Terrence Malick

Chymère a écrit:

Faudrait que les cinémas repassent régulièrement des Malick, tiens... Parce que c'est vrai qu'il n'y a pas, sur grand écran, l'expérience est différente.

Et puis vivement le prochain aussi... j'attends ma dose avec impatience...   

Apparemment il a plein de projets en cours. À suivre !

Je viens de voir L'arbre de vie. Là-dessus, je reprendrai le précepte de Woody Allen lorsqu'il vit 2001 de Kubrick : regarder le film trois fois pour bien le comprendre.

De ce que j'ai compris et pour avoir vu le film en partie... il est difficile pour le grand public de connecter avec ce film. Je ne dirai pas que ce sentiment sera unanime parmi celui-ci, mais nous nous rapprochons difficilement de ce que nous ne comprenons point. Queenie, eXpie et plusieurs critiques sur Parfum de livres semblent rebutés par le montage des voix off. Pour ma part, en rapport avec les dialogues minimalistes, je n'y trouve rien à redire car il faut le faire. À ce trait, Malick me semble être un visionnaire qui pèche un peu par sentiment de solitude et crainte de ne pas être compris...? Il faut lui donner une maestria sur le plan photo et captation des sensations.

Le choix des acteurs jeunes/vieux est bien réussi... les ressemblances entre le cadet/Pitt et l'aîné/Penn nous permettent de faire un peu le lien. Si Penn a mal supporté les conditions du tournage, j'apprécie le traitement filmographique et ce que Malick a préservé au montage. Il faut bien accepter le don de soi à la poésie.

Théoriquement, Malick semble avoir une forte constitution. Il semble difficile de se détacher de l'ombre de Kubrick et de 2001... Lars Von Trier et Melancholia rattrapent le terrain. Dans le fil, j'ai pu lire que Malick a gagné son marathon de cinéaste face à Cimino à partir des années 1970. Lars Von Trier devrait finir par reprendre l'avance. Mais n'est pas le successeur de Kubrick qui veut... Malick apporte sa propre griffe et assumera un critère d'originalité qui lui sera bien propre. Je vous comprends de prétexter au côté National Geographic de la réalisation de type documentaire...

Du côté littéraire, philosophique et musical, Terrence Malick semble vouloir suivre le courant de conscience propre à Woolf et Joyce. Toutefois, l'influence heideggerienne et philosophique semble être décisive (je pense à Kierkegaard, Nietzsche, Spinoza, Wittgenstein et les transcendalistes post-Emerson). D'aucuns ont parlé de Lacrimosa de Preisner. C'est là que nous départagerons Lars Von Trier et Terrence Malick au cours des prochaines décennies.

Ah tiens, j'avais manqué ce commentaire...


En fait, je ne suis pas persuadée que le "but" de Malick (s'il en a un...) soit de remplacer Kubrick, et je ne suis pas persuadée que la comparaison soit pertinente, en fait.    Enfin, je ne suis pas spécialiste, mais c'est comme ça que je le perçois...
Et je suis encore moins persuadée que 2 artistes comme Malick et Von Trier soient en train de faire la course... c'est une approche de journaliste de cinéma plutôt, mais pas une vision de cinéaste... (de toute façon, Malick ne va jamais chercher ses récompenses, c'est bien qu'il doit s'en ficher un peu beaucoup...).   


Et plus sa filmo avance, plus j'ai le sentiment que le but de Malick ne soit pas de faire des films tout court. Si on regarde surtout ses 2 derniers films, pas sûre qu'il cherche à faire des films que l'on puisse "comprendre" et que l’intérêt de ses films soit dans la compréhension intellectuelle d'un scénario, d'une histoire avec un début, un milieu et une fin et des connections logiques entre les différentes actions.   
Enfin, il y en a toujours nécessairement, mais je dirais qu'on est plus dans la recherche d'une autre écriture de cinéma, une façon différente de raconter les histoires... et on entre dans une registre basé sur l'émotion et la sensation plus que sur l'intellect, du coup. Un peu comme s'il fallait faire taire autant que possible son cerveau... et se laisser porter par ce que l'on ressent, et ce que le film va faire émerger en nous-même.


D'ailleurs, là tout de suite... je me demande si Malick aura l'idée de se lancer dans la 3D (après tout, Godard vient de le faire...). Vu la puissance immersive qu'a réussi Cuaron avec Gravity, il pourrait aller plus loin... un truc à vous faire passer le cerveau en mode alpha quoi...   

Ça y est. J'ai enfin réussi à regarder La Ligne Rouge, et j'ai beau chercher, j'ignore complètement ce que tout le monde peut bien lui trouver à ce film. J'avais essayé deux fois de le regarder avant cette ultime tentative, mais je m'étais endormis à la trentième minutes. Les deux fois.

Question films de guerres (modernes), Coppola ou Tarkovski avaient choisi la fiction, Cimino l'anecdote, Klimov, l'horreur. Terrence Malick fait de la guerre du pacifique un film chiant. Ça oui, les belles images, le film esthétiquement irréprochable... j'admire. Mais qu'est-ce qu'il y a derrière l'emballage ? Des phrases creuses, une tentative de profondeur qui se révèle être beaucoup trop suffisante. Et puis surtout j'ai l'impression que le narrateur épilogue pendant 40 minutes avant de finir son p****n de film.

J'ai tendance à être émotif devant un film, c'est vrai que la guerre, c'est pas bien. Je ne sais pas ce que j'ai su tirer de ce film, je me suis bien marré quand l'un d'entre eux s'est explosé le cul avec une grenade, voilà pour les émotions.

Bilan : Je crois que je n'aime pas beaucoup les films "intellectuels". Je préfères ceux qui font du cinéma.

En fait, Malick a dit lui-même que la Ligne Rouge n'est pas un film de guerre. C'est un film sur la guerre, ce qui est différent...

Et puis, sans me re-re-répéter (vous allez croire que je me fais vieille et je radote) vu ce que j'ai écris au-dessus, je ne pense pas que Malick fasse des films "intellectuels" justement.   

"Intellectuel" encore qu'à un niveau assez bas, en fait. Puisque les discours sont creux, je trouves.

Comment définir ce film alors ? (Ses films ? Je n'ai vu que celui-là et The Tree of life il me semble) Moi je le trouves assez proche de Kubrick (encore que je préfères celui-ci de loin.) Ou alors proche de Sofia Coppola.

Seulement une expérience visuelle, du coup ? On s'ennuie moins devant Avatar. Des films un peu mystiques, voire "métaphysiques" ? Il faut voir ce qu'a fait Tarkovski, aussi. (Je dis ça sans animosité hein, mais c'est sincère.)

J'avais déjà expliqué ce que j'en pensais, donc comme j'ai la flemme...

Moi même qui m'auto-cite a écrit:

Et c'est que j'aime dans ce cinéma, qu'il s'adresse au cœur et à l'âme plus qu'à l'intellect (et je pense que c'est ce qui cause ce clivage dans le public à chaque film : ce ne sont pas des films qu'il faut comprendre intellectuellement parlant, mais qu'il faut ressentir... c'est finalement l'invention d'une autre forme de cinéma). Malick, je le vois plus comme une sorte de chaman, un évocateur d'images, que comme un "cinéaste" au sens propre.
D'ailleurs, il y a une vraie cohérence entre le fond et la forme des films (notamment dans les 2 derniers), puisque ce sont des films spirituels, aussi et surtout, qui peuvent être envisagés comme des "véhicules" pour nous emmener au-delà de l'intellect rationnel "cerveau gauche" vers un ressenti intuitif et émotionnel "cerveau droit".

De plus, les voix off ne sont ni pompeuses, ni creuses, quand elles disent "l'amour nous aime", cela n'a rien de "gnangnan", c'est bien l'évocation de Dieu (Dieu est Amour), seulement si on prend comme référence de l'amour celui que l'on connais en tant qu'humain, forcément on passe à côté de l'Amour dont il est question (l'Amour de Dieu qui dépasse tout ce que l'on peut seulement comprendre en tant qu'humain).
Je suppose qu'il y a des personnes qui seront un peu "choquées" de cette explication de texte (j'ai d'ailleurs hésité avant de poster, je ne sais pas comment ça sera pris)... mais en même temps, passer à côté de la dimension spirituelle de ces films, c'est comme passé à côté de l'évocation de la Nature (d'ailleurs, au final, la Nature ne serait-elle pas une manifestation de Dieu ?), ben c'est juste passer à côté du cœur des films.

Pour moi, ses films ont quelque chose d'une expérience qui se situerait entre l'expérience sensorielle et l'expérience méditative, en fait...
Il y a une forme de symbolique aussi que l'on peut retrouver dans une certaine utilisation d'un jeu divinatoire : le symbole, l'image utilisée vient chercher directement dans notre inconscient/subconscient un rappel, une sensation, un sentiment etc... sans passer par le circuit rationnel/intellectuel.

Pas évident de faire ce genre de films sans donner dans la lourdeur. Moi, la voix-off m'a paru faites de paroles creuses. Bon y a peut-être un sillon à creuser, mais voilà, dommage que ça n'aille apparemment pas plus loin que ça. Je suis vraiment navré de le dire, j'ai essayé de m'exprimer en pesant mes mots, sans essayer de le démonter. Mais je crois que ses films sont ratés, dans ce cas. En tout cas pour moi, parce que ça m'a juste gavé. D'ordinaire suis pas insensible avec les films réconciliateurs, qui parlent d'amour de son prochain (pas tellement de l'amour de dieu, en fait) mais là... Je sais pas, c'est comme si un joli garçon se regardait pendant trois heures dans la glace.

Rien à voir, (le film est complètement différent) mais tant qu'à donner dans le gnan-gnan mais un magnifique film : La vie est belle de Franck Capra. Ça fonctionne plus sur moi. Ou alors, relire Les Frères Karamazov, je ne sais pas.

héhé. il faudrait que j'essaye de le revoir un jour quand même. en fait je ne sais pas si je l'ai vu entier, je ne me souviens que de la première vision partielle et dans un état... de délabrement avéré ?

toujours est-il que je me reconnais un peu ou beaucoup dans les mots de Dreep... tu as pensé à aller jeter un oeil chez un type comme Samuel Fuller pour te remettre ? (je peux faire une ordonnance !)

animal a écrit:

héhé. il faudrait que j'essaye de le revoir un jour quand même. en fait je ne sais pas si je l'ai vu entier, je ne me souviens que de la première vision partielle et dans un état... de délabrement avéré ?

toujours est-il que je me reconnais un peu ou beaucoup dans les mots de Dreep... tu as pensé à aller jeter un oeil chez un type comme Samuel Fuller pour te remettre ? (je peux faire une ordonnance !)

Ah non je connais pas du tout ce réalisateur. Tu aurais un film en particulier à me conseiller ?

mmmh... pas forcément tant que ça. La notation en système Traversay (qui en a vu plus), doit être assez riche en bon sens. voir sur le clic.

Ceux commentés au début du film Shock Corridor, The Naked Kiss ou The Big Red One (ou La Maison de bambou) doivent être suffisant (pour peu qu'on accroche ou sente quelque chose) pour y revenir à coup sûr. C'est très direct : "Je préfères ceux qui font du cinéma." Et il le fait souvent avec attention et intention, derrière d'assez petits budgets aussi. Séries B ou films de genre (noir, guerre) il y a un grain pas tant de psychologie que de mettre les pieds dans le plat pour montrer autre chose ou autrement qui peut nourrir après les impressions, des questionnements nourris d'émotions mêlées. 

Il a la cote c'est vrai (souvent cité par nombre de réalisateurs) sans doute pour son savoir faire, certainement parce qu'on y repense, on n'oublie pas.

http://www.premiere.fr/Cinema/Photos/Reportages/Les-images-les-plus-belles-du-trailer-de-Knight-of-Cups-de-Terrence-Malick-4100731

Un nouveau Malick en perspective!

Dreep a écrit:

Pas évident de faire ce genre de films sans donner dans la lourdeur. Moi, la voix-off m'a paru faites de paroles creuses. Bon y a peut-être un sillon à creuser, mais voilà, dommage que ça n'aille apparemment pas plus loin que ça. Je suis vraiment navré de le dire, j'ai essayé de m'exprimer en pesant mes mots, sans essayer de le démonter. Mais je crois que ses films sont ratés, dans ce cas. En tout cas pour moi, parce que ça m'a juste gavé. D'ordinaire suis pas insensible avec les films réconciliateurs, qui parlent d'amour de son prochain (pas tellement de l'amour de dieu, en fait) mais là... Je sais pas, c'est comme si un joli garçon se regardait pendant trois heures dans la glace.

Rien à voir, (le film est complètement différent) mais tant qu'à donner dans le gnan-gnan mais un magnifique film : La vie est belle de Franck Capra. Ça fonctionne plus sur moi. Ou alors, relire Les Frères Karamazov, je ne sais pas.

Je partage pleinement ton opinion, je me suis aussi endormi devant la ligne rouge et je n'ai pas encore vu la fin de "tree of life", je ne suis peut être pas assez "intello"...

Chymère a écrit:

http://www.premiere.fr/Cinema/Photos/Reportages/Les-images-les-plus-belles-du-trailer-de-Knight-of-Cups-de-Terrence-Malick-4100731

On en voit trop dans la bande annonce mais c'est une bonne nouvelle.