la forêt parait si vivace qu'elle symbolise presque un personnage. Les caractères sont finement dépeints, tiraillés entre la voie qui leur est dictée et leurs aspirations profondes, ou bien poussés par une ambition tenace qui leur cache les valeurs premières et les conduira au désastre.

Ce sont tous des figures tragiques, de Marty la jeune paysanne éprise de Giles qui sacrifie ses cheveux (seule richesse qu'elle ait) devant son amour impossible, jusqu'à ce dernier, qui lui sacrifiera sa propre vie pour sauver l'honneur de sa belle, sans parler de Grace, obligée de vivre une idylle jamais aboutie. On est bien sûr dans l'excés, de ton, de situations, et cela m'a parfois génée. Tant de langueur, de sentiments aujourd'hui bien désuets font parfois sourire (la fin notamment est quasi absurde) Mais il en reste une étude de moeurs très précise, ces déchirements de l'âme et ces questionnements subtilement analysés. Il y a vraiment une atmosphère particulière, on est en plein dans le roman victorien, avec la noblesse qui va avec, les sentiments exacerbés et les gâchis que cela entraîne. J'en retiens surtout cette impossibilité et cette immobilisme qui entravaient le sort de ces gens de la terre, autant que ceux de la bourgeoisie. Deux univers ceints, voués à ne jamais se retrouver sinon dans le malheur. Thomas Hardy semble bien plus louer le mérite des premiers...

Merci au forum pour cette découverte à l'opposé de mes lectures habituelles! Je tenterai sans doute Jude l'Obscur ou Tess si je tombe dessus. Un dépaysement qui fait du bien

Tu en a dégoté un de vraiment peu connu, et sans doute pas le meilleur. Cela vaudrait probablement le coup d'en lire un autre.

Moi, je l' ai beaucoup apprécié Les Forrestiers. Meme si ce n' est pas un de ses meilleurs livres. Mais je crois que lorsqu' on aime un auteur et depuis longtemps, on est indulgent pour ses défauts.

Arabella a écrit:

Tu en a dégoté un de vraiment peu connu, et sans doute pas le meilleur. Cela vaudrait probablement le coup d'en lire un autre.

Pas plus mal si ce n'est pas son meilleur et qu'il m'ait quand même plu. Ca me laisse de quoi prospecter! A propos de ce roman, Gide écrit dans son journal : "Hardy n'a jamais rien écrit de plus intelligent, de plus ému, de plus parfait. C'est une perle sans défaut, d'un orient incomparable"

J'ai relu le fil et je crois que Bix résume bien le principe de son écriture: A partir d'une réalité bien précise ( ici les travaux forestiers, l'atmosphère rurale) il donne à son récit une dimension de tragédie grecque. Les personnages sont à la fois bien tangibles et animés de sentiments hors du commun. Et aucun n'est foncièrement bon ou mauvais (A part Giles le sacrifié) Ils sont tous conscients de leurs imperfections et s'en repentent. On a parfois du mal à y croire, cela peut paraître excessif, mais ce n'est jamais grandiloquent. Il y a beaucoup d'humanité dans tout ça....

Je m'étais proposée de relire "Le maire de Casterbridge" mais ma lecture d'un autre clasique de la littérature anglaise ("Nord et Sud" d'Elizabeth Gaskell) m'ayant pris beaucoup de temps, je me suis "rabattue" sur un recueil de deux contes du Wessex paru dans la collection Folio 2 € sous le titre "Les intrus de la Maison Haute".

Le premier conte intitulé "Le bras atrophié" relate l'histoire d'un fermier prospère revenant au village avec sa nouvelle et jeune épouse. Tout irait pour le mieux si la jeune femme n'était atteinte d'un mal mystérieux. Son bras gauche est atrophié et aucun remède n'en vient à bout. Les langues vont bon train car parmi les trayeuses d'une autre ferme se trouve une femme qui a été la maîtresse abandonnée du riche fermier et si elle était à l'origine de ce mal?

Le second conte intitulé "Les intrus de la Maison Haute" met en scène un jeune fermier se rendant en compagnie de son témoin et d'un valet chez sa promise. La venue du fiancé est impatiemment attendue et voilà qu'arrive un homme misérable qui se révèle être le frère de la promise. Celui-ci en piteux état est accompagné de sa femme et de ses enfants. Ils reviennent d'Australie suite à des revers de fortune. La fiancée et sa mère décident de cacher ces arrivants à la vue du promis pour ne pas compromettre le futur mariage.

Ces deux histoires différentes par leur contenu ont toutefois quelques points communs. Le premier, le comté du Wessex où se déroulent le fictions de Thomas Hardy. Le second, une évocation réaliste du monde rural, de ses coutumes et de ses superstitions. Et le dernier : le passé qui ressurgit sous le visage d'anciennes amours.

Il y a aussi ce thème récurrent chez Hardy ; les hommes sont les jouets du destin.

Ce sont des histoires brèves et rondement menées avec des retournements de situations étonnants. Pour qui découvre Thomas Hardy, ce petit recueil peut donner un aperçu de son univers. Pour ceux qui connaissent certains de ses romans plus riches et plus denses, pas de découverte majeure mais un bon petit moment de lecture.

Récemment, j'ai trouvé par hasard également les intrus de la Maison haute mais pas moyen de trouver Le MAire de Casterbridge en français ou beaucoup trop cher.

Je prends le train en marche mais peut-être va-t-il déjà trop vite ou suis-je à contretemps?

Où en êtes-vous de la lecture commune?

J'aimerais vous y rejoindre.

Elle est terminée en principe. Mais rien ne t' empeche de le lire et d' en parler sur le fil de Thomas Hardy...

Merci Biz229 pour l'information.

Alansia a écrit:

Je prends le train en marche mais peut-être va-t-il déjà trop vite ou suis-je à contretemps?

Où en êtes-vous de la lecture commune?

J'aimerais vous y rejoindre.

il y aura une autour de livres de Jules Verne en décembre et pour Joyce Carol Oates en janvier, le fil avec le calendrier est ici

et rien empêche que tu proposes une autre lecture en commun, le fil pour le faire est ici

A la lumière des étoiles


Excellent livre, avec une histoire d'amour classique et très attachante, sur toile de fond cosmique, toute en allégories et en symboles. L'analyse du sentiment amoureux et de sa progression chez les 2 protagonistes est remarquablement fine. C'est très bien écrit. Ni mièvre, ni caricatural. Forcément tragique. Une larme a glissé sur ma joue à la fin...

Beaucoup de sensibilité dans cet ouvrage moins connu de l'auteur.
Sans oublier la ruralité anglaise, ses charmes et ses pesantes conventions.
Puis la grande passion de l'astronomie que possédait TH.

Très beau moment d'émotion et de délicatesse.


A s'offrir comme une parenthèse dans le tintamarre du monde.

Bon souvenir aussi. Pour les anglicistes, le titre original est Two on a tower.

tina, tu peux même poster ton avis sur le fil : clic.