Terrence Malick

Pas surprenant de voir qu'avec Malick les avis sont partagés. Personnellement j'ai énormément apprécié To the wonder et je n'ai pas boudé mon plaisir à le voir une seconde fois. Je vous poste ma critique faite pour une plateforme ciné :)

Citation :

Je ne serais pas surprise que To the wonder ne fasse pas l'unanimité car ce n'est pas un film. Absence quasi complète d'intrigue concrète comme de dialogue pour la majorité du casting (Affleck cumule moins d'une minute de temps de parole sur 1h50 en incarnant l'un des personnages centraux). C'est une expérience onirique, un mouvement perpétuel des corps et des sens faisant appel, en chacun de nous par le biais d'images, symboles et voix-off, à ce que nous avons pu vivre et vivons à travers l'amour sous toutes ses formes, charnelles comme spirituelles, dans les plus hautes sphères positives comme négatives. Pas de jugement ou de solution mais un constat, une observation parfaitement limpide et maîtrisée de portraits variés amenés à se croiser, à s'aimer, se confronter. Un miroir dans lequel chacun peut y lire son reflet.

To the Wonder

Malick choisit à la fois une radicalité et une simplicité et j'ai à nouveau été très sensible à sa mise en scène. Aucune scène ne se détache au milieu d'un flot de sensations contradictoires, qui forment des ruptures successives.
Le mouvement des corps dans le cadre est essentiel et traduit une tristesse poignante : Marko évoque l'incapacité à prolonger une extase amoureuse, et cet échec devient même le reflet d'une difficulté à être, à vivre face au monde. La projection d'un idéalisme absolu est confrontée au rythme d'un quotidien, à la souffrance provoquée par une dimension temporelle qui semble nous échapper.
Les acteurs sont réduits à une présence : Ben Affleck compose un bloc auquel se heurte Olga Kurylenko, dont la grâce de la gestuelle esquisse un défi passionné. Comme souvent chez Malick, les personnages sont presque écrasés par la beauté des plans. Les images fugitives représentent alors une pureté qui ne peut être saisie. La voix-off cherche une sérénité, une permanence mais est contredite par l'émotion des visages.
To the wonder esquisse un prolongement de The tree of life mais trouve aisément un cheminement propre, risqué et fascinant.

To the wonder est disponible sur amazon en import américain avec les sous-titres anglais ou la version française (à déconseiller). Pour les sous-titres français il faudra attendre octobre.

Marko a écrit:

To the wonder est disponible sur amazon en import américain avec les sous-titres anglais ou la version française (à déconseiller). Pour les sous-titres français il faudra attendre octobre.

  J'attendrai octobre!

Je suis fan de Malick... et pourtant, je n'ai pas "osé" acheter The Tree Of Life et dvd, et idem pour To The Wonder.
Comme cela a été dit plus haut, ce sont des films de cinéma (ou alors, volets fermés et téléphone coupé...).
D'ailleurs, se ne sont pas des films, se sont des expériences émotionnelles et sensorielles plus que des films. Je suis sortie de la projection de To The Wonder proche d'un état méditatif, un peu comme sur un autre plan de réalité.

Et c'est que j'aime dans ce cinéma, qu'il s'adresse au cœur et à l'âme plus qu'à l'intellect (et je pense que c'est ce qui cause ce clivage dans le public à chaque film : ce ne sont pas des films qu'il faut comprendre intellectuellement parlant, mais qu'il faut ressentir... c'est finalement l'invention d'une autre forme de cinéma). Malick, je le vois plus comme une sorte de chaman, un évocateur d'images, que comme un "cinéaste" au sens propre.
D'ailleurs, il y a une vraie cohérence entre le fond et la forme des films (notamment dans les 2 derniers), puisque ce sont des films spirituels, aussi et surtout, qui peuvent être envisagés comme des "véhicules" pour nous emmener au-delà de l'intellect rationnel "cerveau gauche" vers un ressenti intuitif et émotionnel "cerveau droit".

De plus, les voix off ne sont ni pompeuses, ni creuses, quand elles disent "l'amour nous aime", cela n'a rien de "gnangnan", c'est bien l'évocation de Dieu (Dieu est Amour), seulement si on prend comme référence de l'amour celui que l'on connais en tant qu'humain, forcément on passe à côté de l'Amour dont il est question (l'Amour de Dieu qui dépasse tout ce que l'on peut seulement comprendre en tant qu'humain).
Je suppose qu'il y a des personnes qui seront un peu "choquées" de cette explication de texte (j'ai d'ailleurs hésité avant de poster, je ne sais pas comment ça sera pris)... mais en même temps, passer à côté de la dimension spirituelle de ces films, c'est comme passé à côté de l'évocation de la Nature (d'ailleurs, au final, la Nature ne serait-elle pas une manifestation de Dieu ?), ben c'est juste passer à côté du cœur des films.  

Enfin, le prochain film de Malick annoncé pour 2013 (ou 2014, enfin, vous savez ce que c'est avec lui...  ) aura pour titre The Knight of Cups... est-ce une référence à l'arcane mineure du Tarot de Marseille ? J'ai envie de dire que oui, car vu ses films, ça m'étonnerait qu'il soit passé à côté de ça... Le casting sera 5 étoiles (Natalie Portman, Christian Bale...), et moi j'ai déjà hâte d'y être...  

Chymère a écrit:

Et c'est que j'aime dans ce cinéma, qu'il s'adresse au cœur et à l'âme plus qu'à l'intellect (et je pense que c'est ce qui cause ce clivage dans le public à chaque film : ce ne sont pas des films qu'il faut comprendre intellectuellement parlant, mais qu'il faut ressentir... c'est finalement l'invention d'une autre forme de cinéma). Malick, je le vois plus comme une sorte de chaman, un évocateur d'images, que comme un "cinéaste" au sens propre.
D'ailleurs, il y a une vraie cohérence entre le fond et la forme des films (notamment dans les 2 derniers), puisque ce sont des films spirituels, aussi et surtout, qui peuvent être envisagés comme des "véhicules" pour nous emmener au-delà de l'intellect rationnel "cerveau gauche" vers un ressenti intuitif et émotionnel "cerveau droit".

De plus, les voix off ne sont ni pompeuses, ni creuses, quand elles disent "l'amour nous aime", cela n'a rien de "gnangnan", c'est bien l'évocation de Dieu (Dieu est Amour), seulement si on prend comme référence de l'amour celui que l'on connais en tant qu'humain, forcément on passe à côté de l'Amour dont il est question (l'Amour de Dieu qui dépasse tout ce que l'on peut seulement comprendre en tant qu'humain).
Je suppose qu'il y a des personnes qui seront un peu "choquées" de cette explication de texte (j'ai d'ailleurs hésité avant de poster, je ne sais pas comment ça sera pris)... mais en même temps, passer à côté de la dimension spirituelle de ces films, c'est comme passé à côté de l'évocation de la Nature (d'ailleurs, au final, la Nature ne serait-elle pas une manifestation de Dieu ?), ben c'est juste passer à côté du cœur des films.  

Merci Chymère, c'est exactement ce que j'ai ressenti devant The tree of life.

De rien...  

Je pense, sans jugement de valeur aucun, que c'est ce qui explique en partie le fait que les films de Malick causent autant de radicalité dans la réaction du public/des critiques... ou tout l'un ou tout l'autre.

je viens de regarder La Ballade Sauvage. J'ai bien aimé. Très bizarre le portrait de ce type, sorte de meutrier-lover, y'a un truc adolescent la dedans, et puis la fille très effacée devant les actes de son gars, elle ne se pose pas de questions, elle laisse les choses se faire, pour décider de façon abrupte de terminer la cavale. Les grandes plaines sont bien filmées, ils ont de l'espaces pour eux deux et on ne ressent pas spécialement la pression d'une poursuite même si on y pense, ils sont un peu hors du temps. La fin est presque comique lorsque le meutrier est vu pratiquement comme un héros, et les forces de l'ordre lui souhaitent bonne chance 'sincérement' !

j'étais ressorti enchanté et emballé du cinéma après le Nouveau Monde, mais je ne m'en souviens plus trop. Il faudrait que je le revois. Lorsque j'ai revu La Ligne Rouge pour la deuxième fois par contre, je me suis presque ennuyé... alors que j'avais aimé mon premier visionnage.

Mon préféré est The Tree of Life pour l'instant. En fait j'ai trouvé ce film vraiment excellent, j'en ai rêvé je me souviens la nuit suivante. Cette façon de faire passé les sensations du garçon, sous ces airs de filmer des choses assez banal, on ressent toute la sensibilité du jeune personnage, ça traverse l'écran, et ce deuil pesant au dessus du film. Envoutant (le lacrymosa pendant la séquence astronomique est génial _ il me semble que ce fut une musique composé pour le film, j'ai trouvé que ça sonnait Arvo Part). Mais par contre la fin sur la plage.... non non non ! J'ai trouvé ça tellement dommage que ce magnifique développement soit gaché  tout a coup par un épilogue simpliste et en fait un peu trop 'catholique' j'ai trouvé. Enfin catholique dans un sens trop direct, trop simple en fait.

Du coup, The tree of life pour moi ça s’arrête avant cette séquence de fin et ainsi je le trouve formidable. Faudrait que je le revoie aussi tiens !

J'vais continuer de regarder ces films.

HamsterKiller a écrit:

Envoutant (le lacrymosa pendant la séquence astronomique est génial _ il me semble que ce fut une musique composé pour le film, j'ai trouvé que ça sonnait Arvo Part). Mais par contre la fin sur la plage.... non non non ! J'ai trouvé ça tellement dommage que ce magnifique développement soit gaché  tout a coup par un épilogue simpliste et en fait un peu trop 'catholique' j'ai trouvé. Enfin catholique dans un sens trop direct, trop simple en fait.

Le Lacrymosa a été composé par Zbigniew Preisner. C'est extrait de son Requiem for my friend, à la mémoire de Krzysztof Kieslowski, si je ne me trompe pas (ce n'était donc pas composé pour le film).
C'est très beau, mais ça m'a gêné. Preisner et Kieslowski, ça va tellement ensemble, d'une certain façon...




J'ai l'impression qu'on perd énormément à voir les films de Malick sur petit écran. Il me semble être meilleur dans l'image que dans la pensée... ou bien c'est trop compliqué pour moi, et je ne vois que creux tendance new age là où il y a profondeur.
Catholique, donc, je ne sais pas. On se dit que c'est catholique (enfin, chrétien) à cause de la musique (qui surligne un peu, non ?). La bande-son aurait une autre musique, ça serait peut-être différent ?

La Ligne Rouge, au cinéma, c'était incroyablement splendide, même la voix off qui racontait du blablabla ne me dérangeait plus. Mais je ne l'ai jamais revu. Je sens que ce serait une mauvaise idée.

pas que la musique et la fin, la ou les figures de la mère beaucoup aussi.

eXPie a écrit:

Le Lacrymosa a été composé par Zbigniew Preisner. C'est extrait de son Requiem for my friend, à la mémoire de Krzysztof Kieslowski, si je ne me trompe pas (ce n'était donc pas composé pour le film).

Ok merci pour l'info. Faudrait que j'écoute ce requiem en entier alors.

HamsterKiller a écrit:

eXPie a écrit:

Le Lacrymosa a été composé par Zbigniew Preisner. C'est extrait de son Requiem for my friend, à la mémoire de Krzysztof Kieslowski, si je ne me trompe pas (ce n'était donc pas composé pour le film).

Ok merci pour l'info. Faudrait que j'écoute ce requiem en entier alors.

Pour moi, c'est de loin le meilleur morceau de l'oeuvre, mais ça vaut le coup d'être entendu en entier...

Preisner n'est pas un compositeur génial mais ce Lacrymosa rend cette scène de deuil sur fond d'indifférence cosmique (ou plutôt d'ordre des choses- divin- dans le cycle de la nature) particulièrement émouvante. Comme pour les films de Kubrick je penserai toujours à ces images en écoutant la musique.

Faudrait que les cinémas repassent régulièrement des Malick, tiens... Parce que c'est vrai qu'il n'y a pas, sur grand écran, l'expérience est différente.

Et puis vivement le prochain aussi... j'attends ma dose avec impatience...