Béatrix Beck [Suisse]

Animal je vois que c'est un gros coup de coeur pour toi Béatrix Beck
Faudra un jour que j'y jette un oeil, la décharge ou Léon Morin par ex.
j'ai trouvé cet article je mets le lien c'est pas mal.
article B.B.

Merci, c'est une belle impression que cet article

la présentation est d'ailleurs de Valérie Marin La Meslée, je note au passage Guidée par le songe.

si en plus tu n'as pas vu le film de Léon Morin prêtre et que tu le découvres (avec la voix d'Emmanuelle Riva !) tu risques de ne pas non plus t'en remettre. héhé.

Pour rebondir encore sur l'article, c'est très présent dans l'enfant chat, le contact avec la nature, la relation étroite avec les sensations de la nature, des plantes, de la terre, du bois... cet attachement particulier qui réussit jusqu'à déterrer des souvenirs lointains d'odeurs, de toucher, de bruits...

ce n'est pas très marqué dans cet extrait, mais extrait tout de même :

Citation :

Dans le pré du fond, plus jaune que vert, fleuri de pissenlits, les moutons, quand ils sont couchés semblent eux-mêmes des pierres tombales. Les traits rouges ou violets dont quelques-uns sont marqués évoquent des épitaphes en morse.
Il n'était pas question de sortir le corbillard pour la misérable H ni d'appeler le curé. "Ça n'avait pas le respect de soi-même, alors flaflas macache." La mère Herbe devait au contraire se respecter énormément, d'où son indifférence au qu'en-dira-t-on. Tout se sait. M. Panteloup, conseiller municipal, proposa le corps en tracteur. Tollé : "On n'est pas des ploucs." Après un vif échange de vues où l'on finit toutefois par reconnaître qu'il n'y avait dans la salle ni cloche ni cochon, conclusion : "Qu'elle se démerde !" Effectivement, la défunte a réussi à gagner sa dernière demeure par ses propres moyens. Sans que personne ait levé le petit doigt, la voilà bel et bien enterrrée, quoique dans le coin des pots cassés. Qui aurait cru que l'étrange précepte évangélique "Laissez les morts enterrer les morts" puisse être ainsi suivi à la lettre?
La tombe H ressemble aux petits jardins que se font les enfants dans celui de leurs parents. On a planté quelques primevères jaune pâle, mauves, lie-de-vin, et des mains pieuses (les miennes) ont entouré la parcelle d'arceaux d'osier. Aucune inscription, personne ne sachant le vrai nom de la mère Herbe, ni ses dates et lieu de naissance. "Elle a une fosse commune pour elle toute seule", dit avec bonhommie M. Passerin. Cette femme a réalisé la quadrature du cercle.

Tu as l'air complètement conquis par cet auteur Animal et j'ai bien envie de découvrir tout ça.

animal a écrit:

c'est réparé ! par contre vous n'avez pas de quoi compléter l'avis "curieux" d'eXPie ? ça rend curieux de le relire

Animal en parlant de réparer je pense à Beatrix Beck même si elle jongle sur plusieurs pays il semble qu'elle serait de nationalité Française quoique Belge aussi, mais comme elle a habité toute ça vie en France je pencherai plutôt pour ce choix, En tout cas pas Suisse c'est un fait.
Je te laisse réfléchir à la question.

huhu, c'est vrai, on était parti sur le lieu de naissance pour le rangement à l'origine... elle est née en suisse mais est plutôt belge (puisqu'elle parle aussi de belgique)

En fait, elle est née en Suisse, est belge d'origine et naturalisée française... maintenant je ne sais pas ce qui prévaut pour le classement
Je lis aussi sur wiki que son père belge était d'origine mi-lettonne/mi-italienne et que sa mère était irlandaise, comme quoi, elle est avant tout internationale

animal a écrit:

huhu, c'est vrai, on était parti sur le lieu de naissance pour le rangement à l'origine... elle est née en suisse mais est plutôt belge (puisqu'elle parle aussi de belgique)

Oui en effet mais elle n'a jamais habiter en Belgique il me semble
Ah Ah ! c'est compliqué

mon dieu je participe à un terrible hors sujet si on en croit Les accommodements avec le ciel qui est aussi au moins partiellement autobiographique il est probable qu'elle est vécu un peu en Belgique.

edit : je nous ai déplacés sur son fil

Léon Morin prêtre
C'est une belle et agréable découverte ce livre de Béatrix Beck, je conseille vivement cette lecture.
Publier en 1952 j'avais l'idée avant de commencer à le lire de tomber sur une histoire assez austère vu que l'intrigue se passe pendant la guerre 39-45
avec un prête comme un des personnages du livre.
Là fut ma surprise de découvrir une lecture avec des dialogues mêlant à la fois sérieux, dérisions, et un brin d'humour.
Les dialogues sont très réussis, j'ai bien aimé aussi cette fatalité positive qui émane des personnage qui malgré les évènements graves qu'ils vivent au quotidien assument sans pleurer sur leurs sorts
Est-ce que ce livre si il avait été écrit par un homme aurait-il donnée ce ton enjoué à cette histoire je ne le pense pas, un homme aurait donné un ton plus solennelle, plus lourd. On sent bien le genre féminin qui pousse à aller de l'avant et ne pas se morfondre.
A cette époque si peu de temps après la guerre je pense que ça devait être une nouveauté dans le style et le genre de lire un livre comme ça.
Enfin c'est mon impression je peux me tromper aussi.

Extrait.
Barny s'achète un crucifix elle le porte pour la première fois.
Réactions.

Citation :

--- Oh! la belle croix ! Mais c’est une croix de moine que vous avez là, madame Aronovitch.
---- Où avez-vous déniché cette horreur ?
---- Ça date du temps des Croisades, au moins. Faites voir.
----- C’est un héritage ?
----- On ne vous croyait pas si coquette. Vous cachiez bien votre jeu.
---- Vous avez dû vous ruiner pour acheter ça. Vous l’avez trouvée dans une poubelle ?
— Non, pas dans une poubelle. Au marché aux puces.
— Ça vous va rudement bien. Vous avez l’air d’une Boche, avec votre croix gammée.
— Elle n’est pas gammée.

J’avais lieu d’être satisfaite : ma croix jouait parfaitement son rôle d’hameçon. Mais je me sentais asticot plutôt que pêcheur.

— Pourquoi est-ce que vous vous êtes affublée de ça ? Vous avez fait un vœu ?
— Oui, à peu près.
--- Le vœu de chasteté ?
— Je porte cette croix comme signe de ma religion.
— Non ?
— Vous avez retourné votre veste ?
— Oui.
--- Vous me dégoûtez, madame.
--- Vous êtes folle.
— C’était bien la peine de nous faire tant de beaux discours.
— On ne vous serrera plus la main.
— Bientôt, on va vous voir pousser une auréole et deux petites ailes.
— Ah I mais c’était la Pentecôte, vous avez été visitée par le Saint-Esprit.
— Oui, répondis-je, ça doit être ça, vous avez raison.
--- Attention que le Saint-Esprit ne vous engrosse pas.

Citation :

Est-ce que ce livre si il avait été écrit par un homme aurait-il donnée ce ton enjoué à cette histoire je ne le pense pas,

c'est clair qu'on a du mal à imaginer ça écrit par un bonhomme, pourtant on essaye, pour se persuader que ça ne serait pas possible.

content ça t'ait plu !

Barny

(le bouquin en fait réédité en 2008 même si on ne le voit pas en librairie).

quatrième de couverture a écrit:

Ce roman est, sous la forme d'une autobiographie, l'histoire d'une petite fille qui s'éveille à la vie, et à qui celle-ci livre tout de suite tout ce qu'elle comporte de rude, de douloureux, de tragique, en même temps que de merveilleux. Sa mère, qui est veuve, devient peu à peu folle. Cette folie que l'enfant voit naître et grandir, et qui tantôt l'épouvante, tantôt lui paraît naturelle, peuple son adolescence d'un cruel cortège d'images étranges. Ainsi Barny grandit, sans cesse transplantée d'un pays à un autre, d'un milieu très aisé à une misère presque sordide ; elle devient jeune fille, lit, apprend et découvre finalement l'amour, en même temps que naît sa conscience.
"Dieu ne m'a donné que moi, je suis mon seul cobaye", a écrit Béatrix Beck. Les aventures de Barny, double de l'auteur, ont fourni la matière de trois autres romans : Une mort irrégulière (1950), Léon Morin prêtre, prix Goncourt 1952, Des accommodements avec le ciel (1954). Léon Morin prêtre a fait l'objet d'un film célèbre de Jean-Pierre Melville.

C'est donc le premier de la bibliographie en plus d'être le premier de la vie de Barny, que fallait-il en attendre ? une écriture en devenir ou déjà cette écriture ? je retiens plutôt la deuxième réponse... allant même un peu plus loin, y retrouvant au-delà des déchirements si concrets qui sont exprimés (c'est L'Epouvante, l'émerveillement), des questionnements si brusques et de la loufoquerie (qui n'en est peut-être pas) irrévérencieuse, l'évidence de la sagesse et du désarroi qui ne sont pas mis en avant mais se mêlent derrière le texte.

D'un pas vif et avec un récit haché et mélangé, altérant à plaisir une partie des repères chronologiques, on découvre avec empathie ce parcours difficile bien que non dénué de douceur... une grande soif d'un absolu rassurant, le tiraillement de la transparence (tout n'est pas simple à lire, c'est assez rude, souvent) pour s'accepter, se vivre (?) et un fort besoin de présence...

Si les livres suivant (ceux que je connais) sont tournés de la mère vers la fille, on réalise le même regard faisant le chemin inverse avec l'amour, les peines et les contradictions.

Et cette force qui l'anime, cet esprit critique mais curieux qui accepte, prend beaucoup et donne aussi (un peu beaucoup de coups d'ailleurs !).

Un livre fort qui n'a donc rien à envier aux suivants qui témoigne (je crois) d'un réel soucis de l'écriture derrière sa façade très directe. Comme une science du contraste brutale et de la grandeur en finesse... (en général portée sur le mélange des genres... ).

Citation :

Donique m'emmena chez elle. Nous nous attablâmes, avec ses sept sœurs et son frère, sous le grand crucifix que je regardais de temps en temps à la dérobée, et on joua, on rit, on s'amusa. Les trois plus jeunes sœurs de Donique, Marie-Chantal, Marguerite-Marie et Maryvonne, vêtues de tabliers à carreaux blancs et rouges, se suivaient de si près en âge, que je les confondais. L'aînée, Emmanuelle, les emmena coucher. Maryvonne couvrit son lit d'images pieuses, et de timbres de chocolat représentant es bêtes fauves. Quand Maryvonne s'endormit, j'eus la même sensation que j'avais déjà éprouvée à Notre-Dame : la nef larguait les amarres, s'avançait dans le temps et l'éternité. Sur Maryvonne, avec ses saints et ses crocodiles, descendait une bénédiction. J'aurais voulu devenir membre de cette famille, et avoir été élevée, comme Donique, à coups de schlague. Je demandai à mon amie :
- Laquelle de tes sœurs est la plus pieuse ?
- Elles le sont toutes plus les unes que les autres, répondit-elle, mais chacune d'une manière différente.
Donique venait chez moi le dimanche matin, elle s'asseyait sur la table, sa croix d'or se balançait à son cou, je voyais sur son teint d'un rose violent et dans ses yeux couleur de giroflée les reflets de la messe dont elle sortait. Quand il m'arrivait un ennui, elle disait avec enthousiasme :
- Je suis bien contente, ça te servira de leçon.
Très utile.

comme j'avais aprécié le ton employé dans léon Morin et le personnage assez attachant de Barny je pense que ce livre devrait me plaire
dans l'extrait que tu as mis on retrouve l'ambiance de la façon de voir les choses par Barny

Et moi, je sens que le moment approche où je vais ouvrir La Décharge !

(Oh y'a Maryvonne dans Barny !)


Finalement, c'est assez cynique le point de vue chez Beck, non ? Mais tout en restant tendre.

mmmh ce n'est pas le mot que je choisirai, il y a une recherche de quelque chose, pas que la très présente question de Dieu qui fait que... ou un côté premier degré ?