Tim Burton

"Edward aux Mains d'Argent" est le film qui m'a sans doute le plus touché
"Big Fish" m'a tout particulièrement amusé

L'esthetique cinématographique excentrique de Burton est bien souvent jubilatoire, mais parfois excessive
par exemple, sa version de "Charlie & la Chocolaterie" est à mon goût bien en deça de celle de Mel Stuart datant de 30 années, car derrière cet aspect esthétique, c'est toute la poésie et la simplicité de l'histoire originelle qui s'estompent


mis à part ceci, Mars Attacks et ses deux Batman sont des régals!

Queenie a écrit:

L'étrange Noël de Monsieur Jack

Dans ce film d'animation sont réunis deux univers a priori opposés : Halloween et Noël. Rythmée par une chanson à la mélodie très accrocheuse, avec un brin de joie et de malice, on découvre la ville d'Halloween et ses habitants. Cette première scène est fabuleuse ! Imaginez tous les monstres de notre enfance réunis, chantant tous ensemble, heureux d'avoir encore réussi la fête des morts. Et parmi eux, se trouvent Jack Skellington : leur mentor, leur chef d'orchestre. Mais alors que celui-ci se fait acclamé par ses amis ravis, il s'éloigne tête basse, lassé de faire peur avec tant de facilité. Après une longue marche durant la nuit, il découvre un lieu étrange : des arbres formant un cercle, dont les troncs sont des portes menant vers d'autres mondes. Jack ouvre le passage menant à Christmas Town… Et là, il découvre la joie, le rire, l'amour. Il décide que cette année ce sera lui le Père Noël et que les habitants d'Halloween organiseront Noël !

Ce film est une réussite : les créatures rappellent toutes les frayeurs des enfants, et les classiques de l'horreur (le croque-mitaine, l'homme à la hâche dans le crâne, vampire, bébé-poupée effrayant, sorcière…) ; l'histoire file à toute allure, ponctuée de rebondissements palpitants. Chaque partie musicale s'intègre parfaitement dans la narration, et apporte des éléments primordiaux à l'intrigue (ce ne sont pas de simples intermèdes permettant au spectateur de se ronfler un peu !). N'oublions pas que Tim Burton a une nouvelle fois fait appel à Danny Elfman, compositeur extrèmement talentueux et comprenant avec perfection les univers de Tim Burton. Entre gaieté et horreur, Tim Burton et Henry Selick nous offrent un conte de Noël et d'Halloween plein de magie et d'inventivité. Sans oublier la petite morale indispensable à tout conte pour enfant.

Je suis allé le voir mardi soir dans sa nouvelle parrure 3D, et c'était magnifique!
Scénario magique, réalisation audacieuse, bande originale d'Elfmann superbe... Vraiment enchantant!
Une très bonne occasion de (re)découvrir ce bijou!

Sweeney Todd. 2007. Réalisé par Tim Burton
Adaptation du musical de Stephen Sondheim (1979).
Avec Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Alan Rickman (le Juge Turpin ; il a vraiment une voix de méchant, réfléchie, intelligente, cynique), Timothy Spall...
Bref, du beau monde.

Le film est chanté à 90 ou 95%, ce que l'affiche du film ne proclame pas. Il est difficile de faire de la publicité pour une comédie musicale gore. "Quel est le coeur de cible ?" ont dû se demander les têtes pensantes du marketing.

Johnny Depp est un barbier qui, tel le héros du Comte de Monte-Christo, est de retour en ville pour se venger d'une injustice qui lui a été faite... par un juge, méchant comme souvent les juges dans les films.
Sa vengeance sera sanglante, et il la rendra avec de jolies lames bien propres et tranchantes. On pense inévitablement à Edward aux mains d'argent.
La musique est fonctionnelle, Johnny Depp n'est pas un immense chanteur, mais il se débrouille pas mal quand même. On n'a pas de grand air sucré qui pourra passer ad nauseam et pas ad libitum à la radio.

Le film commence doucement, les couleurs ne sont pas très appuyées, puis les cadavres tombent comme à Gravelotte, ça gicle bien, c'est plus ou moins comique (il y a un peu de comique de répétition, avec les cadavres qui s'accumulent, et quelques répliques sympathiques), mais rapidement, on n'est plus là pour rigoler, et la fin est quasiment une vision de l'enfer.
Oui, la toute fin est rudement bien, notamment visuellement.
Ca dépote sévère.

eXPie a écrit:

On n'a pas de grand air sucré qui pourra passer ad nauseam et pas ad libitum à la radio.

Toute la tirade du jeune matelos à Johanna répond quand même pas mal à cette description, trouve-je.

Sinon, il y a quand même beaucoup d'humour (très noir) dans ce film outre l'accumulation cadavérique, le passage avec le barbier italien (incarné par Sacha Baron Cohen, qui a signé et joué Borat) est très drôle.

Spoiler:

Ah oui, tous les passages avec le barbier étaient très marrants, mais je me suis demandé tout aussitôt si je les trouverais aussi drôle si j'étais Italien. Je n'en était pas sûr.
Heureusement, après une courte réflexion, j'ai réalisé que je ne suis pas Italien, donc j'ai pu rigoler de nouveau.
Ouf !

Effectivement, aussi, il y a quelques passage un peu sucrés et mielleux, mais c'était pour montrer qu'il s'agissait de deux tourte...reaux (ha ha... il faut avoir vu le film), jeunes, et en pleine phase crétine (due à l'amouuuur, bien sûr) donc ayant un goût musical déplorable. Le fond et la forme étaient dès lors en totale harmonie.

Je suis bien d'accord avec le fond, la forme et l'harmonie. Les sentiments crétins et d'un autre temps ne pouvaient être mieux illustrés que par cette chanson idiote qui trouve par ailleurs parfaitement sa place dans le film tant elle est contrebalancée à outrance par la noirceur salvatrice du reste.

Ce qui est amusant, c'est que dans sa folie de découpage au rasoir, le diabolique barbier a également coupé des scènes du musical.

Il y a aussi eu des scènes filmées, et coupées, notamment avec Christopher Lee, dans lesquelles les esprits des victimes de Sweeney chantaient en un bel ensemble.
Cela faisait trop théâtral, semble-t-il (source : imdb).

visuellement et scénaristiquement, j'ai trouvé l'histoire très bien. Mais par contre, je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous en ce qui concerne la musique dans ce film : j'ai trouvé que c'était globalement assez monocorde.
Les airs se mêlaient et se mélangeaient pas mal, et je trouvais que ça manquait un peu de rythme différent parfois.
Les chansons de Sweeney Todd manquent de peps des fois, alors qu'il est franchement diabolique.

alors que musicalement, L'étrange Noël de Mr Jack était vraiment très riche et chaque morceau appartenait et figurait le personnage qui le chantait, Dans le Barbier, j'ai eu la sensation que les titres auraient pû être apparenté à n'importe quel personnage (je parle de la musique, pas des paroles..)

Globalement je trouvais la musique un peu désuette, mais j'aimais bien ce côté un peu west side story, voir Fred Astaire... et j'aurais presque aimer les voir danser (ils amorcent quelques pas parfois).

Le compositeur de ce film n 'est pas Danny Elfman... le manque de personnalité des musiques vient-il de celà ? je ne sais pas qui est ce compositeur Stephen Sondheim ??

J'avais parlé de musique "fonctionnelle" ; pour moi ce n'est pas une grande qualité. Elle ne transcende pas les situations. Mais, déjà, elle ne me dérange pas. Elle est inoffensive, quoi.

Le film est une adaptation d'un musical... et ce Sondheim, qui a signé les paroles et la musique, est l'auteur du musical. D'où la non-présence de Danny Elfman (qui de toute manière, sauf erreur de ma part, n'orchestre pas, de manière générale).
Stephen Sondheim a signé les lyrics de West Side Story et est l'auteur de pas mal de comédies musicales apparemment très connues aux Etats-Unis...

Queenie, je me suis fait la même reflexion sur Elfman, je pense que le film aurait gagné en subtilité et en légèreté s'il avait signé la bande originale (qu'il l'orchestre ou non, d'ailleurs, ça me semble un faux procès dans la mesure où il compose et écrit les paroles). Là, la musique est très très présente (sans que ça soit surprenant dans le contexte comédie musicale) et sans aucune subtilité, ni personnalité, comme tu dis. Malgré tout le film reste très bien.

C'est quand même fou que dans l'adaptation d'un musical à succès le handicap principal soit la musique !

Alors, soit on a ici tous mauvais goût, soit ce sont les autres !
(j'ai une petite idée, quand même, de la bonne réponse )

Je n'ai vu que Big Fish de Tim Burton que j'ai trouvé magnifique (ces petits arrangements féériques avec la réalité...) ainsi que Sleepy Hollow et si j'ai tant tardé à y venir c'est que les premières classes de T B avec Batman, Beetlejuice, Rox et Rooky, Mars attaks me l'avait fait définitivement classé "jeunesse"...
J'ai donc encore à découvrir la "seconde période", Edward aux mains d'argent, L'Etrange noël de Mr Jack, Charlie et la chocolaterie...
Les Noces funèbres *

Quelle chance ! Tu ne connais pas encore l'Etrange Noël !
Là, la musique est excellente, le scénario pareil, enfin tout...
Très bien, aussi, Les Noces Funèbres, mais L'Etrange Noël est au-dessus, je crois (le titre en anglais est mieux : The Nightmare before Christmas, ça en jette plus).

Big Fish m'avait pas mal déçu, en fait. Il m'a semblé manquer quelque chose, une cohésion...

Mais Tim Burton, classé "jeunesse" ? Mars Attacks est totalement irrévérencieux, le "malentendu culturel" pour justifier l'attaque est bien marrante, et le raisonnement (de mémoire) : "une civilisation évoluée ne peut être que pacifique" qui prend un démenti cinglant est quasiment une déclaration politique.

Quant à Batman... Les deux films sont boursouflés, très imparfaits, l'image phagocyte tout, mais Michelle Pfeiffer en Catwoman, dans Batman Returns, écrase toutes les Catwomen suivantes, son mélange de sadisme, de folie, on n'a rarement vu ça dans un "blockbuster", non ? Sa psychologie est très, très tordue.

Tim Burton peut donner une apparence de film pour jeune (et carrément donner dedans avec La Planète des Singes, qui ne comporte que quelques secondes de vraiment Burtonien), mais je crois qu'il ne l'est pas, ou du moins qu'il est plus que cela.

Sleepy Hollow est pas mal du tout, non plus.

Le danger chez Tim Burton, c'est qu'il se laisse parfois griser par l'image au détriment du contenu.
Je crois.

Et ses prochains films promettent. Frankenweenie, un film d'animation pour 2009 ; Alice au Pays des Merveilles pour 2010 ; et Spook's apprentice, l'histoire d'un adolescent qui s'entraîne à devenir exorciste en 1700 (prévu pour 2009, aussi) !

Mêmes réflexions que vous pour la musique.

Citation :

Sa vengeance sera sanglante, et il la rendra avec de jolies lames bien propres et tranchantes. On pense inévitablement à Edward aux mains d'argent.

D'ailleurs, ne peut-on pas envisager Sweeny Todd comme le pendant sombre d'Adward Sissorhand ?
On peut relever un certain nombre de points communs :
- les mécanismes, objets esthétiques chers à Burton, constituent une machine infernale d'où sortent au final des tourtes à la chair humaine moulinée ; cela apparaît dès le générique. Il a procédé de la même manière des années plus tôt dans Edward, mais avec de jolis petits biscuits.
- des objets tranchants à la place des mains dans les deux cas ("j'ai enfin retrouvé mon bras complet"), dans les deux histoires, ils sont synonymes d'un don : le barbier virtuose, le sculpteur virtuose. Dans les deux film, ils représentent un obstacle à l'amour : qui a vu le dénouement comprend, ostacle physique pour Edward.
- L'intrusion de la ville et de ses habitants, vus comme une entité, en tant qu'élément perturbateur dans l'intrigue.
- La naïveté du couple, seulement évoquée dans Sweeny Todd.
Etc.

Sweeny Todd est-il une réponse à la question : que serait-il arrivé à Edward s'il avait pu être animé par la haine ?

Je crois que Burton aime bien forger et reforger à l'infini certains thèmes et objets qui lui sont chers.

Mais je ne sais pas définir précisément encore ce qui m'a déçue, un peu dans ce Burton.

eXPie a écrit:

Et ses prochains films promettent. Frankenweenie, un film d'animation pour 2009 ; Alice au Pays des Merveilles pour 2010 ; et Spook's apprentice, l'histoire d'un adolescent qui s'entraîne à devenir exorciste en 1700 (prévu pour 2009, aussi) !

faut se méfier, il sera avec disney pour ces films-là....... en tout cas les deux premiers. Et en plus Frankenweenie, c'est juste une reprise d'un court assez vieux, mais bien sympa. c'est marrant comme il aime bien les savants fous planqués dans leurs tours (jack et sa construction d'un noël - sweeney et sa chaise - charlie et son usine - frankenweenie et ses expériences sur la mort...), c'est marrant comme il est fasciné par la faculté qu'ont les hommes à modifier leur réalité, à créer des choses pour modifier/facilité leurs quotidiens. Il filme toujours ça très très bien. CE petit brin de folie créatrice.

Sinon, Tim Burton peut être associé à l'enfance, dans le sens où il parle un peu à l'enfant sombre, mélancolique, un peu monstrueux, qui est en nous. Un parfait équilibre entre le rêve et le cauchemar.

pour moi, il reste un grand maître du visuel, et avec Sweeney Todd, sa façon de réaliser est un poil plus dynamique, je dirai presque plus adulte, je ne sais ps trop ce qui m'a fait penser ça, mais je l'ai trouvé majestueux, avec des corps qui avaient du poids à l'image.