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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Orhan Pamuk [Turquie] Dim 10 Avr 2011 - 23:48
Le musée de l'innocence
L'ouvrage offre beaucoup de résonances avec Istanbul, souvenirs d'une ville : la fascination des lieux, la persistance de la mémoire sont autant d'émotions fugitives que tente d'immortaliser l'écriture d'OrhanPamuk. Le musée de l'innocence se distingue cependant par son ampleur romanesque, Pamuk offrant même au lecteur un clin d'oeil en s'intégrant au récit. Cette pirouette, loin d'être un simple prétexte, permet de confronter l'auteur et son protagoniste...qui sont deux visages d'une même expérience, par l'illusion d'un double ou d'un miroir. L'obsession amoureuse, de bout en bout, fige le rythme de la narration : c'est l'obsession de Kemal pour sa bien-aimée Füsun qui libère une évocation de la fuite du temps, une vision troublante de la modernité. Il faut accepter de se laisser porter par des images, des instantanés, par la mélodieuse mélancolie qui irrigue chaque chapitre. La beauté du roman provient de la délicatesse avec laquelle Pamuk s'obstine à cerner la "maladie" de l'amour : un attachement qui semble d'abord sans raison, sans justification, et qui peu à peu contamine une vie entière tout en reposant sur du vide, sur quelque chose d'indicible et d'incompréhensible. Alors, la vie suit une trajectoire immobile, tant elle est consciemment enchaînée à la fascination de l'être aimé. Pamuk cherche à sublimer cette passivité en s'attachant aux décors, à un environnement, à des objets, qui au fur et à mesure des années forment une collection, jusqu'à édifier le "musée" du titre. Le musée de l'innocence, dans sa fluidité limpide et sa fausse nonchalance, poursuit une image qui nous échappe. La quête de l'éternité par le souvenir.
Maline Zen littéraire
Messages : 5239 Inscription le : 01/10/2009 Localisation : Entre la Spree et la Romandie
Sujet: Lecture publique avec Orhan Pamuk Sam 7 Mai 2011 - 17:08
Lecture publique avec OrhanPamuk (29/3/2011)
Le prix Nobel OrhanPamuk compte parmi les écrivains contemporains turques les plus importants et sait lier le roman européen à la tradition du conte oriental. C'est en 1982 qu'il publia son premier roman « Cevdet et ses fils » qui raconte sur trois générations la montée et la chute d'une dynastie de commerçants d’Istanbul tout en décrivant le cheminement de la Turquie traditionnelle vers le monde moderne.
Ce roman vient d'être traduit en allemand et OrhanPamuk le présenta au public berlinois un des premiers soirs réellement printaniers de cette année-ci. Néanmoins le Renaissancetheater fut plein à craquer.
En montant sur scène depuis la salle des spectateurs OrhanPamuk regarde timidement vers son public, la tête un peu rentrée entre les épaules, un petit sourire de travers. Les spectateurs sont de toutes nationalités dans cette ville multiculturelle; ils sont curieux d'entendre un homme qui s'efforce de construire des ponts entre l'Orient et l'Occident.
OrhanPamuk ne parle pas l'allemand, ne réagit pas au français et semble même ne pas suivre des remarques en anglais. Il est toute concentration. Il parle beaucoup uniquement en turque, ne prend les courtes interventions du modérateur que comme rampe de lancement pour de longues tirades pleines d'esprit. Quelle chance d'avoir un interprète de grande classe à ses côtés qui s'entend aussi bien avec l'auteur qu'il sait domestiquer son publique.
OrhanPamuk est un homme en mouvement, il n'arrête pas de gesticuler, et si par hasard ses mains reposent sur ses bras, ce sont ses jambes et ses pieds qui se mettent à gigoter. L'expression de son visage ne reste jamais figée. Il aime raconter, s'exprimer, façonner des histoires et pas seulement avec un stylo entre les doigts. Cependant il fait partie de ces écrivains qui ne touchent pas à l'ordinateur.
Dès l'abord OrhanPamuk souligne sa fascination pour la culture allemande et les écrivains de langue allemande comme Thomas Mann et Franz Kafka. « Cevdet et ses fils » en est l'illustration, c'est une œuvre dans la lignée des grandes fresques du XIXe siècle, pas expérimental, pas moderne et surtout pas postmoderne. La critique littéraire en parlait comme des ‘Boodenbrocks turques’. Les commerçants y sont Arméniens ou Juifs mais certainement pas des Ottomans, c'est-à-dire des Turcs ou des Musulmans. Pleins de passages dans son premier roman sont autobiographiques, qu'il parle de la grande bourgeoisie ou de la vie des jeunes, en révolte ou justement plutôt traditionalistes.
Ce premier roman « Cevdet et ses fils » existe surtout par le discours direct, peu de longs passages narratifs, et c'est aussi en cela que c'est une œuvre de jeunesse. OrhanPamuk fut-il une tête brulée en sa jeunesse? Tous ses amis l'étaient, et tous savaient qu'il voulait devenir écrivain. En ces temps-là que d'échanges d'arguments, de discussions interminables, que de projets qui comportaient une part de secrets, le propre de l'écriture.
« Cevdet et ses fils » dresse un panorama sur 70 ans des changements chez les élites. En Turquie, l'évolution de la vie sociale, économique et politique progresse par petits mouvements insignifiants qui ont déjà fait arriver la Turquie en pleine Europe. (Rmq.: Quelle définition OrhanPamuk donne-t-il ici au terme Europe? Je ne suis pas du tout certain qu'elle correspond à celle entendue en l'Europe occidentale. Quelquefois il me semble que pour O.P. c'est une notion géopolitique, la Turquie étant perçue comme un état profondément asiatique qui évolue dans sa mentalité en direction de celle prévalant sur le continent européen.)
Ce n'est que bien plus tard lors de cette lecture publique qu'OrhanPamuk parle des relations entre la Turquie et la Communauté Européenne. Dans les années 30 du siècle dernier l’Europe fut un idéal presque enfantin. Les changements d'Atatürk et le rapprochement vers cet idéal européen furent le fait des militaires et imposés au peuple. Toute avance et tout mouvement vers l'occidentalisation de la civilisation turque furent menés par l'armée pour gagner des guerres. Le peuple y répugne mais un tableau plus réaliste de l'Europe commence à se repentir grâce aux voyageurs, aux travailleurs émigrés. Depuis 2005 les négociations avec la Communauté Européenne a fait atterrir l'Europe au milieu de la politique turque.
La bourgeoisie d’Istanbul a toujours cru dans l’européanisation de la Turquie. La littérature a aidé à poursuivre ce chemin. L’Europe est une idée qui attire les héros des romans d’OrhanPamuk tout en se battant pour leurs libertés.
Finalement, OrhanPamuk touche en quelques mots son dernier roman « Le musée de l'Innocence ». Il y a une douzaine d’années il a acheté une maison dans un quartier pauvre d’Istanbul avec l’idée d’écrire un roman qui se déroule dans cette maison et d’y ouvrir un musée. Ce roman, un portrait de la vie d’Istanbul pendant les années 70 du siècle dernier, a été publié en Turquie en 2008 et vient de paraître en français. Le musée ouvrira sous peu dans le quartier de Çukurcuma. Il présentera le quotidien de ces années 70, restera aussi énigmatique que son sujet, l’amour, et ne cherchera que de communiquer ce qu’est le but du roman d’OrhanPamuk, le bonheur tout simplement.
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
Sujet: Re: Orhan Pamuk [Turquie] Sam 7 Mai 2011 - 19:17
Maline a écrit:
Lecture publique avec OrhanPamuk (29/3/2011)
Merci Maline d'avoir fait revivre pour nous cette soirée à laquelle tu as eu la chance d'assister!
kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
Sujet: Re: Orhan Pamuk [Turquie] Sam 7 Mai 2011 - 21:00
Merci beacuoup pour ce partage, Maline.. on a l'impression d'y avoir assisté
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Orhan Pamuk [Turquie] Sam 7 Mai 2011 - 22:47
Merci, Maline !
Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
Sujet: Re: Orhan Pamuk [Turquie] Dim 8 Mai 2011 - 8:36
Super compte rendu Maline, on s'y croit! Merci, tu me redonnes l'envie de découvrir cet auteur dont j'ai toujours Neige en bibliothèque...
Maline Zen littéraire
Messages : 5239 Inscription le : 01/10/2009 Localisation : Entre la Spree et la Romandie
Sujet: Re: Orhan Pamuk [Turquie] Dim 8 Mai 2011 - 20:18
aeriale a écrit:
Super compte rendu Maline, on s'y croit! Merci, tu me redonnes l'envie de découvrir cet auteur dont j'ai toujours Neige en bibliothèque...
" Neige " est le seul roman politique d'OrhanPamuk et il mentionnait lors de la lecture publique qu'il n'a pas l'intention d'écrire un autre aussi prêt de la vie politique de son pays.
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: Orhan Pamuk [Turquie] Ven 24 Juin 2011 - 17:17
Le musée de l'innocence –
Kemal est un jeune Turc des années 70 , héros de la plus riche société Stambouliote, partageant ses soirées et ses nuits entre boîtes et restaurants de luxe, capable d'acheter sur un coup de tête un sac à main qui coûte « six mois de salaire d'un jeune fonctionnaire ». Tous ses amis l'envie d'être promis à Sybel jeune femme prometteuse intelligente. Mais Kemal est partagé entre les traditions de ce pays encore refermé sur lui-même : et ses désirs d’occidentalisation rapide. Une jeune femme doit arriver vierge au mariage, sinon son mari ne pourra s'empêcher de la mépriser ; mais elle doit aussi satisfaire les appétits « modernes », de son promis. Alors qu'il est déjà prêt perdu au sein de ces contradictions ambiguës, Kemal tombe follement amoureux d'une jeune cousine pauvre, Füsun, dont il ne va pas savoir se détacher. Perdu de perplexité, incapable de se décider entre les deux femmes, il va mener ces deux amours de front dans un mélange de bonheur et de culpabilité, jusqu'à les perdre toutes les deux. Quelques années plus tard courant toujours après le mirage de Füsun il la retrouve enfin, mariée, mal mariée puisqu'elle avait fauté avec lui. Désespéré, soir après soir, il va fréquenter la famille de Füsun invité aux repas familiaux, courant après son rêve fou de la voir revenir, hésitant entre la souffrance de ne pas la posséder et le bonheur de pouvoir l'approcher. Pour se soutenir dans cette quête improbable, au fil des jours il dérobe de menus objets symbolisant son attachement, ses enchantements quotidiens. Il les accumule de façon obsessionnelle jusqu'à pouvoir, des années plus tard, quand leur histoire sera finie, les rassembler dans un Musée de l'Innocence, qui lui permettra de rester perpétuellement fidèle à sa belle histoire d'amour.
Le thème principal de ce roman à la folie des hommes, et Pamuk pour nous raconter cette histoire procède, par une accumulation de faits, de sensations, d'objets, de personnages, de détail dans une ville qui vénère : Istanbul. Kemal abandonne une vie jouissive et brillante, pour se contenter de passer des soirées ternes et désespérantes auprès de sa bien-aimée. Ils s'exclue de la société des hommes pour n’être fidèle qu'à une femme (ou à son image) Mais son amour transfigure ces moments partagés en autant de rituels de bonheur émerveillé. Ne sachant reconnaître la défaite de cet amour, il le transcende par un fétichisme, qui alors que chacun pense qu'il a gâché sa vie, le fera mourir avec l'idée du bonheur. S'il appelle son musée le musée de l'innocence, c'est qu'il pense avoir toujours été pur et sincère, et se retournant sur sa vie, même si son amour n'a jamais réellement abouti, il pense qu'elle valait la peine. Ce roman est un espèce de conte qui nous explique que la folie transcende l'homme, que la passion même inaboutie le hausse à son plus haut niveau.
Un autre thème du livre est l'écartèlement des Turcs entre les cultures occidentales et traditionnelles, les déchirements que cela entraîne dans leur intime quotidien, les culpabilités qui les minent et les empêchent d’être pleinement heureux.
J'ai trouvé bien des choses intéressantes dans ce livre, mais je dois reconnaître que je m'y suis monstrueusement ennuyée (660 pages), devant cette accumulation de détails, de réflexion, cette histoire qui n'avance pas, ce bavardage introspectif perpétuel. Pamuk raconte cette histoire avec un certain humour mélancolique, et j'aurais mieux aimé un roman plus vif et dynamique. Par contre, il me semble que des lecteurs plus amoureux du style que moi, plus enclins à déambuler dans un livre, y prendront un plaisir intense.
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: Orhan Pamuk [Turquie] Mar 6 Nov 2012 - 16:23
L'innocence des objets. je l'ai feuilleté en librairie . il est magnifique (ma liste de Noël s'enrichit!)
Quatrième de couverture Le musée de l'Innocence, créé par OrhanPamuk à Istanbul, est un projet culturel singulier, mûri pendant des décennies par son créateur, qui a cherché à y saisir la ville de sa jeunesse par les objets du quotidien : l'éphémère, le bric-à-brac, le désordre qui caractérisent la vie de chacun. Ces objets particuliers sont intimement liés au Musée de l'Innocence, le roman de l'amour perdu de Pamuk, qui prête sa structure narrative à leur présentation. Des vitrines ou des boîtes magnifiquement conçues, contenant des séries d'objets soigneusement disposés, entraînent le visiteur au fil du récit, dans un voyage à travers le temps et l'espace autant que dans l'esprit du collectionneur, identifié à Pamuk comme à son narrateur amoureux. L'auteur traite ici des sujets qui lui importent profondément : la psychologie du collectionneur, le rôle du musée, les photos du vieil Istanbul (que sa superbe collection personnelle vient illustrer), et bien sûr les coutumes et les traditons de sa ville.
kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
Sujet: Re: Orhan Pamuk [Turquie] Mar 6 Nov 2012 - 16:30
ah oui, extra, je l'ai vu en septembre, publié en allemand, noté à ce moment, mais la couverture n'est pas aussi joli, je vais donc opter pour la version française.. Père Noël!!
kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
Sujet: Re: Orhan Pamuk [Turquie] Mer 21 Nov 2012 - 20:42
Le Père Noël a eu de l’avance
L’innocence des objets
Citation :
Quatrième de couverture Le musée de l'Innocence, créé par OrhanPamuk à Istanbul, est un projet culturel singulier, mûri pendant des décennies par son créateur, qui a cherché à y saisir la ville de sa jeunesse par les objets du quotidien : l'éphémère, le bric-à-brac, le désordre qui caractérisent la vie de chacun. Ces objets particuliers sont intimement liés au Musée de l'Innocence, le roman de l'amour perdu de Pamuk, qui prête sa structure narrative à leur présentation. Des vitrines ou des boîtes magnifiquement conçues, contenant des séries d'objets soigneusement disposés, entraînent le visiteur au fil du récit, dans un voyage à travers le temps et l'espace autant que dans l'esprit du collectionneur, identifié à Pamuk comme à son narrateur amoureux. L'auteur traite ici des sujets qui lui importent profondément : la psychologie du collectionneur, le rôle du musée, les photos du vieil Istanbul (que sa superbe collection personnelle vient illustrer), et bien sûr les coutumes et les traditions de sa ville.
J’ai adoré le roman Le musée de l’Innocence, probablement dû à ma prédilection de garder ici et là des souvenirs en forme d’objets anodins et je trouvais toujours son idée de faire un musée en même temps qu’un roman tout à fait sublime.
Et voilà que le musée est donc terminé et ne pouvant pas m’y rendre tout de suite, il me reste la découverte via ce livre. Dans les premières 60 pages de ce livre, OrhanPamuk raconte quand et comment cette idée du musée et de ce roman lui sont venues et comment il a vécu avec ce projet pendant très longtemps avant de le voir finaliser. Accompagné de photos, c’est déjà une lecture agréable qui met bien le lecteur en ambiance de ce qui va suivre.
J’ai relu le roman, tout en découvrant chapitre par chapitre les images du "catalogue" et c’était à nouveau un plaisir de retrouver ce roman mais cette fois-ci ensemble avec les vitrines conçues par OrhanPamuk, ce qui donne encore une autre dimension au livre.
(faut quand même mentionner que le livre avec les images ne contient pas les chapitres 24, 33, 48, 50, 52, 61, 62, 75, 76, 77, 78 et 79, la composition de ces boîtes n’était pas finalisées lors de la parution du livre)
Superflu de vous dire que je suis enthousiaste et n’attends maintenant qu’une visite de ces lieux !
/ / / /
A noter aussi la couverture du livre en allemand
qui reprend une photo du chapitre 21 et on peut lire dans le livre du musée : « Quant à la photographie de la jeune maîtresse dont parle le père de Kemal dans le roman, je l’ai trouvé une fois que j’avais écrit l’histoire. Tandis que je passais rapidement en revue des masse de photos conservées au fil des ans puis récupérées par des brocanteurs « parce qu’il y un bateau à l’arrière-plan », c’est moins l’image du bateau que la mine triste et abattue de la fille qui accrocha mon regard. LA carte postale des années 1960 ci-dessous est une image parfaite du Bosphore pendant cette période et elle illustre à la fois la joie de vivre et la mélancolie qui sous-tendent ce chapitre. »
Ainsi il donne en plus des photos des différentes vitrines pour chaque chapitre des petites histoires autour, parfois personnel, parfois concernant Istanbul, parfois le roman.. c’est tout à fait extra !!
Le site du musée (en anglais)
Les architectes allemands Brigitte et Gregor Sunder-Plassmann ont bâti le musée ensemble avec OrhanPamuk
plus d’images (à partir de la 4e page)
félicitations
kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
Sujet: Re: Orhan Pamuk [Turquie] Sam 1 Juin 2013 - 9:23
Puisque Armor nous a emporté aujourd'hui à Istanbul, envie de retourner dans ce sublime musée...
(en anglais)
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: Orhan Pamuk [Turquie] Sam 1 Juin 2013 - 10:06
Merci Kenavo, ce musée fait partie des lieux où j'irai surement une fois dans ma vie..
kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
Sujet: Re: Orhan Pamuk [Turquie] Sam 1 Juin 2013 - 16:13
topocl a écrit:
Merci Kenavo, ce musée fait partie des lieux où j'irai surement une fois dans ma vie..
c'est noté aussi chez moi en très grand... faut pas que je rate cela!
Flibustière Agilité postale
Messages : 884 Inscription le : 29/09/2012 Localisation : Paris
Sujet: Re: Orhan Pamuk [Turquie] Jeu 10 Oct 2013 - 10:40
Neige, OrhanPamuk, beaucoup aimé ! Beaucoup d'avis ont été écrits sur ce livre, je ne vais pas refaire la synthèse de l'histoire qui a été parfaitement résumée ici. L'histoire se déroule à Kars, ville-frontière avec l'Iran. Ses habitants vivent en vase clos, les routes sont fermées à cause de la neige qui tombe sans discontinuer. Ce qui m'importe dans ce roman, plein de poésie, c'est d'apprendre ce qui se passe au niveau de l'ambiance politique en Turquie. Et on est servis. L'errance de Ka, marchant dans les rues de Kars enneigées, fasciné par la beauté de la neige, le silence feutré qu'elle procure, les événements qui se passent à Kars et les personnes qu'il rencontre lui inspirent des poèmes qu'il élabore avec une structure toute particulière à la forme d'un flocon, tel un mandala. La peur de Ka témoigne des tensions qui règnent à Kars, une peur qui croît à mesure que l'on avance dans le roman. Il se retourne à chaque fois qu'il sort de son hôtel, puis en marchant dans la ville, sans cesse aux aguets, comme traqué par le vide, ce silence et la blancheur de la nuit, mais il ne se privera jamais de sortir pour se balader, s'aérer, aller dans les cafés et lieux de réunions turcs, la vie prenant le dessus sur la peur d'être assassiné. Ka se sent en danger. La peur de Ka, c'est aussi celle de son amour pour Ipek à la beauté troublante, peur de vivre le moment présent par peur de la perdre, qui rend cet amour douloureux. Peur qu'elle ne vienne pas ce soir, peur qu'elle ne parte pas avec lui à Francfort pour être heureux, peur d'être tout simplement heureux car le bonheur ne dure pas. Peur de souffrir après. Déjà il en souffre, et la douleur est plus forte que l'amour. Regret d'être venu à Kars pour voir Ipek. La situation est trouble en Turquie, et se côtoient les militaires, les "ataturkistes", les différents partis et écoles islamistes, depuis le plus modéré jusqu'au plus radical. Putschs, assassinats, disparitions, sont le lot presque quotidien de la population. Pourtant, quand ils vont au théâtre, les spectateurs dénient qu'il y a des morts parce qu'on a réellement tiré, pensant qu'il s'agit de la pièce. Même les morts dans la salle ne sont pas perçus comme tels. Ahuris et ne sachant pas ce qui leur arrive, ils remercient presque leurs agresseurs. J'ai apprécié tous les points de vue de tous ces interlocuteurs, quel que soit le point d'où ils se placent, c'était très intéressant. Je n'ai pas vu ce roman comme un polar ou un thriller. Mais comme une fresque sur une situation dramatique en Turquie à une période récente. J'ai trouvé le roman un peu trop long, malgré qu'il n'y ait pas de longueurs. Peut-être est-ce dû au fait que j'aie eu peu de temps à me consacrer à sa lecture quotidienne, d'où un sentiment de longueur. A quand le prochain roman d'OrhanPamuk !