Notre Café Littéraire...

Heu, je dirais pas, ArturoBandini... quand c'est plus autobiographique, on s'écarte de la voie préconisée de l'autofiction. Selon la notice consultée sur Wikipedia, le néologisme a été inventé en 1977 par Serge Doubrovsky. La définition est assez élastique pour inclure Colette, selon une thèse proposée par Stéphanie Michineau. Donc, pour Fante, je n'ai pas la capacité pour l'évaluer, ce n'est pas mon champ d'intérêt premier.

Dans la liste des auteurs proposés, nous mentionnons Duras, Ernaux, Sophie Calle, Marie-Sissi Labrèche (québécoise) et plusieurs noms connus dans l'univers des Parfumés.

Un autre cas-limite pourrait être celui de l'écrivaine québécoise Nelly Arcan. Autofiction ou pas...? Quand le vécu entre vraiment de plain-pied dans l'autofiction, il y a de quoi susciter des questionnements d'ordre méthodologique sûrement...

Edit : Retour à Camus!

On pourrait peut-être déplacer la discussion ailleurs ?

Je n'ai jamais vraiment saisi ce que ce genre englobait.
Sur cette même notice wikipedia j'y lis :

Citation :

L’autofiction est le récit d’événements de la vie de l’auteur sous une forme plus ou moins romancée

On peut alors inclure Fante et bien d'autres. Pour moi, c'est quand on mêle fiction et autobiographie. Un jeu permanent entre les deux.

je vous ai déplacé cette discussion sur l'autofiction dans ce "café littéraire".

Décès de l'écrivain irlandais Aidan Higgins (3 mars 1927 - 27 décembre 2015).
Il était notamment l'auteur de La Mort que l’on se donne (il s'agit d'un recueil de nouvelles) ; Naufrage ; Ma chienne d’Irlande ; Les Années de chien...

Citation :

Après des études au collège des jésuites de Clongowes Wood, il voyage beaucoup, en Afrique du Sud, où il vit deux ans (1958-60) et en Europe (Allemagne, Angleterre, Espagne). Avec sa femme, il s'occupe d'une compagnie de marionnettes ambulante. Il a publié des romans, des recueils de nouvelles, des récits de voyages et plusieurs volumes d’autobiographies.

(http://www.leseditionsdeminuit.com/f/index.php?sp=livAut&auteur_id=1424 ).

animal a écrit:

je vous ai déplacé cette discussion sur l'autofiction dans ce "café littéraire".

Merci animal !

J'attends donc le passage de JHB par ici, ou d'un autre membre avisé sur le sujet .

Arturo... romancée... il y a le roman, le cycle autobiographique, oui... mais bon, je sais pas... je trouve que souvent, c'est facile de faire la distinction entre les deux. Il y a les cas-limites qui balisent les termes d'une discussion. À mon sens, il me semble que Nelly Arcan est plus proche de l'autofiction que le sont Fante, Bukowski et Laferrière... possible?

Edit : Un autre cas m'interroge... Witold Gombrowicz... autobio ou autofiction?

Pour baliser les termes de la discussions et mieux comprendre pourquoi on dit souvent que l'autofiction dépend souvent d'un livre au cas-par-cas :

Allison Eleanor Mackinnon, L'autofiction en procès, genre ou procédé littéraire, p. 34 ou (38/108) a écrit:

l’autofiction ne doit pas être considérée comme étant un genre littéraire, mais qu’elle est mieux conçue comme un procédé ou une technique littéraire.

Selon cette même définition, L'énigme du retour aurait quelques modalités d'autofiction. La distinction est tout de même volontairement brouillée dans les procédés utilisés par Dany Laferrière qui redoute les effets de catégorisation.

Je n'ai encore lu ni Arcan ni Gombrowitz, mais en ce qui concerne Laferrière, Bukowski et Fante. Je les placerais dans l'autofiction, en rapport avec les définitions citées. Ils romancent plus ou moins leur vécu, et se servent souvent d'alter égo pour parler de leurs vies.

Je demeure sceptique, Arturo... J'aurais besoin de plus d'arguments. Pour le moment, ça me semble plus cycle autobiographique qu'autre chose dans le cas des trois auteurs que tu cites.

Je pense Arturo, que partir juste de la définition de Wikipédia ne permet pas complètement de définir la spécificité du genre.

En ce qui concerne Gombrowicz, j'ai du mal à le voir là. Parce que l'autofiction est née quand même d'une suspicion et un d'un questionnement de l'autobiographie, travestissant la vérité. Or il me semble que Gombrowicz dans son Journal, revendique presque ce travestissement, cela fait partie d'un jeu avec le lecteur.
Et ses fictions n'ont rien de réaliste, même si on peut parfois trouver une sorte de ressemblance entre certains personnages et l'auteur, ce qui leur arrive ne ressemble pas vraiment à ce qui pourrait arriver vraiment.

Quelle serait alors votre définition JHB et Arabella ?

J'essaie juste de comprendre ce qu'ils entendent par autofiction, mais ce n'est définitivement pas clair. Bien que ce ne soit pas très important au final.

ArturoBandini a écrit:

J'essaie juste de comprendre ce qu'ils entendent par autofiction, mais ce n'est définitivement pas clair.

Je crois que tu viens de dire l'essentiel.

Je ne suis pas une spécialiste et ne crois pas vouloir en devenir une.

J'ai trouvé ceci, sur le site de l'université de Genève :

Citation :

Cette double obédience, universitaire et littéraire, me paraît significative de l'esprit dans lequel cette notion d'autofiction a été forgée. On pourrait dire qu'il s'agit d'une mise en question savante de la pratique naïve de l'autobiographie. La possibilité d'une vérité ou d'une sincérité de l'autobiographie s'est trouvée radicalement mise en doute à la lumière de l'analyse du récit et d'un ensemble de réflexions critiques touchant à l'autobiographie et au langage.

D'après ce que j'en comprends, l'autofiction suppose une démarche et plus encore une posture. On est dans la métalittérature. Et là John Fante ne me semble pas être vraiment dans ce type d'approche, la sienne est plus intuitive et plus sensible.

Mais comme tu le dis, est-ce si important de classifier...

Merci pour les précisions. (Même si je n'y comprends guère plus )


Donc Christine Angot fait de la métalittérature, c'est pour ça que ça me dépasse !

ArturoBandini a écrit:

Donc Christine Angot fait de la métalittérature, c'est pour ça que ça me dépasse !

Nous sommes au moins deux à être dépassés.

Arabella a écrit:

Je ne suis pas une spécialiste et ne crois pas vouloir en devenir une.

J'ai trouvé ceci, sur le site de l'université de Genève  :

Citation :

Cette double obédience, universitaire et littéraire, me paraît significative de l'esprit dans lequel cette notion d'autofiction a été forgée. On pourrait dire qu'il s'agit d'une mise en question savante de la pratique naïve de l'autobiographie. La possibilité d'une vérité ou d'une sincérité de l'autobiographie s'est trouvée radicalement mise en doute à la lumière de l'analyse du récit et d'un ensemble de réflexions critiques touchant à l'autobiographie et au langage.

D'après ce que j'en comprends, l'autofiction suppose une démarche et plus encore une posture. On est dans la métalittérature. Et là John Fante ne me semble pas être vraiment dans ce type d'approche, la sienne est plus intuitive et plus sensible.

Mais comme tu le dis, est-ce si important de classifier...

Arabella, j'ai repris ta citation... il faut dire que la version donnée de l'autofiction est simplifiée et caricaturée au maximum. Dany Laferrière est d'ailleurs l'exemple d'un auteur qui se joue des critiques. Il dit vouloir rester loin du milieu et des théories littéraires et pourtant il s'en inspire. Pour ma part, je dis qu'il est important de tenir compte du milieu universitaire. Dans le cas du milieu littéraire québécois, il y a beaucoup d'imbrication entre le monde universitaire et les milieux éditoriaux. Je ne sais pas si c'est le cas en France, mais au Québec, le milieu étant petit, les innovations formelles prennent lieu au sein des démarches d'ateliers, des chaires de recherche, grâce aux revues et aux courants littéraires qui se dessinent au fil des échanges.

Je ne suis pas plus intéressé qu'il le faut à l'autofiction, puisque mon domaine de prédilection est la poésie et que j'apprécie lire des romans qui parlent d'autre chose que de l'autofiction à strictement parler. En lisant Autoportraits-robots de Thierry Dimanche, je me suis dit qu'il y avait quand même matière à faire de la bonne littérature en jouant avec les thèmes. Je dis «bonne» littérature, mais j'y vois surtout un jeu ludique avec l'écriture.