Pascal Quignard

C´est vrai qu´il y a un sacré mélange de cru et de raffiné chez Quignard. Celà ne me dérange nullement, le confort mental et le prédicible m´ennuyant très vite.
Je me déleste à l´ombre du proverbe tibetain: "Pour apprendre vraiment, il faut tourner le dos à son savoir pour le laisser derrière soi. Et pour connaître le monde, il fait s’immerger dans ce qui n’est pas son savoir."
J´aime le côté éruptif de la pensée de Quignard. Çà tremble à chaque page, çà manque d´exploser à tout moment "Tout à coup PAF", comme le dit très justement Troglo.
Mais rien de bien méchant. Tout au contraire, faire partie de la classe animale me rassure ( il y a bien plus de monde qu´avant!) au point d´accepter ce que suggère Quignard : mettre en sourdine mes carcans philosophiques, vanités de langage et autres remparts de la logique humaine.
C´est un asservissement biologique qui me pèse à peine...Je le partage avec tant d´autres espèces vivantes!.
Je me complais dans la zoolâtrie de Quignard, mais je comprends tout à fait qu´elle en incommode d´autres.
Quand on ne veut se soumettre à aucun système, dogme ou croyance, il faut savoir à quel monde on appartient. Il n´y a ni bassesse ni emiettement à prétendre faire table rase pour remonter aux origines.
Juste remonter à la source... comme le saumon.

NUIT SEXUELLLE À LAGRASSE ( Aude).
http://www.livreshebdo.fr/actualites/DetailsActuRub.aspx?id=785
http://www.editions-verdier.fr/banquet/ ( programme du Banquet du livre. Du 3 au 10 Août 2007).






Psacal QUIGNARD y présentera quelques fragments de son prochain livre " LA NUIT SEXUELLE"( qui fait suite au " Sexe et l´effroi", à paraître chez Flammarion, Sept.07).
LA NUIT SEXUELLE » DE PASCAL QUIGNARD
« Quand on sonde le fond de son cœur dans le silence de la nuit on a honte de l’indigence des images que nous nous sommes formées sur la joie.
Je n’étais pas là la nuit où j’ai été conçu. Une image manque dans l’âme. On appelle cette image qui manque « l’origine ». Je cherche à faire un pas de plus vers la source de l’effroi que les hommes ressentent quand ils songent à ce qu’ils furent avant que leur corps projette une ombre dans ce monde.
Si derrière la fascination, il y a l’image qui manque, derrière l’image qui manque, il y a encore quelque chose : la nuit. »
Pascal Quignard

Le banquet de Lagrasse est une manifestation culturelle à laquelle Parfums de livre doit impérativement dépêcher ses envoyé spéciaux , Troglodyte et Swallow!

Voici ce qu'en dit Le Magazine Littéraire de juillet:

Placé sous "le double signe du livre et de la parole", le banquet de Lagrasse, dans l'Aude, réunit chaque été philosophes,romanciers et musiciens. Pour cette année 2007, le programme a été construit autour de Pascal Quignard et de la réflexion sur la sexualité et la violence que l'écrivain expose en particulier dans La nuit sexuelle ( à paraître à l'automne aux éditions Flammarion).
Du 3 au 10 août se succèderont ainsi toutes sortes de manifestations: randonnées, dégustations, concerts, lectures, etc.
Entre deux projections de film ( Le dernier tango à Paris de Bertolucci, Enquête sur la sexualité de Pier Paolo Pasolini ou encore Georges Bataille d'André S. Labarthe..), les participants pourront rencontrer Pascal Quignard, Catherine Millet, Pierre Bergounioux,Annie Ernaux, Alain Fleisher ou Antoine Volodine.

quelle puissance cet auteur. Je ne m'en remets pas. Impossible à commenter.

Alors qui en sera?
Je rends "Ombres errantes" à la bibli et j'emprunterai Villa Amalia pour continuer la découverte de son oeuvre.
Cette manisfestation semble plus qu'intéressante!

Citation :

Alors qui en sera?

Pfff. Ca dépend du budget débloqué par Portouverte. Je veux bien y aller aussi, moi :)
J'aime beaucoup ton nouvel avatar, Chatperlipopette. De qui est ce dessin?

Marie a écrit:

J'aime beaucoup ton nouvel avatar, Chatperlipopette. De qui est ce dessin?

Excusez l'intrusion d'une néophyte quignardienne, mais je me pose la même question pour ton avatar Marie (tes , car tu en changes beaucoup, mais reste toujours les couleurs, toutes superbes)

Il y a un fil spécial avatar, si vous n'êtes pas trop fénéants ici!

swallow a écrit:

NUIT SEXUELLLE À LAGRASSE ( Aude).

Euh…c’est le titre du livre ou c’est le thème de la soirée ?

Marie a écrit:

Citation :

Alors qui en sera?

Pfff. Ca dépend du budget débloqué par Portouverte. Je veux bien y aller aussi, moi :)

Avec une bouée et en te laissant entraîner par Poséidon, bien connu pour ces nombreuses liaisons amoureuses, tu peux y être en partant maintenant…

Merci de cette annonce Swallow...
C'est tentant...Une nuit sexuelle à Lagrasse...sur des textes de Pascal Quignard...avec Quignard himself...

Marie a écrit:

Le banquet de Lagrasse est une manifestation culturelle à laquelle Parfums de livre doit impérativement dépêcher ses envoyé spéciaux , Troglodyte et Swallow!

. . Je laisse ma place d'envoyé spécial bien volontiers, non pas que rencontrer Swallow, qui est tout à fait charmante, me déplaîrait, mais bien parce que je ne suis pas de force à subir le spectacle d'un tétard oblong et héliophobe fascinant, par ses éruptions linguistiques, de jeunes gens déboussolés qu'il maintient savamment en état d'anorexie mentale.

Pourtant, Troglodyte, nous nous serions fait un plaisir de lire les entretiens que tu aurais pu avoir avec Pascal Quignard, il me semble que cela aurait changé de l'ordinaire.Allez, un bon mouvement!!! Et Catherine Millet, que devient-elle? Toujours aussi tonique?

Citation :

Je n’étais pas là la nuit où j’ai été conçu. Une image manque dans l’âme. On appelle cette image qui manque « l’origine »

C'est vrai que la conception a l'air d'être un de ses thèmes de prédilection.....
Vous qui l'avez beaucoup lu, que dit il sur la mort?

Marie a écrit:

C'est vrai que la conception a l'air d'être un de ses thèmes de prédilection.....

"Nous avons connu la vie avant que le soleil éblouisse nos yeux et nous y avons entendu quelque chose qui ne se pouvait voir ni lire "
(dans Les ombres errantes)

" Nous sommes à la merci d'images qui n'ont aucune source visuelle en nous. Nous avons vécu avant de naître. Nous avons rêvé avant de voir. Nous avons entendu avant d'être sujets à l'air. Nous sommes entrés en contact avec le langage avant d'être envahis par le souffle. Nous avons été soumis aux noms et aux mots avant d'accéder à la maîtrise vocale. Nous avons prononcé et articulé ces mots et entonné cette langue par sidération maternelle. De la même façon, la société où nous allons pénétrer, la langue à laquelle nous allons obéir, la durée que nous allons éprouver, l'Histoire où nous allons nous engloutir, sont antérieures à notre conception. De la même manière, notre mère, notre père, leur excitation, leur étreinte, leur émotion, leur râle, leur ensommeillement, leur rêve, nous précèdent. Ce sont des fragments d'images impulsives, ou compulsives, ou plus simplement pulsives, spontanées, d'une seconde ou deux, par lesquelles le temps se précède lui-même dans l'invisible."
(Les Ombres errantes)

"Nous sommes venus d'une scène où nous n'étions pas.L'homme est celui à qui une image manque"
(Le sexe et l'effroi).

"L'amour, comme la peinture, prend sa source dans la seule scène qui est impossible aux yeux qui en résultent".
(Vie secrète)

Marie a écrit:

que dit il sur la mort?

Ayant cru mourir, Quignard apprit le regard intense de l'adieu, celui qui fixe le monde pour la dernière fois.

"Je pense qu'il y a dans l'adieu une expérience propre à l'amour"


"je pose qu'on peut regarder pour la dernière fois le monde même si on survit à ce regard".


"L'adieu est sans tristesse. L'adieu est la séparation qui survient (...) L'imminence n'est ni heureuse ni malheureuse; c'est le point extatique de dislocation"


"Que deviennent les choses après l'adieu? Elles deviennent le temps qui passe"


"Il faut y consentir: l'adieu émerveillant est une des plus grandes joies de ce monde. Là où le désir se fascine, là n'est pas exactement le monde ni le réel. L'impression de réalité qui se fait jour alors est presque miraculeuse et complètement noire."


"C'est l'adieu qui fait le fond de la beauté. Si ce fond a une lumière, l'adieu a une lumière. La lumière de onze heures."


"Une fois chaque chose, seulement une fois.
Une fois et jamais plus. Et nous aussi
une fois. Jamais plus.
Mais ceci, avoir été une fois - même si ce ne fut qu'une fois -
avoir été de cette terre, cela semble irrévocable."



"Le regard à l'instant où un homme meurt rejoint le regard où tout meurt. Alors autant celui qui regarde que ce qui est regardé disparaissent. Le monde où il vit encore s'éteint aussi en partie avec sa mort. Les êtres qui l'entourent périssent aussi en partie avec sa mort. Le regard du mourant n'est pas seul à ne plus tout retenir ce qu'il voit. Ce qu'il voit se perd en partie avec lui. Il y a quelque chose dans la vision qui appartient à la perte. "

(dans Vie secrète)

bertrand-môgendre a écrit:

sur Quignard, je n'inscrirai aucun commentaire, tant je me sentirai ridicule. Il est le seul (avec Montaigne) à me donner l'envie de plonger dans ses pages en ouvrant ses livres au hasard.

Je te rejoins complètement Bertrand...
Avec l'envie que j'ai de partager mon admiration pour l'oeuvre de cet auteur, de dire combien je peux m'en nourrir, vient aussitôt la difficulté à commenter de peur de trahir...

J'ai lu et aimé quelques uns de ses livres, puis buté sur le dernier (lequel?) où j'avais trouvé le langage trop déconnecté de la réalité.
Sur ce livre- mystère (le Goncourt, je crois), j'ai entendu plus tard dans une émission littéraire à la radio (peut-être le Masque et la Plume) dire qu' "il faisait du Quignard". Je ne m'y suis pas remis depuis.