Terrence Malick

traversay a écrit:

Un autre film a eu le même effet sur moi : Georgia d'Arthur Penn.

Alors je note pour ma FAV (films à voir).
J'adhère aussi sans réserve au style Malick. Moi c'est souvent à la Nuit du Chasseur que je pense.

animal a écrit:

et je ne parlerai certainement pas de bluette pour cette histoire, cousue de fil blanc par contre. je te rejoins sur les histoires plus consistantes de Zviaguintsev, en lui attribuant une plus grande réussite formelle (et une préférence pour Le retour).

Ah oui, tiens... Je suis beaucoup plus réservé sur Zviguintsev (le scénario du Banissement vraiment tarabiscoté - franchement, la "révélation" finale, ça m'a fait un peu rire, j'ai un peu de mal avec les gens qui se créent eux-même des problèmes, comme si les autres n'étaient pas là pour ça - Le Retour était nettement mieux ; et concernant l'image (vue à la télé, je précise), je l'ai trouvée très belle, mais froide et artificielle (surtout Le Banissement... qui est trop long, trop léché, avec un scénario tarabiscoté... grosse chute de niveau par rapport au Retour).
Je préfère très largement Malick.

Effectivement, comme le dit Nezumi, il y a de la Nuit du Chasseur chez Malick, cette imprégnation de la nature, des bruits, cette sorte de fusion entre les bruits de la nature qui fait parfois toute la bande-son, avec l'image, très belle.

The Tree of Life devrait sortir (enfin) en mai, si tout va bien.

Youpi!! La bande annonce me fait quand même un peu peur. J'espère qu'il ne sombre pas trop dans un mysticisme hollywoodien. En tout cas on est en terrain connu avec la voix off...

Marko a écrit:

Youpi!! La bande annonce me fait quand même un peu peur. J'espère qu'il ne sombre pas trop dans un mysticisme hollywoodien. En tout cas on est en terrain connu avec la voix off...

Oui, je pensais un peu à The Fountain, de Darren Aronofsky...
Ca a l'air terriblement beau, avec le risque qu'il en fasse un peu trop quand même...
Les films que l'on porte pendant des années, lorsque vient le moment de le réaliser enfin, il y a souvent le risque qu'on ait eu trop de temps de travailler dessus, si je puis dire... qu'on veuille en dire trop...

A noter que Malick a déjà tourné un autre film, sans titre pour l'instant, avec Ben Affleck et Rachel Weisz. Il est présenté comme étant "a powerful and moving love story." Avec ça, on est bien avancé. Devrait sortir en 2012, ce qui parait hallucinant quand on connait le rythme habituel de Malick !

traversay a écrit:

A noter que Malick a déjà tourné un autre film, sans titre pour l'instant, avec Ben Affleck et Rachel Weisz. Il est présenté comme étant "a powerful and moving love story." Avec ça, on est bien avancé. Devrait sortir en 2012, ce qui parait hallucinant quand on connait le rythme habituel de Malick !

traversay a écrit:

The Tree of Life devrait sortir (enfin) en mai, si tout va bien.

L'affiche est déjà là

C'est marrant, il y a déjà l'affiche dans mon cinéma préféré et c'est une variante :


La date de sortie est ferme et définitive : 18 mai.

traversay a écrit:

C'est marrant, il y a déjà l'affiche dans mon cinéma préféré et c'est une variante :


La date de sortie est ferme et définitive : 18 mai.

ça fait tellement trip new age cette campagne de pub!! J'ai peur mais je fais confiance à Malick.

De mon côté, j'essaie de ne rien lire, voir (trop tard pour la bande-annonce) ou écouter pour conserver l'effet de surprise et éviter de tergiverser. En espérant que le résultat soit à la hauteur des précédents (mais j'ai aussi entière confiance en Malick).

The Tree of Life


2011, L'odyssée de la vie sur terre selon Terrence Malick

Citation :

Peu importe, la tambouille philosophique phosphorescente de Malick n’a jamais été ce qu’il y avait de bouleversant chez lui. Non, c’est bien une fois encore la confiance totale, intransigeante et jupitérienne dans l’acte de filmer à perdre haleine, versant l’un dans l’autre tels deux philtres noirs les univers visibles et invisibles jusqu’au point d’éblouissement final. (Libération)

Que les admirateurs se rassurent, The Tree of Life est d'une splendeur visuelle qui éblouit dès les premières minutes pour nous emporter dans son souffle sans jamais se relâcher. C'est à nouveau un poème symphonique élégiaque et panthéiste qui épouse cette fois les contours d'une histoire familiale traditionnelle dans les années 50. Une mère angélique, un père brutal et frustré, 3 fils qui observent, découvrent la vie et ses contradictions, s'aiment et s'affrontent.



Le film démarre quelques années plus tard dans un climat de deuil, puis Malick nous embarque dans un trip cosmique hallucinatoire que n'aurait pas renié Kubrick pour inscrire la destinée de cette famille dans celle de la terre et de l'apparition de la vie (extinction des dinosaures incluse!). C'est un moment visuellement sidérant et qui fait décoller le film.




Puis le récit reprend son cours dans ce mouvement sans cesse ondulatoire dont il a le secret et qui crée une sorte de transe. Comme si le souffle divin s'immisçait dans ces destinées humaines pour les accompagner, les porter ou les abandonner. Certains vont trouver ça d'un mysticisme fumeux ou d'une métaphysique de pacotille mais on peut aussi y voir une méditation sublime sur la condition humaine, le rapport à la nature. Il y a des plans bouleversants sur les visages, des scènes superbes d'intimité entre une mère et ses enfants, de complicité entre frères, d'ambivalence d'un père, musicien raté et inventeur incompris, qui n'est jamais condamné. Malick capte au vol toute une succession d'émotions, de questionnements, de révoltes contre la violence des hommes et l'indifférence apparente de Dieu. Les fameuses voix off sont au rendez-vous et sont comme autant de pensées simples et essentielles qui traversent nos vies dans les moments principaux, ceux dont la mémoire à gardé le souvenir. Brad Pitt est excellent et Jessica Chastain d'une beauté fascinante qui rappelle les actrices du Miroir de Tarkowski et du Bannissement de Zviaguintsev (certains plans dans la forêt y font penser d'ailleurs).

Il y a un choix formidable de musiques symphoniques ou religieuses, de Brahms et Bach à John Tavener ou même Zbigniew Preisner (cher à kieslowski). Et tant d'autres... La BO est très riche.

Alors évidemment il y a un lyrisme à la limite de l'emphase et une dernière séquence new age qui peut laisser sceptique. Mais l'ensemble est d'une beauté hypnotisante et confirme le génie de ce cinéaste hors norme qui est animé d'une foi dans son art inébranlable.

Marko a écrit:

Alors évidemment il y a un lyrisme à la limite de l'emphase et une dernière séquence new age qui peut laisser sceptique. Mais l'ensemble est d'une beauté hypnotisante et confirme le génie de ce cinéaste hors norme qui est animé d'une foi dans son art inébranlable.

Merci pour ta critique, Marko, j'irai voir !

eXPie a écrit:

Merci pour ta critique, Marko, j'irai voir !

Ah oui! Il faut y aller. Dans la salle (comble) il y avait un silence quasi religieux et les gens restaient sur leur siège à la fin. Un film qui m'a fait du bien en tout cas.

Faisant partie des admirateurs, je vais y aller en toute confiance...et merci, Marko, pour ces paragraphes enthousiastes (et en plus, tu as réussi à caser Le Miroir ).