Arto Paasilinna [Finlande]

Tout à fait Babelle, le roman "picaresque" est bien tel que tu le décris un style de récits fort usités au 16è et 17è siècles et mettant en scène des personnages, brigands et gens de sac et de corde.
Ces romans étaient également caractérisés par le foisonnement d'aventures, de rebondissements et de personnages entrant en scène.
En cela on peut dire, et toutes proportions gardées, que certains romans de Paasilinna ont un côté "picaresque", en gardant toutefois à l'esprit que cette hypothèse échevelée n'est que le produit des élucubrations d'Aerial et du bibliomane. A ne surtout pas prendre au sérieux

Le Bibliomane a écrit:

A ne surtout pas prendre au sérieux

Ah bon, mais il faut me prévenir!
Je cherche toujours à "qualifier" cet auteur et vous ne me faites pas bcp avancer. C'est important car, comment conseiller (en quels termes) Paasilinna à de potentiels lecteurs qui auraient tendance à prendre le scénar au 1er degré...

"Burlesque" :?: :?: :?:

Non! Pas de Buster Keaton chez lui.

"Fantasque" :?: :?: :?:

"Paasilinnien" :?: :?: :?:

VOILà! Je l'avais sur le bout de la langue!

Franchement, définir des personnages sans la moindre once possible d’empathie avec le lecteur et les faire tuer involontairement par une vieille dame prête à se suicider devant eux avec une seringue de poison concocter par elle parce qu’elle est terrorisée par eux …

Manque un peu de folie burlesque, tout ça…

Le lièvre de Vatanen

Je trouve qu’il manque quelque chose à l’univers fantasmagorique de notre cher Paasilinna ; ou peut être y a-t-il plutôt quelque chose de trop ?
Dans les 2 romans de lui que j’ai lu, le début me semble toujours plus prometteur que le déroulement des opérations et surtout de la fin, comme si l’auteur s’essoufflait à aller toujours plus loin dans le « burlesque »…à être en représentation ?

Les personnages secondaires sont trop succinctement présentés à mon goût et les aventures du lièvre auraient pu être moins systématiquement dépendantes de Vatanen…

En résumé, l’idée de départ est excellente mais la réalisation me semble manquer de travail et d’une réflexion de fond…la magie ne fait que transparaître là où elle aurait dû éclater…

"Prisonniers du paradis"

Ce roman est le premier de cet auteur à avoir été édité en Finlande en 1974.
On trouve d'emblée, à la lecture de ce premier roman, la matière de ce qui fera le style incomparable d'Arto Paasilinna, cet adroit mélange d'humour, de tendresse et d'insolite dans lequel le retour à la nature et la fuite devant l'uniformisation des moeurs sont devenus une constante que l'on retrouve dans toute son oeuvre.

Le narrateur de cette histoire, un journaliste finlandais en route vers l'Australie se trouve au début du récit à bord d'un avion au dessus du Pacifique.
L'appareil, loué par l'O.N.U. transporte à son bord des infirmières, des sages-femmes, des médecins et des bûcherons, tous suédois, finlandais et norvégiens envoyés dans cette région du globe pour accomplir des missions humanitaires en Inde et au Bangladesh.
Mais en plein au dessus de l'Océan une tempête se déclare et l'avion se voit contraint d'amerrir en catastrophe. Fort heureusement pour les rescapés, l'appareil se pose à proximité d'une île.
Les naufragés, vingt-huit hommes et vingt-six femmes vont alors devoir faire preuve d'habileté afin de subvenir à leurs propres besoins et aussi de patience et de civisme pour cohabiter paisiblement les uns avec les autres et organiser une ébauche de société.
Les secours n'arrivant pas, nos Robinsons nordiques ne vont pas tarder à s'organiser et à tirer parti de tout ce qui leur tombe sous la main pour améliorer leurs conditions de vie.
On apprendra donc comment fabriquer un réfrigérateur avec des gilets de sauvetage ainsi que les diverses utilisations que l'on peut tirer d'une caisse remplie... de stérilets.
Nos joyeux naufragés en profiteront également pour distiller de l'alcool de noix de coco et ouvrir ainsi le « Café de la Jungle .»

On le voit, ce roman, qui n'engendre pas la mélancolie, est l'occasion rêvée pour Paasilinna de dresser quelques portraits truculents et de nous entraîner dans une histoire truffée de surprises et de rebondissements. Loin des forêts de conifères finnoises qui servent de toiles de fond à nombre de ses romans, Arto Paasilinna nos offre cette fois-ci une aventure aux couleurs des tropiques, un récit de naufragés dans la lignée de « Robinson Crusoe » et « L'île mystérieuse » mais avec cette fois-ci en plus, l' élément féminin, l'eau-de-vie, un vieux bunker japonais et bien d'autres choses encore. A déguster comme un bon verre d'aquavit.

""Le lièvre de Vatanen" est mon premier Paasilinna. Comme Camille, ce roman me fait découvrir l'univers décalé de cet auteur et me donne envie de m'y promener encore."
Pour moi rien à ajouter au commentaire de Chatper. J'ai aimé sans restriction.

Amateurs de Paasilinna, savez-vous que vient de sortir « LE BESTIAL SERVITEUR DU PASTEUR HUUSKONEN », un roman qu’Arto Paasilinna a écrit il y a douze ans. Sacré décalage pour la traduction française !

« Pikareski romaani » dit-il.

"La trame de mes histoires est souvent noire ou cynique, dit-il, mais je cherche à l'exprimer de manière optimiste. Gaie ou drôle, comme vous voulez. Je suis depuis toujours dans cette contradiction apparente. C'est ainsi que je fais avancer mes personnages."

Dans Le Monde des Livres :

Le Bestial Serviteur du pasteur Huuskonen, dont Denoël publie la traduction française, n'échappe pas à cette explication. Celle des drames dont on sourit, des accidents qui tournent au burlesque, des angoisses prises à la légère et des croche-pieds du quotidien que seules les pirouettes permettent d'éviter. Le livre raconte les insensées tribulations d'un pasteur luthérien et d'un ours depuis la Finlande à travers le vaste monde.[…] Terrible et grotesque théâtre du monde. Avec lui, le genre explose dans la démesure.[…] Il ne s'est pas tourné vingt pages que le lecteur pressent qu'il n'aura aucun répit dans ce roman baroque, surchargé de trouvailles et de rebondissements.

"Dans mon pays, explique Paasilinna, on retient avant tout mon côté satirique. Mes livres sont seulement distrayants. Alors que chez vous, en France, je suis perçu aussi de manière "philosophique". J'en suis vraiment touché, car je m'efforce en effet de mettre en place des niveaux de lecture différents. D'offrir un arrière-plan. Je pense sérieusement que le rôle d'un écrivain est de prendre position sur des sujets graves. Je parle de la mort, de la torture, de la guerre, de la folie, de la religion, de la fin de l'humanité. Je le fais à ma manière, un peu décalée, provocante. C'est à cela que me sert le conte picaresque..."

Prolifique, Paasilinna a écrit plus de trente romans, plus les pièces de théâtre qui en sont inspirées. Et une dizaine de textes inclassables.
"Vous me pardonnerez, lâche-t-il, mais je ne sais plus compter. J'ai vieilli. Je viens d'avoir 65 ans."

Il vient de déposer dans le bureau de son éditeur le dernier qui devrait s'appeler Retas rukousmylly (quelque chose comme Le Moulin à prières lubrique). Une épopée bizarre, entre Chine et Inde, dont le héros se met en tête de commercialiser en Asie un moulin à prières électronique, équipé du dernier cri de la technologie finlandaise. Hélas, le programme se dérègle et au lieu de religieuses ritournelles, l'appareil se met à transmettre l'ambiance sonore d'un bordel tibétain.

coline a écrit:

"je m'efforce en effet de mettre en place des niveaux de lecture différents. D'offrir un arrière-plan. Je pense sérieusement que le rôle d'un écrivain est de prendre position sur des sujets graves. Je parle de la mort, de la torture, de la guerre, de la folie, de la religion, de la fin de l'humanité. Je le fais à ma manière, un peu décalée, provocante. C'est à cela que me sert le conte picaresque" /
"Je suis depuis toujours dans cette contradiction apparente"

Là, je comprends mieux mes deux lectures antérieures de Paasilinna. Merci Coline et Bibliomane.

Je n'ai lu pour le moment qu'un livre d'Arto PAASILINNA, ce fut "Petits suicides entre amis" et j'ai adoré.

J'ai découvert un univers déjanté, qui m'a beaucoup plus. D'ici le mois d'Aout je compte lire "Le lièvre de Vatanen".

Mr PAASILINNA à un univers bien à lui, et je le trouve excellent.

Deuxième essai, mon ordi ayant décidé que je n'écrirai pas sur cet auteur

Je disais donc que je n'ai lu que La douce empoisonneuse il y a quelques années et que je n'avais pas été emballée du tout.
La méchanceté des personnages m'avait frappée et franchement dérangée, du coup le côté déjantée dont vous parlez m'est passé complètement au dessus de la tête.

Je suis donc davantage de l'avis de Sousmarin que des autres.

Depuis je n'ai jamais retenté l'expérience et ne l'ai pas souhaitée, malgré toutes les critiques élogieuses que j'ai pu lire; un jour peut-être, sans doute même, mais pas maintenant.