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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Le monde est un rassemblement de dupes et de fripons.
Citation :
Le père Goriot est un roman ouvert, un roman-carrefour, où partout s'amorcent d'autres routes, s'ouvrent d'autres perspectives sur le reste de La Comédie Humaine (...) Très beau roman, roman complet, oeuvre d'art parfaite, Le Père Goriot présente cet intérêt supplémentaire d'être aussi une excellente introduction à l'oeuvre et à l'univers de Balzac.
(Extrait de la préface par Félicien Marceau chez Folio).
Je ne me risquerai pas à une analyse de ce roman tellement dense et justement célébrissime, déjà largement commenté, étudié, enseigné... J'ai juste envie de faire partager l'énorme plaisir que j'ai eu à le lire.
Contrairement à ce que le titre suggère, le personnage principal du roman n'est pas Le Père Goriot lui-même, bien que ce qu'il représente constitue évidemment le centre névralgique de l'intrigue et du propos. C'est le jeune étudiant en droit Eugène de Rastignac qu'on accompagne dans ce récit d'apprentissage qui tient à la fois d'une éducation sentimentale et d'une éducation sociale. Eugène est au départ une sorte de candide dont le principal atout est la beauté et une fière allure, mais qui est rapidement déchiré entre l'arrivisme de son désir d'ascension sociale et sa bonté de coeur qui lui fait entrevoir les ravages de cette foire aux vanités notamment à travers le destin tragique du père Goriot dont il aime l'une des deux filles.
Toute la première partie nous fait découvrir le décor et les occupants de la fameuse Pension Vauquer où Rastignac côtoie notamment d'autres étudiants, une veuve, une jeune fille abandonnée par son père, un jeune écrivain, le père Goriot, et le très machiavélique Vautrin, personnage très important, énigmatique, manifestement homosexuel et au passé trouble (c'est le fameux Trompe-la-mort), qui jouera un rôle très important dans l'"éducation" sociale de Rastignac. Les descriptions de la pension et de la psychologie de chaque personnage sont un régal. L'écriture est incroyablement élégante, incisive, souvent cynique et cruelle.
Rastignac est influencé tour à tour par Mme de Beauséant, Vautrin, le Père Goriot, et sa propre mère (à travers une superbe lettre d'amour et d'avertissement bienveillant contre les artifices du rêve d'ascension sociale). Chacun tente de le mettre en garde, de lui transmettre des valeurs et des ressources pour affronter le monde et ne pas tomber dans les pièges qu'un jeune adolescent ambitieux ne peut pas manquer de trouver sur son chemin.
Le constat est terrible et le Père Goriot apparait comme une sorte de victime expiatoire. Lui, qui a trop voulu faire le bonheur de ses filles en leur donnant tout, en ne leur refusant rien, en se ruinant pour leur permettre d'accéder à la cour des grands, n'a fait que les rendre malheureuses comme tant d'enfants gâtés peu préparés à supporter les désillusions de la vie. Rastignac est témoin de sa souffrance, de sa solitude. L'épisode de la mort du père Goriot est sublime (je ne dévoile rien car c'est le titre explicite de la 4e partie du livre). Eugène se révolte d'abord mais la toute fin du roman laisse éclater un troublant cynisme en laissant suggérer que la soif de réussite du jeune homme finit par l'emporter sur ses bons principes. L'argent étant évidemment au centre de tout.
La plupart des personnages rencontrés dans le roman sont les héros ou protagonistes d'autres oeuvres de la Comédie Humaine. On a vraiment envie de suivre certains fils pour connaître la suite...
Je m'attarderai pour terminer sur le personnage de Vautrin qui apparait d'une très troublante ambiguïté. D'une grande intelligence, manipulateur, et en apparence un peu diabolique, séduit par Rastignac comme il le sera plus tard par Rubempré, on apprend qu'il a fait antérieurement de la prison en se laissant accuser des méfaits d'un jeune protégé. Il semble s'évertuer à faire le bien de ceux sur lesquels il a jeté son dévolu. Son discours est sans illusions, d'une lucidité et d'un cynisme terrifiants, et il y a finalement chez lui une certaine noblesse derrière ce masque dérangeant. C'est un être fascinant. Del Amo a du y penser quand il a écrit "Une éducation Libertine".
Un extrait de la longue tirade de Vautrin à Rastignac dans la 2e partie "L'entrée dans le monde".
Savez-vous comment on fait son chemin ici? par l'éclat du génie ou par l'adresse de la corruption. Il faut entrer dans cette masse d'hommes comme un boulet de canon, ou s'y glisser comme une peste. L'honnêteté ne sert à rien. L'on plie sous le pouvoir du génie, on le hait, on tâche de le calomnier, parce qu'il prend sans partager; mais on plie s'il persiste; en un mot, on l'adore à genoux quand on n'a pas pu l'enterrer sous la boue. La corruption est en force, le talent est rare. Ainsi, la corruption est l'arme de la médiocrité qui abonde, et vous en sentirez partout la pointe. Vous verrez des femmes se prostituer dont les maris ont six mille francs d'appointements pour tout potage, et qui dépensent plus de dix mille francs à leur toilette. Vous verrez des employés à douze cents francs acheter des terres. Vous verrez des femmes se prostituer pour aller dans la voiture du fils d'un pair de France, qui peut courir à Longchamp sur a chaussée du milieu. (...) A Paris, l'honnête homme est celui qui se tait, qui refuse de partager. Je ne vous parle pas de ces pauvres ilotes qui partout font la besogne sans être jamais récompensés de leurs travaux, et que je nomme la confrérie des savates du bon Dieu. Certes, là est la vertu dans toute la fleur de sa bêtise, mais là est la misère.
Une lecture inoubliable, à la fois fluide et très riche, et qui m'a redonné le virus Balzac. Et il m'en reste plus d'un à découvrir!
Il existe un DVD du téléfilm inspiré de ce roman avec Charles Aznavour. Il semblerait que l'adaptation soit réussie. Je vais essayer de le voir:
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Je viens de remonter le fil et je vois qu'Expie et Lara notamment en avaient déjà largement très bien parlé. Je suis tout à fait d'accord avec ce que Lara dit de Vautrin et de son humanité.
Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
Sujet: Re: Honoré de Balzac Mar 25 Jan 2011 - 18:37
Le Lys dans la vallée
Le roman décrit l’amour platonique entre Félix de Vandenesse et la vertueuse comtesse de Mortsauf qui est mère de deux enfants et l'épouse un homme difficile et violent. Felix s'adresse en réalité comme dans une longue lettre à Natalie de Manerville dont il quête l'amour et l'affection pour soulager son âme endolorie. Il lui raconte son enfance malheureuse, sans amour maternel et son immense amour pour Mme de Mortsauf, amour partagé mais chaste où la comtesse laisse toujours la distance que lui impose sa condition de femme mariée, de mère et sa morale chretienne.
Entré dans le monde, Felix est finalement envouté par l'anglaise Lady Dudley, qui lui fait découvrir les plaisirs de la chair. Cette trahison sera comme un coup de couteau dans le coeur de la comtesse qui en mourra. L'amante le quittera aussi, ayant simulé des sentiments pour l'avoir.
Toutes les grandes caractéristqiues de l'amour romantique se trouvent dans ce livre, par exemple l'union des deux âmes grâce à la nature, la métaphore de l'être aimé comme fleur „le lys“... Bien sûr, c'est superbement écrit, psychologiquement trés finement analysé. Je regrette seulement un peu que les deux rivales aient été si différentes, comme le jour et la nuit, un ange et un démon. C'est effectivement ce qui fait perdre au livre de sa crédibilité.
Felix croit avoir trouvé en Natalie, la femme qui reconcilierait ces amours extrêmes. Mais elle le rejette, accablée de n'être ni aussi parfaite que madame de Mortsauf ou aussi sensuelle que Lady Dudley.
J'admire sa lapidation verbale:
Citation :
Vous avez manqué de tact envers moi, pauvre créature, qui n’ai d’autre mérite que celui de vous plaire ; vous m’avez donné à entendre que je ne vous aimais ni comme Henriette, ni comme Arabelle. J’avoue mes imperfections, je les connais ; mais pourquoi me les faire si rudement sentir ? Savez-vous pour qui je suis prise de pitié ? pour la quatrième femme que vous aimerez. Celle-là sera nécessairement forcée de lutter avec trois personnes ; aussi dois-je vous prémunir, dans votre intérêt comme dans le sien, contre le danger de votre mémoire. Je renonce à la gloire laborieuse de vous aimer...
„Mon ami – car vous serez toujours mon ami- gardez-vous de recommencer de pareilles confidences, qui mettent à nu votre désenchantement, qui découragent l'amour et force une femme à douter d'elle-même. L'amour, cher comte, ne vit que de confiance.
Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
Sujet: Re: Honoré de Balzac Ven 25 Fév 2011 - 15:20
La Bourse
Hippolyte Shinner est un peintre de 25 ans. Mais le talent n’attend pas le nombre des années et le jeune homme jouit déjà d’une grande célébrité qui l’a placé hors du besoin : un appartement confortable sur les Champs-Elysées et un atelier au dernier étage d’un immeuble proche de la Madeleine. Un soir, il chute de son escabeau sur lequel il était monté pour peindre et s’évanouit. Il est soigné par deux voisines, une jeune fille et sa mère qui vivent seule à l’étage d’en dessous. Le peintre devient ainsi un de leurs intimes et tombe éperdument amoureux d’Adélaïde. Mais des soupçons finissent par s’imposer à lui. De quoi vivent ses voisines ? Et qui est le riche comte de Kergarouët qui s’introduit chaque soir dans ce pauvre appartement pour y perdre quotidiennement une quarantaine de francs au jeu ? Quand, un soir, la bourse du peintre disparaître, celui-ci croit voir ses pires craintes se vérifier quant à la moralité de ses voisines. Une nouvelle qui transporte le lecteur dans une atmosphère à la Henry James : étude fouillé des personnages et de leurs rapports, une belle histoire d’amour que l’on craint compromise. Mais avec des descriptions plus nombreuses, plus longues qui nuisent un peu au rythme du récit et qui m’ont parfois ennuyé. Un livre toutefois très agréable à l’écriture très classique, quelques fois un peu pompeuse à la Barbey d’Aurevilly.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Honoré de Balzac Dim 11 Nov 2012 - 17:31
En ces temps de romans apparemment médiocres primés, il peut être bien de revenir aux fondamentaux.
Le Colonel Chabert. Préface de Pierre Barbéris. Edition de Patrick Berthier. Folio. 192 pages. "Comme Le Père Goriot, Le Colonel Chabert est l'une des oeuvres les plus célèbres de Balzac, ainsi qu'en témoignent de nombreuses adaptations théâtrales, les plus nombreuses avec La Peau de chagrin [...]. Les thèmes de la vie militaire s'y entrelacent aux thèmes de la vie privée et à ceux de la vie sociale et parisienne, relancés par une intrigue semi-policière qui rappelle celle des mélodrames. Le problème est simple, les couleurs sont tranchées, l'intérêt facile, si le sens n'est pas évident." (page 7). L'histoire commence dans une étude d'avoué (contrairement au film d'Yves Angelo, 1994, qui se débarrasse rapidement de toute ambiguïté), rue Vivienne.
Citation :
"- Monsieur, lui dit Boucard, voulez-vous avoir la complaisance de nous donner votre nom, afin que le patron sache si... - Chabert. - Est-ce le colonel mort à Eylau ? demanda Huré qui n'ayant encore rien dit était jaloux d'ajouter une raillerie à toutes les autres. - Lui-même, monsieur, répondit le bonhomme avec une simplicité antique. Et il se retira." (page 53)
Il insiste pour parler à l'avoué, mais il faut d'abord vaincre la barrière des clercs.
Le vieux Chabert parvient finalement à rencontrer le jeune avoué.
Citation :
"Le vieux soldat était sec et maigre. Son front, volontairement caché sous les cheveux de sa perruque lisse, lui donnait quelque chose de mystérieux. Ses yeux paraissaient couverts d'une taie transparente : vous eussiez dit de la nacre sale dont les reflets bleuâtres chatoyaient à la lueur des bougies. [...] Le cou était serré par une mauvaise cravate de soie noire. L'ombre cachait si bien le corps à partir de la ligne brune que décrivait ce haillon, qu'un homme d'imagination aurait pu prendre cette vieille tête pour quelque silhouette due au hasard, ou pour un portrait de Rembrandt, sans cadre. Les bords du chapeau qui couvrait le front du vieillard projetaient un sillon noir sur le haut du visage. Cet effet bizarre, quoique naturel, faisait ressortir, par la brusquerie du contraste, les rides blanches, les sinuosités froides, le sentiment décoloré de cette physionomie cadavéreuse. [...] Mais un observateur, et surtout un avoué, aurait trouvé de plus en cet homme foudroyé les signes d'une douleur profonde, les indices d'une misère qui avait dégradé ce visage, comme les gouttes d'eau tombées du ciel sur un beau marbre l'ont à la longue défiguré. [...] Le vieillard se découvrit promptement et se leva pour saluer le jeune homme ; le cuir qui garnissait l'intérieur de son chapeau étant sans doute fort gras, sa perruque y resta collée sans qu'il s'en aperçût, et laissa voir à nu son crâne horriblement mutilé par une cicatrice transversale qui prenait à l'occiput et venait mourir à l'oeil droit, en formant partout une grosse couture saillante." (pages 60-62).
Ce vieillard est-il vraiment le Colonel Chabert, officiellement mort à Eylau ? Ou bien un imposteur, ou encore un fou ?
Il commence à raconter son histoire :
Citation :
"- Monsieur, dit le défunt, peut-être savez-vous que je commandais un régiment de cavalerie à Eylau. J'ai été pour beaucoup dans le succès de la célèbre charge que fit Murat, et qui décida de la bataille. Malheureusement pour moi, ma mort est un fait historique [...]" (page 64).
Citation :
"J'ai été enterré sous des morts, mais maintenant je suis enterré sous des vivants, sous des actes, sous des faits, sous la société tout entière, qui veut me faire rentrer sous terre !" (page 74).
L'avoué le croira-t-il ? Le Colonel pourra-t-il reprendre sa place dans la société... et qu'en est-il de sa femme ?
"Le revenant sert toujours, plus ou moins, de révélateur à la société qu'il retrouve et qui a continué sans lui. Il peut certes être une ganache qui n'a rien appris et rien oublié : mais il faut alors que le monde dans lequel il revient soit donné comme un monde de droit et de raison. Lorsqu'il s'agit d'un monde de dégradation et d'usurpation, le revenant devient ou peut devenir un vengeur, un porte-parole, un chargé de mission. [...] Ce thème central se présente sous deux aspects : description de la vie d'une étude de notaire et démontage d'un de ces crimes légaux que constitue, en l'espèce, une transaction." (Pierre Barbéris, préface, page 15)
Un texte court, captivant, finalement très sombre.
Le film d'Yves Angelo (1994), lui, a plusieurs handicaps, Gérard Depardieu n'étant pas le moindre de ceux-ci : il ne va pas dans le rôle. Il a trop de force, trop de vie. Il ne semble pas revenir d'entre les morts. Il ressemble plutôt à Depardieu jouant un rôle.
Bref, mieux vaut lire le livre, comme souvent.
Dernière édition par eXPie le Mar 13 Nov 2012 - 19:30, édité 2 fois
Aaliz Main aguerrie
Messages : 424 Inscription le : 07/11/2012 Age : 44 Localisation : Paris
Sujet: Re: Honoré de Balzac Dim 11 Nov 2012 - 18:50
Je connais très mal l'oeuvre de Balzac et j'aimerais beaucoup y remédier seulement j'ai peur de mal m'y prendre.
J'ai lu, il y a longtemps ( au lycée), Le Père Goriot dont je n'ai qu'un très vague souvenir.
Plus récemment, j'ai lu La Peau de chagrin que j'ai beaucoup aimé et aussi quelques nouvelles : L'Auberge Rouge, L'elixir de longue vie et Un drame au bord de la mer.
J'ai dans ma bibliothèque La Recherche de l'Absolu et Les Illusions Perdues.
Voilà la question que je me pose : y a-t-il un ordre à respecter lorsqu'on lit les romans de Balzac ? Y a-t-il des romans par lesquels il vaut mieux commencer pour ensuite mieux comprendre les autres écrits ? Vais-je avoir des difficultés si je me plonge directement dans Les Illusions Perdues ? Bref, faut-il lire La Comédie Humaine dans l'ordre ?
Je m'excuse si la question a déjà été posée ( j'avoue avoir eu la fainéantise de lire tous les posts précédents ) et je vous remercie d'avance pour vos réponses
Fantaisie héroïque Sage de la littérature
Messages : 2182 Inscription le : 05/06/2007 Age : 37 Localisation : Paris
Sujet: Re: Honoré de Balzac Dim 11 Nov 2012 - 18:59
Non, il n'est pas nécessaire de lire la Comédie humaine dans l'ordre pour tout bien comprendre, tu peux tout à fait les lire dans l'ordre que tu souhaites; ). Maintenant c'est vrai que l'on retrouve dans certains volumes les mêmes personnages, notamment Rastignac, Vautrin, Mme de Nuncingen, etc. Donc avant de lire les Illusions perdues, il vaut mieux lire Le père Goriot, par exemple (mais tu l'as lu a priori :)). Mais tu as aussi beaucoup de volumes "indépendants", des nouvelles, etc. que rien ne t'empêche lire comme tu le souhaites; ). C'est un peu comme les Rougon Macquart de Zola (même si dans ce cas on retrouve encore davantage les mêmes personnages).
Aaliz Main aguerrie
Messages : 424 Inscription le : 07/11/2012 Age : 44 Localisation : Paris
Sujet: Re: Honoré de Balzac Dim 11 Nov 2012 - 19:42
Merci beaucoup pour ta réponse Fantaisie ! ça me rassure un peu !
Je peux donc lire les romans dans le désordre sans crainte. Bon je crois comprendre que ce serait mieux que je relise Le Père Goriot avant d'entamer Les Illusions Perdues mais j'avoue que ça ne me tente pas plus que ça ... Quoique, après tout, puisque je ne m'en souviens qu'à peine et si ça peut m'aider à mieux comprendre Les Illusions Perdues alors je vais me jeter à l'eau !
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Honoré de Balzac Dim 11 Nov 2012 - 19:55
Les illusions perdues, et surtout Splendeurs et misères de courtisanes, qui en prend la suite (même si Balzac avait plusieurs opus entre les deux livres) c'est un peu l'aboutissement, le point d'orgue de la Comédie humaine. Des personnages apparus avant refont leur apparitions (un grand nombre dans Splendeurs et misères de courtisanes). On peut lire Les illusions perdues sans connaître le reste, mais je pense que pour Splendeurs et misères des courtisanes, il manque quelque chose pour comprendre. Mais on peu commencer par là, lire ensuite un certain nombre d'autres volumes et y revenir.
krys Sage de la littérature
Messages : 2093 Inscription le : 06/09/2009 Age : 65 Localisation : sud ouest
Sujet: Re: Honoré de Balzac Lun 12 Nov 2012 - 11:37
merci de ton avis sur le colonel Chabert Expie ! il se lit très vite, c'est un roman court, mais tellement percutant ! et contrairement à toi, je trouve que Depardieu joue très bien son rôle, mais bien sûr c'est surtout Luccini que j'aime dans ce film sans oublier l'ours ! en tout cas, si bon que soit un film, il n'égalera jamais la lecture de ce livre... lisez et relisez Balzac, on y découvre toujours quelque chose de nouveau
Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
Sujet: Re: Honoré de Balzac Mer 16 Jan 2013 - 14:33
L’auberge rouge
Un banquier allemand du nom d’Hermann raconte à la fin d’un repas auquel il était convié un récit étrange d’un crime perpétré des années plus tôt. En effet, durant les guerres napoléoniennes, il fut arrêté comme franc-tireur à Andernach sur les bords du Rhin par les français et écroué. C’est là qu’il fit la connaissance de Prosper Magnan, meurtrier présumé, reconnu tel, condamné et fusillé. C’est Prosper lui-même qui lui révéla l’histoire qu’il conta à la fin du repas.
Deux chirurgiens militaires s’arrêtèrent un soir dans une auberge d’Andernach. Un troisième convive se joignit à eux : un industriel fort riche qui leur confia qu’il transportait une très forte somme d’argent, en or et diamant. Prosper eut du mal à trouver le sommeil tant il rêva de la mort de l’homme, à la fois si simple à exécuter et si lucrative. Au matin, lorsqu’il se réveilla, il découvrit que l’homme avait été décapité par un outil chirurgical. Et bien entendu, dévalisé.
Le narrateur écoute lui aussi l’histoire du banquier allemand quand il remarque que l’homme assis en face de lui se décompose tout au long du récit. Il comprend rapidement qu’il s’agit du véritable assassin dont la fortune repose sur son crime de jadis. Or, le narrateur est éperdument amoureux de Victorine Taillefer, fille du criminel. Un cas de conscience se fait alors jour. Doit-il ou non épouser la demoiselle ? Le livre s’achève avant que la question ne soit tranchée.
Un court roman agréable et fort bien écrit dans lequel Balzac porte le suspens jusqu’à la dernière ligne. La fin ouverte permet à chacun d’épouser ou non mademoiselle Taillefer. Personnellement, je sais quel aurait été mon choix.
domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
Sujet: Re: Honoré de Balzac Sam 19 Jan 2013 - 18:15
La Maison du Chat-Qui-Pelote Honoré de Balzac
Mademoiselle Augustine Guillaume, fille du drapier Guillaume a été élevée dans un esprit d’économie, de piété et de modestie. Sa jeunesse et sa fraîcheur attire l’artiste et aristocrate Théodore de Sommervieux, un jeune peintre en vogue dont tout Paris parle. Il fait sa demande à Monsieur Guillaume et le mariage se fait. Drôle d’union, autant essayer d’accorder un poisson rouge avec un rouge-gorge, ces deux-là ne parlent pas le même langage et ne peuvent se rendre heureux malgré les efforts désespérés et maladroits de la jeune Augustine.
Dans ce roman court ou cette longue nouvelle, Balzac nous fait le portrait d’un quartier de Paris, la rue St Denis et surtout le portrait d’un milieu commerçant (ici la draperie). Le milieu artistique ou aristocratique en revanche ne sont que brièvement décrits. Il prend son temps à nous dépeindre avec minutie la famille Guillaume et ses principes d’économie, de travail et de sobriété, toute entière dédiée à la boutique et à son bon fonctionnement. Le personnage d’Augustine est particulièrement émouvant de candeur aveugle dans sa détermination à sauver son mariage. Il est étonnant de voir comme Balzac sait toujours si bien aller au cœur des âmes féminines.
C'est le premier texte des Scènes de la Vie Privée de la Comédie Humaine.
Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
Sujet: Re: Honoré de Balzac Jeu 14 Fév 2013 - 15:08
Un épisode sous la terreur
Le roi est mort depuis la veille. Exécuté, Place de la Révolution.
La nuit est tombée et le froid est vif : une épaisse couche de neige a recouvert la capitale. Une vieille femme se presse : elle est suivie par un inconnu qui se tient à quelques pas derrière elle. Que lui veut-il ? Et qui est-il ? En ces temps troublés, chacun peut se révéler une menace. Un espion ?
La vieille femme se résigne : elle ralentit et reprend son pas normal. Elle ne saurait de toute façon échapper à son destin.
Arrivée à destination, le lecteur comprend qu’il s’agit d’une religieuse qui se terre dans un faubourg avec une de ses comparses et un prêtre. Les trois ecclésiastiques parle de cet homme qui les surveille quand ce dernier vient frapper à leur porte.
L’homme leur assure qu’il n’est pas leurs ennemis, qu’il sait parfaitement qui ils sont et qu’il vient solliciter une messe à la mémoire du roi assassiné. Qui est-il ? Le prêtre ne parvient à le découvrir qu’à la dernière page, alors qu’à la suite du 9 thermidor, l’homme est à son tour conduit à l’échafaud en compagnie des robespierristes :
Spoiler:
le bourreau.
Une courte nouvelle fort classique sur l’une des périodes les plus sombres de l’Histoire de France. Un climat oppressant de suspicion parfaitement rendu dans lequel tout le monde épie tout le monde.
Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
Sujet: Re: Honoré de Balzac Ven 15 Fév 2013 - 15:41
Etude de femme
La Marquise de Listomère a une réputation de fidélité et de dévotion : une femme vertueuse et de principe.
Un soir, elle danse avec le baron Eugène de Rastignac, modeste et étourdi. Au saut du lit le lendemain (mais à un horaire fort avancé), le jeune homme s'installe à son bureau et écrit deux lettres sans toutefois tracer sur les enveloppes les adresses des destinataires. Cette ultime touche est faite plus tard, avant qu’il ne fasse appeler son domestique pour acheminer les missives.
Madame de Listomère reçoit l’une d’elle. Une lettre d’amour enflammé qui la surprend profondément. Elle réagit en interdisant sa porte au baron. Baron qui se trouve éconduit lorsqu’il se présente quatre jours plus tard après avoir réalisé que son galant courrier (destiné initialement à Madame de Nucingen) était arrivé par erreur en de mauvaises mains. L’étourdi venait présenter des excuses. Excuses qui affligèrent la marquise : madame fut en fin de compte déçue de ne pas être la véritable destinatrice.
Une nouvelle cocasse sur fond de quiproquo et d’étourderie qui se joue d’une apparente ambivalence féminine.
domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
Sujet: Re: Honoré de Balzac Ven 8 Mar 2013 - 10:03
Le Bal de Sceaux Honoré de Balzac
Emilie de Fontaine est une jeune femme à marier de la bonne noblesse, mais elle éreinte tous ses soupirants et les éconduits sous divers prétextes (trop gros, trop maigre, trop pâle, trop bête, trop petit…) et surtout celui qu’ils ne sont pas pairs de France. En effet, elle a décidé de n’épouser qu’un pair de France qui seul conviendrait à la haute idée qu’elle se fait de sa condition sociale. La situation devient donc désespérée car le temps passe jusqu’au jour où elle rencontre Maximilien Longueville au Bal de Sceaux, elle est séduite par le jeune homme jusqu’au jour où elle découvre sa condition sociale...
Ceci est un court roman, un conte moral, où l’on se doute bien qu’Emilie sera bien punie de sa trop grande vanité. C’est aussi une histoire fortement ancrée dans son époque où le pays est encore écartelé entre le passé avec un système royaliste, ses privilèges héréditaires, ses traditions et l’évolution vers un autre fonctionnement politique et social. Les deux héros sont très représentatifs de ce contexte. Et comme à l’accoutumé, Balzac trace un portrait physique, psychologique détaillé et subtil de ses personnages.
Balzac est toujours un auteur utile à avoir sous la main quand on est un peu fatigué, qu’on hésite à entamer un livre ou un autre. C’est toujours pour moi un recours chaleureux dans ces périodes.