Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Sylvie Germain

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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 21 EmptyMar 22 Déc 2009 - 13:42

J'ai lu les commentaires de "Hors champs"
Pour ma part, je suis encore bien pour l'instant dans ce que je lis.

Un très beau texte.
(Emmanuelle avait copié une petite partie de la fin dans le post précédent)

Citation :
" Le lecteur, si vraiment il s'engage dans sa lecture, devient un personnage lié au roman qu'il lit puisqu'il entre à son tour dans l'histoire et refait, à sa façon, tout le parcours du texte. Mais ce personnage échappe totalement au pouvoir, à la volonté, à l'immagination de l'auteur du livre dont il n'est pas une " création", mais un invité. Un drôle d'invité, anonyme, venu on ne sait d'où, qui arrive à l'improviste et sort quand ça lui chante de l'espace du livre, sans souci de ponctualité, de la moindre convenance, qui s'y attarde ou le traverse à toute allure, riant, bâillant d'ennui, râlant, applaudissant ou se moquant, selon son humeur, sa sensibilité, ses intérêts. Les grands romans grouillent ainsi d'hôtes anonymes qui fouillent dans les coins, dérobent par-ci par-là une poignée de mots, une ou deux idées, quelques images qu'ils utilisent ensuite dans leur vie. Les romans ont, très concrètement, et puissamment, " leur mot à dire" dans la réalité, quand de celle-çi, Ils savent écouter au plus près les pulsations du coeur. Et ces pulsations émettent une fabuleuse cacophonie,
il y en a des cristallines, des enjouées, des vivaces, candides et audacieuses, il y en a des confuses, envasées et clapotantes dans la fadeur, la pesanteur, il y en a des visqueuses et acides qui grondent, vocifèrent ou ricanent, il y en a de toutes sortes, de tout timbre. Un roman doit savoir les brasser, sinon le chant du monde sonnefaux.
Je suis un personnage composite, et de plus en plus arlequiné au fur et à mesure que je lis, arpente, explore de nouveaux livres ( ou vois de nouveaux films), et qu'au passage je chaparde tel ou tel élément, aussi minime soit-il, Misère, qu'un roman où l'on ne trouve rien à voler. Mais aussi folie et éreintement qu'un roman qui force sans cesse à s'arrêter pour mieux jouir d'une phrase, d'une description, d'une situation, tout en incitant à foncer à bout de souffle pour connaître la fin de l'histoire.
Je suis un personnage inconnu, inachevé, en évolution, ou plutôt en altération constante: métamorphose, anamorphose, paramorphose, tératomorphose, bagiomorphose, patamorphose... un arlequin en expansion et vibration continues, un transmutant incognito. Un simple lecteur.
Toute une vie de lectures devant moi, de rencontres de personnages d'encre et de vent pour doubler les rencontres de personnes de chair et de sang, les ourler d'une ombre dense et mouvante, les troubler à profusion. Et plus tard, dans la vieillesse, m'en défaire, öter une à une toutes ces peaux d'encre et d'ombre, les oublier, sans les renier, Arlequin écorcé, dépiauté,lumineux de nudité, comme un viel ermite en fin de course sur la terre, délesté de tout, comme un vieux sage déposant tout son savoir pour s'épanouir dans un état de folie douce. Mais je n'en suis qu'au début, et pour l'heure, j'ai une faim de loup, pour tout"
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 21 EmptyMar 22 Déc 2009 - 15:28

Sur le fil "Les auteurs du XXIième" qui deviendront des classiques, j'ai eu envie de citer Sylvie Germain...
Parmi les français, il n'y en a pas beaucoup qui font aussi fort...style et fond...
Mais bon...on aime ou pas... jypeurien

Il y a longtemps que je n'ai pas lu un petit Germain... Idea
Je lirai bientôt Les personnages ...
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 21 EmptyMar 22 Déc 2009 - 20:44

coline a écrit:
Sur le fil "Les auteurs du XXIième" qui deviendront des classiques, j'ai eu envie de citer Sylvie Germain...
Parmi les français, il n'y en a pas beaucoup qui font aussi fort...style et fond...
Mais bon...on aime ou pas... jypeurien

Il y a longtemps que je n'ai pas lu un petit Germain... Idea
Je lirai bientôt Les personnages ...
Bonne lecture coline content
J'aime beaucoup l'écriture de Mme Germain. Elle me rejoint et c'est l'important. study zen
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 21 EmptyMar 22 Déc 2009 - 23:07

bulle a écrit:
Elle me rejoint et c'est l'important. study zen
Jolie expression...Moi aussi elle me "rejoint"... plus que n'importe quel autre auteur je crois.... content
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 21 EmptyVen 25 Déc 2009 - 4:57

coline a écrit:
bulle a écrit:
Elle me rejoint et c'est l'important. study zen
Jolie expression...Moi aussi elle me "rejoint"... plus que n'importe quel autre auteur je crois.... content
sourire



Dans mon bas de Noël, il y avait un second Hors champ de Sylvie Germain, Que j'échangerai la semaine prochaine. (J'ai acheté ce titre cette semaine). Je pourrai prendre 2 livres pour le prix de Hors champ.
J'ai aussi Chanson des mal-aimants qui vient augmenter ma pile de livre de Sylvie Germain.



Bonne impression des premières pages de Chanson des mal-aimants .
Je vais devoir le terminer sous peu. Prenant comme lecture.


Je sens que je vais m'y plaire. study content
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 21 EmptyLun 28 Déc 2009 - 21:30

Les personnages

Cet ouvrage est un essai sur les personnages de fiction …

Comment ils viennent à l’auteur et s’imposent à lui. Pas seulement à Sylvie Germain mais aux auteurs de fiction en général, c’est pourquoi Sylvie Germain utilise le « NOUS » , le « ON » pour en parler…

« Un jour, ils sont là. Un jour, sans aucun souci de l'heure. On ne sait pas d'où ils viennent, ni pourquoi ni comment ils sont entrés. Ils entrent toujours ainsi, à l'improviste et par effraction. Et cela sans faire de bruit, sans dégâts apparents. Ils ont une stupéfiante discrétion de passe-muraille.
Ils : les personnages.
On ignore tout d'eux, mais d'emblée on sent qu'ils vont durablement imposer leur présence. […]
Là, à la frontière entre le rêve et la veille, au seuil de la conscience. Et ils brouillent cette mince frontière, la traversent continuellement avec l'agilité d'un contrebandier, la déplaçant, la distordant. Là, plantés sur ce seuil mouvant avec la violence immobile et mutique d'un mendiant qui a jeté sur vous son dévolu et qui ne partira pas avant d'avoir obtenu ce qu'il veut. »


D’où viennent-ils ?

"Tous les personnages sont des dormeurs clandestins nourris de nos rêves et de nos pensées, eux-mêmes pétris dans le limon des mythes et des fables, dans l'épaisse rumeur du temps qui brasse les clameurs de l'Histoire et une myriade de voix singulières, plus ou moins confuses. Des dormeurs embués de nuit, pénétrés de chant lointains et de murmures, et tressaillant d'un désir de jour, de chant audible, de langage intelligible.
Des dormeurs qui, à force de rêver dans les plis de notre mémoire, à fleur d’oubli, finissent par être touchés par un songe monté des profondeurs de la mémoire, du cœur spiralé de l’oubli."
« Ils naissent d’un rapt commis là-bas, aux confins de notre imaginaire où, furtivement, dérivent des rêves en archipel, des éclats de souvenirs et des bribes de pensée. Et ils savent des choses dont nous ne savons rien. »


Comment s’enclenche le processus d’écriture ?

« A peine né à notre conscience, chaque personnage souhaite naître à nouveau, autrement. Il veut naître au langage, s’y déployer, y respirer. S’y exprimer.
Il veut avoir une vie textuelle.
Doué d’une patience minérale, ce mendiant silencieux attend de recevoir […] le don d’une peau couleur de feuille où naître à une vie d’encre, le don d’une chair de mots, d’un sang verbal. L’offrande d’une histoire dont lui-même ne sait rien de précis, et nous bien moins encore. »


« Et c’est ainsi que sans prononcer un mot, les personnages nous somment de fabuler. »

Mais pour l’auteur, après l’enthousiasme au réveil de l’inspiration et du désir d’écrire, vient le doute. Sera-t-il à la hauteur ? D’autant qu’il n’est plus le maître de ce qu’il écrit. Il doit s’abandonner, se laisser guider par les personnages, les mener exactement où ils veulent.
Sans cesse, les personnages "échappent au contrôle de l’auteur, contrarient les projets que celui-ci élabore peu à peu pour eux, refusent telle ou telle situation, telle relation qu’il leur propose, et inventent tout à trac des situations auxquelles il n’avait pas songé, provoquent des événements inattendus, nouent des relations en marge du cercle déjà formé autour d’eux. […] Tout romancier sait qu’il n’est pas « le maître dans la maison » de son imaginaire."

Au romancier, il faut trouver ce que les personnages lui signifient de dire, pourquoi ils insistent jusqu’à l’obtenir. Il peinera, se mettra à l’écoute des personnages et du monde et trouvera les mots : les personnages, « messagers d’une voix universelle » veulent parler en son propre nom et aussi au nom des autres hommes…Chacun veut être « lu » (compris)

« Et c’est en écrivant que le romancier découvre l’étendue de sa non-maîtrise, et surtout combien sa mémoire révèle de plis, de strates et d’échos dont il ne soupçonnait pas l’existence. »

« Le romancier n’a d’autre mission que celle de s’embarquer dans les remous de l’existence, d’interroger les passions humaines, de débusquer de l’inévidence dans les choses les plus banales. Et il n’a d’autres guides que les personnages qui le visitent pour le convoquer dans les coulisses du grand cirque de la vie. »

Si je vous dis que cet essai m’a passionnée au point de le lire deux fois à la suite vous allez penser que j’ai été portée par mon enthousiasme habituel pour les écrits de Sylvie Germain. Ce qui est sûr c’est que cet ouvrage ne le fera pas faiblir !…
Mais j’insiste car je crois qu’il peut intéresser vraiment tout (Parfumé)lecteur qui s’interroge sur l’inspiration de ses chers auteurs (inspiration qui naît à la fois en soi et hors de soi) et sur la mise en œuvre de leur écriture.

Sylvie Germain porte son regard plein de sympathie sur les personnages…Avatars des humains, ils imposent de parler des hommes, de les mieux écouter, de les mieux connaître (de les « lire », les comprendre), au-delà des simples apparences, et sans juger.

Il ne s’agit pas seulement des « personnages de Sylvie Germain »…Elle se réfère à Paul Celan, Pierre Michon, Milan Kundera, Marguerite Duras… Simone Weil…Michel Ange…

"Nous écririons donc toujours à partir d'une faille, à la fois intime et commune à tous les humains; intime et anonyme".

L’essai est composé de vingt-cinq chapitres et il est suivi de deux merveilleuses nouvelles liées aux « personnages »:
- Le tremble (extraordinaire !).
- Magdiel : " Que faire d'un personnage tournant obstinément le dos à l'auteur censé le décrire, stationnant contre un mur, front et paumes collés aux pierres et les semelles soudées aux pavés ?"
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 21 EmptyLun 28 Déc 2009 - 21:34

sous un angle différent ça me fait (re)penser à La vengeance du traducteur... où les personnages et le contrôle se farfeluttent joyeusement...
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 21 EmptyLun 28 Déc 2009 - 22:01

animal a écrit:
sous un angle différent ça me fait (re)penser à La vengeance du traducteur... où les personnages et le contrôle se farfeluttent joyeusement...
De qui est-ce?...

L'essai de Sylvie Germain est très facile à lire...très intéressant...Et quelle langue! (il est court: 110 pages, y compris les deux nouvelles).
Je voudrais vous citer encore plein de passages...
Notamment un chapitre consacré à "l'écriture sur la peau" (tatouages, scarifications, mouchetures... éclats de pierre, d'os ou de métal enchassés dans la peau...excision...)
Notamment sur les poètes...
Notamment sur les lecteurset les personnages...

Mais il faut le lire! content
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 21 EmptyLun 28 Déc 2009 - 22:14

C'est d'un traducteur ! clic de fil.

En fait il utilise en quelque sorte les personnages pour démonter la substance du roman, surtout d'un point de vue traduction mais de manière paradoxalement indirecte, et les extraits que tu as choisis me rappellent cette espèce de déconstruction qui tendrait à donner une illusion d'indépendance et de volontés aux personnages (qui ont l'air de n'en faire qu'à leur tête dans cette vengeance du traducteur). jemetate
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 21 EmptyJeu 7 Jan 2010 - 15:28

Hors Champ, vrai qu'il n'est pas aussi emballant que les autres, Du moins où je suis rendu, mais quand même on peux y prendre quelques leçons de vie.
Citation :
Extrait
Et monte en lui, l'odeur de la neige. Odeur âpre, rugueuse, et pourtant délicate qui pénètre tout, tant le ciel que la terre, tant l'espace que le temps, les nuages, la lumière. Lumière aux brusques volte-face, éteincelante puis ombreuse, tantôt bleutée, tantôt pailleuse, ou rosâtre. Tout a le vif et la saveur du froid. Et, en un éclair olfactif, lui revient la senteur du froid sur la peau de sa mère - sur les joues, et surtout dessous l'oreille à demi cachée par le bonnet de laine, dans le cou, à la naissance des cheveux, là où s'enlacent l'oubli et la mémoire pour produire un souvenir flottant qui hante en sourdine les sens, le coeur, les rêveries, continuellement, et qui cependant manque toujours, échappe à tout rappel, sévapore - sauf en de rares instants, comme celui-ci, où le souvenir-fantôme surgit, sant crier gare, net et pouissant, bouleversant.
Il rouvre les yeux, un peu ahuri d'avoir vagabondé si loin dans son enfance et de s'en expulser brutalement. Il délaisse internet pour revenir à ses dossiers en cours, mais son esprit reste troublé par cette glissade en luge, par les chatoiements de blancheur cendreuse, par l'exhalaison de neige, et surtout par cette si tendre bouffée de froid sur la peau. " Aucun parfumeur ne parviendra à recréer cette odeur, conclut-il, elle est composée de très grands riens - de vent, de clarté froide, d'espace, de neige -, et d'un je-ne-sais-quoi unique, inimitable - un petit pan de peau très fine, une goutte detiédeur, la grâce de la vie. Aucun, jamais, et c'est tant mieux. "Cette discrète et si intense signature de vie cachée chez chacune des femmes qu'il a aimées, mais une seule l'a émue aussi profondément que sa mère en ce lointain jourd de neige, Clotilde. Et soudain, ce que celle-çi lui a dit quelques jours auparavant lui revient à l'esprit, sy pose, y rayonne: Et si nous avions un enfant, toi et moi?".


Pris du livre " Chanson des mal-aimants "
Je voulais partager cette beauté des mots.

Le soleil, d'un jaune diaphane, flottait dans les feuillages naissants d'un bouquet qui s'élevait à l'est. Dans ce bosquet se côtoyaient des merisiers, des ormes et des frênes. Mais les merisiers, déjà en fleur, tranchaient sur les autres arbres dont les bourgeons s'apprêtaient juste à éclore. Ils se dressaient dans la clarté du matin ainsi que de hauts jets d'écume immobiles, à peine frémissants, chatoyant de blancheur. Et j'ai salué cette blancheur mousseuse avec émotion. Appartenions-nous à la même famille , eux et moi? Mais leur albinisme floral était éphémère, et si gracieux, tandis que le mien était immuable, et problématique. Il n'empêche, de les regarder, ça m'a consolée. Et je me suis sentie en paix dans ce paysage, en amitié avec la terre, les arbres.

Pas un mot n'était prononcé au cours de ces promenades. Le moindre bruit prenait une résonnance singulière, celui de la pluie tambourinant sur le tissu du parapluie, celui de nos pas et des roues du fauteuil crissant sur le gravier mouillé, des fragments de chants d'oiseaux, des aboiements de chiens et des bêlements de brebis dans le lointain, et surtout la respiration sifflante de l'homme fracassé. À force de l'entendre, je finissais moi aussi par avoir le souffle court et le coeur oppressé.
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 21 EmptyJeu 21 Jan 2010 - 16:40

c'est vrai que c'est très beau bravo
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 21 EmptyJeu 28 Jan 2010 - 15:11

krys a écrit:
c'est vrai que c'est très beau bravo
content Elle a vraiment du talent madame Germain. J'apprécie de plus en plus sa lecture.



"la chanson des mals-aimants "
Dans l'un des passages, on y parle de l'icone Marilyn Monroe.
Monsieur Robert qui dormait sous le toît de l'hôtel " Les Palombes" en tant que paillasse itinérant, y dormant une ou
deux fois par mois. Vendant sa camelote (gadgets drolatiques)
Un matin il fit la première page du journal.
Il avait été arrêté par la police comme étant un tueur en série.
Il comptait trois crimes à son actif, mais on le soupçonnait d'en avoir commis davantage.
Donc, dans cet Hôtel "Palombre", une hôtelière,des clients, les employés furent en contact direct avec cet homme qui avait trop joué avec les masques, qu'à force de s'en coller sur la trogne, il avait dû perdre de vue les visages, il ne savait plus qui il était, ce qu'était un être humain. Pour eux Monsieur Robert était un homme jovial, blagueur, il était la coqueluche de la maisonnée.

Le personnage principal , Laudes-Marie Neigedaoüt,
réside d'endroit à endroit pour vivre, non par goût
mais par obligation de déplacement..
(la mort ayant passée régulièrement)
Laudes-Marie Neigedaoüt:
Citation :
Ma mère m'a mise au monde une nuit d'août, sous une somptueuse pluie d'étoiles. A-t-elle accouché suele, tordue sous les étoiles un mouchoir enfoncé dans la bouche pour étouffers ses cris? Cris de souffrance et autant de fureur d'avoir à enfanter ce rejeton indésiré. Et ses cris ont sûrement redoublé quand elle m'a vue. Car non contente d'être une bâtarde, je n'étais pas dans les normes, et ne le suis d'ailleurs famais devenue. Non que le corps , la tête ou les membres aient eu quelque défaut, rien ne manquait à ma panoplie corporelle et tout se trouvait dans l'axe. C'est la couleur qui clochait. Blanche comme du lait caillé, de la fontanelle aux orteils, voilà comment je me suis présentée. Une albinos, quoi. Ma mère honteuse s'est empressée de larguer mon berceau-cageot sur un trottoir au pied d'un réverbère. Étant encore au seuil des limbes, je n'ai pas compris quel tour de cochon on me jouait là, je
somnolais en toute confiance, enivrée par l'odeur des framboises que je prenais pour celle du corps maternel. Il y a des erreurs plus funestes, celle-là au moins était délicieuse.

Après la une à propos de Monsieur Robert, une autre nouvelle dans la une des journeaux éclipsait les manchettes sur l'étrangleur.
La belle Marilyn Monroe, venait de mettre fin à ses jours.
Laudes-Marie prit alors le masque à l'effigie de Marilyn Monroe appartenant à Monsieur Robert.
Laudes-Marie:
Citation :
Du bout des doigts, j'ai caressé sont front. Et soudain j'ai éprouvé une pitié confuse pour cette fille dont en fait j'ignorais presque tout, sinon qu'elle avait vécu en femme-enfant fatale dans un univers situé à des années-lumière du mien. J'aurais voulu pouvoir l'aider,l'accompagner un bout dans l'inconnu où elle s'était exilée. C'était ridicule, j'étais aussi ignare que quiconque face à la mort et aux éventuels trajets à parcourir dans l'au-delà, et je ne croyais plus comme dans ma petite enfance qu'il suffisait de trépasser por filer tout droit chez Dieu. N'empêche, ridicule ou pas, je ressentais de la pitié et du souci. À travers le naufrage de la gracieuse idole, c'éait quelque chose de plus vaste qui venait toquer en sourdine ma conscience, comme la nuit tambourine discrètement, de toute son immensité condensée dans une brindille ou dans le corps d'un papillon, contre une lucarne où luit un peu de lumière. C'était le destin des nouveaux défunts qui me tourmentait: comment franchit-on le pas vers l'au-delà, comment s'oriente-t-on dans un gouffre illimité, comment avance-t-on quand on a été délesté de son corps? Est-on encore soumis à la peur, à la souffrance? C'était en vérité mon propre destin à venir qui me tracassait. Mais dàs cette époque, j'ai pensé, quoique de façon vague, que pour s'orienter dans l'étendue sans dimensions de la mort, on ne dispose que de la boussole que l'on s'est forgée au cours de sa vie, au fil des jours, des heures, sans même s'en rendre compte.l Une boussole immatérielle composée de la myriade de nos pensées, de nos paroles, de nos émotions, de nos désirs de nos actions, Et de nos omissions.


- Madame Germain dans ce livre réussi à nous faire prendre conscience de nos gestes, de nos actions.

" Elle avait tout, vraiment tout, et elle se tue!
Quel gâchis! " avait soupiré Madame Solange d'un ton navré en apprenant le suicide de Marilyn Monroe.
Laudes-Marie: " C'est quoi, tout?" lui avais-je demandé en lui apportant son carafon de rouge maison.
Madame Solange: " Ben, la jeunesse, la beauté, le succès, la fortune, des amants en pagaille, et pas de menu fretin, en plus! Tout, quoi!"
Laudes-Marie: J'étais resté septique devant cette défénition de la plénitude idéale; il y avait un ver dans la chair trop suave de cette frosse pomme cueillie dans un paradis chimérique, et la petite Ève d'Hollywood, comme tant d'autres, avait été submergée par la nausée à force de mastiquer sa pomme véreuse. Et elle avait vomi sa vie.

Dans le VI chapitre , Laudes-Marie se retrouve dans un nouvel endroit de travail. " Le Relais des Baladins"
Laudes-Marie:
Citation :
Le terme " Baladins " était une gracieuse litote. L'endroit aurait dû s'appeler" Le Relais des Libertains" , ou, plus exactement, " Le Nid des Partouzeurs". C'était un bordel champêtre, bercé par le vent main. Très élégant, ce lupanar, masqué en gentilhommière au milieu de somptueux massifs de rhododendrons, de camélias et d'acacias. Les propriétaires en étaient deux soeurs. Brune et Dora Bellezéheux. Des pseudonymes au goût du lieu. D'ailleurs nous aussi avons été rebaptisées: Mado (amie du dernier endroit de travail) a été promue Maya, et moi Lola. Ça sonnait mieux, paraît-il, et cela préservait notre anonymat.
Sylvie Germain nous entretient de la luxure avec des mots luxuriens garni de finesse.
Dans le même chapitre Laudes-Marie se questionne sur les tribulations posthume survenues à la jeune Bernadette Soubirous.
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 21 EmptySam 30 Jan 2010 - 14:23

Voilà que tu me donnes envie de compléter mes lectures de Sylvie Germain par quelques autres parmi sa première période.
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 21 EmptySam 30 Jan 2010 - 14:41

Marko a écrit:
Voilà que tu me donnes envie de compléter mes lectures de Sylvie Germain par quelques autres parmi sa première période.
Wink
Je sais pour ma part que ce n'est point son dernier d'elle. lire
Mon préféré reste " la Pleurante des rues de Prague " study
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MessageSujet: Re: Sylvie Germain   germain - Sylvie Germain - Page 21 EmptySam 30 Jan 2010 - 16:46

Marko a écrit:
Voilà que tu me donnes envie de compléter mes lectures de Sylvie Germain par quelques autres parmi sa première période.
pour l'instant tu peux trouver celui-ci en librairie (parution 28/01)

germain - Sylvie Germain - Page 21 Aaa14
Les personnages
Citation :
Présentation de l'éditeur
" Un jour, ils sont là. Un jour, sans aucun souci de l'heure. On ne sait pas d'où ils viennent, ni pourquoi ni comment ils sont entrés. Ils entrent toujours ainsi, à l'improviste et par effraction. Et cela sans faire de bruit, sans dégâts apparents. Ils ont une stupéfiante discrétion de passe-muraille. Ils : les personnages. " En vingt-cinq tableaux et deux nouvelles, Sylvie Germain évoque cette zone obscure où personnages et auteurs tiennent commerce. Entre les figures de Kundera, de Celan et de Michel-Ange, elle déambule avec liberté et, plutôt qu'un essai, nous offre l'histoire intime de ces " suppliant muets " à la recherche d'un écrivain qui leur donne la parole.

je l'ai eu à l'instant en main chez mon libraire.. et j'ai pensé en lisant la 4e de couverture à la remarque qu'on a fait ce matin sur le roman de Gilles Leroy et Zola Jackson - elle est aussi un personnages qui était là.. un jour..
(mais ce n'est pas de cela dont parle Sylvie Germain Wink )
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Sylvie Germain
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