La première Guerre mondiale en livres et en images

La Première Guerre Mondiale débuta en 1914, il y a bientôt cent ans... que reste-t-il dans nos mémoires, nos bibliothèques ou nos vidéothèques de cette guerre-là ?

Première guerre à engager le monde entier, elle fut l'une des plus exterminatrices et transforma radicalement le visage du monde.

Nombreux sont les écrivains, les cinéastes, les historiens et les journalistes qui parlèrent de ce cataclysme, qui le révélèrent dans son horreur et son inhumanité.

Nombreuses sont les lectures ou les films qui ont été commentés par des Parfumés et qui concernent cette période de notre humanité (inhumanité ?).

En voici quelques exemples. Comme le disait Maline nous ne chercherons pas ici l'exhaustivité et le catalogage, mais bien des commentaires, des impressions, peut-être même des souvenirs qui ont trait à cette Première guerre mondiale.

Petit recensement littéraire :

Vous trouverez des commentaires sur l'œuvre de

- H. Barbusse en cliquant : ici (Le feu)
- E.M. Remarque en cliquant : ici (A l'ouest rien de nouveau)
- E. Jünger en cliquant : ici (Orages d'acier)
- J. Giono en cliquant : ici (Le grand troupeau)
- E. Hemingway en cliquant :ici  (L'Adieu aux armes)
- L.F. Céline en cliquant : ici (Voyage au bout de la nuit)
- M. Proust en cliquant : ici (Le temps retrouvé) 
- T.E. Lawrence en cliquant : ici (La matrice)
- J. Rouaud en cliquant : ici (Champs d'honneur) 
- S. Japrisot en cliquant : ici (Un long dimanche de fiançailles)
- M. Dugain en cliquant : ici (La chambre des officiers)
- G. Apollinaire en cliquant : ici (Calligrammes, Alcools)

(je reviens après le déjeuner pour les films !) et n'hésitez pas dès à présent à compléter cette liste.

La matrice de Lawrence ne traite pas de la première guerre mondiale mais de son instruction militaire dans la RAF en 1922 ...
par contre, les sept piliers de la sagesse en parlent mais œuvre non commentée jusqu'à présent.

Merci, shanidar, d'avoir ouvert ce fil. Comme je ne dispose pas vraiment du temps pour m'en occuper du sujet, voici quelques auteurs qui me viennent spontanément à l'esprit, mais je n'ai pas vérifié si les Parfumés ont parlé du titre en question :

- Guillaume Apollinaire et ses poèmes comme dans Calligrammes : ici
- Blaise Cendrars "La main coupée " : ici
- W. Somerset Maugham " Mr Ashenden, agent secret " : ici
- Ernst Wiechert " La grande permission " : ici

Et puis j'ai pensé à La Peur de Gabriel Chevallier, mais se peut-il que Gabriel Chevalier n'ait pas de fil ? Et Pourtant il me semble qu'on a parlé de Clochemerle (roman qui n'a évidemment rien à voir avec la 1ère Guerre Mondiale).

Si un Parfumé a envie de lire un roman anglais sur des faits peu connus de la guerre, i.e. le travail des sapeurs, (et d'ouvrir un fil pour un auteur anglais en même temps), je propose Birdsong de Sebastian Faulks (" Les Chemins de feu ").

Merci pour vos précisions et désolée pour Lawrence, j'avais eu l'impression que son engagement pouvait être encore considéré comme concernant la guerre 14-18 qui n'a fini qu'en 1923 pour certains pays en attente de traités !

@ Maline : en effet Chevallier n'a pas de fil sur parfum mais je compte lire La peur très prochainement... et La main coupée de Cendrars n'a pas été non plus commenté. Je ne les ai donc pas indiqué, dans l'attente que les lectures se fassent et les fils s'étoffent.

A noter qu'il manque également Ceux de 14 de Maurice Genevoix et Les croix de bois de Dorgelès, qui semblent des incontournables.

Un fil à suivre donc...

Il y a également "Ceux de Verdun " dans la collection Etonnants.Classiques aux éditions Flammarion, plutôt destiné à un public scolaire mais bien fait, avec des écrits condensés de Cendrars, Dorgelès (Les croix de bois), Céline, Remarque, Genevoix, Jules Romains.
Des précisions également chronologiques, des repères culturels (la guerre dans les chansons par ex), plein de choses intéressantes, pas mal de chiffres aussi.

Dans ma LAL, j'ai aussi Capitaine Conan de Roger Vercel ... Œuvre connue pour son adaptation à l'écran faite par Tavernier.

Il y a aussi celui-ci :

Shanidar a écrit:

La Première Guerre Mondiale débuta en 1914, il y a bientôt cent ans... que reste-t-il dans nos mémoires

Ceux de ma génération auront tous ( ou presque) un grand-père, ou peut-être même deux (?) mort dans les  tranchées. Et par conséquent un parent élevé tout petit sans père, par une très jeune veuve de guerre.
Ça marque!
Merci pour cette liste d´ouvrages que vous proposez  concernant la guerre de 14/18.

swallow a écrit:

Shanidar a écrit:

La Première Guerre Mondiale débuta en 1914, il y a bientôt cent ans... que reste-t-il dans nos mémoires

Ceux de ma génération auront tous ( ou presque) un grand-père, ou peut-être même deux (?) mort dans les  tranchées. Et par conséquent un parent élevé tout petit sans père, par une très jeune veuve de guerre.
Ça marque!

Oui et on n'a pas l'impression que c'est si loin que ça.

pour ceux qui voudraient aborder ce sujet via BD, j'ai trouvé ce lien


de ceux que j'ai lu, je voudrais quand même dire que Chroniques Outremer de Bruno Le Floc'h, De Briques & de Sang de Régis Hautière, Egon Schiele de Xavier Coste et Mauvais Genre de Chloé Cruchaudet (tous commentés sur le forum) ne font que frôler le sujet.

Puisque nous parlons littérature et bédés, je rapatrie ici les quelques mots échangés à propos des lectures de Barbusse (Le feu) et Remarque (A l'ouest rien de nouveau) ; que je complèterais après ma lecture de ce dernier :

darkanny a écrit:

J'avais lu A l'Ouest rien de nouveau un peu avant Le feu
Ma lecture de henri Barbusse a un peu gommé celle de Remarque, c'est dommage car il est très intéressant aussi, ne serait-ce que par ce qu'il vient d'un point de vue allemand
Mais si vous les lisez les deux, la construction n'est guère différente, on a les différents épisodes des tranchées, (cantonnement, permission, assaut, bombardement, infirmerie, hopital .....) mais c'est le ton qui diffère, un style également beaucoup plus littéraire chez Barbusse.
Et dans Le feu, il s'agit de mettre avant tout l'histoire d'une escouade en privilégiant les dialogues, la gouaille.

Chez Remarque, il me semble que le tout est plus intimiste, plus dépouillé en même temps.

Mais ils valent le coup d'être lus tous les deux en laissant peut-être un bon intervalle entre les deux lectures.

shanidar a écrit:

Je rejoins complètement darkanny.

Là où Barbusse fait un travail d'entomologiste, effaçant délibérément sa personnalité, Remarque s'exprime avec un 'je' et un regard personnel. Là où Barbusse crée un certain lyrisme poétique et argotique, Remarque s'exprime avec ses mots à lui. Là où Barbusse retranscrit les propos sans chercher à y mettre son grain de sel ou son intelligence, Remarque use d'introspection, de questionnement et de recherche personnelle. Là où Barbusse a 40 ans au milieu des combats et se sait totalement pacifiste, Remarque en a 19 et se retrouve largué là pour suivre le patriotisme de ses profs, de ses parents, des bourgeois allemands.

Les différences de position et celles de style rendent les deux lectures intéressantes et même si elles reprennent les mêmes moments les différents points de vue offrent un intéressant kaléidoscope, avec tout de même l'unique morale de l'inutilité des guerres...

Un peu d'images ?

N'hésitez pas à aller consulter le fil sur Otto Dix qui est très intéressant : ici

ou à parcourir l'expo vue par des parfumés, une expo intitulée 1917 et qui a eu lieu au Centre Pompidou de Metz : ici

Laurent Gaudé, Cris: ici

Eric Vuillard, La bataille d'Occident : ici

Quatrième de couverture :

Citation :

Ils avaient dix-sept ou vingt-cinq ans. Se prénommaient Gaston, Louis, René. Ils étaient palefreniers, boulangers, colporteurs, bourgeois ou ouvriers. Ils devinrent soudainement artilleurs, fantassins, brancardiers... Voyageurs sans bagage, ils durent quitter leurs femmes et leurs enfants et revêtir l'uniforme mal coupé, chausser les godillots cloutés... Sur huit millions de mobilisés entre 1914 et 1918, plus de deux millions de jeunes hommes ne revirent jamais le clocher de leur village natal. Plus de quatre millions subirent de graves blessures ... Huit mille personnes ont répondu à l'appel de Radio France visant à collecter les lettres, jusqu'ici éparpillées, de ces Poilus. Cet ouvrage en présente une centaine. Des mots écrits dans la boue et qui n'ont pas vieilli d'un jour. Des mots déchirants, qui devraient inciter les générations futures au devoir de mémoire, au devoir de vigilance comme au devoir d'humanité.

Citation :

Gervais Morillon était un jeune homme calme, tendre et gai,  comme son frère Georges. Les deux frères engagés sur le front étaient les enfants d'un contremaître poitevin qui travaillait dans une pépinière à Breuil-Mingot, tout près de Poitiers qui s'appelait alors Poitiers-la -Romane. Comme leur père, et comme tous les hommes de leur village, les deux frères avaient déjà commencé à travailler dans cette même pépinière avant la guerre.
Georges survécut, mais Gervais fut tué à vingt et un ans en mai 1915.

Citation :

Tranchées-Palace, le 14 décembre 1914


Chers parents,

Il se passe des faits à la guerre que vous ne croiriez pas; moi-même, je ne l'aurais pas cru si je ne l'avais pas vu; la guerre semble autre chose, eh bien, elle est sabotée. Avant-hier -et cela a duré deux jours dans les tranchées que le 90 e ocuppe en ce moment - Français et Allemands se sont serré la main; incroyable, je vous dis ! Pas moi, j'en aurais eu le regret.
Voilà comment c'est arrivé : le 12 au matin, les Boches arborent un drapeau blanc et gueulent : "Kamarades, Kamarades rendez-vous."
Ils nous demandent de nous rendre "pour la frime". Nous, de notre côté, on leur en dit autant; personne n'accepte.
Ils sortent alors de leurs tranchées, sans armes, rien du tout, officier en tête; nous en faisons autant et cela a été une visite d'une tranchée à l'autre, échange de cigares, cigarettes, et à cent mètres d'autres se tiraient dessus; je vous assure, si nous ne sommes pas propres, eux sont rudement sales, dégoûtants ils sont, et je crois qu'ils en ont marre eux aussi.
Mais depuis, cela a changé; on ne communique plus; je vous relate ce petit fait, mais n'en dites rien à personne, nous ne devons même pas en parler à d'autres soldats.
Je vous embrasse bien fort tous les trois.

Votre fils, Gervais.

J'ai Le voyageur sans bagage de Jean Anouilh dans ma PAL, je pense qu'il entre également dans le thème ?


Résumé :
À la fin de la Première Guerre mondiale, Gaston est retrouvé amnésique. Il est recueilli par le directeur d'un asile qui l'emploie comme jardinier. Il est cependant réclamé par plusieurs familles, dont la famille Renaud, à laquelle il est confronté. D'un caractère gentil, Gaston découvre avec horreur l'identité qu'on lui attribue : personnage violent et sans scrupule. Il ne se reconnaît pas dans ce portrait de l'enfant et l'adolescent qu'il aurait été. Lorsqu'il repère la cicatrice d'une blessure infligée par l'aiguille à chapeau de son ancienne maîtresse Valentine la femme de son frère présumé, il n'a plus aucun doute sur sa famille d'origine. Mais il la rejette et choisit de se déclarer membre d'une des autres familles revendiquant un membre disparu de la famille Madensale.

« Je ne suis pas Jacques Renaud ; je ne reconnais rien ici de ce qui a été à lui. Un moment, oui, en vous écoutant parler, je me suis confondu avec lui. Je vous demande pardon. Mais, voyez-vous pour un homme sans mémoire, un passé tout entier, c'est trop lourd à endosser en une seule fois. Si vous voulez me faire plaisir, pas seulement me faire plaisir, me faire du bien, vous me permettriez de retourner à l'asile. Je plantais des salades, je cirais les parquets. Les jours passaient... Mais même au bout de dix-huit ans - une autre moitié exactement de ma vie - ils n'étaient pas parvenus, en s'ajoutant les uns aux autres, à faire cette chose dévorante que vous appelez un passé. »