Peter Brosens et Jessica Woodworth

animal a écrit:

traversay a écrit:

sentinelle a écrit:

La cinquième saison

 Sortie en France, demain. Mais pas partout, hélas (à Tours, si, animal !)

c'est prévu dans la semaine ou la prochaine !

 Rien a l'horizon pour moi. Je croise les doigts sinon j'irai à Paris

Marko a écrit:

animal a écrit:

traversay a écrit:

sentinelle a écrit:

La cinquième saison

 Sortie en France, demain. Mais pas partout, hélas (à Tours, si, animal !)

c'est prévu dans la semaine ou la prochaine !

 Rien a l'horizon pour moi. Je croise les doigts sinon j'irai à Paris

 Sortie dans 9 salles en France. Pfff

La cinquième saison de Peter Brosens et Jessica Woodworth

 
Sentinelle en parle déjà parfaitement en début de fil, avec de très belles images.
 
Film de campagne, d'hiver à rallonge, de blanc, de gris, de terre, de vaches, de froid. L'ambiance est très vite inquiétante. Fermé dans leur petite bourgade, se connaissant tous les uns les autres, ayant cru à une solidarité, à une osmose... dès que l'équilibre est perturbé, la méfiance, la douleur, la colère, crissent sous les chaussures, craquent aux jointures des poings serrés.
 
Des corps tendus, emmitouflés, étouffés, apeurés.
Des corps qui ne se réchauffent pas les uns  les autres mais qui s'évitent, se cognent, se battent, se blessent. Du sang. De la violence. (Evidemment, un bouc émissaire).
 
Le scénario a d'original son traitement, avec ses images de branches nues qui bougent dans le vent, comme des doigts menaçants. Ses images de mains qui cherchent, dans la terre ou sur les écorces, un souffle de vie. L'image du coq qui ne chante pas. Du feu salvateur qui ne s'allume pas.
 
La tension est de plus en plus forte, et toujours tenue avec l'intelligence d'un décortiquement de l'humain, du collectif, en situation de crise. Et c'est pas beau à voir.
 
Film apocalyptique. Qui effraie, montrant surtout que c'est l'Homme qui fait sa perte.
 
Un film qui plaira à ceux qui aiment avoir les yeux qui saignent devant la beauté des images, les oreilles qui brûlent dans les silences glacés, les doigts accrochés aux accoudoirs histoire de ne pas hurler : Non mais NON ne FAITES PAS ÇA !
 
Il est beau. Il est Terrible.
(Faudrait que je vois les autres !)

Queenie a écrit:

(Faudrait que je vois les autres !)

Et moi aussi !

Je ne pensais pas qu'il passerait à Dijon, et ben si... (conclusion, viendez à Dijon les gens, en plus le ciné Art et Essai fait 4,50 € la séance de 14h tous les jours, toute l'année... ).

Et effectivement, formellement, c'est un beau film, chaque plan est composé comme un tableau ou une photo d'art. L'ambiance, de plus en plus pensante et glauque, est superbement rendue... la Nature, menaçante, vengeresse, est magnifiquement filmée. Un petit sous-bois, une carrière deviennent des décors grandioses, digne d'un tableau romantique. Certains sont aussi chargés de références symboliques (le dernier plan d'Alice m'a frappée et fait penser au Pendu du Tarot de Marseille, par exemple, et ce n'est pas un hasard à mon avis... d'ailleurs, dans le Tarot, le Pendu est la 12ème arcane, qui précède l'Arcane Sans Nom, autrement nommée La Mort).

Après, est-ce que je me creuse trop la tête et que je cherche du sens dans les détails, alors qu'il vaut voir les choses globalement comme une métaphore de la nature humaine en temps de disette ? (le retour du chacun pour soi, on s'en prend à l'étranger/l'handicapé, bref le "différent", l’innocence est souillée puis sacrifiée...)
Je mets en spoiler parce que je vais pas mal dévoiler des éléments du film :

Spoiler:

Et les acteurs ne sont pas tous très convaincants (certains donnent vraiment l'impression de réciter un texte après par cœur, comme les parents, par exemple... je ne sais pas si c'est voulu ce jeu très "neutre" comme ça ? mais ça ne fait pas très naturel, du coup...), même si mention spéciale à la jeune actrice qui joue Alice, qui irradie l'écran à chaque apparition, elle, il va falloir la garder à l’œil...

Ce n'est pas moche, relativement ambitieux, consistant mais je n'ai pas apprécié autant que je l'aurais voulu. ça se perd en images glacées, dans une noirceur un peu convenue... en même temps j'espérais une parenté avec Si le soleil ne revenait pas et si on peut trouver des échos ça ne fera pas tout. Beaucoup de références esthétiques (certaine peut-être un poil too much), de la symbolique un peu lourde par moments. Il y a aussi un aspect répétitif qui ne tient pas qu'au passage des saisons qui se ressemblent.

Je suis content de voir un "petit film" aussi aboutit, cohérent, réussi et tout et tout (et c'est important) mais je suis tristement incapable d'accrocher franchement beaucoup.

Je comprends ce que tu veux dire, il y a des choses qui m'ont touchée dans ce film, pour d'autres, je suis passée un peu à côté...

Spoiler:

pour l'expression qui va avec ? pour ce bizarre effet de mode (ça dure encore ?) de manger de l'autruche ? le petit côté à la fois décalé et mondialisé ? ou une référence à autre chose encore (des autruches il y en a aussi dans My Son, My Son, What Have Ye Done? par exemple même si je ne pense pas forcément référence).

Je ne dois pas avoir la mémoire ou la connaissance nécessaire pour avoir vu les moult références. Mais apparemment, tant mieux.

Quant à l'aspect répétitif, je le trouve juste et logique. Il ne m'a pas gêné du tout. Surtout qu'il y a répétition mais avec toujours une variante, un détail de plus. A sentir que les habitudes sont des repères, qui bousculées, malmenées, petit à petit, perdent de leur force et de leur côté rassurant.

Et pour tes questions Chymère, j'avoue que je ne cherche jamais à comprendre tout, tout de suite. Si des symboles m'échappent, je les laisse m'échapper. Si au détour d'une conversation, on en trouve le sens, ok. Sinon, tant pis. Et puis, lors d'un revisionnage, ou en voyant ou lisant tout à fait autre chose, une signification m'apparaît parfois avec évidence.

Ton truc du tarot, par exemple, je ne l'avais pas vu du tout. Mais c'est intéressant ce que tu dis. Très.

J'aime qu'une oeuvre garde des mystères, et qu'on puisse en faire ce qu'on veut.

Du coup, pour les autruches... va savoir... Mais finalement, la suggestion d'Animal, comme quoi ça pourrait être un lien avec l'expression usuelle, c'est intéressant.

Ah oui, l'expression, je n'y avais pas pensé, pas bête...

Sinon, j'aime bien les œuvres qui gardent un part de mystères (surtout pour essayer de comprendre et de les résoudre... ^^), et à vrai dire ce n'est pas cela qui me dérange, ce sont plus les "trous" dans la progression de l'histoire en elle-même, des comportements des personnages que j'ai eu du mal à m'expliquer. Mais je suppose que c'est volontaire, probablement, donc c'est le parti pris du cinéaste.  

Sinon, pour détailler mon intervention sur le Tarot, l'arcane du Pendu ressemble communément à ceci :



Un personnage, généralement masculin, pendu la tête en bas. Il représente l'abnégation, le don de soi, le sacrifice, celui qui est nécessaire à l'initiation également (l'initiation étant une mort symbolique, suivie d'une renaissance). D'un point de vue divinatoire, on l'associe au choix, pas le choix que l'on fait de son plein gré, mais un choix qui s'impose à nous, une situation dans laquelle on est pieds et poings liés.
Cependant, c'est aussi l'arcane de l'extase mystique, de la méditation, de l'Eveil... car le personnage est certes physiquement dans l'impossibilité d'agir, mais sa puissance spirituelle n'en est que décuplée.

Chymère a écrit:

Ah oui, l'expression, je n'y avais pas pensé, pas bête...

Sinon, j'aime bien les œuvres qui gardent un part de mystères (surtout pour essayer de comprendre et de les résoudre... ^^), et à vrai dire ce n'est pas cela qui me dérange, ce sont plus les "trous" dans la progression de l'histoire en elle-même, des comportements des personnages que j'ai eu du mal à m'expliquer. Mais je suppose que c'est volontaire, probablement, donc c'est le parti pris du cinéaste.

Pour que le spectateur y glisse sa propre compréhension des choses ? Son propre ressenti ? Sa propre façon d'appréhender l'humain et toute sa complexité ?
(Moi, même mes proches, souvent, je ne comprends rien à leurs comportements !)

Citation :

Sinon, pour détailler mon intervention sur le Tarot, l'arcane du Pendu ressemble communément à ceci :



Un personnage, généralement masculin, pendu la tête en bas. Il représente l'abnégation, le don de soi, le sacrifice, celui qui est nécessaire à l'initiation également (l'initiation étant une mort symbolique, suivie d'une renaissance). D'un point de vue divinatoire, on l'associe au choix, pas le choix que l'on fait de son plein gré, mais un choix qui s'impose à nous, une situation dans laquelle on est pieds et poings liés.
Cependant, c'est aussi l'arcane de l'extase mystique, de la méditation, de l'Eveil... car le personnage est certes physiquement dans l'impossibilité d'agir, mais sa puissance spirituelle n'en est que décuplée.

Merci !

Chymère a écrit:

Et les acteurs ne sont pas tous très convaincants (certains donnent vraiment l'impression de réciter un texte après par cœur, comme les parents, par exemple... je ne sais pas si c'est voulu ce jeu très "neutre" comme ça ? mais ça ne fait pas très naturel, du coup...), même si mention spéciale à la jeune actrice qui joue Alice, qui irradie l'écran à chaque apparition, elle, il va falloir la garder à l’œil...

Je crois que c'est surtout en fonction du budget alloué au film Chymère. Certains acteurs ne sont que des amateurs, certains s'en sortent mieux que d'autres. Du coup, le jeu des "vrais" acteurs n'en ressort que mieux, il y a vraiment un effet de contraste.

Chymère a écrit:

Spoiler:

Mince, j'avais complètement oublié ces autruches. Je n'ai même plus l'image en tête après ton rappel.
Tiens, pourquoi donc ces autruches, effectivement ?
Je trouve que l'autruche a quelque chose de très inquiétant, quelque chose de primitif, sauvage, potentiellement violent. Mais bon, je dois projeter à  mort là car l'autruche est un animal qui me fait très peur en fait : j'ai eu "la chance" d'en voir un jour de très près et je ne m'en suis jamais totalement remise




Merci pour l'explication de l'arcane du Pendu. A l'instar de Queenie, je n'avais pas du tout fait le lien non plus.

animal a écrit:

Je suis content de voir un "petit film" aussi aboutit, cohérent, réussi et tout et tout (et c'est important) mais je suis tristement incapable d'accrocher franchement beaucoup.

Peut-être que tu en attendais trop, effectivement. Il faudrait toujours voir un film sans aucune information au préalable finalement, histoire d'être totalement vierge et sans attente particulière...
J'ai vu surtout une espèce de conte intemporel. Avec les autruches pour bien marquer l'époque contemporaine malgré tout ? Marquant une ouverture au monde tout en restant confiné comme au Moyen-âge lorsque l'inattendu et l’incompréhension nous tenaillent ? Décidément, cette histoire d'autruches ne me quitte plus  

Il est vrai que pris comme une parabole, le film démontre bien qu'au fond, les réflexes archaïques et violents ressortent toujours en cas de disette et de difficulté, même à notre époque "moderne".
Est-ce qu'il y a une forme de prémonition (surtout que là, on peut se demander s'il n'y a pas une "vengeance" de la Nature ?) ?

Les autruches comme symbole de la modernité et de la violence ? Pourquoi pas ?... Elles auront fait causer en tout cas...  

Chymère a écrit:

Est-ce qu'il y a une forme de prémonition (surtout que là, on peut se demander s'il n'y a pas une "vengeance" de la Nature ?) ?

Je l'ai effectivement pris dans ce sens : à force de la maltraiter, la nature se venge et reste en berne.
C'est un sujet qui interpelle beaucoup le couple de réalisateurs : on retrouve déjà dans  Khadak et Altiplano cette exploitation outrancière de la terre et des hommes ainsi que leur extermination prochaine. Une inquiétude environnemental aux enjeux écologiques. Un conte, une fable ou une allégorie, avec l'utilisation (abusive ?) d'archétypes.