Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Pascal Quignard

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coline
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MessageSujet: Re: Pascal Quignard   pascal - Pascal Quignard - Page 28 EmptyLun 22 Nov 2010 - 22:39

Arabella a écrit:
Juste une précision, parce que j'ai l'impression que le sens de mon message cité plus haut est en partie perdu. Le mot épouvantable s'appliquait au fait que les acteurs ne savaient pas jouer des instruments d'une façon si patente que les parties du film dans lesquels ils étaient censés le faire paraissaient épouvantable aux spectateurs musiciens. Ce n'était pas un jugement sur le film dans son ensemble.

C'est bien de préciser Arabella...
Car, en effet, on ne peut pas dire " épouvantable" pour qualifier ce film il me semble...(mais il est vrai que je ne suis pas musicienne).
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Steven
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MessageSujet: Re: Pascal Quignard   pascal - Pascal Quignard - Page 28 EmptyLun 22 Nov 2010 - 22:44

animal a écrit:
je crois que je répondais à mimi54... dans ce que j'ai revu du film (pas moche mais pas extra et franchement planplan) ce qui m'a gêné en premier lieu c'est le texte et surtout les tics de l'auteur. mais je reviendrai sur le fil à l'occasion d'une future lecture.

Les textes ? Tu as senti dans le film que les textes de Quignard étaient oppressants ? Ou tu parle des tics du réalisateur Corneau ? Le souvenir est loin, mais j'avais un souvenir bien différent du film, un peu plan plan, exactement. Un film qui s'accrochait trop à la musique là ou l'indiscilbe apparaissait derrière les mots de Quignard.
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MessageSujet: Re: Pascal Quignard   pascal - Pascal Quignard - Page 28 EmptyMar 23 Nov 2010 - 7:21

pas oppressant non, c'est la langue qui "tourne sur elle-même" (mais ça finalement...) et surtout des quelques phrases trop grosses et... sa langue quand il commence à approcher la sexualité ou un improbable érotisme ? avec des mots genre "fesse" planté dans une sorte de désert ? non pas qu'on n'imagine pas son ravissement mais à l'écrit ou avec l'oreille il y a un chemin que je ne peux me résoudre à parcourir.
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MessageSujet: Re: Pascal Quignard   pascal - Pascal Quignard - Page 28 EmptyJeu 9 Déc 2010 - 14:08

28 pages de fil en diagonale (loin d'être catégorique ou uniforme, c'est rassurant) pour me mettre en condition pour commencer à moudre une impression sur les escaliers de Chambord. pfiouuu, ça ne va pas être simple. ça valait le coup en tout cas! à plus tard...
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MessageSujet: Re: Pascal Quignard   pascal - Pascal Quignard - Page 28 EmptyJeu 9 Déc 2010 - 19:07

Les escaliers de Chambord
quatrième de couverture a écrit:
Un homme a froid parce qu'il a oublié un ancien prénom. Il collectionne sur la terre entière tout ce qu'une main d'enfant peut étreindre. À Rome, à Tokyo, à Paris, à Londres, Édouard Furfooz vend des vieux jouets, des poupées, des miniatures, des dessus de tabatière : il vend les dons des Saturnales.
Arrive le solstice d'hiver, où tout ce qui est petit est aimé, où les jours sont les plus courts. Alors que l'année, le feu, le soleil se préparent à revenir, c'est un intense amour qui revient.
Il faut dire le principal : c'est une vraie bonne lecture, dense, consistante, efficace... qui donne l'espace "à part" de la lecture. Et comme il y a de quoi lire, c'est une bonne chose. J'ai retrouvé ce qui faisait que Villa Amalia fonctionne mais plus développé, plus riche et moins caricatural.

Pourtant on navigue dans les mêmes eaux : luxe, une certaine dose de ... légère incohérence, un temps détraqué, quelques phrases qui sorties de leur contexte seraient à hurler... des choses plus ou moins appétissantes si on y regarde de trop près qui pourtant sont maitrisées et très bien habillées dans leur débauche de couleurs et de matières, on se laisse prendre dans les filets du rythme de la langue qui joue à plaisir sur le souffle de l'énumération délectable. Il est là le plaisir de la lecture. Il est là aussi le talent que je trouve au bonhomme... il est là aussi son piège.

Le piège de la forme qui s'essouffle un peu entre la moitié et les deux tiers. L'autre catalogue, celui de l'auteur, transparait dans la succession, un peu redondante mais ce n'est pas vraiment le souci, des paragraphes et des chapitres. Comme d'un tissu élimé la trame apparait. Et les grandes interrogations comme : à quoi sert cette foutue histoire de rivalité entre marchands si ce n'est à faire courir Edouard, Edvard, Edward, Vava ? Et la surcharge des obsessions, démultipliée avec la plus indifférente complaisance, et les facilités évidentes comme l'escalier devenu double hélice d'ADN (surpris qu'il n'est usé de l'acide désoxyribonucléique, trop barbare peut-être ?) mais plus cruellement pour le lecteur embarqué tout de même à ce stade dans l'histoire, sur les ressorts fatigués de l'amour et de la mort, d'une corde sentimentale toute attendrie... le martellement incessant et ravi d'un zeste de provocation et de sexe (on peut mélanger/ajouter le rapport tordu au corps, une ombre d'homosexualité,... )

Oui, là l'écriture perd de sa superbe et on se retrouve face au paradoxe d'une lecture qui se révèle fermée et complaisante qui développe une atmosphère mensongère (qui n'est pas complètement éloignée du thème du livre, voire de l'auteur c'est vrai). Un mensonge riche, flamboyant qui semble chérir des idées au mépris de tout et les déchire dans le même mouvement aveugle. Le culte des obsessions personnelles (on devrait enlever le pluriel de l'adjectif), le ravissement du retour sur des formes simples non sans défiance pour l'extérieur (et proches d'une psychologie de comptoir). ça pourrait être fascinant si le malaise n'était pas si grand, si l'apparence n'était pas aussi factice, si l'égoïsme n'était pas si violent, bien au delà de ses sujets (personnages) qu'on pourrait qualifier de révélateurs.

Je parlerai volontiers de littérature mensongère pour traduire mon sentiment de ce bon moment de lecture pourtant émouvant, nostalgique, baroque.

Je ne dis pas tout, pas tant de ce que je n'apprécie pas que de ce que j'ai compris (peut-être) de son écriture et de certains échos qu'elle peut avoir dans mon parcours de lecteur.
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MessageSujet: Re: Pascal Quignard   pascal - Pascal Quignard - Page 28 EmptyJeu 9 Déc 2010 - 22:43

petite phrase pour la route, dommage je suis prêt à penser qu'il y a un passage à l'acte plus loin, je ne retrouve pas :

Il se dit qu'il achèterait des lunettes qui protègeraient ses yeux de l'intensité des rayons du soleil.
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MessageSujet: Re: Pascal Quignard   pascal - Pascal Quignard - Page 28 EmptyJeu 9 Déc 2010 - 22:52

Depuis que Shanidar avait dit qu'elle avait relu Les escaliers de Chambord déjà pusieurs fois, ce livre se trouve dans ma PAL.. et la lecture est prévue pour bientôt.. je ne vais donc lire ton commentaire seulement après... mais j'ai envie de retrouver l'écriture de Pascal Quignard..
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MessageSujet: Re: Pascal Quignard   pascal - Pascal Quignard - Page 28 EmptyJeu 9 Déc 2010 - 23:00

kenavo a écrit:
Depuis que Shanidar avait dit qu'elle avait relu Les escaliers de Chambord déjà pusieurs fois, ce livre se trouve dans ma PAL.. et la lecture est prévue pour bientôt.. je ne vais donc lire ton commentaire seulement après... mais j'ai envie de retrouver l'écriture de Pascal Quignard..
Moi je me dis qu'il faut que je le mette dans ma PAL !
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MessageSujet: Re: Pascal Quignard   pascal - Pascal Quignard - Page 28 EmptyMar 14 Déc 2010 - 22:40

Pour développer après quelques jours et en situant cette lecture par rapport aux autres, l'impression qu'à côté de l'essoufflement dans le récit, il y a essoufflement dans le motif ce qui se révèle plus frustrant sans doute. De même qu'il poursuit des idées fixes plus ou moins détournées (?), la manière se simplifie et se recroqueville sur elle-même. L'effet de langue devient lui aussi idée, ou effet, fixe et s'épure ou se caricature tout en perdant (mais je n'y suis pas ou peu sensible par exemple dans le nom sur le bout de la langue) son objet, un propos hors de lui même. Pour se retourner vers la thématique du langage, le langage ne sert plus. Idée qu'on pourrait charger avec la bonne blague de Boutes qui dans sa forme se moque éperdument d'un pan complet de la structure intellectuelle communément admise (a peu de choses près l'exposition d'une réflexion ou démonstration construite de façon "habituelle"). ça reviendrait à une écriture au combien puissante qui exprimerait par elle seule ce qu'elle a à dire sauf que... on reste emmêlés dans d'obscures jeux de l'esprit pas toujours inspirants et autre chose (décor, atmosphère coupée, voire méprisante, excès ? ... un récit trop entre deux eaux comme Villa Amalia), choses difficiles à dissocier et objets possibles. ... et une part de provocation ?

Si on doit risquer une comparaison avec Blanchot, par exemple, et son écriture tendance éventuellement pas claire, très systématique et qui tape très fort à grand renforts de répétitions, je dirai qu'il manque, sauf si elle est finalement ailleurs (voir ci-dessus) - il pourra manquer, encore, son évidence - l'objet. parce que chez Blanchot qu'on finisse KO ou pas, le mouvement d'une partie du texte est aussi une part du mouvement d'ensemble qui lui même a rarement l'air gratuit.

(c'est l'heure de dormir).
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MessageSujet: Re: Pascal Quignard   pascal - Pascal Quignard - Page 28 EmptyMer 15 Déc 2010 - 12:25

Quelle impressionnante lecture Animal ! Tu soulèves bien des questions passionnantes, en particulier lorsque tu parles de litérature mensongère, une littérature qui promettrait quelque chose qu'elle finit par refuser. Je crois que c'est exactement de cette manière que je lis (et aime) Quignard, lorsqu'il démontre clairement que la littérature n'est rien d'autre qu'un jeu, un détournement, un leurre.

Ta réflexion me renvoie au Salon du Wurtemberg qui donne à mon avis la définition exacte de ce que devrait être toute littérature : le narrateur se souvient du jour où il a rencontré son meilleur ami, c'était dans une vieille maison, précisément dans un salon dont la couleur jaune retint son attention et cristallisa l'instant. Plus tard, le narrateur devient l'amant de la femme de son meilleur ami, perd donc son ami et les liens qu'ils avaient si lentement, si durablement tissés. Bien plus tard encore, le narrateur nostalgique (la nostalgie étant sans doute le thème unique de l'oeuvre de Quignard, voir à ce propos La nuit sexuelle et cette question : où étais-je quand mes parents m'ont fait ?), donc le narrateur revient dans la maison où eut lieu cette fameuse première rencontre et il s'étonne de ce que le salon a été repeint en gris. Le propriétaire (descendant de la famille) rétorque : le salon a toujours été gris... Donc toute l'histoire est fausse, ou inventée, ou sublimée, l'ami intime n'a peut-être jamais existé que dans le fantasme de ce salon jaune, etc... etc... conclusion: nous sommes dans une oeuvre littéraire donc mensongère. Cette lecture a été pour moi une des clefs qui m'a permis de mieux comprendre mon rapport aux livres, à la narration, rejoignant Le Mentir-vrai d'Aragon (et bien loin de l'autofiction actuelle...).
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MessageSujet: Re: Pascal Quignard   pascal - Pascal Quignard - Page 28 EmptyMer 15 Déc 2010 - 22:00

Mais comment tu places les éléments qui risquent bien d'être responsables ou coupables d'une part de son succès, par exemple Villa Amalia, les non soucis d'argent, le milieu artistique un peu élitiste, les love stories... ce qui s'approche parfois de la caricature ?

Citation :
lorsqu'il démontre clairement que la littérature n'est rien d'autre qu'un jeu, un détournement, un leurre.
c'est peut-être une autre façon plus concise de dire ce que j'ai baragouiné hier... mais que la littérature ou la littérature et le langage (parlé ?) ou que le langage si la littérature est son moyen d'expression ?

c'est ennuyeux... je vais finir par me sentir obligé d'y revenir avec ce que tu racontes et tenter (plus tard) le Salon du Wurtemberg.

Citation :
Cette lecture a été pour moi une des clefs qui m'a permis de mieux comprendre mon rapport aux livres, à la narration, rejoignant Le Mentir-vrai d'Aragon (et bien loin de l'autofiction actuelle...).
Sans être jusqu'à maintenant convaincu, je crois que je comprends ce que tu veux dire par là. Et si, surtout... ou gardons la série de lecture qui a aboutit aux Escaliers de Chambord ça aide ou incite à situer des choses, des motifs (plutôt dans la manière que dans les images qui en résultent).
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MessageSujet: Re: Pascal Quignard   pascal - Pascal Quignard - Page 28 EmptyJeu 16 Déc 2010 - 10:23

Je n'ai pas lu encore Villa Amalia, il est dans ma bibliothèque, il patiente, je sais d'avance qu'il ne me plaira pas (comme L'occupation américaine), qu'il ne me retiendra pas autant que Carus, Les escaliers ou Le salon... à moins que... A quoi tient le charme d'un livre ? Il ne s'agit plus du sujet traité, ni de sa forme physique, ni de son souffle, mais bien du silence qui l'entoure. J'aime certains silences de Quignard comme on peut les aimer en musique. Tu parles de l'outil linguistique qui permet à un auteur de dire, tu parles des tics des auteurs, de ce qui fait leur patte/pâte, je suppose que cela a en effet une immense incidence sur la réception par le lecteur de l'objet-livre. Mais pour moi compte surtout le mot tu, ce qui n'est pas écrit, ce qui ne se dit pas, ce bout de fin qui laisse au bord du gouffre dans l'angoisse et la joie.

C'est pour ça que j'aime aussi l'oeuvre difficile de C. Louis-Combet, pour les silencieux, les solitaires dont il parle. C'est pour ça que tu me donnes envie de 're'lire Blanchot (la solitude essentielle et la solitude dans le monde), pour retrouver les mots de ma pensée confuse...
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MessageSujet: Re: Pascal Quignard   pascal - Pascal Quignard - Page 28 EmptyJeu 16 Déc 2010 - 12:07

shanidar (Jeu 16 Déc - 10:23) a écrit:
Je n'ai pas lu encore Villa Amalia, il est dans ma bibliothèque, il patiente, je sais d'avance qu'il ne me plaira pas (comme L'occupation américaine), qu'il ne me retiendra pas autant que Carus, Les escaliers ou Le salon... à moins que... A quoi tient le charme d'un livre ? Il ne s'agit plus du sujet traité, ni de sa forme physique, ni de son souffle, mais bien du silence qui l'entoure. J'aime certains silences de Quignard comme on peut les aimer en musique. Tu parles de l'outil linguistique qui permet à un auteur de dire, tu parles des tics des auteurs, de ce qui fait leur patte/pâte, je suppose que cela a en effet une immense incidence sur la réception par le lecteur de l'objet-livre. Mais pour moi compte surtout le mot tu, ce qui n'est pas écrit, ce qui ne se dit pas, ce bout de fin qui laisse au bord du gouffre dans l'angoisse et la joie.

C'est pour ça que j'aime aussi l'oeuvre difficile de C. Louis-Combet, pour les silencieux, les solitaires dont il parle. C'est pour ça que tu me donnes envie de 're'lire Blanchot (la solitude essentielle et la solitude dans le monde), pour retrouver les mots de ma pensée confuse...

Shanidar, tu exprimes très bien ce que je ressens profondément aussi et ce que j'aime trouver chez ces auteurs...
C'est presque une relation d'intimité que l'on établit avec leurs mots, une relation tellement personnelle qu'il m'apparaît difficile d'en parler...Elle s'établit au-delà des mots...plutôt derrière...plutôt entre les lignes...
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MessageSujet: Re: Pascal Quignard   pascal - Pascal Quignard - Page 28 EmptyDim 9 Jan 2011 - 17:34

L'Occupation américaine

à Meung. petit bled du Loiret, où François Villion a été jeté au cachot, où Jeanne d'Arc a pris le pont en 1429 et je ne sais déjà plus quoi (et Alain Corneau, qui a fait un film de ce bouquin aussi)... et qui a l'air mieux que ce qu'en dit ce livre de Meung (d'autres en parle pour la station de service de l'autoroute), bref à Meung dans les années 50 Patrick et Marie-Josée grandissent ensemble, puis l'adolescence, à côté d'une base américaine qui tranche tellement avec le monde français d'alors que ça fait rêver. et le jazz qui rend vivant, et...

et c'est Pascal Quignard qui est aux manettes. premier avertissement : si vous le trouvez parfois un peu dégueulasse voire vaguement pervers, cette fois vous serez servis. entre les tripotages plus ou moins jeunes et cette complaisance dans un semblant d'ordure et un auguste bonheur dans l'abject, tout y est. deuxième avertissement : le reste aussi, ce qui ressemble à du mauvais esprit, de fausses grandes phrases pourtant petites débitées avec une régularité sidérantes, des réflexions qui n'en sont pas et ne veulent pas en être, une sereine misanthropie, misogynie...

dès le début il annonce la couleur :

Citation :
Quand cesse la guerre ? L'Orléanais fut occupé par les Celtes, par les Germains, par les Romains et leurs douze dieux durant cinq siècles, par les Vandales, par les Alains, par les Francs, par les Normands, par les Anglais, par les Allemands, par les Américains. Dans le regard de la femme, dans les poings que tendent les frères, dans la voix du père qui gronde, dans chacun des liens sociaux, quelque chose d'ennemi se tient toujours.

Wahou, collection historique exposée, exposition avant l'histoire, d'abord. Elle est pour lui la collection. Les autres, à cause de lui et pas que de l'histoire : c'est immonde. Presque exclusivement immonde.

L'occupation américaine. nos deux jeunes fascinés par se monde nouveau et exaltant font les poubelles de la base, avant de pouvoir passer à la mode, aux cigarettes, à la musique. Le monde de chrome et de plastique, d'images abrutissantes de paraitre, de rejet, de méchanceté, de racisme... (très original pour parler des usa dans les années 90). L'auteur qui nous cause grec et latin volontiers en se faisant un plaisir d'oublier (avec les éditeurs) les abrutis qui n'ont pas suivis les cours ou pas assez ou pas assez longtemps, s'adonne cette fois à la traduction de dialogues en anglo-américain très sommaire, démontrant par là la pauvreté du dialecte. Effet de mauvaise fois et de mauvais esprit pense-je.

"I'll never eat that." (Trudy Wadd déclara à Patrick Carrion qu'elle ne mangerait jamais cela.)

"That swimsuit makes your balls stick out. It's disgusting!" dit Trudy en riant. (Ton maillot te colle aux parties. C'est répugnant!)

Le monde communiste est vite emballé dans le même sac d'images, mais loin, très loin. De Gaulle avec. c'est un des faux prétextes du livre, le truc quignardien de faire semblant de raconter quelque chose en s'en contrefoutant royalement (la politique ça ne vaut pas les gamins ou les ados qui se tripotent).

Marie-Josée est amoureuse de Patrick et c'est plutôt réciproque mais la relation est pourrie, morbide et plus si affinités (voir la fin du bouquin et le bilan "nostalgique" de Patrick). Marie-Josée véhicule la mort. Les deux personnages sont tentés par un romantisme rebelle déchirant mais de pacotille, influencés par Rydell (encore un super jeu sur le nom du personnage ?) leur camarade rebelle, drogué, musicien, génial du moins à leurs yeux (et double homo-auto-érotique de l'auteur ?). D'ailleurs il est dégouté par beaucoup de choses et s'en fout un peu des autres, à part le dégoût.

Et encore le temps qui n'en est pas un avec drame intersidéral et sidérant en trois jours, les phrases qui énervent (un remontage de fleuve dans le sens du courant c'est exquis) et la musique qui passe cette fois par un jazz sauvage et les percussions, ce qui encore est un rapport un peu faux car l'ombre du père et d'un certain conservatisme (et le père Montret qui n'aime pas les téléphones), choyés par ailleurs dans ce récit : la langue, certains états des choses, ont aussi avec eux la musique classique. Et que Patrick le héros paumé de cette histoire n'implique pas forcément l'adhésion à son personnage.

un extrait qui me semble pouvoir être révélateur, c'est Rydell qui cause :

Citation :
"Voilà l'âpre mesquinerie constante qui s'avance, ajoutait-il en chuchotant, où le langage parle à vide sans renvoyer à rien de concret ni à rien de social. Mais ne t'inquiète pas, P.C. : c'est une politique de marchands qui se court-circuitent eux-mêmes. Politiques, prêtres, marchands, généraux, usurpateurs ! s'écriait-il. La société va prendre acte que vous êtes hors jeu. La désillusion a atteint un point de non-retour. Profiteurs vous êtes nus. Grands abuseurs, nous sommes désabusés." Il allumait un joint et expliquait : "Nous ne vous avons pas délégué notre puissance pour que vous nous en priviez. Ce que vous nous avez arraché, nous vous le retirons. De toute façon le pouvoir n'est jamais en vous : il n'est que déposé en vous. Il n'est même plus besoin de vous décapiter si ce n'était le plaisir !". Il s'exaltait : "Il ne faut pas de protection sociale ni de chaine nationale mais des Bastille en feu. Il ne faut pas de fonctionnaire d'éducation ni de service militaire obligatoire mais des révoltes à l'instar des Algériens écœurés qu'ils nous commandent d'éliminer. Il va falloir renouveler la guerre aux tyrans qu'avait déclarée la Révolution française, la guerre totale à tout porte-parole, la guerre aux chefs. La politique ne fait que pomper du sang, parfois de la monnaie : depuis l'aube du monde il ne produit rien. Dans le meilleur des cas : le cauchemar. L'insoumission doit être totale et la sécession absolue, inextinguible, c'est à dire secrète. La désobéissance ne peut en aucun cas être spectaculaire. Même ce langage, il ne faut le tenir que du bout des lèvres. Il faut se cacher comme des taupes et errer sous la terre, sous les cités comme sous les déserts. Se dissimuler comme des voleurs.
véritable autoportrait de Rydell/Quignard (auteur de ce livre) dans cette dénonciation de ce qu'il rejette ? et un rapport au lecteur à lire en creux absolu (éventuellement pour lui trouver un sens plausible), une lecture sadomasochiste ? le faible pouvoir du livre ne le justifierai de toute façon pas, je crois. D'autant qu'il est toujours très loin de l'ampleur des escaliers de Chambord par exemple.

On ne peut qu'être saisi de malaise, par un sentiment de dégout devant cette espèce de mégalomanie, malade, d'épicerie de village... la sensation d'un mépris quel qu'il soit, suivant lectures et interprétations on peut trouver plusieurs possibilités, un autisme provocant. Et puis je ne sus pas à l'aise avec les réflexions ou réflexions apparentes (dans l'extrait proposé, j'ose croire qu'il ne parle pas vraiment politique) pour le plaisir de jongler avec des images, en rejetant certaines considérations, certains facteurs historiques et autres, en restreignant soigneusement le spectre de l'étude.

On peut ranger le livre dans les lectures désagréables.
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MessageSujet: Re: Pascal Quignard   pascal - Pascal Quignard - Page 28 EmptyDim 9 Jan 2011 - 18:26

animal a écrit:
L'Occupation américaine

à Meung. petit bled du Loiret, où François Villion a été jeté au cachot, où Jeanne d'Arc a pris le pont en 1429 et je ne sais déjà plus quoi (et Alain Corneau, qui a fait un film de ce bouquin aussi)... .

ah OK. Quand tu as présenté ce livre, je savais que ça me faisait penser à quelque chose. scratch Le nouveau monde de Corneau en est donc l'adaptation.
Dommage que le bouquin soit si désagréable à lire, le film ça allait, et les oeuvres sur Meung s/ Loire ça ne court pas les rues. Et c'est pas mal ce coin, j'ai fait Orléans-Meung à vélo plus d'une fois.
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