Le pathos au spectacle ( cinéma, théâtre, opéra........)

Marko, c'est vrai ce que tu dit là "Il n'y a pas que de la retenue et de la dignité dans la souffrance."

coline a écrit:

C'est bien cette discussion sur le pathos et merci à ceux qui rebondissent sur mes convictions...Marko, coli, Esperluette...

Mais en même temps, je ne peux m'empêcher de trouver cette discussion très instructive et très paradoxale pour un "kif du jour", non?

Je reviens ce soir pour continuer un peu.

c'est vrai qu'elle est intéressante cette discussion et qu'il est nécessaire de faire la part des choses entre le témoignage et sa mise en scène. Doit-on regretté que Sarah Bernhardt n'ait pas d'émules ? peut-être en effet. Je me dis également que dans l'opéra, je retrouve souvent cette outrance dans la mise en scène de l'émotion (à cause du chant, du lyrisme...) qui fait que je me méfie trop souvent de cette forme de spectacle vivant. De la même manière, je m'interrogeais sur la possibilité de mettre en scène sans outrance la pièce de Mouawad Les mains d'Edwige au moment de la naissance. C'est toujours très délicat de transposer les cris, les larmes, les tensions de la vie réelle sur une scène sans en déformer l'émotion.

De la même manière je me souviens lorsque je faisais un peu de théâtre d'avoir joué une courte pièce de... Courteline (je crois). Il s'agissait d'une scène durant laquelle une femme et son époux se font une scène. Notre prof avait décidé de prendre quatre comédiens amateurs, de former deux couples et de leur faire jouer la même scène de façons différentes. Un couple jouait la retenue, l'autre le déchainement, la femme du premier couple conservait son calme et devenait de plus en plus cinglante et glaciale alors que celle de l'autre couple devenait purement hystérique. L'un des maris jouait à la limite de la folie mentale et l'autre endossait le rôle d'un gentil benêt. Avec un même texte, deux scènes totalement différentes avaient pu surgir et offraient aux spectateurs une palette très variée de sentiments. C'était à la fois drôle, énigmatique et assez déstabilisant de voir à quel point le rendu pouvait être manipulé, en fonction du caractère de chacun, de la volonté du metteur en scène et de la liberté du texte.

(personnellement je pleure très très rarement au cinéma ou devant un spectacle, parce que je pense toujours à cette distance qu'impose la mise en scène, il s'agit d'un spectacle et non pas de la vraie vie, ce qui m'empêche d'éprouver cette catharsis si nécessaire...).