Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Parfum de livres… parfum d’ailleurs
Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Le cinéma de marko Sam 31 Aoû 2013 - 10:16
Kubrick adorait Le Décalogue de Kieslowski dont il trouvait chaque moyen métrage très réussi sur le plan esthétique, moral, philosophique... C'est vrai que l'ensemble a beaucoup de cohésion et de force. J'ai mis longtemps à m'y plonger parce que je n'imaginais pas combien chaque film était abouti en lui-même tout en étant connecté aux autres.
Extrait du 1er episode: Un seul Dieu tu adoreras.
Citation :
Pavel a 11 ans et vit avec son père. Celui-ci, homme de science à l'esprit rationnel, réfute l'idée de Dieu. Selon lui, croire est une façon de se protéger, de nier la mort. Irena, la tante de l'enfant, est au contraire une croyante fervente. Pavel veut aller patiner sur un lac gelé et son père calcule sur son ordinateur la résistance de la glace. Pour être tout à fait rassuré, il va vérifier sur place. Mais la glace va se rompre sous le poids de l'enfant...
J'aime l'idée que le réalisateur, lui-même agnostique, commence le Décalogue en confrontant un scientifique athée à ce paradoxe qui consiste à se révolter contre Dieu à la mort de son enfant alors qu'il n'est pas croyant. Ambivalence probablement en chacun de nous à des degrés divers. On retrouve dans cette scène la fascination de Kieslowski pour les déformations optiques et les changements d'angle du regard. La fin superbe de ce film est très étrange et ouvre à pas mal de questionnements.Il y a aussi une dimension psychanalytique puisqu'il est aussi question d'un père que son fils se doit d'adorer et de lui faire une confiance aveugle (épisode de la patinoire).
Dernière édition par Marko le Dim 1 Sep 2013 - 14:07, édité 2 fois
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Le cinéma de marko Sam 31 Aoû 2013 - 12:08
Une petite précision, pas pour toi Marko, mais parce que j'ai eu l'occasion de me rendre compte que beaucoup de gens faisaient une confusion. Un agnostique n'est pas un athée, c'est une posture de doute, mais pas de négation d'une possibilité d'existence d'un Dieu. Un agnostique en principe considère qu'on ne peut trancher l'existence ou non d'une Divinité. Il n'y a pas d'indifférence, et le questionnement et l'interrogation sont une partie intégrante de cette façon de penser. Et ce film se place d'une façon toute naturelle dans ce questionnement.
Une interprétation psychanalytique pourquoi pas, mais je trouve que les rapports du père au fils sont très fortement marqués par ce questionnement religieux. L'adoration et la confiance aveugle du fils pour le père, c'est le père qui se place dans la posture du Dieu vis à vis du fils, qui prend la place et les attributs du divin. Et lorsque l'omniscience (et quelque part la toute puissance) qu'il revendique quelque peu est mise est mise à mal et que son fils meure il se tourne vers le Dieu auquel il ne croit pas.
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
Sujet: Re: Le cinéma de marko Sam 31 Aoû 2013 - 12:29
Marko a écrit:
Kubrick adorait Le Décalogue de Kieslowski dont il trouvait chaque moyen métrage très réussi sur le plan esthétique, moral, philosophique... C'est vrai que l'ensemle a beaucoup de cohésion et de force. J'ai mis longtemps à m'y plonger parce que je n'imaginais pas combien chaque film était abouti en lui-même tout en étant connecté aux autres.
J'ai les différents films du Décalogue en cassettes! Bien rangées depuis longtemps...Tu me donnes l'idée de les ressortir!
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Le cinéma de marko Sam 31 Aoû 2013 - 23:22
Arabella a écrit:
Une interprétation psychanalytique pourquoi pas, mais je trouve que les rapports du père au fils sont très fortement marqués par ce questionnement religieux. L'adoration et la confiance aveugle du fils pour le père, c'est le père qui se place dans la posture du Dieu vis à vis du fils, qui prend la place et les attributs du divin. Et lorsque l'omniscience (et quelque part la toute puissance) qu'il revendique quelque peu est mise est mise à mal et que son fils meure il se tourne vers le Dieu auquel il ne croit pas.
Je partage ton analyse. Il y a plusieurs dimensions dans l'approche de Kieslowski. Et l'ensemble du Décalogue est riche de questionnements et de propositions purement cinématographiques. J'ai bien envie de m'y replonger d'ailleurs
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Le cinéma de marko Sam 31 Aoû 2013 - 23:36
Souvenir d'enfance avec cette adaptation de la tragedie grecque Les Perses d'Eschyle par Jean Prat avec la musique de Jean Prodomides. Ce téléfilm date de 1961 mais a été régulièrement rediffusé. J'aimais beaucoup le hiératisme de la mise en scène et le mystère qui se dégageait de ces masques. Je n'y comprenais pas grand chose à l'époque mais ça m'hypnotisait et m'effrayait un peu. J'en ai heureusement apprécié le texte un peu plus tard.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Le cinéma de marko Dim 1 Sep 2013 - 8:42
Une vraie merveille. Tu me donnes envie de le revoir.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Le cinéma de marko Dim 1 Sep 2013 - 13:39
Arabella a écrit:
Une vraie merveille. Tu me donnes envie de le revoir.
Heureusement le DVD est disponible et à défaut la vidéo sur Youtube.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Le cinéma de marko Dim 1 Sep 2013 - 14:36
Cédric Kahn a eu la bonne idée d'utiliser Nuages de Debussy dans son film Feux Rouges d'après Simenon. Ce thème récurrent contribue beaucoup à l'atmosphère particulière du film qui n'est pas parfait mais agréable et troublant, au bord de l'onirisme. Et ce morceau un de mes préférés parmi mes préférés. J'aime tout particulièrement l'accord pentatonique (orientalisant) descendant qu'on entend à 1'53 (ci-dessous dans la version Abbado).
Enregistrement de Nuages par Abbado:
Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
Sujet: Re: Le cinéma de marko Lun 2 Sep 2013 - 6:27
J'avais un tel souvenir du Décalogue, et de tous les films de Kieslowski, d'ailleurs, que j'avais tout racheté pour les revoir..et puis mon fils aîné me les a empruntés , et jamais rendus, bien sûr. Tu m'y fais repenser Aucun souvenir de musique dans les films du Décalogue, c'était déjà Preisner?
Et Nuages de Debussy, c'est effectivement très beau, mais je n'ai pas vu le film de Cédric Kahn ...
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Le cinéma de marko Lun 2 Sep 2013 - 20:48
Marie a écrit:
Aucun souvenir de musique dans les films du Décalogue, c'était déjà Preisner?
Oui déjà. Mais j'avoue ne plus avoir très bien en tête les musiques dans Le Décalogue. Davantage dans La Double vie de Véronique et Bleu, Blanc, Rouge.
Un souvenir d'une scène hallucinante dans un film non moins hallucinant par ses prouesses techniques novatrices à l'époque. La déclaration d'amour sur fond de bombardement dans Quand passent les cigognes de Mikhaïl Kalatozov, Palme d'or en 1958. Un film à découvrir et redécouvrir.
Dans mon souvenir la musique du film est de Mieczysław Weinberg grand compositeur russe un peu éclipsé par Prokofiev et Chostakovitch. Mais dans cette scène je ne sais pas très bien si c'est de lui ou d'un romantique russe. Des idées?
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Le cinéma de marko Jeu 5 Sep 2013 - 0:46
Les yeux de la forêt de John Hough (1980)
Un film que j'ai adoré à 12 ans. J'ai du y retourner 3 ou 4 fois d'affilée à l'époque. J'y emmenais les amis. J'ai lu le livre qui était plus explicite et finalement moins mystérieux. Je ne sais pas ce que j'en penserais aujourd'hui mais rien que pour les frissons qu'il m'a procuré à cette période je le mets dans cette sélection. Et puis c'était un des derniers rôles (si ce n'est le dernier) de Bette Davies au regard toujours extraordinaire. Caméra subjective, feuilles qui s'envolent, phénomènes paranormaux... Histoire bien foutue. C'était juste avant que je découvre Fog, Halloween and co et que ça monte d'un cran dans les frissons. NERAK! NERAK!
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Le cinéma de marko Jeu 19 Sep 2013 - 0:10
La schizophrénie selon Lodge Kerrigan dans Clean Shaven. Probablement un des meilleurs films sur le sujet. Il a récidivé plus tard avec Keane sous un autre angle. Un super travail sur le montage et la bande son pour nous immerger dans l'espace mental de son personnage. Quelques scènes éprouvantes d'auto-mutilations délirantes à éviter pour les âmes sensibles (il pense avoir un émetteur récepteur dans le cuir chevelu et l'extrémité des doigts dont il tente de se débarrasser...). Le plus intéressant est la façon dont il suggère l'humanité du personnage malgré toute la crainte qu'il inspire.
Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
Sujet: Re: Le cinéma de marko Jeu 19 Sep 2013 - 8:25
Je note !
Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
Sujet: Re: Le cinéma de marko Jeu 19 Sep 2013 - 8:39
oui, j'ai noté aussi. J'aime bien Lodge Kerrigan..
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Le cinéma de marko Jeu 19 Sep 2013 - 12:44
Comme évoqué sur le film Todd Haynes à propose de Safe: Le Désert Rouge d'Antonioni. Portrait de femme très borderline qui se perd momentanément dans le dédale des paysages industriels. Je le revois régulièrement. J'aime énormément le travail plastique, l'atmosphère, l'étrangeté de ce film, les thèmes qui le sous-tendent.