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| Marcel Proust | |
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Auteur | Message |
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Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Marcel Proust Jeu 21 Aoû 2014 - 10:00 | |
| - topocl a écrit:
- Cependant, j'ai assez envie de savoir pourquoi les parents se sont fâchés avec Swann, pourquoi Swann a finalement épousé Odette..
Tu n'auras pas vraiment de réponse mais c'est un exemple justement de ce qui fait l'étonnante ambivalence des personnages. Après nous avoir montré tout ce qui lui déplaît chez Odette et à quel point elle semble n'être pas faite pour lui, qu'il pense ne plus l'aimer, il l'épouse! Et bien que se trompant mutuellement et s'exaspérant aussi bien souvent ces deux êtres s'aiment et sont attachés l'un à autre au point que la mort de l'un sera une grande souffrance pour l'autre. C'est la vie! Tchekhov nous raconte un peu la même chose dans Ma femme et Nuri Bilge Ceylan aussi dans Winter Sleep. Toute l'œuvre de Proust montre cette complexité de la nature humaine loin de tout manichéisme. Et l'ironie ou la condescendance apparentes sont en même temps attachement et considération (avec Charlus c'est manifeste, à la fois ridicule et magnifique). Par contre, si, il y a une sainte dans cette histoire qui est épargnée. Sa grand-mère. Tout ce qu'il dit d'elle est bouleversant. Mais il faudra attendre Le côté de Guermantes... | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Marcel Proust Jeu 21 Aoû 2014 - 13:49 | |
| je lis votre échange avec plaisir. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Marcel Proust Jeu 21 Aoû 2014 - 17:32 | |
| Et Marko qui me dit pour m'encourager: non, tu ne trouveras pas ce que tu cherches dans la suite ! Ceci dit, je pense quand même essayer les jeunes filles en fleur plus ou moins prochainement | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Marcel Proust Jeu 21 Aoû 2014 - 17:37 | |
| - topocl a écrit:
- Et Marko qui me dit pour m'encourager: non, tu ne trouveras pas ce que tu cherches dans la suite !
J'ai quand même tenté de te motiver avec la grand-mère Il vaut mieux ne pas insister quand on n'est pas suffisamment réceptif à une oeuvre... | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Marcel Proust Jeu 21 Aoû 2014 - 17:43 | |
| - Marko a écrit:
- topocl a écrit:
- Et Marko qui me dit pour m'encourager: non, tu ne trouveras pas ce que tu cherches dans la suite !
J'ai quand même tenté de te motiver avec la grand-mère Il vaut mieux ne pas insister quand on n'est pas suffisamment réceptif à une oeuvre... Mais il y a des aspects auxquels je suis réceptive. Je ne l'aurais pas fini, sinon. Et je me dis que la maturité devrait apporter des choses à ce garçon, et la vieillesse encore plus... Et la durée du roman, un approfondissement, comme tu le dis. Mais évidemment pour cela, il faut tenir jusqu’au bout. Et en outre mes réserves semblent avoir relancé l'envie de Pia. Donc, c'est tout bénef pour Proust et ses adeptes.! | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Marcel Proust Jeu 21 Aoû 2014 - 17:56 | |
| - topocl a écrit:
Et en outre mes réserves semblent avoir relancé l'envie de Pia. Donc, c'est tout bénef pour Proust et ses adeptes.! Tiens d'ailleurs.... | |
| | | anagramme Agilité postale
Messages : 909 Inscription le : 29/08/2008
| Sujet: Re: Marcel Proust Jeu 28 Aoû 2014 - 21:01 | |
| Eleonora Marangoni a écrit Proust et la peinture italienne, 2011 | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Marcel Proust Jeu 28 Aoû 2014 - 21:08 | |
| - anagramme a écrit:
- Eleonora Marangoni a écrit Proust et la peinture italienne, 2011
ça complètera bien "Le musee imaginaire de Marcel Proust (tous les tableaux de A La Recherche du temps perdu)". | |
| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: Marcel Proust Sam 22 Nov 2014 - 23:15 | |
| Merci Tina pour le commentaire ci-dessous, que j'ai découvert un peu par chance en remontant le fil -pas d'indication en face du titre en première page, mais ça arrive sur les topics très garnis et c'est bien compréhensible, quelle difficulté, quel travail de bénédictin de tout suivre et répertorier aux modérateurs, toutefois grande aurait été ma surprise d'être le premier à poster sur ce livre-là en particulier ! - tina a écrit:
- Contre Sainte-Beuve
Impossible de rendre ici le plaisir retrouvé à lire Proust !
- Spoiler:
D'une façon inattendue, car ce livre est un mélange de galop d'essai pour la RTP et d'essai littéraire, avec des idées remarquables. Tous les pédants du monde devraient le lire car celui qui parle, en dehors d'être lui-même écrivain, est un expert ès lettres hors du commun.
Ces écrits datent à peu près de 1908, en ce qui concerne les textes généraux pour la Recherche. Ce sont des morceaux décrivant tantôt les Guermantes, tantôt la race maudite ou encore l'affection maternelle. La langue, riche, n'est pas encore constituée des arabesques qu'on connait. Mais elle est en germe, elle est comme tapie au sein du texte et pour l'amateur, c'est une fascination. Car nous savons vers quelle issue lumineuse cela mènera. Proust ne se cherche déjà plus, il s'est trouvé et commence son envol...
Sur Sainte-Beuve : sans lui nier beaucoup de talent, Proust n'adhère pas à sa doctrine. A savoir : qu'il faudrait connaître parfaitement la biographie d'un écrivain pour comprendre son oeuvre. Et là, Proust se dénude : quand il dit qu'écrire, c'est être un autre, un moi profond, n'ayant rien à voir avec la vulgaire réalité. Insaissisable, immatériel. Une essence. Il développe son processus créateur que je ne vais pas vous résumer, car c'est à lire. On assiste à l'enfantement magique qui semble venir du fond des âges, du fond des êtres, car l'écrivain porte ses mondes et se souvient peut-être d'autres. A ceux qui nient la dimension métaphysique de Proust, il faut lire ces passages sublimement exprimés.
Rien d'anecdotique avec la Littérature. Elle est universelle par défaut. Et ceux qui n'atteignent pas cela (la majorité) ne sont pas des écrivains.
Enfin, voir ses avis sur Balzac (prosaïque mais génial), Nerval (qui a tout compris) ou Baudelaire (grande admiration)...
Proust se dévoile. On entre dans son esprit.
La langue reste unique, merveilleuse, mélodique.
Mais de quelle planète venait-il ???
Contre Sainte-Beuve Paru post-mortem en 1954, écrits de travail, fragments et brouillons compilés, datés de 1908 à 1910. Vous trouverez ce texte ici. - Spoiler:
De grâce, ignorez la salissure illustrative de la première page, deux mains tenant un pistolet, aussi incongrue là qu'un cachalot au sommet du K2 .
La problématique que fournit Proust n'est toujours ni tranchée, ni révolue. Faut-il se familiariser avec la vie de l'auteur, ce qu'il dit hors de ses livres, ses connaissances, ses fréquentations, son milieu social, son enfance, ses ascendants et toutes les données d'enquêteur qu'on peut assembler sur sa personne, afin de cerner au mieux son oeuvre (c'était la façon de faire de Sainte-Beuve), et tenter de l'inscrire dans une démarche scientifique d'investigation (à relents se voulant positivistes, dans le cas de Sainte-Beuve, mais une des mises en évidence les plus audacieuses de Proust est le constat qu'elles virent parfois, concrètement, à la vile courtisanerie) ? Sainte-Beuve fut le plus renommé d'entre les critiques littéraires français du XIXème siècle, et est peut-être d'ailleurs toujours aujourd'hui le critique littéraire français le plus notoire de tous les temps. Marcel Proust ne s'attaque pas à un second couteau, à un besogneux ! Au reste, un respect de la plume, et de la personne, de celui en face duquel il s'érige en contradicteur, transparaît dans ces pages: on reste, je crois, dans le ton gentilhomme. Mais les points que soulèvent Proust vont très loin, peuvent même désarçonner tant ils remettent en question. Ou bien rassurer si, comme moi, vous vous êtes fadé, plusieurs dizaines d'années durant, de longues analyses critiques très orientées. De type, allez, par exemple, quelques exemples justes, il y en a d'autres, mettons: freudien, ou marxiste, ou exégète-herméneutique, ou enquêteur à la Bureau Veritas de l'écrit littéraire, sur des livres que vous avez lu, cru percevoir, recevoir et comprendre avant que le regard-expert "savant" ne vous déroute, en prétendant vous laisser entrevoir la "vérité vraie" sur l'ouvrage, vous forçant même parfois, jusqu'à ce que votre cuir endurci vous rende moins poreux aux influences, à considérer que vous avez tout loupé de l'ouvrage puisque vous y avez vu tout autre chose: et comme eux "savent", la preuve, ou plutôt leurs preuves, ils les ont faites, ils sont bardés de titres... Il est juste de souligner que d'autres, bien d'autres, d'écoles, de sensibilités très variées (de toutes, en fait), m'ont éclairé certains livres ! Mon opinion, ce qui, en soi, n'a pas d'importance; Il est tout de même non dénué d'intérêt, pour l'appréhension comme pour la compréhension (l'assimilation, si vous préférez) d'un texte de ne pas faire abstraction du contexte; en cela je ne suis pas suiveur de Proust jusqu'au bout. Mais je réfute la construction de Charles-Augustin Sainte-Beuve, corrélée à de vieux rêves, de vaines tentatives de Paul Bourget et d'Hippolyte Taine à ce qu'il paraît. Parce qu'ainsi, sa méthode appliquée laisse les auteurs très anciens (Grecs, Latins, etc...), ou ceux sur lesquels nous avons davantage de conjonctures, d'hypothèses que de certitudes (par exemple François Villon), sans parler des anonymes (la chanson de Rolland, etc...) au bord du chemin de la critique bien sûr, mais même de la réception lectorale. Veuillez m'excuser, je me racle la gorge bruyamment ! Et aussi, conduit à l'art, et là je suis tout à fait en phase avec l'argument de Proust, c'est que ces beaux messieurs positivistes ayant le sens du progrès et voulant que l'art puisse se trouver dans le champ de la démarche scientiste nous conduisent tout bonnement à considérer que les découvertes des uns servent aux suivants, qui partent du dernier point certain atteint par leurs prédécesseurs pour faire avancer l'art: Il va de soi que les souvenirs, les mémoires du dernier footballeur porté aux nues ou de l'ultime participant-vedette à une émission de téléréalité partent du dernier point artistique atteint par Chateaubriand dans Les Mémoires d'Outre-Tombe et par Proust dans A la recherche du temps perdu ! Plaisanterie à part, ça ne tient pas. L'art n'est pas une science positive et rien de la démarche scientiste appliquée n'est calquable, désolé. Proust a beau jeu de souligner que le point du ressort créatif reste entier et renouvelé, là il joue sur du velours: Bien sûr, Homère n'est pas moindre qu'un bouquin de 2014 propulsé à grands coups de com' avec trois mots d'éloge de cinq critiques de médias mainstream, et écrit avec un point tous les huit mots, beaucoup de dialogues et peu de narration, à trois temps de conjugaison, puisque l'éditeur le destine à une carrière de support vendable en scénario de téléfilm "incontournable", rêvant à la série, si l'hameçon et l'appât...(NB: ceci est une illustration, bien sûr qu'il parait de très bons ouvrages en ce moment, et je n'ai pas de doute sérieux pour demain) L'ouvrage commence par une préface de Proust, dont la première phrase dépose à elle toute seule la critique dite savante, elle est plus qu'iconoclaste, elle sent carrément le fagot, et aujourd'hui autant ou même plus (je pense plus) qu'hier, jugez: "Chaque jour j'attache moins de prix à l'intelligence". Voilà pour la partie problématique, sachez que le livre va plus loin, Proust nous confie au passage un peu de son regard sur d'autres artistes. Surtout sur trois d'entre eux, un que Sainte-Beuve a complètement ignoré, Gérard de Nerval, bien que le chapitre soit visiblement non achevé (il manque un développement final, conclusif, dirait-on). Donc ce chapitre (c'est le IX, intitulé Gérard de Nerval) c'est Proust lisant Gérard de Nerval -je sais combien de nombreux Parfumés sont d'inconditionnels Nervaliens, comme moi, et annonce: vous allez ronronner et rouvrir derechef quelques pages de Sylvie ! (suite ou bien édition du message plus tard) | |
| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: Marcel Proust Lun 24 Nov 2014 - 0:54 | |
| ( Contre Sainte-Beuve, suite) Les deux autres auteurs ? Charles Baudelaire, outre de superbes citations, et d'infiniment réjouissants commentaires de vers, Proust tend là à une limite en particulier de Sainte-Beuve, l'"ami" de Baudelaire qui ne l'a pas défendu quand il en avait un besoin urgent. Sainte-Beuve qui sopalinait allègrement sur des demi-sels d'écrivains mondains, des salonnards oubliés, mais qui prenait de haut le poète au bout du rouleau, criblé de dettes et traîné devant les tribunaux, tout en étant parfaitement conscient de la valeur exceptionnelle de ses vers. Il me semble qu'on trouve par moment dans la critique envers Sainte-Beuve comme un premier jet, un matériau brut, qui fournira bien plus tard l'esquisse de salon littéraire, ses charmes et ses limites, ses injustices, que sera le salon d'Odette Verdurin, dans "A la recherche du temps perdu".Honoré de Balzac, Est peut-être encore plus intéressant comme sujet traité par Proust que les pages consacrées à Nerval et Baudelaire. Parce qu'autant Proust est conquis par Nerval et Baudelaire, autant son enthousiasme de lecteur est moindre pour Balzac. Aussi parce que le chapitre semble bel et bien achevé, formalisé, calibré. Proust relève avec beaucoup d'à-propos le fait que Sainte-Beuve soit passé complètement au travers de l'oeuvre -pourtant colossale- de Balzac. Il n'a rien compris des innovations de celui-ci, ni de la transposition de la technique picturale (Balzac était mieux qu'un amateur éclairé, un fou de peinture) à la technique littéraire, ni au fait que Balzac lui-même flirtait toujours à la limite du monde de ses romans et de sa vie réelle, ceux-ci s'entrecroisant dangereusement pour lui sans doute, mais là est une des raisons pour lesquelles l'oeuvre de Balzac a encore un tel éclat aujourd'hui, une force en elle, si spécifique. Pêle-mêle traversent aussi le livre, es-qualité d'auteurs du goût de Marcel Proust, parfois juste cités, parfois développés, Chateaubriand (j'en ai touché un mot ici, un René Boysleve bien oublié de nos jours, Henri de Régnier (pas mieux dans l'oubli !), Jean Racine, Musset, Boileau, Francis Jammes, Lamartine, Hugo, Stendhal (beaucoup !), Tolstoï, Pascal, John Ruskin, Vigny, Leconte de Lisle, Homère, Maurice Maeterlinck, Molière, Mallarmé, Virgile, Flaubert (beaucoup aussi !). De quoi constituer un petit viatique pour itinéraire de proustiens en mal de prolongements, de sources (mais la démarche serait quelque peu Sainte-Beuvienne !). Ce sont aussi des peintres. "lustrant d'ombres de vastes étendues de marbre comme dans Véronèse, donnant ainsi la leçon contraire de la leçon de Chardin": Ou encore des fleurs de Jan Van Huysum: Proust a un interlocuteur lors de cet essai, une présence, tant en personnage de ses souvenirs que pour donner la réplique, celle-ci fût-elle le plus souvent silencieuse (mais pas toujours). C'est sa mère, à qui il voue un amour fusionnel, qui traverse le livre en figure votive, pourrait-on dire. Elle rayonne, en particulier, dans les chapitres L'article dans Le Figaro, Le rayon de soleil sur le balcon, Conversation avec Maman. Son frère est évoqué, à l'enfance, de bien jolies pages de départ "dramatique" de vacances, qui n'auront pas de correspondance ultérieure dans "A la recherche du temps perdu" (ou bien je les ai oublié, ce qui est fort possible !) enfin son père est une silhouette qu'on ne distingue pas sur la ligne d'horizon. "Et les belles lignes de son visage juif, tout empreint de douceur chrétienne et de courage janséniste, en faisaient Esther elle-même..." Un des plus grands intérêts de ce livre réside dans des prémisses, des paragraphes, des futures pages ou bien des personnages que Marcel Proust nous livre à l'état d'ébauches, et que nous retrouverons dans "A la recherche du temps perdu".Ainsi dans le chapitre sommeil les femmes qui naissent d'une position de sa cuisse. Ou encore le cabinet qui sera le lieu de son éveil sexuel à l'adolescence, avec la fenêtre et la plante vivace grimpante, autant de "recherche du temps ou je lisais à la recherche du temps perdu" ! Bien sûr, vous trouverez l'itinéraire Proustien obligé, en premier lieu la Normandie de villégiature (et les deux côtés de Guermantes !), bien sûr Paris, bien sûr les flèches de la Cathédrale de Chartres, bien sûr Venise... Ou encore le chapitre "La race maudite", très beau texte sur l'homosexualité dans un contexte début de XXième siècle parisien, qui éclora en toute splendeur dans les célèbres pages de l'accouplement entre Jupien et le Baron de Charlus, avec l'allégorie du bourdon et de la fleur. Ici, le Baron de Charlus s'appelle le Marquis de Quercy, la fille de Swann (Gilberte de Saint-Loup) se nomme Melle de Cardaillec, Guermantes est déjà Guermantes (le lieu comme le nom de famille). Allons-y pour une dernière problématique que pose ce livre: Fallait-il le publier, sachant que Proust entendait n'être jugé que sur son oeuvre (argument massue qu'il oppose à la méthode Sainte-Beuve), et qu'il n'a pas cru bon de le faire paraître (était-ce, d'ailleurs, dans son esprit, un livre potentiel, c'est loin d'être sûr) ? Il vivait cloîtré dans sa chambre capitonnée du Boulevard Hausmann, déconnecté même du jour et de la nuit, travaillant d'arrache-pied, tout entier centré sur son oeuvre, dans une course contre la montre (contre la maladie et la mort), et n'a pu achever Le temps retrouvé. Certainement ces papiers-là, ces fragments ne lui paraissaient pas primordiaux, ni même peut-être, qui sait, dignes du moindre intérêt. Il est remarquable que la trahison, en somme, de leur publication nous livre une théorie sur l'art et la critique encore non tranchée de nos jours, en plus de quelques magnifiques pages (je suis aussi enthousiaste que ne l'est Tina). - Spoiler:
Pour une trahison de plus et un éclairage bassement Sainte-Beuvien, je ne résiste pas à vous livrer un lien ou deux sur Céleste Albaret, sa gouvernante, qui l'accompagnera jusqu'à son dernier souffle en compagnie de son mari, et dont la critique a démoli le bouquin (intitulé "Monsieur Proust") avec une férocité rare: La corporation de la profession de critique littéraire en France d'alors -et pas si lointaine- concevait-elle la vengeance comme un plat qui se mange chichement et froid ?
- Spoiler:
NB: ayant donné un link vers le texte intégral dans le message précédent, je ne suis pas sûr que poster des extraits vaille la peine: si toutefois cela est souhaité, il suffit de faire signe !
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| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Marcel Proust Mar 25 Nov 2014 - 20:54 | |
| C'est fameux Sigismond, merci. Je ne suis pas sûre d'être a priori d'accord avec Proust mais ça mériterait de faire la confrontation... et de voir jusqu'où les idées peuvent être sérieusement chamboulées ! (mais peut-être aussi avant une meilleure connaissance des auteurs passés en revue...) | |
| | | Sullien Sage de la littérature
Messages : 1591 Inscription le : 23/10/2012
| Sujet: Re: Marcel Proust Mar 25 Nov 2014 - 22:07 | |
| - Sigismond a écrit:
- Charles Baudelaire, outre de superbes citations, et d'infiniment réjouissants commentaires de vers, Proust tend là à une limite en particulier de Sainte-Beuve, l'"ami" de Baudelaire qui ne l'a pas défendu quand il en avait un besoin urgent. Sainte-Beuve qui sopalinait allègrement sur des demi-sels d'écrivains mondains, des salonnards oubliés, mais qui prenait de haut le poète au bout du rouleau, criblé de dettes et traîné devant les tribunaux, tout en étant parfaitement conscient de la valeur exceptionnelle de ses vers.
Il me semble qu'on trouve par moment dans la critique envers Sainte-Beuve comme un premier jet, un matériau brut, qui fournira bien plus tard l'esquisse de salon littéraire, ses charmes et ses limites, ses injustices, que sera le salon d'Odette Verdurin, dans "A la recherche du temps perdu". Madame Verdurin a un prénom ? | |
| | | anagramme Agilité postale
Messages : 909 Inscription le : 29/08/2008
| Sujet: Re: Marcel Proust Mer 26 Nov 2014 - 0:20 | |
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| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Marcel Proust Mer 26 Nov 2014 - 9:27 | |
| Sigismond a un don pour extirper les lectures de l'oubli. Contre Sainte-Beuve semble avoir repris le dessus de ma pile. Nous verrons bien rendu aux vacances des Fêtes, si pas avant... | |
| | | Sullien Sage de la littérature
Messages : 1591 Inscription le : 23/10/2012
| Sujet: Re: Marcel Proust Mer 26 Nov 2014 - 11:52 | |
| - anagramme a écrit:
- Elle s'appelle Sidonie.
Mais c'est bien sûr ! Pauvre mémoire...Merci anagramme ! | |
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| Sujet: Re: Marcel Proust | |
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| | | | Marcel Proust | |
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