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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Scénariste de Pablo Trapero (Nomade, Carancho - dans lequel il joue, Leonera), il a aussi réalisé plusieurs films, dont Felipe (2002), El amor - primera parte (2005) et Los Salvajes (2012). Ce dernier, qui conte l'équipée sauvage de jeunes voyous évadés d'un centre de redressement, est sélectionné à la 51e Semaine de la Critique à Cannes.
Source : Evene
Invité Invité
Sujet: Re: Alejandro Fadel Ven 24 Aoû 2012 - 16:35
Los Salvajes (Les sauvages)
J’ai eu la chance de voir au cinéma, dans le cadre des CINÉDÉCOUVERTES de la cinémathèque de Bruxelles (présentation en primeur des oeuvres non encore distribuées en Belgique et dont la démarche créatrice se distingue particulièrement), le film Los Salvajes de l’Argentin Alejandro Fadel. Ce film fut présenté également au festival de Cannes 2012 dans la section « Semaine de la Critique », qui vise à récompenser les premières et secondes oeuvres de réalisateurs du monde entier.
Une bande d’adolescents délinquants parviennent à s’évader d’une institution pénitentiaire avec violences. Ces cinq adolescents, dont une jeune femme, comptent parcourir quelques centaines de kilomètres à pied à travers la pampa argentine pour rejoindre « le Parrain », un homme mystérieux qui ne représente rien d’autre que la promesse d’un foyer qu’ils n’ont jamais connu. Ces jeunes confrontés à la rudesse de la nature argentine vont peu à peu se dépouiller complètement de leur très fine couche civilisatrice pour rejoindre les codes de survie les plus primitifs tels des animaux sauvages devant s’adapter à la nature hostile pour survivre. Un retour à la nature et aux conditions primitives où seule la loi du plus fort prévaut. Confrontations violentes, drogues, meurtres, sexes mais aussi lenteur, beauté des paysages, une indolence proche d’une certaine communion avec la nature et un mysticisme de plus en plus présent, l’animalité de l’homme cédant peu à peu la place à l’extase et l’acte purificateur.
Un film qui marque, qui perturbe, qui pose questions sans oublier un final magistral qui laisse pantois, d’une très grande intensité qui mérite à lui seul déplacement.
Une odyssée sanglante et panthéiste qui fait penser à La balade sauvage de Terrence Malick tout en dépassant le propos. A voir, sans aucune doute.
Ce film a reçu le Prix Soutien ACID/CCAS à la 51ème Semaine De La Critique De Cannes 2012.
Petit message personnel : Marko, ce film est pour toi ! Et pour les autres aussi.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Alejandro Fadel Ven 24 Aoû 2012 - 18:13
Je suivrai les sortis pour voir s'il arrive par ici.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Alejandro Fadel Ven 24 Aoû 2012 - 18:16
Oh la la ! Je vais adorer ça!!
Invité Invité
Sujet: Re: Alejandro Fadel Ven 24 Aoû 2012 - 21:53
Marko a écrit:
Oh la la ! Je vais adorer ça!!
Je crois que tu devrais beaucoup aimer mais attention, ce film n'est pas parfait non plus, certaines scènes auraient pu être plus subtiles je trouve, moins dans la démonstration et le surlignage, notamment concernant certaines scènes "d'animalité" de l'homme. Un film tout en contraste : des plans proches sur les visages et des plans larges sur la nature, une fulgurance dans la violence et une extrême langueur, ce qui confère au film un climat très étrange, parfois très charnel, très organique ou au contraire très onirique et panthéiste. Un film qui demande à être decanté et qui nous hante encore plusieurs heures après sa vision. Un réalisateur à suivre en tout cas.
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Alejandro Fadel Mar 2 Avr 2013 - 17:52
sentinelle a écrit:
Los Salvajes (Les sauvages)
Un film qui marque, qui perturbe, qui pose questions sans oublier un final magistral qui laisse pantois, d’une très grande intensité qui mérite à lui seul déplacement.
Une odyssée sanglante et panthéiste qui fait penser à La balade sauvage de Terrence Malick tout en dépassant le propos. A voir, sans aucune doute.
Scénariste des derniers films de Pablo Trapero, dont Elefante blanco, Alejandro Fadel est d'évidence un réalisateur né avec une maîtrise de la mise en scène confondante. A la limite de la prétention dans le voyant soin qu'il a, dans Los salvajes, de montrer son talent dans l'art de composer les images et d'utiliser les sons (très importants dans cette dérive de cinq jeunes délinquants dans la pampa). Si dans un premier temps Alejandro Fadel choisit plutôt l'épure, le film bascule ensuite vers un mysticisme surprenant, à travers le thème de l'animalité qui resurgit chez des humains en mode survie, dans une nature de plus en plus hostile. On peut suivre ou non le film dans cette radicalité un brin forcée, dans cette quête des sens qui peut interroger sur son sens, justement, ou son absence de. Troublante expérience que celle de Los salvajes qui va laisser plus d'un spectateur circonspect. Peut-être à revoir pour s'assurer que l'on a aimé. Ou pas ?
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Alejandro Fadel Mar 2 Avr 2013 - 18:58
Je ne l'ai pas encore ici...
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Alejandro Fadel Mer 17 Avr 2013 - 0:34
Super beau ce film! J'y reviens plus tard ... Quelle fin géniale
Invité Invité
Sujet: Re: Alejandro Fadel Mer 17 Avr 2013 - 9:13
Marko a écrit:
Super beau ce film! J'y reviens plus tard ... Quelle fin géniale
Je le savais que ce film te parlerait La fin est vraiment étonnante, surprenante, magique, transcendante. Bon j'arrête là Une fin inoubliable en tout cas.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Alejandro Fadel Mer 17 Avr 2013 - 10:19
Une fin complètement chamanique. Tout ce passage avec Simon, les chiens et le sanglier est complètement hallucinatoire et incroyablement beau.
Invité Invité
Sujet: Re: Alejandro Fadel Mer 17 Avr 2013 - 14:21
Marko a écrit:
Une fin complètement chamanique. Tout ce passage avec Simon, les chiens et le sanglier est complètement hallucinatoire et incroyablement beau.
Un film que d'autres parfumés auront la chance de voir passer près de chez eux j'espère.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Alejandro Fadel Jeu 18 Avr 2013 - 1:17
Los Salvajes
Difficile de mettre des mots sur un film aussi beau, riche et abstrait que ce Los Salvajes en forme de trip chamanique (la musique et le montage cherchent cette transe et cette hypnose qui nous gagnent peu à peu jusqu'au final en forme de transfiguration). Il y a du Apichatpong Weerasethakul en plus brut qui rencontrerait le Boorman de Délivrance et la métaphysique d'un Reygadas. Mais avec une esthétique, une magie et une violence qui n'appartiennent qu'à ce réalisateur étonnant.
Il est effectivement question de "sauvages", de jeunes meurtriers en fuite qui sont chacun en quête de quelque chose. Un foyer, une rédemption, une vie de famille ou un refuge dans la spiritualité. Un retour aux sources jusqu'à l'animalité. Beaucoup de violence mais aussi de tendresse, de désir, de rêve et quelques miracles. Une radio qui émet des sonorités mystérieuses pour se transformer peu à peu en Kyrie de la Missa Solemnis de Beethoven, un faucon qui subjugue la jeune fille du groupe, un sanglier qui menace et doit être affronté, un adolescent en prière qui est éveillé comme en transe par une lumière surnaturelle et qui se laisse entraîner par une meute de chiens errants avant de se métamorphoser puis d'irradier littéralement au plan final stupéfiant. Métempsychose, fantômes et animisme comme chez Weerasethakul dans une jungle comme enchantée. Sauvagerie et spiritualité, paradis perdu et foyer retrouvé. Un film plein de mystère et de beauté qui a parfois quelques maladresses (dilatation excessives de certaines scène ou musique planante ostentatoire) mais qui génère une sensation physique unique. Des plans de nature magnifiques et une dimension qui a vraiment quelque chose d'incantatoire et de volontairement chamanique. Le cinéma est peut être le seul capable de procurer de telles expériences sensorielles pour parler de la nature humaine.
Vivement les suivants et aussi la découverte des précédents films de ce réalisateur.
Missa Solemnis: Kyrie (extrait)
Citation :
Dès l'entrée du Kyrie, on éprouve une impression de grandeur qui n'a d'égale que celle donnée par l'entrée similaire dans la Messe en si mineur de Bach. C'est le genre humain tout entier qui implore la miséricorde divine. Bientôt la tonalité ré majeur s'infléchit vers le relatif mineur; une sorte de démarche pénible nous montre le Fils de Dieu descendu sur terre; mais le mot: Christe, établi sur la même musique que: Kyrie, symbolise l'identité des deux personnes en un seul Dieu, tandis que le troisième Kyrie, représentant l'Esprit saint, troisième personne participant à la même divinité que les deux autres, la sous-dominante, comme trait d'union des trois représentations d'un Dieu unique.
Invité Invité
Sujet: Re: Alejandro Fadel Jeu 18 Avr 2013 - 8:53
Marko, tu me donnes envie de revoir le film, c'est dire !
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Alejandro Fadel Jeu 18 Avr 2013 - 10:12
Ils auraient du le mettre en compétition à Cannes. Il aurait fait un bon prix de la mise en scène (avec Reygadas dont le film arrive enfin! Et je vais l'avoir parce que l'affiche est au Majestic )
Et comme je vois que c'est le scénariste de Elefante Blanco je comprends mieux ce côté mythologique qui m'avait frappé en le voyant. On y retrouve les mêmes thèmes sur la violence, la quête, la spiritualité et la dualité de ces jeunes délinquants capables de barbarie et de tendresse.
J'ai donc ses propres films à voir et ceux dont il a écrit le scénario pour Trapero. Youpi!