Pierre Assouline

Lara a écrit:

Je ne ne mets pas l'élégance du hérisson au dessus de tout mais en tout cas au dessus de ce roman là d'Assouline.

Tout à fait d'accord.

Lara a écrit:

J'ai fini Les invités hier soir. Et.... C'est assez moyen en vérité.

c'est drôle que je viens en effet hier de parler avec une amie-lectrice.. et elle m'en disait à peu près la même chose.. elle en a lu d'autres livres de lui - mais celui-là est vraiment décevant qu'elle me disait..
en tout cas je ne vais pas me précipiter dessus

kenavo a écrit:

en tout cas je ne vais pas me précipiter dessus

Je parie qu'il va finir au fond de ta PAL (à raison)

anagramme a écrit:

Je parie qu'il va finir au fond de ta PAL (à raison)

mais non, mais non.. je peux être tout à fait raisonable de temps à temps.. et très honnêtement, ce livre ne me dit vraiment pas trop.. donc.. je pense que je vais pouvoir m'abstenir..
Bien que je dois aussi dire que j'ai bien aimé d'autres livres de lui.. et il me reste d'ailleurs encore Rosebud dans ma Pal

J'avais lu Le Portrait et c'est d'un ennui . Il y a aucun relief dans son écriture, c'est plat. Je ne suis pas prête de renouveler l'expérience.

C'est " La Cliente" qu'il vous faut lire.

Sigmaringen

J'avoue que je ne connaissais pas cet épisode bizarre de l'histoire des relations franco-allemandes, qui se déroula à la fin de l'été 1944 et qui voit le Maréchal Pétain, Pierre Laval et un bon nombre de collaborateurs français s'exiler être exilés à Sigmaringen, dans le château de l'immense famille des Hohenzollern, lequel deviendra pour un temps (six mois) territoire français. Le château compte 386 pièces, ce qui permet à la troupe des français de s'installer suivant une hiérarchie compliquée (le Maréchal refusant tout contact avec la clique de Laval, les 'passifs' et la clique de de Brionne, les 'actifs') et de mettre en place un système narratif peu convainquant (le château tentant de devenir un personnage à part entière et n'y réussissant qu'assez partiellement).

Pierre Assouline choisit d'endosser l'habit impeccable du majordome du Prince de Hohenzollern pour raconter cet épisode trouble, dans lequel Louis-Ferdinand Céline, alias le médecin Destouches, glisse sa silhouette de clochard au chat. Certes, Assouline connait parfaitement ce dont il parle, les sources citées à la fin du roman assure au lecteur la rigueur du travail proposé, son sérieux, son exhaustivité. Mais là où Assouline semble exceller en tant que journaliste, le romancier achoppe. Là où le journaliste multiplie les portraits d'hommes politiques, l'écrivain ne parvient pas à leur donner vie, ni vigueur. Quand l'idée de se placer du point de vue d'un serviteur, allemand qui plus est, paraissait une optique alléchante, le hiératisme du personnage, laisse l'intrigue, l'intrication des évènements et des personnalités, sur le bord du chemin. Le 'roman' se déroule alors sans heurts, dévoilant quelques anecdotes assez fades alors qu'on rêvait d'une vision (au moins d'un peu de rocambolesque si ce n'est d'aventure… pas l'ombre d'une sexualité d'ailleurs dans ce chaste roman).

En bref, j'aurais aimé que Pierre Assouline se déboutonne un peu, qu'il lâche ses fiches, tout comme le majordome Stein et puis qu'il assouplisse un peu sa langue, qu'il l'arrondisse, qu'il l'engraisse. Je ne sais pas si Pierre Assouline a choisi le ton sec, voire désertique de son expression, en imaginant la raideur, la rigueur allemande de son personnage mais si c'est le cas, je peux dire que c'est ce choix stylistique qui m'a le plus chagriné car vraiment quand on possède autant de connaissances sur un même sujet (et je souligne que sans doute Assouline est un excellent biographe), quel dommage de ne pas réussir à y insuffler de la vie…


Un essai décevant qui me donne envie, en revanche, d'aller voir du côté de ses biographies...

N.B. : après avoir lu les commentaires d'anagramme, Lara et Madame B., je me trouve finalement assez sympa...)

shanidar a écrit:

En bref, j'aurais aimé que Pierre Assouline se déboutonne un peu, qu'il lâche ses fiches, tout comme le majordome Stein et puis qu'il assouplisse un peu sa langue, qu'il l'arrondisse, qu'il l'engraisse. Je ne sais pas si Pierre Assouline a choisi le ton sec, voire désertique de son expression, en imaginant la raideur, la rigueur allemande de son personnage mais si c'est le cas, je peux dire que c'est ce choix stylistique qui m'a le plus chagriné car vraiment quand on possède autant de connaissances sur un même sujet (et je souligne que sans doute Assouline est un excellent biographe), quel dommage de ne pas réussir à y insuffler de la vie…

Malheureusement ça ne m'étonne pas. D'autres lectures de lui me font dire qu'il aime bien étaler ses connaissances, Assouline, et que son style n’est pas toujours à la hauteur.
Dommage, le thème m'aurait intéressée.

Merci beaucoup, Shanidar, pour cette analyse. A sa sortie, le titre et le sujet m'ont bien intrigué en regardant Assouline invité dans "La Grande Librairie". Mais quelqu'un (c'était Maline ?) m'a conseillé d'attendre. J'ai freiné.
Je ressens un peu le problème d'Assouline grâce à toi.

Je peux te l'envoyer si tu veux Ariane...

J'ajoute qu'en parallèle à la lecture de Proust et pour un peu mieux comprendre l'Affaire Dreyfus, j'ai commencé le livre de Michel Winock : Le siècle des intellectuels, et là, non seulement les connaissances profuses sont impressionnantes mais en plus la manière dont Winock raconte l'Histoire est aussi passionnante qu'un excellent roman...

J'ai vu le livre de Winock à la librairie dont la couverture est Sartre et Beauvoir, non ?
Le format poche est-il récemment sortie ?
Il est très apprécié comme historien n'est-ce pas ?
Je ne l'ai jamais lu. Je suis sûre que j'ai acheté un livre de lui.
Mais où a-t-il disparu ?

Merci pour ta proposition. Mais ce n'est pas la peine de m'envoyer le livre d'Assouline.

Ah mais oui, le format poche avec Sartre et Beauvoir vient tout juste d'être édité : janvier 2015 (Seuil). Apparemment il existe deux autres versions poches (collection Points Histoire, parues respectivement en 1999 et en 2006) avec en couverture (et c'est plus logique) Barrès-Gide-Sartre (la couverture originale).

Je ne connaissais pas Winock, mais je l'ai entendu dans une émission sur Clémenceau et Jaurès, dans laquelle non seulement il n'agressait pas ses interlocuteurs mais au contraire expliquait patiemment les changements de position de Clémenceau en fonction de son évolution personnelle mais aussi de son implication politique. C'était tout particulièrement intéressant (pour moi qui connait bien mal Clémenceau...).

C'est également passionnant de lire un auteur qui raconte la vie des idées, la vie des intellectuels, la manière dont chacun se positionne, se raconte, au fil du temps, des évènements, des rencontres, des amitiés et des brouilles (sans jamais tomber dans une cuisine sordide d'ailleurs), en prenant le temps de dérouler l'histoire, sans omettre les doutes, les reniements, les questionnements, les revirements et en amenant régulièrement une citation qui tombe à point nommé...

J'ouvrirais sans doute un fil sur cette lecture vraiment enrichissante et fraîche !

(et ok pour Assouline, je comprends...)

Merci beaucoup Shanidar pour cette explication bien détaillée.
Subitement j'ai envie de feuilleter le livre de Winock.
Et je suis désolée d'avoir utilisé le fil d'Assouline pour un autre sujet.

Dommage. Moi aussi le thème m'intéresse. Je suis complètement passée à côté du Château de Céline à cause de mon manque de connaissances de cette période. N'y a-t-il pas d'autres livres qui en traitent bien, documentairement parlant ?

C'est une question intéressante.

Pierre Assouline propose trois pages de références mais il s'agit essentiellement d'essais et pas de romans...

Maline aura peut-être des idées ??