Marguerite Duras

Comme ça, je ne pourrais plus ; pourtant il y a à peine 2 ans que je l'ai lu, je me souviens d'abord avoir aimé, et aussi qu'il y a un homme , vieillissant je crois, une baraque, une visiteuse. C'est à peu près tout.
je lis beaucoup, enfin passablement et j'oublie vite, hélas.

Ce que j'aime chez Duras, ce n'est pas tant le dit que le dire, l'ambiance qui se crée..

Ed the Grocer a écrit:

Marguerite Duras ?

C'est terrible, je ne l'ai jamais lue.

Après avoir vu Hiroshima mon amour "Limoges Hiroshima Limoges" elle a disparu de mon univers aussi vite qu'elle y était entrée.

c'est une erreur ?

Une erreur?...Pour moi, oui...mais tout le monde n'apprécie pas Duras...
Surtout que tu n'as vu qu'un film...
Peut-être mérite-t-elle que tu essaiesde lire un de ses romans?...

Pourquoi dis-tu "Limoges Hiroshima Limoges"?...

monilet a écrit:

Je n'ai pas (encore) lu beaucoup Duras, les deux Amants et l'Après-midi de Monsieur Andesmas. D'emblée son univers m'a fasciné ainsi que sa façon de l'exprimer. Je pense même rétrospectivement que c'est cela qui a très fortement contribué à me donner le goût d'écrire.

Ah oui monilet?...Je crois que tu n'avais encore jamais dit cela...
J'aime tellement Duras...

Babelle a écrit:

Une erreur. Il demande si c'est une erreur.
Il dit je suis un vieux routard ( 46 ans ) des forums liés à l'horlogerie.
J'ai quarante six ans. Je suis un vieux routard. L'horlogerie. Et il demande si c'est une erreur.
Dès la première lecture d'Hiroshima mon amour non, je regrette, elle a disparu de son univers. Et Limoges. Pourquoi Limoges Hiroshima Limoges.
Mettre en culture la moitié de la concession et entendre Limoges Hiroshima.
Voir la marée de juillet monter à l'assaut de la plaine, voir noyer la récolte. Et entendre ça.
Il dit : C'est une erreur? Il questionne. Tout de même il questionne.
C'est terrible. Il dit.

Bravo Babelle!
On jurerait du Duras!

Babelle a écrit:

Monilet, peux-tu nous parler de L'Après-midi de Monsieur Andesmas? Je croyais que c'était une pièce de théâtre.

Non, ce n'est pas une pièce de théâtre...
En page1 de ce fil j'ai posté mon commentaire de L'après-midi de Monsieur Andesmas.
J'avais aussi posté le point de vue d'Enrique Vila-Matas.

coline a écrit:

Ah oui monilet?...Je crois que tu n'avais encore jamais dit cela...
J'aime tellement Duras...

Hé hé, je peux me renouveler .

monilet a écrit:

coline a écrit:

Ah oui monilet?...Je crois que tu n'avais encore jamais dit cela...
J'aime tellement Duras...

Hé hé, je peux me renouveler .

Renouvellement, je ne sais pas...Mais au fil du temps, sur la durée, à se cotoyer sur forum, d'une confidence à une autre, nous dévoilons peu à peu plus précisément qui nous sommes...
Je ne devrais pas te dire ça car tu vas encore aller te réfugier derrière ton mystère et ton anonymat...

Notons qu'aux Editions de Minuits il y republie Emily L en double pour 6 euros. Enfin notons que Minuit s'est attelé aux rééditions de Duras.

Emily L, j'ai eu du mal (pour ne pas dire qu'il m'a gonflée )
Par contre j'ai lu récemment Ecrire, et là j'ai bien aimé, peut-être que je préfère quand elle parle de sa vie, du rôle de l'écriture et de la littérature dans sa vie.

coline a écrit:

monilet a écrit:

coline a écrit:

Ah oui monilet?...Je crois que tu n'avais encore jamais dit cela...
J'aime tellement Duras...

Hé hé, je peux me renouveler .

Renouvellement, je ne sais pas...Mais au fil du temps, sur la durée, à se cotoyer sur forum, d'une confidence à une autre, nous dévoilons peu à peu plus précisément qui nous sommes...
Je ne devrais pas te dire ça car tu vas encore aller te réfugier derrière ton mystère et ton anonymat...

Moi qui pensais me dissimuler derrière la dérision. Ra té !

Boooooon j'irais revoir Duras, promis , et je reviens ici après.

Coline, tu as oublié : sur un autre forum que nous fréquentions, on avait abordé la question de l'écriture blanche.
J'avais dit :
"... j'adore l'écriture (qu'on dit "blanche") de Duras. Un de plus. (...)

Je n'en sais pas grand-chose, j'en ai entendu parler à propos de Duras. Si c'est bien ce que je ressens, je dirais une écriture froide, analysant sèchement les mouvements les plus intimes de l'âme comme si le narrateur, même et surtout lorsqu'il parle de lui, était extérieur à lui-même et s'observait jouir ou souffrir.
...ce point de vue de "neutralité" peut donné au "narré" une force inouîe, par effet de contraste entre le fond et la forme...je ne pense pas du tout que cette sorte de neutralité , de distance narrative, amène pour autant à une écriture sans style. Chaque auteur y mettra sa patte ."
J'avais même dévoilé que parfois modestement j'essayais d'adopter cette posture dans mes écrits.

lekhan a écrit:

Notons qu'aux Editions de Minuit il y republie Emily L en double pour 6 euros. Enfin notons que Minuit s'est attelé aux rééditions de Duras.

Lekhan...C'est vraiment très très bien les Editions de Minuit...

Fantaisie héroïque a écrit:

Emily L, j'ai eu du mal (pour ne pas dire qu'il m'a gonflée )
Par contre j'ai lu récemment Ecrire, et là j'ai bien aimé, peut-être que je préfère quand elle parle de sa vie, du rôle de l'écriture et de la littérature dans sa vie.

Ce que tu dis m'incite à enfourcher mon cheval de bataille...
Trop de gens lisent un ouvrage de Duras et se font leur idée à partir de cet ouvrage...
Mais Duras a beaucoup écrit ...Et Duras est multiple...
Il faut vraiment puiser plusieurs fois dans ce qu'elle a publié pour se faire une idée plus juste de son oeuvre...

monilet a écrit:

Coline, tu as oublié : sur un autre forum que nous fréquentions, on avait abordé la question de l'écriture blanche.
J'avais dit :
"... j'adore l'écriture (qu'on dit "blanche") de Duras. Un de plus. (...)

Je n'en sais pas grand-chose, j'en ai entendu parler à propos de Duras. Si c'est bien ce que je ressens, je dirais une écriture froide, analysant sèchement les mouvements les plus intimes de l'âme comme si le narrateur, même et surtout lorsqu'il parle de lui, était extérieur à lui-même et s'observait jouir ou souffrir.
...ce point de vue de "neutralité" peut donné au "narré" une force inouîe, par effet de contraste entre le fond et la forme...je ne pense pas du tout que cette sorte de neutralité , de distance narrative, amène pour autant à une écriture sans style. Chaque auteur y mettra sa patte ."
J'avais même dévoilé que parfois modestement j'essayais d'adopter cette posture dans mes écrits.

Je pense que l'on parle "d'écriture blanche" pour Duras car très souvent le narrateur de ses ouvrages est celui qui voit et dit ce qu'il voit...Avec une distance...Sans prendre parti...D'une manière froide...
Duras ne dicte pas au lecteur ce qu'il va ressentir...Elle se veut objective et neutre et je trouve que c'est très fort puisqu'au final l'émotion du lecteur est là...Peut-être plus puissante encore...
C'est en quelque sorte l'inverse du "pathos"...
Mais cette écriture n'est pas non plus systématique chez Duras.

Un extrait de L'homme assis dans le couloir qui me semble représentatif de son "écriture blanche":

"La main de l'homme se dresse, retombe et commence à gifler. D'abord doucement, puis sèchement.
La main gifle la naissance des lèvres puis, de plus en plus fort, elle gifle contre les dents.
[...]Le visage est vidé de toute expression, étourdi, il ne résiste plus du tout, lâché, il se meut autour du cou à volonté comme chose morte.
Je vois que le corps de même se laisse frapper, qu'il est abandonné, hors de toute douleur. Que l'homme insulte et frappe. Et puis les cris tout à coup, la peur.
Et puis je vois que ces gens sont submergés par le silence.

Je vois que la couleur violette arrive, qu'elle atteint l'embouchure du fleuve, que le ciel s'est couvert, qu'il est arrêté dans sa lente course vers l'immensité. Je vois que d'autres gens regardent, d'autres femmes, que d'autres femmes maintenant mortes ont regardé de même se faire et se défaire les moussons d'été devant des fleuves bordés de rizières sombres, face à des embouchures vastes et profondes. Je vois que de la couleur violette arrive un orage d'été.
Je vois que l'homme pleure couché sur la femme. Je ne vois rien d'elle que l'immobilité. Je l'ignore, je ne sais rien, je ne sais pas si elle dort."