Terrence Malick

C'est vrai que déjà dans Badlands le jeune couple est retrouvé par les autorités alors qu'il s'est lové campant en pleine nature, la nature à la fois dernier vestige et dernier refuge.
Dieu & nature...
Merci Marko.

Dans Days of heaven aussi il y a un thème repris en boucle ou plutôt décliné en variations par Ennio Morricone (si je ne me trompe pas), "Aquarium" du Carnaval des animaux de Saint Saëns. Personnellement ça ne me gêne pas...

Ce qui m'a marqué dans la bande son de ce film c'est la façon dont les voix humaines sont étouffées, recouvertes par le vacarme des machines, trains, moissonneuses etc. A tel point que la première fois que je l'ai vu je croyais que le DVD était défaillant.

Nezumi a écrit:

Dans Days of heaven aussi il y a un thème repris en boucle ou plutôt décliné en variations par Ennio Morricone (si je ne me trompe pas), "Aquarium" du Carnaval des animaux de Saint Saëns. Personnellement ça ne me gêne pas...

On entend la version d'origine d'Aquarium mais je ne me souvenais pas des variations d'Ennio Morricone. Bon c'est décidé je retourne le voir ce soir!!

Oui, au début il est tel quel (sublimement juxtaposé à ces photos anciennes). Mais je suis pratiquement sûre qu'il est intégré à un ou d'autres morceaux de Morricone pendant le film, à moins que je rêve.

Babelle a écrit:

C'est vrai que déjà dans Badlands le jeune couple est retrouvé par les autorités alors qu'il s'est lové campant en pleine nature, la nature à la fois dernier vestige et dernier refuge.
Dieu & nature...
Merci Marko.

Pour le panthéisme et "Dieu, c'est à dire la Nature" il faut se reporter à Spinoza.


Nezumi: Je n'ai pas revu "Les moissons du ciel" depuis longtemps et tu as certainement raison. C'est juste que je ne m'en souviens pas.

Days of Heaven


Quel bonheur de revoir ce film dans une copie parfaite qui restitue la beauté hallucinante de ces tableaux animés et génialement photographiés entre chien et loup par Nestor Almendros. On ne dira jamais assez à quel point ce chef-d'oeuvre procure une jouissance esthétique de chaque instant tout en racontant l'histoire éternelle du triangle amoureux sur fond de paradis originel perdu. Des chevaux noirs recouverts par la neige, une mer de blé ondulant sous le vent, un loup qui s'enfuit à l'aurore, un cirque volant, un ciel d'orage "cosmique", une pluie de sauterelles biblique, un incendie dantesque d'une force incroyable qui a du inspirer Paul Thomas Anderson, des machines qui sont autant d'instruments du diable et qui sortent des flammes de l'enfer. Car c'est évidemment la révolution industrielle qui est dénoncée comme une source de progrès qui génère en même temps peu à peu de la perte du contact avec la nature.





C'est stupéfiant d'intelligence, de beauté, de mélancolie. Et il y a, malgré toute cette tristesse, la figure extraordinairement positive et porteuse d'espoir d'une enfant qui est la narratrice de l'histoire et qui observe les adultes avec perspicacité et indulgence. Nous sommes évidemment tous à la fois anges et démons et il y a toujours une place sur cette terre pour tracer son propre sillon de vie. Elle prendra le relais.

Une petite plaquette consacrée au film et mise à disposition à l'entrée du cinéma rappelle que Days of Heaven s'inspire en partie du film de Murnau "L'intruse" (1930), rebaptisé "City Girl" qu'on peut voir en entier sur Youtube par épisode. Ici un extrait avec une musique qui n'est certainement pas d'origine!



Nezumi, tu avais raison, la musique de Morricone propose 2 ou 3 variations superbes sur le thème d'Aquarium de Saint-Saëns et quelques autres morceaux (dont un thème à la flûte que j'ai trouvé un peu mièvre mais c'est un détail). Il y a aussi un morceau de Léo Kottke "Enderlin".

Marko a écrit:

Des chevaux noirs recouverts par la neige, une mer de blé ondulant sous le vent, un loup qui s'enfuit à l'aurore, un cirque volant, un ciel d'orage "cosmique", une pluie de sauterelles biblique, un incendie dantesque d'une force incroyable qui a du inspirer Paul Thomas Anderson, des machines qui sont autant d'instruments du diable et qui sortent des flammes de l'enfer. Car c'est évidemment la révolution industrielle qui est dénoncée comme une source de progrès qui génère en même temps peu à peu de la perte du contact avec la nature.

Oui, pendant le film, j'avais aussi pensé au There will be blood, de Paul Thomas Anderson...

Merci pour Murnau : je ne savais pas... (pas eu de plaquette, moi...)

eXPie a écrit:

Oui, pendant le film, j'avais aussi pensé au There will be blood, de Paul Thomas Anderson...

L'incendie dans Badlands:

Nezumi a écrit:

Ce qui m'a marqué dans la bande son de ce film c'est la façon dont les voix humaines sont étouffées, recouvertes par le vacarme des machines, trains, moissonneuses etc. A tel point que la première fois que je l'ai vu je croyais que le DVD était défaillant.

C'est surtout dans la première séquence avec Richard Gere devant les hauts-fourneaux. Les bruits industriels et les flammes couvrent leurs échanges. ça revient une ou deux fois à chaque fois que les machines arrivent effecitvement. La bande son est d'ailleurs évidemment extrêmement travaillée pour nous envelopper par ces bruits de la nature versus monde industriel.

eXPie a écrit:

Vu Les Moissons du Ciel au cinéma. Les films de Terrence Malick gagnent terriblement à être vus au cinéma, d'ailleurs ce sont des films de cinéma. Les images sont sublimes, et il ne se croyait pas encore obligé de mettre une voix off omniprésente comme dans La Ligne Rouge.

La voix off de la petite fille revient quand même régulièrement. Après tout dans ses films elles ont la fonction du choeur de la tragédie antique et ça donne une dimension de conte, de réminiscence un peu douloureuse. C'est très élégiaque.

Marko a écrit:

eXPie a écrit:

Vu Les Moissons du Ciel au cinéma. Les films de Terrence Malick gagnent terriblement à être vus au cinéma, d'ailleurs ce sont des films de cinéma. Les images sont sublimes, et il ne se croyait pas encore obligé de mettre une voix off omniprésente comme dans La Ligne Rouge.

La voix off de la petite fille revient quand même régulièrement. Après tout dans ses films elles ont la fonction du choeur de la tragédie antique et ça donne une dimension de conte, de réminiscence un peu douloureuse. C'est très élégiaque.

C'est vrai, mais dans La Ligne Rouge, la voix racontait des trucs hyper profonds, et parlait beaucoup, j'avais du mal à regarder la beauté des images et à suivre le raisonnement... j'écoutais vaguement, comme si l'on me lisait le bottin téléphonique...
Là, la petite fille est beaucoup plus compréhensible.

Marko a écrit:

Oui, on avait fait le même rapprochement sur le fil Hopper car la ressemblance avec la maison du fermier est saisissante, l'architecture, la proximité avec les rails... La petite maison dans la prairie...

Nezumi a écrit:

Oui, on avait fait le même rapprochement sur le fil Hopper car la ressemblance avec la maison du fermier est saisissante, l'architecture, la proximité avec les rails... La petite maison dans la prairie...

Rapprochement évidemment volontaire puisque c'est une iconographie qui fait déjà partie de la mythologie américaine.