Hubert Haddad

Ce livre me ralentit. Il nécessite une certaine lenteur pour le lire... sans cela, je passe à côté de tout son sens. J'ai l'impression que l'on peint une estampe devant mes yeux, ou plutôt que l'histoire que je lis, je la regarde en train d'être peinte sur l'éventail. Difficile à exprimer. Je n'ai jamais rien lu de semblable.

shéhérazade a écrit:

Ce livre me ralentit. Il nécessite une certaine lenteur pour le lire... sans cela, je passe à côté de tout son sens. J'ai l'impression que l'on peint une estampe devant mes yeux, ou plutôt que l'histoire que je lis, je la regarde en train d'être peinte sur l'éventail. Difficile à exprimer. Je n'ai jamais rien lu de semblable.

Eh bien je comprends tout à fait ce que tu dis...
Ce roman est tout le contraire de ce que l'on appelle un "tourne-page"...Aller vite te ferait perdre beaucoup de la subtilité de la langue, et beaucoup des images qu'il fait naître dans notre imagination (tu parles justement de tableaux, d'estampes).
Le lecteur n'est pas passif.
J'admire ce talent d'écrivain!

Oui c'est ça, il me faut relire plusieurs fois certaines phrases, ne pas les survoler pour visualiser, voir l'image, et sourire car les images sont très belles. En tout cas, là où j'en suis dans le livre...
C'est comme dans la vie quotidienne ou à la campagne par exemple, prendre le temps d'observer, de se laisser pénétrer par la nature, sinon on passe à côté de cette magie, de ce mouvement perpétuel en même temps que l'immuable..

shéhérazade a écrit:

Oui c'est ça, il me faut relire plusieurs fois certaines phrases, ne pas les survoler pour visualiser, voir l'image, et sourire car les images sont très belles. En tout cas, là où j'en suis dans le livre...
C'est comme dans la vie quotidienne ou à la campagne par exemple, prendre le temps d'observer, de se laisser pénétrer par la nature, sinon on passe à côté de cette magie, de ce mouvement perpétuel en même temps que l'immuable..

Ce que tu dis de la nature, je le ressens aussi...et je viens de l'entendre dans la bouche de Pierre Rhabi au cinéma:



Savoure la bien cette lecture!

coline a écrit:

shéhérazade a écrit:

Oui c'est ça, il me faut relire plusieurs fois certaines phrases, ne pas les survoler pour visualiser, voir l'image, et sourire car les images sont très belles. En tout cas, là où j'en suis dans le livre...
C'est comme dans la vie quotidienne ou à la campagne par exemple, prendre le temps d'observer, de se laisser pénétrer par la nature, sinon on passe à côté de cette magie, de ce mouvement perpétuel en même temps que l'immuable..

Ce que tu dis de la nature, je le ressens aussi...et je viens de l'entendre dans la bouche de Pierre Rhabi au cinéma:



Savoure la bien cette lecture!

Pierre RABHI!!!!

églantine a écrit:

coline a écrit:

shéhérazade a écrit:

Oui c'est ça, il me faut relire plusieurs fois certaines phrases, ne pas les survoler pour visualiser, voir l'image, et sourire car les images sont très belles. En tout cas, là où j'en suis dans le livre...
C'est comme dans la vie quotidienne ou à la campagne par exemple, prendre le temps d'observer, de se laisser pénétrer par la nature, sinon on passe à côté de cette magie, de ce mouvement perpétuel en même temps que l'immuable..

Ce que tu dis de la nature, je le ressens aussi...et je viens de l'entendre dans la bouche de Pierre Rhabi au cinéma:



Savoure la bien cette lecture!

Pierre RABHI!!!!

Petite parenthèse sur le fil Haddad, mais pour te répondre Eglantine, je me suis dit hier que j'allais lire Pierre Rhabi car des passages de ses textes étaient lus dans le film et, en plus de la sagesse , de l'humanité et de l'intelligence de son propos, il écrit remarquablement bien!

Ai commandé le Nouveau magasin d'écriture et le Nouveau nouveau magasin d'écriture.

Citation :

Dans un herbier de son enfance, grand cahier d’écolière tout en accordéon à force de collages, elle avait conservé une poupée d’herbes que son grand-père, couché sur son lit de mort, lui avait fabriquée de ses doigts de cire pour la consoler d’avoir à disparaître. “Apporte-moi donc une corbeille d’herbes hautes”, lui avait-il demandé. C’était après les guerres, dans une autre vie. Elle ne se souvenait vraiment que de sa cueillette à travers une immense prairie noyée de soleil et des mains noueuses du mourant dans l’ombre de la chambre aux stores abaissés. Sa mémoire n’était pas plus étoffée qu’un de ces jeux des fleurs en quarante-huit lames énonçant les saisons mortes, mais il lui restait l’herbier et les poupées. Le peintre d'éventail

Comme promis, me voilà avec quelques haïkus de son livre Les Haïkus du peintre d'éventail

Merci, il semble que ce ne soient pas les mêmes que dans le peintre d'éventail si ?

shéhérazade a écrit:

Merci, il semble que ce ne soient pas les mêmes que dans le peintre d'éventail si ?

Apparemment ce sont d'autres... et c'est surtout tout un recueil de haikus alors que Le peintre d'éventail n'est que, de temps à autres, parsemé de haïkus.

Merci Kena!

C'est très chouette en effet, merci du partage avec ma préférence celui sur la rose vieille

shéhérazade a écrit:

Merci, il semble que ce ne soient pas les mêmes que dans le peintre d'éventail si ?

non, non, pas les mêmes, et comme le dit Coline, un livre qu'avec des haïkus, je recommande alors seulement à ceux qui aiment cette forme de poèsie

Le peintre d'éventail

Ce livre est probablement l’un des plus merveilleux contes que j’ai lu ! J’ai été envoûtée oui envoûtée par ce livre lent, merveilleusement rythmé par la nature, d’une puissance inégalable, saisie par la beauté de cette estampe qui se dessinait devant moi, lentement au fil des pages, d’une humble sagesse, d’une poésie inouïe. Je m’en suis délectée, ai savouré chaque mot, qui sont choisis avec une justesse incroyable. Je n’ai jamais ressenti ça auparavant. Cette force tranquille, ces magnifiques descriptions métaphoriques et oniriques, je me suis laissée transportée dans ce lieu, ralentie, avec humilité et avec un sens aiguisé de l’observation.

Au début du roman, je suis allée vérifier la biographie de l'auteur, Haddad, ça ne sonne pas japonais ! oui c'est bien ça, un écrivain d'origine tunisienne, écrivain de langue française. Incroyable.

Je n'ose pas mettre tous les extraits relevés, j'aurais pu relever l'ensemble du livre. J'en mets tout de même quelques uns. Je ne me lasse pas de cette subtilité. Je ne suis pas sûre que cela ressorte vraiment des extraits car la poésie de ce livre tient au fait que tout y est écrit avec la même subtile et profonde justesse. Du coup, je ne suis pas sûre que ces quelques phrases, isolées, fassent ressortir tout leur sens et toute leur poésie.

"Jardiner, c’est renaître avec chaque fleur..."

"A côté de ces trésors, la vie n’avait pas plus d’importance qu’une chute de feuilles d’érable dans la lumière du soir."

"Intensément absorbé dans la contemplation de ce miracle d’impérissable fraîcheur, il souriait à l’immensité."

"Ils s’envolèrent avec un sifflement de sabre. D’autres volatiles s’élevèrent des massifs dans un même mouvement d’alerte, tandis qu’au zénith, par centaines, goélands et mouettes planaient sans discontinuer, fleuve d’ailes en lente perdition."

"Le visage flétri de la vieille l’émut comme le fond remué d’un rêve d’enfance."

"Les grives musiciennes et le merles à plastron s’étaient accaparés l’espace sonore. Bruants, rouges-gorges, fauvettes, mésanges, tout bruissa bientôt mélodieusement dans la lumière du matin. Sans retard, corbeaux et goélands y mêlèrent leur discordance."

"Ecoute le vent qui souffle. on peut passer sa vie à l’entendre en ignorant tout des mouvements de l’air."

shéhérazade a écrit:

Le peintre d'éventail

Je n'ose pas mettre tous les extraits relevés, j'aurais pu relever l'ensemble du livre. J'en mets tout de même quelques uns. Je ne me lasse pas de cette subtilité. Je ne suis pas sûre que cela ressorte vraiment des extraits car la poésie de ce livre tient au fait que tout y est écrit avec la même subtile et profonde justesse. Du coup, je ne suis pas sûre que ces quelques phrases, isolées, fassent ressortir tout leur sens et toute leur poésie.

Oh que si!...
Cela fait plaisir de déceler tant de bonheur de lecture dans un commentaire!