Bill Douglas

Bill Douglas

Citation :

William Gerald Forbes (Bill) Douglas (né le 17 avril 1934 et mort le 18 juin 1991) est un réalisateur écossais connu pour sa trilogie de films sur le début de sa propre vie. Il naît à Newcraighall dans les faubourgs d'Edinburgh, où il est élevé par sa grand-mère maternelle. Suite à la mort de cette dernière, il vit avec son père et sa grand-mère paternelle. Il fait son service militaire (National Service) en Égypte, où il rencontre son ami de toujours Peter Jewell. À son retour en Angleterre, Douglas déménage à Londres et commence une carrière d'acteur et d'auteur. Après avoir travaillé au sein de la compagnie de théâtre de Joan Littlewood, le « Theatre Workshop » au sein du Theatre Royal Stratford East, il apparaît dans la série The Younger Generation en 1961 et produit la comédie musicale Solo en 1962 à Cheltenham. Il meurt à Barnstaple dans le comté de Devon.

Longs métrages:

Trilogie Bill Douglas:
My Childhood (1972)
My Ain Folk (1973)
My Way Home (1978)
Comrades (1986)

La version restaurée de la trilogie Bill Douglas permet de découvrir ce cinéaste presque inconnu qui a laissé une oeuvre marquante et à voir absolument dans les salles avant de se ruer sur le DVD/Bluray disponible en anglais (sous-titres anglais pour sourds et malentendants).



Je viens de voir en salle les 2 premiers volets de la trilogie qui sont consacrés à l'enfance de Bill Douglas (puisque c'est un film autobiographique). J'irai voir demain le 3e volet, diffusé séparément, qui permet de le retrouver adolescent.

My Childhood (1972) et My Ain Folfk (1973)



Une image en format 4/3 dans un très beau noir et blanc parfois légèrement grumeleux. Un travail de photographe qui donne envie d'extraire chaque plan magnifiquement cadré, composé, éclairé... sans que ce soit pour autant poseur ou trop stylisé.



Une ambiance étonnante qui donne parfois le sentiment d'un jeu un peu artificiel comme si des acteurs amateurs récitaient leur rôle. Mais le film est peu bavard et le plus important se joue dans les regards, les déplacements dans l'espace, les ellipses que propose un montage lacunaire comme le souvenir. Il y a une misère sociale totale et une grande solitude de tous ces personnages, enfants, adultes, vieillards. Il y a quelque chose du Kes de Ken Loach ou de certains films de Terence Davies mais en plus minimaliste avec des séquences presque expressionnistes par moment.



Bill Douglas y raconte son enfance meurtrie. Elevé par sa grand-mère maternelle avec son demi-frère, on découvre peu à peu ce que sont devenus la mère et les pères respectifs. Chaque frère partant en quête de son père à la mort de la grand-mère.



Le premier épisode My childhood montre la vie de cette petite cité minière d'Ecosse pendant la guerre de 39/45 avec la présence allemande. On y découvre les relations entre Bill, son frère et sa grand-mère. Le second My ain Folk est la quête du père et les relations avec la grand-mère paternelle. Chaque épisode se terminant par une rupture.



Les grand-mères sont bien seules pour protéger leurs fils ou petits-fils et se battent comme elles peuvent, parfois dures et surprotectrices, parfois consolantes. Pour l'une les hommes sont des damnés qui ont causé la folie de sa fille, pour l'autre ce sont les femmes qui sont des traînées qui font souffrir les hommes. Le grand-père est dément. Les pères incapables de faire face à leur responsabilité. Les enfants se cognent, cherchent de la tendresse, avancent comme ils peuvent.



La violence surgit hors champ au cours d'une séquence impressionnante comme une déflagration.



L'ensemble serait misérabiliste s'il n'y avait cette poésie des images qui rend le récit essentiel et poignant. Une oeuvre d'art pour exorciser un passé douloureux. A voir absolument.

Extraits des 3 épisodes. La musique n'est pas dans le film:

The Way Home (1978)


Dernier épisode le plus long (1h10) qui raconte l'errance de Jamie arrivé à l'adolescence. Il va de pensionnat en famille d'accueil puis en foyer d'hébergement après une tentative avortée et terrible de retour à la maison (la scène de la grand-mère!!!).



La mise en scène est plus que jamais stylisée et théâtralisée comme dans un rêve ou le flux des souvenirs avec quelques séquences d'anthologie.Il est au comble de la solitude et de la souffrance puis c'est le départ à l'armée en Egypte.



La 2e partie du film apporte une respiration salutaire. On y bavarde davantage, la manière de filmer est plus classique et narrative. Il découvre l'amitié, l'art, la littérature (Dickens puis Kafka), d'autres formes de pauvreté (la scène avec le gamin égyptien qui mendie est très touchante).



Il peut enfin sourire et aspirer à devenir un jour un cinéaste. Le dernier plan est à la fois sobre et très beau en ouvrant enfin sur un avenir potentiellement plus radieux. Un grand et beau film à ne manquer sous aucun prétexte.

Je l'avais repéré, ce film. Très belles photos, en tout cas.
Je voudrais bien qu'il sorte avec des sous titres français, c'est plus facile!

Marie a écrit:

Je l'avais repéré, ce film. Très belles photos, en tout cas.
Je voudrais bien qu'il sorte avec des sous titres français, c'est plus facile!

Je suppose qu'il sortira mais franchement c'est peu bavard et les sous titres anglais doivent suffire à comprendre (ils ont un accent écossais incompréhensible sinon !!). J'ai lu que le jeune acteur qui a fait les 3 segments est mort jeune et a eu une destinée moins souriante que celle de Bill Douglas.

Citation :

Les yeux ne mentent pas. Même s’il avait de beaux habits et les cheveux bien coiffés, le regard d’une infinie tristesse de Stephen Archibald, le jeune acteur non-professionnel qui interprète Jamie dans la Trilogie de Bill Douglas, nous dirait quand même que ce garçon en a déjà trop vu pour son âge et que les années devant lui ne seront sans doute pas faciles. Stephen Archibald avait 12 ans quand il a joué dans My Childhood (1972), 13 ans dans My Ain Folk (1973) et 19 ans (1978) dans My Way Home. En 1998, il n’avait pas 40 ans quand il est mort, son corps défait par la drogue, la malnutrition et la violence. En 2001, le Musée National d’Ecosse a nommé My Childhood meilleur film écossais de tous les temps et Stephen Archibald un des plus grands acteurs du pays…

C'est noté, Marko.. 
Mais.. je compte voir aujourd'hui The house de Sharunas Bartas , que j'avais découvert grâce à toi. En quelle année??
Jamais, je ne m'en sortirai

Marie a écrit:

C'est noté, Marko.. 
Mais.. je compte voir aujourd'hui The house de Sharunas Bartas , que j'avais découvert grâce à toi. En quelle année??
Jamais, je ne m'en sortirai

Un étrange et bel objet que ce film!! Bon visionnage   Je suis impatient d'avoir tes impressions.

Je partage complètement l'enthousiasme de Marko : je viens de découvrir la trilogie et en sors bouleversé. La mise en scène de Bill Douglas est magnifique et chaque plan de visage laisse une impression déchirante dans l'expression d'une force sensible. Le cinéma devient l'instrument pour transcender une souffrance et les plaies de l'enfance sont affrontées pour saisir au final la possibilité miraculeuse d'un lien, la réappropriation de son humanité et les promesses d'un avenir.
Douglas dévoile une colère qu'il est parvenu à surmonter pour s'affirmer artistiquement et l'interprétation de Stephen Archibald offre un miroir décisif dans un don de soi.

La récente édition DVD avec sous-titres français est remarquable, que ce soit à travers les suppléments et le livret accompagnant l'oeuvre. A découvrir absolument !

Avadoro a écrit:

La récente édition DVD avec sous-titres français est remarquable, que ce soit à travers les suppléments et le livret accompagnant l'oeuvre. A découvrir absolument !

  

L'histoire m'interpelle particulièrement. Je vais voir si je peux trouver ça rapidement...

Presqu'un inédit. Sortie en salles mercredi de Comerades, sorte de western social de 3h10 qui se passe en Australie et que Bill Douglas avait réalisé en 1987. La presse parle de chef d'œuvre. J'ai hâte.

bouh. on dirait que ça ne sort pas par chez moi.   

animal a écrit:

bouh. on dirait que ça ne sort pas par chez moi.   

De mon côté je ne sais pas encore...

P.S. Si je l'aurai cette semaine. A suivre...

Très heureux de cette ressortie annoncée de longue date par UFO Distribution.
On peut aussi espérer, comme pour la trilogie, la publication d'un DVD.

Avadoro a écrit:

Très heureux de cette ressortie annoncée de longue date par UFO Distribution.
On peut aussi espérer, comme pour la trilogie, la publication d'un DVD.

Le DVD/Bluray existe déjà avec les sous titres français.