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| LC Barbara Pym : La douce colombe est morte | |
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+3darkanny églantine Arabella 7 participants | |
Auteur | Message |
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Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: LC Barbara Pym : La douce colombe est morte Lun 16 Juin 2014 - 19:19 | |
| Je crois que Léonora est incapable d'une relation vraiment intime avec qui que ce soit. Pas seulement incapable d'une vie de couple classique, que l'on peut refuser, mais aussi d'une véritable amitié ou proximité avec quelqu'un. En jugeant les gens, elle les met à distance. C'est une incapacité, et au final cela devient une souffrance, parce que soit cela reste à la surface, soit les gens finissent pas s'éloigner. Et elle a besoin du regard de l'autre. Le livre n'explique pas d'où cela provient, éducation, relations avec les parents...Il y a juste le constat. Ces relations codées socialement, avec des phrases et modalités d'échanges stéréotypées, qui enferment chacun dans sa propre bulle, qui préservent de toute émotion réellement forte, elle finit par en souffrir, sans pouvoir changer de comportement. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: LC Barbara Pym : La douce colombe est morte Lun 16 Juin 2014 - 21:26 | |
| C'est amusant de constater à quel point notre vision d'un personnage diffère suivant notre propre vécu. Je suis personnellement assez sévère avec Leonora. C'est un personnage de prime abord assez sympathique, une beauté vieillissante adepte de l'amour courtois et de l'époque victorienne, une petite chose fragile qui aime que les hommes soient à ses pieds, admirateurs fervents mais toujours respectueux. Son refus de l'engagement, de la vie de couple, révèlent des failles qui peuvent nous la rendre sympathique. Mais très vite, d'autres traits de caractère bien moins plaisants apparaissent : Leonora n'accorde son amitié qu'à des femmes qui lui sont inférieures par la beauté évidemment, mais aussi par le caractère. Plutôt que d'amitié, on devrait d'ailleurs parler de condescendance, car ces femmes, qui au fond l'agacent, sont surtout pour elle l'occasion de se sentir infiniment supérieure. Et puis, c'est une femme profondément égoïste, qui a une très haute opinion d'elle-même (elle estime par exemple qu'il serait indigne pour elle de travailler) et qui écarte de son chemin tout ce qui n'est pas parfait. C'est étonnant d'ailleurs, ce culte de la perfection : toute sa vie durant, elle a mis un terme à ses ébauches d'histoire d'amour dès lors qu'un grain de sable en annihilait la perfection ; de même, elle ne supporte pas qu'un objet comporte le moindre petit défaut etc.… Elle-même s'applique évidemment à être parfaite en tous points. Le seul défaut que lui trouve d'ailleurs l'un de ses admirateurs transis est qu'elle préfère Puccini à Mozart, Puccini étant tout de même "un rien médiocre"… Comme le dit justement Arabella, cette femme vit à travers le regard des autres, et est incapable de sortir du carcan de conventions et d'idées préconçues dans lequel elle s'est enfermée. De plus, pour que tout soit comme elle soit comme elle souhaite, Léonora ne recule devant rien. En plus être égoïste, elle peut aussi être féroce. C'est ainsi que les vieux sont écartés sans états d'âme, la voisine faisant tache dans le tableau idyllique prévu étant éliminée sans états d'âme. « Vraiment, ça fait plutôt peur de penser à elle à haut – c'est pourquoi il faudra simplement s'en débarrasser quand le bail arrivera à expiration. » James eut un léger murmure de protestation. Un jour Léonora serait vieille elle aussi. Mais de toute évidence, ce ne serait pas la même chose. « Il faut être dur avec les vieilles personnes », poursuivit Léonora, « c'est la seule solution – sinon elles abusent. »J'ai quand même l'impression que cette femme est incapable de toute pensée profonde, les quelques remords suscités par son attitude envers sa voisine s'effaçant après deux tours de jardin. Elle reste en permanence dans la superficialité, incapable comme vous l'avez souligné de s'engager vraiment, d'approfondir vraiment. Ce qui semble s'appliquer autant à ses actes qu'à ses pensées. Elle n'est d'ailleurs pas la seule à vivre dans ce monde de bonnes manières et de superficialité, au fond assez pathétique. L'auteur nous décrit avec un humour féroce de la scène qui se déroule après qu'Humphrey ait découvert un vol dans son magasin d'antiquités. Les voleurs ayant de toute évidence du goût (ils ont choisi des pièces petites, mais de valeur) ce qui le préoccupe de prime abord est de savoir si ces voleurs avaient ou non les mains rugueuses, et s'ils portaient des gants… Contrairement à toi Marco, je ne la trouve pas lucide : sinon comment expliquer qu'elle veuille ainsi mettre en cage un jeune homme, qui devrait se contenter de l'aimer de loin, en se permettant certes quelques inévitable passades (on pense vraiment alors aux comtesses hygiéniques de François-Joseph…) mais en ayant au fond d'amour véritable que pour elle ? Compte tenu de la différence d'âge, de l'amour physique refusé, comment imaginer la chose possible ? L'acharnement qu'elle met à la réalisation de ce projet improbable me semble bien loin de toute lucidité ! Ce qui me frappe également dans ce livre, c'est que les personnages ne sont pas du tout de leur époque : certes, Leonora vit volontairement dans l'illusion de l'époque victorienne, mais les autres proyagonistes semblent tout aussi surannés. L'idée qu'il soit vulgaire pour une femme de se rendre à une vente aux enchères semble quand même anachronique, tout comme le fait de détourner les yeux d'un mât totémique parce qu'il vous évoque un horrible symbole phallique… Les manières d'Humphrey et de tous les admirateurs que se choisit Leonora sont tout aussi surannées que les siennes. Accordons cela à leur milieu social, à leur âge, éventuellement. Mais comment expliquer que James soit tout aussi désuet, à tel point que la pauvre Phoebe fait figure d'extraterrestre à ses côtés ? Tout au long du livre j'ai eu la sensation de lire un roman de l'époque de Jane Austen, à tel point que les mots de frigo, boîte de conserves, jeans, me sautaient aux yeux comme autant d'anachronismes. Bien entendu, ce qui est délicieux dans ce roman, c'est la dérision permanente de Barbara Pym. Elle a le don de saisir le détail précis qui vous mettra le sourire aux lèvres. Il regarda la bouteille transformée en lampe comme si elle se passait de tout commentaire. « Tu pourrais facilement te procurer quelques objets – il y a beaucoup de ventes par ici », dit-il. « Je me retrouverai sans doute avec une boîte d'oiseaux empaillés. » « Et ce ne serait pas si mal », répliqua-t-il, quelque peu sur la défensive. « Les objets victoriens sont encore très désirables » il y eut un silence après cette déclaration plutôt guindée. Sentant peut-être qu'il ne la trouvait pas même aussi désirable qu'une boîte d'oiseaux empaillés, en dernier recours Phoebe lui proposa de boire un thé ou autre chose, mais il refusa.L'auteur distille également quelques petites phrases désabusées, qui semblent en dire beaucoup sur elle, quand on connaît un peu sa vie qui inspira notoirement ses romans : « Ça ne vous gêne pas de vivre seule, alors ? » « Non – sinon je ne le ferais pas. » James vit qu'il devait en être ainsi. Il n'y avait rien de pathétique en Léonora, et il était encore trop jeune pour savoir qu'une femme qui vit seule est toujours digne de pitié.Il y aurait encore beaucoup à dire, bien des points que vous avez soulevés avec beaucoup de justesse et qui mériteraient réponse, mais je crois avoir déjà été bien assez longue comme cela. (pour changer) |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: LC Barbara Pym : La douce colombe est morte Lun 16 Juin 2014 - 22:46 | |
| Vous êtes dures les femmes entre vous ! De mon côté je ne peux jamais condamner quelqu'un complètement. Je vois chez elle de la fragilité aussi et une sorte de fuite en avant un peu suicidaire derrière le narcissisme. Elle sait très bien qu'elle va dans le mur mais elle veut ressentir encore quelques vibrations. C'est assez proche du Chéri de Colette je trouve. Elle sent que le temps passe et elle voudrait croire que ce soit encore possible de fantasmer quelque chose de fort avec ce jeune homme. Au fond d'elle-même elle sait très bien qu'elle souffrira. C'est en ça que je la crois lucide et qu'elle sait ce qui l'attend. La prison qu'elle tente de fabriquer ne le retient évidemment pas du tout. Son cynisme va surtout à l'encontre de tous ceux qui lui tendent un miroir qu'elle ne voudrait plus regarder. Ceux qui sont aussi vieillissants et fragilises qu'elle. Ned en revanche est la menace absolue. Il incarne un peu une sorte d'ange diabolique. Le miroir de sa propre impuissance finalement à travers l'assurance absolue de ce garçon. C'est d'ailleurs lui qui récite ce poème qui résonne comme une prophétie et la condamne.
Elle m'a émue derrière son cynisme. C'est très mélancolique sous le masque de la séduction et de l'égoïsme. Une femme très seule qui va peut-être devoir se résigner à accepter le bouquet de fleurs de Humphrey. Comment interpréter cette dernière phrase?
Et enfin je suis persuadé qu'elle savait au fond d'elle-même que James était bisexuel. Elle se moque de son amie qui ne fréquente que des homosexuels d'autant plus qu'elle sent qu'elle est en train de faire la même chose. C'est d'elle dont elle se moque et qu'elle méprise à travers les autres. En tout cas c'est comme ça que je l'ai ressenti. | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: LC Barbara Pym : La douce colombe est morte Lun 16 Juin 2014 - 23:06 | |
| - Marko a écrit:
Elle m'a émue derrière son cynisme. C'est très mélancolique sous le masque de la séduction et de l'égoïsme. Une femme très seule qui va peut-être devoir se résigner à accepter le bouquet de fleurs de Humphrey. Comment interpréter cette dernière phrase?
Et enfin je suis persuadé qu'elle savait au fond d'elle-même que James était bisexuel. Elle se moque de son amie qui ne fréquente que des homosexuels d'autant plus qu'elle sent qu'elle est en train de faire la même chose. C'est d'elle dont elle se moque et qu'elle méprise à travers les autres. En tout cas c'est comme ça que je l'ai ressenti. De toute façon , que lui importe que James soit bisexuel ? Elle n'a jamais cherché à établir une relation physique avec quelque homme que ce soit , empétrée dans une cérébralité qui la coupe de la relation ......et ce narcissisme est pour elle une prison qu'elle a choisi pour fuir la déception, une protection , un rempart ..... Mais comme la vie est mouvement , il arrive un moment où cette armure ne suffit plus .....l'âge mûr avançant .....c'est pathétique ... Je suis d'accord avec Arabella pour dire qu'elle est dans l'incapacité à entrer en re-lation : elle s'est construite ainsi ....L'amour lui est inaccessible avec tous ses systèmes de défenses : contrôle de soi , des autres , tout passant par l'intellect l'affectif est anéanti ..... | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: LC Barbara Pym : La douce colombe est morte Lun 16 Juin 2014 - 23:19 | |
| - Marko a écrit:
Elle m'a émue derrière son cynisme. C'est très mélancolique sous le masque de la séduction et de l'égoïsme. Une femme très seule qui va peut-être devoir se résigner à accepter le bouquet de fleurs de Humphrey. Comment interpréter cette dernière phrase?
Et enfin je suis persuadé qu'elle savait au fond d'elle-même que James était bisexuel. Elle se moque de son amie qui ne fréquente que des homosexuels d'autant plus qu'elle sent qu'elle est en train de faire la même chose. C'est d'elle dont elle se moque et qu'elle méprise à travers les autres. En tout cas c'est comme ça que je l'ai ressenti. - églantine a écrit:
- Marko a écrit:
Elle m'a émue derrière son cynisme. C'est très mélancolique sous le masque de la séduction et de l'égoïsme. Une femme très seule qui va peut-être devoir se résigner à accepter le bouquet de fleurs de Humphrey. Comment interpréter cette dernière phrase? De toute façon , que lui importe que James soit bisexuel ? Elle n'a jamais cherché à établir une relation physique avec quelque homme que ce soit , empétrée dans une cérébralité qui la coupe de la relation ......et ce narcissisme est pour elle une prison qu'elle a choisi pour fuir la déception, une protection , un rempart ..... Mais comme la vie est mouvement , il arrive un moment où cette armure ne suffit plus .....l'âge mûr avançant .....c'est pathétique ... Je suis d'accord avec Arabella pour dire qu'elle est dans l'incapacité à entrer en re-lation : elle s'est construite ainsi ....L'amour lui est inaccessible avec tous ses systèmes de défenses : contrôle de soi , des autres , tout passant par l'intellect l'affectif est anéanti ..... Je suis d'accord avec tous les deux en fait. Le contrôle de soi, l'apparence et l'attitude parfaite, le dénigrement des autres, tout cela est un rempart, parce qu'elle en a besoin et qu'il y a une fragilité derrière. Elle s'est construite une magnifique coquille pour se protéger. Alors au moment où la coquille craque, elle se retrouve avec ce qui lui fait peur et qu'elle n'a jamais affronté. Je suis d'accord pour la mélancolie. Sa dureté avec les autres femmes et en particulier avec Miss Foxe est aussi une fuite, le refus d'une image qui lui fait peur. Et j'adore la façon dont Barbara Pym rend finalement la cruauté dont elle fait preuve vis à vis de sa vieille locaitaire vaine : alors qu'elle lui signifie son congé, la vieille dame est heureuse parce qu'elle a trouvé "une solution de remplacement" qui lui convient. Et la scène qui aurait pu être dure, en devient presque comique, avec le déménagement, et notre Léonora est à deux doigts d'être ridicule. Je pense qu'elle a perçu d'emblée la possible homosexualité de James et que cette dernière est une des raisons qu'elle l'ait choisi, parce cela plus la différence d'âge exclu la sexualité entre eux. Et cette dernière lui fait peur. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Lun 16 Juin 2014 - 23:21 | |
| Oui ça me va aussi comme perception d'un personnage qui reste néanmoins fictionnel. Que Barbara Pym nous mène à ces analyses montre en tout cas la richesse de son regard derrière la légèreté apparente. J'ai bien envie de continuer avec Quatuor d'automne. D'autres suggestions Arabella? | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: LC Barbara Pym : La douce colombe est morte Lun 16 Juin 2014 - 23:27 | |
| Ils sont pratiquement tous recommandables, enfin je les ai presque tous beaucoup aimé. Moins Adam et Cassandra, qui est son premier paru et qui n'est pas encore au même niveau d'intensité. Peut être dans une thématique voisine de La douce colombe est morte mais dans une subtile variation et inversion des analyses, il y a Une demoiselle comme il faut. Cela peut être très intéressant de comparer les deux. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: LC Barbara Pym : La douce colombe est morte Lun 16 Juin 2014 - 23:30 | |
| Tout à fait d'accord avec vous sur les failles, la coquille, la protection. Mais si au départ, comme je l'ai dit, je la trouvais assez sympathique avec ses failles, mon jugement a changé devant sa cruauté. J'ai beaucoup de mal avec les gens qui ne choisissent des amis que parce qu'ils les mettent en valeur, mais qui dans le fond les méprisent. Peut-être parce que cela m'évoque des choses très concrètes... Beaucoup de mal aussi avec cette cruauté insouciante envers une vieille dame sans défense. Je vois bien sûr tout ce qu'elle a de pathétique, tout ce que ce refus d'engagement trahit de blessures, mais ses mauvais côtés, pour moi, sont rédhibitoires. Je n'arrive pas à la plaindre. Et d'accord avec Arabella, la scène du déménagement est d'un grand comique, j'ai beaucoup souri devant la déconfiture de Léonora, qui d'acharnait à trouver quelque chose de ridicule en Miss Foxe lors de cet évènement pour ne surtout pas voir ce que sa propre attitude avait de pathétique. La scène du baiser d'Humphrey restera également pour moi un grand moment !
Dernière édition par Armor-Argoat le Mar 17 Juin 2014 - 0:16, édité 2 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: LC Barbara Pym : La douce colombe est morte Lun 16 Juin 2014 - 23:31 | |
| - Arabella a écrit:
Peut être dans une thématique voisine de La douce colombe est morte mais dans une subtile variation et inversion des analyses, il y a Une demoiselle comme il faut. Cela peut être très intéressant de comparer les deux. C'est le premier que j'ai lu, et j'ai bien envie de le reprendre assez vite, en effet, car j'ai hélas beaucoup oublié son contenu. Quatuor d'automne me tente également. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: LC Barbara Pym : La douce colombe est morte Lun 16 Juin 2014 - 23:40 | |
| En fait, celui qui a plutôt ma sympathie, là-dedans, c'est Humphrey. Qui tente sa chance, qui espère. Qui ne se départit jamais de sa bonne éducation malgré les rebuffades. Qui est toujours là quand Léonora est désespérée. Et qui, pourtant, sait bien qu'il n'est qu'un pis-aller… Je l'ai trouvé assez touchant.
"Quel délicieux après-midi" dit-elle, se rappelant qu'elle était l'obligée d'Humphrey. Après tout, James dînait avec elle se soir ; elle pouvait se permettre d'être généreuse.
Deux phrases, mais qui en disent tellement sur les relations de ces trois-là...
Dernière édition par Armor-Argoat le Lun 16 Juin 2014 - 23:45, édité 1 fois |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: LC Barbara Pym : La douce colombe est morte Lun 16 Juin 2014 - 23:44 | |
| - Armor-Argoat a écrit:
- En fait, celui qui a plutôt ma sympathie, là-dedans, c'est Humphrey. Qui tente sa chance, qui espère. Qui ne se départit jamais de sa bonne éducation malgré les rebuffades. Qui est toujours là quand Léonora est désespérée.
Et qui, pourtant, sait bien qu'il n'est qu'un pis-aller… Je l'ai trouvé assez touchant. Il est comme ces personnages de Jane Austen qui sont des "seconds choix" moins séduisants en surface mais plus fiables a priori. A moins que ce ne soit une autre forme d'illusion ! | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: LC Barbara Pym : La douce colombe est morte Lun 16 Juin 2014 - 23:45 | |
| - Arabella a écrit:
- Ils sont pratiquement tous recommandables, enfin je les ai presque tous beaucoup aimé. Moins Adam et Cassandra, qui est son premier paru et qui n'est pas encore au même niveau d'intensité.
Peut être dans une thématique voisine de La douce colombe est morte mais dans une subtile variation et inversion des analyses, il y a Une demoiselle comme il faut. Cela peut être très intéressant de comparer les deux. je le lirai. J'aime cet univers. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: LC Barbara Pym : La douce colombe est morte Lun 16 Juin 2014 - 23:46 | |
| En même temps Humphrey est assez égoïste et critique vis à vis des autres, il voit sans pitié les petits et grands défauts de Léonora, et j'ai presque la sensation qu'il la veut comme il voudrait une porcelaine dans sa collection. C'est pour cela que les rebuffades ne l'atteignent pas, cela n'a rien de passionnel et même pas de réellement affectif. Leur couple serait un bon arrangement. Et tout à la fin il s'éloigne d'elle, alors qu'elle est devenue moins séduisante et qu'elle serait prête à un rapprochement. | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: LC Barbara Pym : La douce colombe est morte Lun 16 Juin 2014 - 23:52 | |
| - Arabella a écrit:
- En même temps Humphrey est assez égoïste et critique vis à vis des autres, il voit sans pitié les petits et grands défauts de Léonora, et j'ai presque la sensation qu'il la veut comme il voudrait une porcelaine dans sa collection. C'est pour cela que les rebuffades ne l'atteignent pas, cela n'a rien de passionnel et même pas de réellement affectif. Leur couple serait un bon arrangement. Et tout à la fin il s'éloigne d'elle, alors qu'elle est devenue moins séduisante et qu'elle serait prête à un rapprochement.
Il est bien suffisant celui-là et d'une tiédeur ennuyeuse ! Pas un brin de complexité ou de perversité qui lui donnerait quelque attrait : lisse , et sans fond..... Comme il traite ses affaires commerciales , il entretient une relation avec Léonora dans l'espoir d'en tirer quelques agréments ! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: LC Barbara Pym : La douce colombe est morte Mar 17 Juin 2014 - 0:00 | |
| Arf, je ne sais pas. Il n'est pas palpitant, c'est le moins qu'on puisse dire. Il aime sa routine pépère, son confort. Mais quand même… Il se rend bien compte des défauts de Léonora, qui parfois l'agace, mais il se met quand même en quatre pour lui faire plaisir. Exemple : Le choc qu'elle avait eu en découvrant que James avait prit le miroir en bois fruitier l'avait bouleversée plus que d et Humphrey avait cherché partout pour lui en trouver un autre. Les femmes sensibles étaient parfois vraiment très agaçantes, avait-il pensé ; si encore ce miroir avait une valeur particulière ! Finalement, il avait réussi à en trouver un qui ressemblait passablement à celui de James, d'un joli dessin mais en piteux état. Léonora s'était donné beaucoup de peine, le cirant et lui restituant sa beauté avec un soin amoureux.
Cet épisode montre bien que oui, parfois, Léonora l'énerve, mais pourtant il lui cherche partout son fameux miroir… Alors certes, ce n'est pas la passion totale, il n'a rien d'un romantique échevelé, mais sa persévérance, sa recherche de l'objet ou de la sortie qui lui sera plaisir, me font penser qu'elle est plus qu'une jolie porcelaine pour lui. S'il espérait juste quelques agréments, il pouvait chercher ailleurs, une conquête plus facile. Pour répondre à Arabella, pour moi, il ne s'est pas rendu compte, à la fin, que Léonora serait prête à un rapprochement, tout simplement parce qu'elle est incapable de se départir de son attitude distante et n'a pas su le lui faire comprendre. Nul doute qu'il aurait sauté sur l'occasion, songez donc, elle était même prête à lui accorder une nuit ! Cette scène, pour moi, décrit un acte manqué. Bon, c'est vrai, il lui trouve l'air moins séduisant et fatigué. (Le bonhomme n'est pas un grand romantique.) Et puis surtout, avec le déménagement à venir de James, il la sait tourneboulée. Alors il se retire. Sauf qu'elle, qui pour la première fois espérait de la tendresse (qu'elle avait toujours refusée sèchement), s'en trouve vexée, et trouve ses tapes sur l'épaules non pas réconfortantes, mais condescendantes. Du coup, au moment où il lui dit quelque chose qui se veut attentionné, paf, elle lui envoie un coup de griffe. Il s'en trouve tout refroidi ! Acte manqué, je vous dis ! Et je ne sais pas non plus s'il s'éloigne vraiment d'elle. Cet épisode est p 204, et la phrase expliquant qu'il lui fait des cadeaux de plus en plus coûteux car il se sent coupable de l'attitude de James est p234. Humphrey avait aujourd'hui le sentiment qu'il était en quelque sorte responsable du comportement de James, et il commençait à se sentir coupable si bien que ses cadeaux à Léonora devenaient plus chers et les bouquets de fleurs qu'il lui offraient plus somptueux, comme s'il voulait se racheter d'une faute qu'il n'avait même pas commise.A moins qu'en fait il ne se sente coupable de ne plus la trouver aussi séduisante, mais là, ce serait aller un peu loin dans l'interprétation. Mais c'est vrai que les personnages masculins manquent singulièrement de complexité. On a l'impression que Barbara Pym les a brossés à grands traits, et qu'elle n'a affiné que les portraits féminins. Ils sont assez caricaturaux, ces hommes, tous dans leur genre. Peut-être ai-je projeté dans les silences d'Humphrey une sensibilité rentrée qui n'était pas dans les intentions de l'auteur ? |
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