Pascal Quignard

shéhérazade a écrit:

Personnellement, je pense que je commencerai par Tous les matins du monde. hum hum dès que j'aurai un peu de temps...

Il se lit assez vite mais tu es bien occupée!

coline a écrit:

Il se lit assez vite mais tu es bien occupée!

Je le mettrai dans ma valise pour les vacances d'été .. la spéciale livres !

Tu dis toi-même Coline :

coline a écrit:

Une certaine froideur aussi qui peut éloigner certains lecteurs. Mais ils ne sont pas traités par le mépris, ils sont élevés vers le haut de la connaissance et de la littérature...

Cela présuppose une dissymétrie entre un auteur qui plane tout naturellement dans le haut de la connaissance et de la littérature et un lecteur qui a besoin d'être élevé vers ces hauteurs, grâce à l'auteur. Et je suis d'accord, je ressens en permanence ce présupposé dans les écrits de Quignard. Et comme ces écrits sont aussi caractérisés par une certaine froideur (ou absence de chaleur) je parle de condescendance.
Mais je ne veux évidemment pas couper l'envie à ceux qui voudrait le lire. Car il est à connaître.

shéhérazade a écrit:

coline a écrit:

Il se lit assez vite mais tu es bien occupée!

Je le mettrai dans ma valise pour les vacances d'été .. la spéciale livres !

Bonne idée!... Il mérite qu'on lui accorde une disponibilité...Mais l'enchantement n'est pas garanti!

Arabella a écrit:

Tu dis toi-même Coline :

coline a écrit:

Une certaine froideur aussi qui peut éloigner certains lecteurs. Mais ils ne sont pas traités par le mépris, ils sont élevés vers le haut de la connaissance et de la littérature...

Cela présuppose une dissymétrie entre un auteur qui plane tout naturellement dans le haut de la connaissance et de la littérature et un lecteur qui a besoin d'être élevé vers ces hauteurs, grâce à l'auteur. Et je suis d'accord, je ressens en permanence ce présupposé dans les écrits de Quignard. Et comme ces écrits sont aussi caractérisés par une certaine froideur (ou absence de chaleur) je parle de condescendance.

Oui, je comprends ce que tu dis mais le mot "condescendance" me gêne tout de même , car il y a un sentiment de supériorité dans la condescendance...Et je ne ressens pas du tout cela de la part de Quignard. Je ne le vois pas dans cette posture d'écrivain qui voudrait en mettre plein la vue aux lecteurs.

Son oeuvre majeure pour moi n'est pas dans ses romans. Et c'est souvent par les romans qu'on l'aborde et qu'on risque la déception face à sa froideur, à sa distance (trait de son caractère?...comment en changer?).
Elle serait peut-être faite de ce qu'il explore pour lui-même depuis tant d'années, notamment depuis qu'il a frôlé la mort, et il communiquerait en partage le résultat de ses études, des essais dans une langue éminemment littéraire.

Arabella a écrit:

Mais je ne veux évidemment pas couper l'envie à ceux qui voudrait le lire. Car il est à connaître.

Et c'est là l'essentiel!
Mais pour ce faire, évitons les mots "condescendance", "arrogance", "mépris"...

Coline, tu évoques souvent le fait que Pascal Quignard ait frôlé la mort pour expliquer son ton froid et distant. Pour ma part, je ne comprends pas le rapport, ou si je le comprends, il ne me plaît pas. J'y verrais presque de la complaisance morbide.

Arabella a écrit:

Je comprends bien le ressenti de Sullien et d'Animal, même si pour ma part j'utiliserais peut être le mot condescendance (et j'en ai aussi lu plusieurs).

Ce terme me convient bien aussi. Mais je ne peux évidemment pas juger sur un seul roman.

Qu'y a-t-il de particulièrement érudit dans Terrasse à Rome ? (je suis peut-être complètement passée à côté d'une instruction unique ?)

coline a écrit:

Arabella a écrit:

Mais je ne veux évidemment pas couper l'envie à ceux qui voudrait le lire. Car il est à connaître.

Et c'est là l'essentiel!
Mais pour ce faire, évitons les mots "condescendance", "arrogance", "mépris"...

Non Coline, tu ne peux pas interdire aux gens d'exprimer leur ressenti, s'il est sincère. Froideur ne résume pas tout. Il y a quelque chose dans le rapport auteur-lecteur qui met certains mal à l'aise dans ses livres. Nous sommes plusieurs à l'avoir éprouvé (et Coli en est aussi). Après le vocabulaire peut être discuté, mais on ne peut occulter la chose. Même si c'est pour ne pas décourager de lecteurs potentiels. Parce qu'ils risquent tout simplement de se sentir floués en fin de compte.

J´aime son style et encore plus ses idées.
Il remet les choses à leur juste place. Par exemple, puisque nous venons de citer " Tous les matins" l´erreur commune ( de notre temps) qui consiste à croire que la musique c´est un interprète ou un instrument. Et bien non, la musique c´est ce qui occupe la tête d´un Bach ou d´un Mozart tandis qu´ils composent.

colimasson a écrit:

Coline, tu évoques souvent le fait que Pascal Quignard ait frôlé la mort pour expliquer son ton froid et distant. Pour ma part, je ne comprends pas le rapport, ou si je le comprends, il ne me plaît pas. J'y verrais presque de la complaisance morbide.

Ben moi non plus je ne comprendrais pas le rapport!
Pourrais-tu me citer les nombreux passages où j'aurais écrit cela?

colimasson a écrit:

Qu'y a-t-il de particulièrement érudit dans Terrasse à Rome ? (je suis peut-être complètement passée à côté d'une instruction unique ?)

Peut-être pas la peine d'ironiser après m'avoir lue seulement en diagonale...Quand je parlais d'érudition, je faisais lourdement allusion à ses essais "Derniers royaumes".
Juste si vous avez envie d'écouter, je remets:
clic

Arabella a écrit:

Non Coline, tu ne peux pas interdire aux gens d'exprimer leur ressenti, s'il est sincère.

Mais je n'interdis rien...
Je me suis un peu agacée de voir ces termes et j'ai essayé de corriger ce que je ressentais comme une injustice.
Il y a parfois beaucoup de prétention et d'excès dans nos condamnations!
Et moi-même qui suis-je pour imaginer que Pascal Quignard ait besoin de moi pour le soutenir?...et les Parfumés pour le lire?...

Bibliographie (source Wikipedia)
Jean-Louis Pautrot, (sous la dir.), Pascal Quignard, Revue L’Esprit créateur, n°52, 2012, The Johns Hopkins University Press, John D. Erikson, Maria et Daniel Brewer editors. Numéro consacré à l'œuvre de Pascal Quignard, avec les contributions de J-L. Pautrot, C. Claude, B. Gorrillot, C. Alvares, A. Cousin de Ravel, B. Thibault, G. Turin, J. Acquisto, John T. Hamilton, C. Lapeyre Desmaison, D. S. Larangé.
Philippe Bonnefis et Dolorès Lyotard (dir.), Pascal Quignard, figures d'un lettré, Paris, Galilée, 2005,
Philippe Bonnefis, Son nom seul, Paris, Galilée, 2001.
Agnès Cousin de Ravel, "Quignard, maître de lecture Lire, vivre, écrire, collection Fictions pensantes, Hermann, 2012.
Chantal Lapeyre-Desmaisons, Mémoires de l'origine, Paris, Galilée, 2006.
Adriano Marchetti, La Mise au silence, Seyssel, Champ Vallon, 2000.
La métayère de Rodez, Écrit de Pascal Quignard in Pascal Quignard ou le noyau incommunicable sous la direction de Jean-Louis Pautrot et Christian Allègre, Les Presses universitaires de Montréal, 2004.
Sophie Nauleau, La main d’oublies, récit tiré de Tous les matins du monde, Paris, Galilée, 2007.
Jean-Louis Pautrot, Pascal Quignard ou le fonds du monde, Rodopi, Amsterdam, New-York, 2007.
Benoît Vincent, Le Revenant. Pascal Quignard (Littérature inquiète II), Saint-Cyr sur Loire, 2009.
Dominique Rabaté, Pascal Quignard Étude de l’œuvre Bordas, 2008.
Europe (revue littéraire mensuelle), Pascal Quignard n° 976-977, août-septembre 2010. Avec une lettre de Pascal Quignard à Dominique Rabaté.
Sur la curiosité téméraire des lecteurs de romans. Écrit de Pascal Quignard in Chantal Lapeyre-Desmaison (sous la dir.), Lecteurs de fictions, Champs du Signe, Éditions universitaires du Sud, 2010.
Bernard Vouilloux, La Nuit et le Silence des images. Penser l'image avec Pascal Quignard, Éditions Hermann, 2010. La place de l'image (de rêve, d'art) dans l’œuvre de l'écrivain.

Spoiler:

coline a écrit:

colimasson a écrit:

Coline, tu évoques souvent le fait que Pascal Quignard ait frôlé la mort pour expliquer son ton froid et distant. Pour ma part, je ne comprends pas le rapport, ou si je le comprends, il ne me plaît pas. J'y verrais presque de la complaisance morbide.

Ben moi non plus je ne comprendrais pas le rapport!
Pourrais-tu me citer les nombreux passages où j'aurais écrit cela?

colimasson a écrit:

Qu'y a-t-il de particulièrement érudit dans Terrasse à Rome ? (je suis peut-être complètement passée à côté d'une instruction unique ?)

Peut-être pas la peine d'ironiser après m'avoir lue seulement en diagonale...Quand je parlais d'érudition, je faisais lourdement allusion à ses essais "Derniers royaumes".
Juste si vous avez envie d'écouter, je remets:
clic

Arabella a écrit:

Non Coline, tu ne peux pas interdire aux gens d'exprimer leur ressenti, s'il est sincère.

Mais je n'interdis rien...
Je me suis un peu agacée de voir ces termes et j'ai essayé de corriger ce que je ressentais comme une injustice.
Il y a parfois beaucoup de prétention et d'excès dans nos condamnations!
Et moi-même qui suis-je pour imaginer que Pascal Quignard ait besoin de moi pour le soutenir?...et les Parfumés pour le lire?...

Bibliographie (source Wikipedia)
Jean-Louis Pautrot, (sous la dir.), Pascal Quignard, Revue L’Esprit créateur, n°52, 2012, The Johns Hopkins University Press, John D. Erikson, Maria et Daniel Brewer editors. Numéro consacré à l'œuvre de Pascal Quignard, avec les contributions de J-L. Pautrot, C. Claude, B. Gorrillot, C. Alvares, A. Cousin de Ravel, B. Thibault, G. Turin, J. Acquisto, John T. Hamilton, C. Lapeyre Desmaison, D. S. Larangé.
Philippe Bonnefis et Dolorès Lyotard (dir.), Pascal Quignard, figures d'un lettré, Paris, Galilée, 2005,
Philippe Bonnefis, Son nom seul, Paris, Galilée, 2001.
Agnès Cousin de Ravel, "Quignard, maître de lecture Lire, vivre, écrire, collection Fictions pensantes, Hermann, 2012.
Chantal Lapeyre-Desmaisons, Mémoires de l'origine, Paris, Galilée, 2006.
Adriano Marchetti, La Mise au silence, Seyssel, Champ Vallon, 2000.
La métayère de Rodez, Écrit de Pascal Quignard in Pascal Quignard ou le noyau incommunicable sous la direction de Jean-Louis Pautrot et Christian Allègre, Les Presses universitaires de Montréal, 2004.
Sophie Nauleau, La main d’oublies, récit tiré de Tous les matins du monde, Paris, Galilée, 2007.
Jean-Louis Pautrot, Pascal Quignard ou le fonds du monde, Rodopi, Amsterdam, New-York, 2007.
Benoît Vincent, Le Revenant. Pascal Quignard (Littérature inquiète II), Saint-Cyr sur Loire, 2009.
Dominique Rabaté, Pascal Quignard Étude de l’œuvre Bordas, 2008.
Europe (revue littéraire mensuelle), Pascal Quignard n° 976-977, août-septembre 2010. Avec une lettre de Pascal Quignard à Dominique Rabaté.
Sur la curiosité téméraire des lecteurs de romans. Écrit de Pascal Quignard in Chantal Lapeyre-Desmaison (sous la dir.), Lecteurs de fictions, Champs du Signe, Éditions universitaires du Sud, 2010.
Bernard Vouilloux, La Nuit et le Silence des images. Penser l'image avec Pascal Quignard, Éditions Hermann, 2010. La place de l'image (de rêve, d'art) dans l’œuvre de l'écrivain.

Spoiler:

Eh bien non, ces discussions un peu endiablées ne sont pas stériles ! Tout ce qui vient d'être dit m'incite à vouloir connaitre ce Quignard que , jusqu'ici , j'ai regardé de loin un peu dubitative ......... Et c'est bien de se laisser emporter pour défendre son point de vue du moment (même si on est quelquefois amené à le changer ...... ) ! Merci Colinette , Coli , Arabella et tous les autres pour vos interventions, quelquefois un peu enflammées sur ce fil : en toute sincérité , je crois que tout cela est positif et j'en bénéficie !
Je vais dès à présent essayer de retenir quelques livres de Quignard à la médiathèque pour participer à la polémique !

Spoiler:

Je me souviens maintenant avoir lu Le sexe et l'effroi, qui est un essai sur la sexualité romaine, en gros. Ca fourmille d'informations, c'est vrai, mais il y a aussi beaucoup d'effets rhétoriques perturbants (pirouettes en tout genre et jeux de langue), et j'avais été gêné par l'impression d'un déferlement mal contrôlé d'idées. Cela étant, une véritable passion filtre à travers cet ouvrage - que je relirai volontiers...

Sullien a écrit:

Je me souviens maintenant avoir lu Le sexe et l'effroi

Pour toi le classiciste, on pourrait utilement retenir également Les Tablettes de buis d'Apronenia Avitia et Albucius.

Mon expérience personnelle avec Pascal Quignard, est celle d'une grande histoire d'amour qui ne m'a jamais déçue. Elle a commencé en 2002 par la lecture de Vie secrète, qui reste pour moi une expérience inoubliable et à nulle autre pareille. Depuis, j'ai malheureusement lu tous ses livres et je reste là à guetter comme une âme en peine chaque nouvelle parution. J'oserais presque insinuer que tout ce que lis d'autre, je ne lis que pour meubler et passer le temps dans l'attente d'un nouveau cadeau qu'il fera à ses lecteurs.

Sur la distance que certains lecteurs ressentent à la lecture de ses ouvrages, je dirais que justement Vie secrète (1998, Gallimard; Folio n° 3292) est une clé vers son univers. Je me permets de vous mettre un lien vers un essai critique de Martine Saada sur cet OLNI (on me dit que je n'ai pas le droit, alors je vous propose de taper "vie secrète pascal quignard" dans google et de choisir le lien qui vous mènera vers le site de JM Maulpoix)

Il va de soi que je ne puis marquer mon accord sur l'emploi de mots comme condescendance, mépris, prétention... à son égard. Vous devriez essayer de le lire en vous disant qu'il va vous faire rire aussi, car il y arrive très bien en y mettant une petite distanciation ironique de temps en temps. Faites attention aussi, car il peut être facétieux dans les détournements d'oeuvres auxquels il procède à tout bout de champ.

Mais d'utiliser comme argument qu'il faut entendre sa voix et le voir parler pour pouvoir l'apprécier pleinement, là je dis STOP. Fin de non recevoir.

Ouh la la...Quignard a ses fans. (Bonjour Herminie)

Un mot qui ne convient pas et c'est un tsunami

Personellement Quignard n'est pas condescendant à mon sens, ni méprisant, mais je comprends qu'il puisse le paraître. On ne peut empêcher les lecteurs d'avoir leurs ressentis, et surtout de les exprimer, tant qu'ils sont argumentés.

...

Coline, je ne pense pas que Coli ironisait ni qu'il y avait de quoi s'agacer, et quand bien même ce n'était pas une condamnation.

Tu dis toi même que nous devons tout dire, sans tricher. ( tu le dis là, en début de fil ) Alors je ne vois pas où est le souci. Coli ne le descend pas sans rémission, ce livre (elle ne dit pas qu'il est mauvais, par exemple) elle n'insiste pas non plus...

C'est juste une question de termes et ils peuvent ne pas convenir, mais la discussion peut suivre, c'est ce qui importe.

swallow a écrit:

Ou bien s´agit-il d´une histoire de gros-sous? Vie secrète continue a appartenir à Gallimard, quand la compagne de Quignard ( Martine Saada de Grasset) a main-mise sur tous les autres tomes des Ombres errantes ( Ière publication, car après il y a Folio qui est de Gallimard, mais c´est du poche et par exemple pour la Barque silencieuse, il a fallu attendre 2 ans avant qu´elle ne soit publiée en "poche".
Que chacun choisisse l´explication qu´il préfère pour ce nouvel agencement ( estime accordée au lecteur ou histoire guerre de monopole de maisons d´édition?). Peu importe, mais j´ai toujours la manie de regarder l´envers du décor, et les Parfumés qui travaillent dans les librairies, bibliothèques doivent en savoir bien plus long que moi sur ces mystères de chamboulements de chronologie.

Quignard l'a dit dès le tout début de la rédaction de Dernier Royaume : Vie secrète en sera le dernier tôme (je ne retrouve pas où j'ai lu cela, mais je ne désespère pas de le retrouver, et je te tiendrai informée chère Swallow), donc cela date encore du temps où Dernier Royaume était publié chez Gallimard. Je ne crois pas qu'il s'agisse d'une histoire de gros sous. Plutôt je préfère continuer de croire qu'il considère lui-même Vie secrète comme la clé qui donne accès à tout l'univers de Dernier Royaume.