Andreï Tarkovski

animal a écrit:

vu hier Andreï Roublev.

j'avoue qu'il me manque uen poignée de liens ou de points de référence : pas tout tout compris, m'enfin des morceaux quand même.

Tu devrais avoir quelques pistes sur ce site

http://stalker.hautetfort.com/archive/2005/07/07/andrei_roublev_de_tarkovski_par_francis_moury.html

Je ne connaissais pas du tout mais grâce à vos commentaires et aux extraits de films, je vais réparer cette erreur très vite!

Des prises de vue sublimes, une lenteur et des silences chargés qui me conviennent plutôt bien. Et puis ce voile de mystère un peu surréaliste a fini par me convaincre

Merci à vous et à Animal pour son avis de néophyte (ça compte aussi)

Et j'ai enfin l'explication de l'avatar de Marko. Très beau d'ailleurs!

(présence d'Erland Josephson)

markofr a écrit:

animal a écrit:

vu hier Andreï Roublev.

j'avoue qu'il me manque uen poignée de liens ou de points de référence : pas tout tout compris, m'enfin des morceaux quand même.

Tu devrais avoir quelques pistes sur ce site

http://stalker.hautetfort.com/archive/2005/07/07/andrei_roublev_de_tarkovski_par_francis_moury.html

sans doute que les "coupes obligatoires" liées à la censure jouent sur la construction et la manière de faire du coup... en verrai d'autres pour faire mon avis plus complètement.

Babelle a écrit:

Le Sacrifice :

L'influence de Bergman m'a semblé très présente ici.

(présence d'Erland Josephson)

C'est vrai qu'on pourrait être dans Fanny et Alexandre ou Sarabande! Ils s'admiraient mutuellement.

(Zerkalo, prod. 1974)
On aurait bien le droit de savoir à quoi l'on s'engage avant de visionner Le Miroir.
Le résumé d'Allociné suffira : Arrivé à la moitié de sa vie, un homme malade se penche sur son passé. C'est son enfance tout d'abord qui lui revient avec la vision de sa mère attendant le retour improbable de son mari, puis le souvenir de sa femme dont il s'est séparé le hante. Passé et présent se mélangent dans l'esprit d'un homme qui cherchait "seulement a être heureux".
Il est rare de s'engager sans synopsis. C'est comme rentrer dans la salle obscure sans savoir ce que l'on vient regarder. C'est pourtant ce que j'ai fait, avec un peu de regret car il est dommage de perdre trop d'énergie à recomposer une temporalité qui tende à poser ces simples jalons :
un homme encore jeune va mourir. Il se souvient. On devine que la jeune femme assise sur la barrière est sa mère, il marche entre les arbres et les buissons qu'un vent fait frémir lorsqu'un regard est porté en arrière; le lait blanc goute depuis la table. Depuis l'intérieur de la maison d'enfance, toujours, la fenêtre est grande ouverte sur le paysage en attente.
-En exergue, un adolescent bégayant (le bégaiement retient-il les mots d'une autre perte douloureuse?) se fait soigner, entre les mains et sous la suggestion d'une thérapeute. Pas un tour de magie dans ce bureau froid; plutôt la marque de ce qu'un système peut mettre de mieux professionnellement au service du petit patient.
La peur :

Un poste de télévision couleur nous dépose à une date dont on peut juger mais tout en nous infligeant l'ennui ou l'attente d'un autre garçon : plongée rapide dans une autre douleur personnelle. Ignat serait aussi bien Aliocha ou Andréï dont on attend de voir le visage. -Ignat est déjà perdu, ne reconnaissant par sa grand-mère frappant à sa porte. Elle non plus ne le reconnait pas : elle doit chercher le père d'Ignat.
Les archives : siège de Leningrad, guerre d'Espagne et réfugiés...


L'essentiel se trouve ici :

Citation :

"Les destins de deux générations se superposent par la rencontre de la réalité et des souvenirs : celui de mon père dont on entend les poèmes dans le film et le mien. La maison du film est la reconstruction exacte de la nôtre, et a été construite à l'emplacement de cette dernière. On peut dire qu'il s'agit là d'un film documentaire. Les images d'actualité du temps de guerre, les lettres d'amour de mon père à ma mère, sont des documents qui façonnent l'histoire de ma vie" (<Balint Andra Kovacs, Les mondes d'Andrei Tarkovski)

Merci Babelle d'ouvrir les portes de ce film exceptionnel que je vais revoir pour mieux me joindre à tes commentaires. Je ne connaissais pas cette citation de Tarkovski qui est très éclairante!

Je vais le revoir aussi Markofr. Pour l'instant je ne sais pas comment évoquer l'image. Comment un seul plan rassemble trois intérieurs différents, trois générations qui se chevauchent. Car il n'y a pas que le miroir, il y a aussi quelque chose dans le mouvement. A peine le temps de repérer les correspondances et de se laisser envahir par un intérieur, une autre dimension refait surface. Ainsi le fils et sa mère ne s'entendent pas sur l'heure qu'il est, Ignat a l'impression d'avoir déjà vu les objets qu'il touche...

Vu Nostalghia et le travelling arrière finale dont parle Marko.Un beau film,suspendu entre noir et blanc et couleur,une Italie rarement apparue ainsi,et la dualité norme/folie à jamais insoluble.Tarkovski que je connais très peu est un maître exigeant mais la récompense est au bout,la grâce.Je suis plus sensible à Roublev cependant mais je n'en ai pas vu d'autres.Le sacrifice m'attend prochainement.

Bellonzo a écrit:

Vu Nostalghia et le travelling arrière finale dont parle Marko.Un beau film,suspendu entre noir et blanc et couleur,une Italie rarement apparue ainsi,et la dualité norme/folie à jamais insoluble.Tarkovski que je connais très peu est un maître exigeant mais la récompense est au bout,la grâce.Je suis plus sensible à Roublev cependant mais je n'en ai pas vu d'autres.Le sacrifice m'attend prochainement.

La séquence où le personnage traverse la piscine en tentant de maintenir éclairée une petite flamme de bougie, bien fragile, est un moment très fort. Certains plans sont repris en partie dans Le Bannissement de Zviaguintsev (cette scène notamment...
http://fr.youtube.com/watch?v=84RmIVl3Qas ) que je te conseille de ne pas manquer Bellonzo! Il est sorti en DVD.

La fin de Solaris où il reprend visuellement le thème du retour du fils prodigue de Rembrandt :

http://fr.youtube.com/watch?v=Jorf-2o5YfU&feature=related

Marko a écrit:

La fin de Solaris où il reprend visuellement le thème du retour du fils prodigue de Rembrandt :

http://fr.youtube.com/watch?v=Jorf-2o5YfU&feature=related

Je revois ces extraits avec tant de plaisir faute de revoir les films en entier...

vu Nostalghia et ses quelques (assez nombreuses en fait) images sidérantes... textures, couleurs et puis les drôles de construction que l'on découvre par ce mouvement latéral...

ce n'est que maintenant (après) que je lis le dos de la jacquette... bizarrement ce n'est pas une impression de nostalgie qui me restera le plus... plutôt une interrogation sur la vie, une certaine peur de la fin (de la vie et des choses), un sentiment de recherche d'absolu diffus et pénétrant... la nostalgie en conséquence ?

des lieux magnifiques, de la pierre, de la verdure et beaucoup de pluie, celle qui coule sur le carrelage à travers la fenêtre ouverte de cette incroyable chambre... et le chien qui est là.

je me suis posé la question de longueurs... je ne sais pas, je crois qu'on divague et réfléchit un peu devant ce spectacle et qu'après on revient... j'ai du être plus perturbé par une légère vibration du lecteur (de dvd).


de sacrées images avec de sacrés aller/retours.

impression plus homogène qu'avec Andrei Roublev même si en y repensant Roublev a d'autres choses.

incontestablement un film qui donne envie de toucher dedans l'image !

(merci )

animal a écrit:

ce n'est que maintenant (après) que je lis le dos de la jacquette... bizarrement ce n'est pas une impression de nostalgie qui me restera le plus... plutôt une interrogation sur la vie, une certaine peur de la fin (de la vie et des choses), un sentiment de recherche d'absolu diffus et pénétrant... la nostalgie en conséquence ?

Peut-être c'est à jusqte titre qu'on a laissé un titre d'une autre langue(?), car en russe, me semble-t-t-il, la "nostalghia" pourrait très bien se faire défenir par les attributs que tu ressens! La nostalgie pour les occidentaux est assez souvent tourné vers un passé. Je ne pense pas que c'est la direction essentielle de la nostalghia "russe"! La quête d'absolu, le sentiment d'une certaine distance vis-à-vis ce qui pourrait être demandé, ce qui est possible et impossible...

La nostalgie,cette assassine blessure

Petit complément sur ce sujet passionnant.

Tarkovski est un cinéaste que je découvre seulement maintenant.Après Andreï Roublev j'ai donc vu Nostalghia.On sait le cinéma de Tarkovski exigeant,parfois frôlant l'ascèse en sa beauté plastique unique.Il me semble assez difficile de parler de Nostalghia tant la hauteur de vue de Tarkovski n'est pas notre quotidien.Le voyage dans l'Italie du Nord du poète russe,sur les traces d'un musicien,russe lui aussi,deux siècles plus tôt,se passe dans une Toscane qui n'a pas la luminosité des Taviani.C'est que le cinéma des frères se veut ancré dans une réalité très italienne alors que la parabole de Tarkovski est davantage universelle dans son questionnement.Tonino Guerra,le grand scénariste de plusieurs films importants des Taviani,Rosi,etc.. est d'ailleurs aussi celui de Nostalghia.

Le poète et sa traductrice rencontrent non loin de la chapelle de Piero della Francesca Domenico,sorte d'ermite accompagné de son chien et qui tient d'étranges propos.Cherchant à lutter contre le matérialisme du monde il se confie à Gortchakov le poète...Les pistes abondent dans Nostalghia,peut-être fausses.Et qu'est-ce que cette nostalgie où le thème de l'intraduisible semble vouloir scléroser tout art?Et Domenico dans sa folie n'est-il qu'un dément ou l'ultime sage dans cette Italie devenu un théâtre de malédiction.Mais Nostalghia sera ce que vous en ferez tant ce film sidérant de baroque somptueux et d'obscurs exils refuse de vous prendre par la main.La presse a parlé à propos de Nostalghia de poème métaphysique aux images inoubliables.Je parlerai de tremblante alchimie entre l'âme russe comme transportée,déportée et mystique et la Toscane qui aurait comme avorté sa Renaissance pour n'en retenir que la lumière noire.La présence si sensible du grand comédien suédois Erland Josephson évoquera certainement pour plus d'un spectateur un autre grand homme du Nord,à l'austérité si douloureuse et que vous aurez reconnu.