Parti d'une envie de parler de ces auteurs, de leur volonté de créer un groupe, de bouleverser la littérature, de la dépoussiérer, Honoré met en scène dix comédiens qui interprètent les "embarqués" dans le mouvement Nouveau Roman dans les murs des éditions de Minuit.
Donc : Michel Butor, Alain Robbe-Grillet, Marguerite Duras, Claude Mauriac, Claude Simon, Catherine Robbe-Grillet, Jérôme Lindon, Nathalie Sarraute, Robert Pinget, Claude Ollier.
- Citation :
- Cette photo culte a fixé pour la postérité les principaux protagonistes du Nouveau Roman. Elle a été prise par un photographe de presse, Mario Dondero, sur commande d'un mensuel culturel italien, à l'automne 1959, devant les Editions de Minuit au 7, rue Bernard-Palissy, à Saint-Germain-des-Prés. De gauche à droite, elle réunit Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, Claude Mauriac, Jérôme Lindon, Robert Pinget, Samuel Beckett, Nathalie Sarraute et Claude Ollier.
Un plateau immense, décor sobrement kitsch des années 50-60, des téléviseurs, des espaces isolés (un salon, un bureau) mais visibles. Comme différents bouts de plateaux de cinéma.
Des corps, des gens, des mots, qui vont et viennent sur scène.
Une pièce de 3h, j'avais un peu peur. Sur un sujet qui peut vite être rébarbatif et trop intellectuel pour moi, je craignais encore plus. Et puis, Christophe Honoré et ses acteurs parviennent à ponctuer la pièce de plein de scènes aux rythmes et aux ambiances différentes qui s'imbriquent parfaitement.
A aucun moment on ne nous fait la leçon, ce n'est pas académique, bavard mais au contraire : ludique, foutraque, plein d'énergie, de fougue, d'une envie de bousculer les choses. Dans une recherche.
Je trouve qu'on ressent bien l'émulsion du groupe, l'envie de révolutionner pour amener du nouveau mais aussi pour laisser sa marque. Ils n'ont pas cherché à rendre plus humbles ou plus prétentieux qu'ils ne l'étaient, ces auteurs différents mais ensemble, même divisés.
Je n'y connais pas grand chose au nouveau roman. Je me suis plus ou moins ennuyée en lisant du Duras, j'ai vaguement approchée Sarraute, et j'ai eu un rejet pour Robbe-Grillet à partir de presque rien.
L'horrible avec cette pièce, c'est qu'elle donne envie de lire des livres qu'on sait "emmerdants" !
Je ne vois quoi dire de plus, à part que lorsqu'on aime la littérature, on aime aussi savoir d'où elle vient, et notre littérature française vient de ces gens (pas que, mais ils ont compté et comptent encore pour certains, ce qui est souligné par les différentes itv diffusées sur les écrans tv des auteurs actuels français (avec Dominic Cooper au milieu)).
Mais, il ne faut pas s'attendre à une pièce qui expliquerait exactement ce qu'était le nouveau roman, ça s'attache plus aux gens et au bouillonnement humain et artistique que ça a représenté sur eux.